Quest-ce que la vĂ©ritĂ© chrĂ©tienne? Temps de lecture : 11 min. Guillaume Fauvel et Nonfiction — 9 aoĂ»t 2015 Ă  16h57. Dans son dernier ouvrage, Petit Ă©loge de la
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Lanalyse. Alain dĂ©clarait que le doute est le « sel de l’esprit », en prĂ©cisant que si « croire est agrĂ©able », c’est pourtant « une ivresse dont il faut se passer », sinon adieu « Ă  libertĂ©, justice, paix ». L’implacable sentence qu’il prononce a ainsi de quoi faire frĂ©mir, mais le beautĂ© de la formule ne peut cacher l

Tu dois te demander quÂŽest ce que le doute, cÂŽest ça, ton fil autre question Ă  se poser est "est ce que le doute est forcĂ©ment faux?"Pour le plan, il sera facile Ă  trouver quand tu commencera Ă  rĂ©pondre Ă  ces pour ta derniĂšre question, la philo te servira Ă  tÂŽouvrir lÂŽesprit, y a pas que les maths et la physique dans la vie. La philo, ça sert Ă  rĂ©flĂȘchir par soi mĂȘme, contrairement aux matiĂšres scientifiques qui ne sont que des applications des rĂšgles. En bref, accroche toi en philo, je tÂŽassure que ça vaut le coup!Parole de scout!!!

Douterce n'est pas renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© a. Le doute comme instrument de la sagesse Il est parfois nĂ©cessaire de douter pour que certaines vĂ©ritĂ©s s’établissent. Si le doute sceptique est l’équivalent de l’épochĂš des Grecs, c’est-Ă -dire Ă©quivalent Ă  la « suspension du jugement », c’est parce que la vĂ©ritĂ© est trop difficile Ă  trouver pour que nous puissions y

[Introduction] L'homme ,est un animal douĂ© de raison. La cĂ©lĂšbre phrase de Descartes qui ouvre le Discours de la mĂ©thode nous le rappelle Le bon sens est la chose du monde la mieux partagĂ©e ». Bien avant Descartes, CicĂ©ron affirmait Vivere est cogitare, Vivre c'est penser ». Cette raison cherche des certitudes. Quel est alors le rĂŽle du doute dans cette quĂȘte de la vĂ©ritĂ© ? L'exercice du doute construit-il ou fait-il renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? La recherche de la vĂ©ritĂ© peutelle se passer du doute ? [I - Le doute sceptique l'errance de la raison] Le scepticisme est dĂ©fini par Lalande comme La doctrine d'aprĂšs laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vĂ©ritĂ© ». L'esprit se dĂ©clare incapable d'affirmer ou de nier quoi que ce soit. le scepticisme absolu des pyrrhoniens et de leurs disciples n'est pas un point de dĂ©part mais une conclusion –la conclusion d'Ă©chec- au terme de l'aventure du savoir. EnĂ©sidĂšme avait groupĂ© les arguments sous dix titres ou tropes que Sexus Empiricus rĂ©duisit Ă  cinq. Il faut connaĂźtre ces arguments qu'on retrouve chez Montaigne, chez Pascal et chez Anatole France. a La contradiction des opinions. Les sophistes grecs frappĂ©s par la contradiction des opinions des philosophes par exemple HĂ©raclite disait que le rĂ©el n'est que changement, alors que ParmĂ©nide niait le changement aboutissent Ă  la conclusion pessimiste que la vĂ©ritĂ© qui devrait ĂȘtre universelle est inaccessible. Les sceptiques ont Ă©tĂ© parfois de grands voyageurs qui, Ă  force d'avoir vu les gens les plus divers professer des opinions contradictoires, adopter des valeurs diffĂ©rentes, ne croient plus Ă  rien. Pyrrhon avait par exemple accompagnĂ© le conquĂ©rant Alexandre dans un grand nombre de ses expĂ©ditions. Montaigne avait visitĂ© l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa librairie » voyagĂ© parmi des systĂšmes philosophiques innombrables et tous diffĂ©rents. Pascal reprend les thĂšmes de Pyrrhon et de Montaigne VĂ©ritĂ© en deçà des PyrĂ©nĂ©es, erreur au-delĂ . » b La rĂ©gression Ă  l'infini. Une vĂ©ritĂ© ne peut pas ĂȘtre acceptĂ©e sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai comparable Ă  la marque imprimĂ©e sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaĂźtre quand ils sont en fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira Prouve ta preuve ». ainsi la preuve qu'on apporte pour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre Ă  l'infini. Pour connaĂźtre la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter Ă  l'infini, c'est-Ă -dire de mettre ce donnĂ© en rapport avec une infinitĂ© d'autres faits. Car chaque chose est relative Ă  toutes les autres et pour connaĂźtre le moindre objet il faudrait connaĂźtre son rapport avec tout l'univers. Nous ne connaissons le tout de rien, ce qui revient Ă  ne connaĂźtre rien du tout. c La nĂ©cessitĂ© d'accepter des postulats invĂ©rifiables. Ne pouvant remonter de preuve en preuve Ă  l'infini, l'esprit accepte toujours sans dĂ©monstration un point de dĂ©part qui est une simple supposition et dont la vĂ©ritĂ© n'est pas garantie. d Le diallĂšle les uns par les autres. Il n'est pas possible de raisonner en Ă©vitant les cercles vicieux ». Ainsi, je dĂ©montre que a est vrai en supposant b est vrai et je dĂ©montre que b est vrai en supposant que a est vrai. Je commets un cercle vicieux en dĂ©montrant les unes par les autres des propositions dont aucune n'est fondĂ©e a priori. Le cercle vicieux par excellence est celle-ci pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc prĂ©cisĂ©ment que je me serve de cette raison dont la valeur est en question ! Nous voilĂ , comme dit Montaigne, au rouet ». e Toute opinion est relative.. »
QuandChrist nous appelle Ă  renoncer Ă  nous-mĂȘme, c’est dans une pleine dĂ©pendance Ă  lui, en crucifiant activement la chair avec ses passions et ses dĂ©sirs (voir Galates 5.19-21 ), afin que nous vivions par l’Esprit et que nous marchions selon lui ( Galates 5.25 ). Quand Christ nous appelle Ă  renoncer Ă  nous-mĂȘme, ce n’est pas
Le mythe de la caverne de Platon nous a permis de comprendre la façon dont le philosophe percevait le monde. Une relation entre le monde physique et le monde des idĂ©es qui crĂ©ent une rĂ©alitĂ© emplie de lumiĂšres et d’ombres. D’un cĂŽtĂ©, nous avons la rĂ©alitĂ© telle qu’elle est. De l’autre, nous nous trouvons face Ă  une rĂ©alitĂ© fictionnelle oĂč nos croyances et nos illusions jouent un rĂŽle majeur. Cependant, avant de nous plonger dans cet univers, ne devons-nous pas savoir ce que raconte le mythe de la caverne ?Dans le mythe, on retrouve des hommes qui, depuis leur naissance, sont enchaĂźnĂ©s au fond d’une caverne. Depuis cet endroit, ils ne peuvent voir qu’une seule chose un mur. Ils n’ont jamais pu en sortir et n’ont jamais pu regarder derriĂšre eux pour connaĂźtre l’origine des chaĂźnes qui les retiennent. MalgrĂ© tout, il y a un mur derriĂšre eux et, un peu plus loin, un feu. Entre le mur et le feu se trouvent des hommes qui portent des objets. GrĂące au feu, les ombres des objets sont projetĂ©es sur le mur et les hommes enchaĂźnĂ©s peuvent les voir. Je voyais des images qui n’étaient que des mensonges et de fausses rĂ©alitĂ©s. Mais comment pourrais-je les considĂ©rer de la sorte si, depuis que je suis tout petit, il s’agit de la seule rĂ©alitĂ© que j’ai vue ? Une rĂ©alitĂ© fictiveCes hommes avaient toujours vu la mĂȘme chose depuis qu’ils Ă©taient nĂ©s ; ils ne ressentaient donc ni le besoin, ni la curiositĂ© de se retourner et de voir ce que reflĂ©taient ces ombres. Or, il s’agissait d’une rĂ©alitĂ© trompeuse, artificielle. Ces ombres les dĂ©tournaient de la vĂ©ritĂ©. Cependant, l’un de ces hommes osa se retourner et voir au-delĂ  des dĂ©but, il se sentit perdu et tout le dĂ©rangeait, en particulier cette lumiĂšre qu’il voyait au fond le feu. Il commença donc Ă  douter. Il avait cru que les ombres Ă©taient la seule chose existante alors que ce n’était pas le cas. Chaque fois qu’il avançait, ses doutes lui donnaient la tentation de retourner vers son monde d’ tout, avec patience et dĂ©termination, il poursuivit son avancĂ©e. En s’habituant, peu Ă  peu, Ă  ce monde qui lui Ă©tait si inconnu. Sans se laisser vaincre par la confusion ou se laisser duper par les caprices de la peur, il sortit de la caverne. Mais quand il fit demi-tour en courant pour aller le raconter Ă  ses compagnons, ceux-ci l’accueillirent en se moquant. Un mĂ©pris qui reflĂ©tait l’incrĂ©dulitĂ© de ces habitants face au rĂ©cit de l’ est curieux de voir Ă  quel point la vision que nous offre le mythe de la caverne peut ĂȘtre transposĂ©e Ă  l’actualitĂ©. Ce modĂšle que nous suivons tou-te-s et en raison duquel, si l’on sort du chemin qu’on nous dicte, on commence Ă  ĂȘtre jugĂ©-e-s et critiquĂ©-e-s. Songez au fait que nous avons acceptĂ© de nombreuses vĂ©ritĂ©s absolues sans nous arrĂȘter un instant pour les remettre en cause, sans nous demander si le monde est vĂ©ritablement proche ou Ă©loignĂ© de cette exemple, penser que l’erreur est un Ă©chec peut influer sur le fait que nous abandonnions n’importe quel projet dĂšs le moindre contretemps. Cependant, si nous ne nous laissons pas emporter par cette idĂ©e, nous dĂ©velopperons notre curiositĂ© et l’erreur cessera d’ĂȘtre un dĂ©mon complĂštement chargĂ© de nĂ©gativitĂ©. Ainsi, le changement de perspective ne nous fera pas seulement cesser de le craindre, il nous fera aussi apprendre de ces erreurs quand nous en de la caverne est un processus difficileDans le mythe de la caverne, l’homme qui dĂ©cide de se libĂ©rer des chaĂźnes qui l’emprisonnent prend une dĂ©cision trĂšs difficile ; celle-ci, au lieu d’ĂȘtre bien considĂ©rĂ©e par ses compagnons, est vite prise comme un acte de rĂ©bellion. Une chose mal vue et qui aurait pu le pousser Ă  abandonner cette tentative. Quand cet homme finit par se dĂ©cider, il entreprend de suivre ce chemin en solitaire, de dĂ©passer ce mur et ce feu qui le fait douter en mĂȘme temps qu’il l’aveugle. Les doutes l’assaillent, il ne sait plus distinguer le vrai du doit se dĂ©faire de croyances qui ont longtemps habitĂ© en lui. Des idĂ©es qui ne sont pas seulement enracinĂ©es mais qui constituent aussi la base de l’arbre de ses croyances. Cependant, au fur et Ă  mesure qu’il avance vers la sortie de la caverne, il se rend compte que ce qu’il croyait n’était pas vrai. Alors, que lui reste-t-il ? Il doit convaincre ceux qui se moquent de lui qu’il existe une libertĂ© Ă  laquelle ils peuvent aspirer s’ils se dĂ©cident Ă  abandonner ce confort apparent dans lequel ils mythe de la caverne nous dĂ©peint l’ignorance comme Ă©tant cette rĂ©alitĂ© qui devient inconfortable quand nous prenons conscience de sa prĂ©sence. Face Ă  la plus petite possibilitĂ© de l’existence d’une autre vision du monde, l’histoire nous rĂ©vĂšle que notre inertie nous pousse Ă  dĂ©truire cette derniĂšre car nous la considĂ©rons comme une menace pour l’ordre Ă©tabli. Les ombres ne se projettent plus, la lumiĂšre a cessĂ© d’ĂȘtre artificielle et l’air caresse dĂ©jĂ  mon visage. Notre condition humaine nous empĂȘche peut-ĂȘtre de nous dĂ©barrasser de ce monde des ombres mais nous pouvons au moins faire un effort pour que ces ombres deviennent de plus en plus nettes. Le monde parfait et iconique des idĂ©es est peut-ĂȘtre une utopie pour notre nature mais cela ne veut pas dire que renoncer Ă  notre curiositĂ© vaut mieux que s’en remettre au confort de ce que nous savons aujourd’hui ou de ce que nous pensons savoir. Quand nous grandissons, les doutes, les incohĂ©rences et les questions nous aident Ă  enlever ces bandeaux qui se trouvent devant nos yeux et qui, parfois, nous rendaient la vie beaucoup plus difficile que ce qu’elle n’était en rĂ©alitĂ©.
douterest ce renoncer à la verité ?Se définit d'une maniÚre classique comme l'accord de la pensée (perception, jugement) avec le réel. = un caractÚre de notre connaissance et non de ce qui existe (le réel)

Un an aprĂšs la dĂ©couverte le 15 aoĂ»t 2008 sur une plage de LomĂ© du corps sans vie d’AtsutsĂš Kokouvi Agbobli, historien, journaliste et prĂ©sident du Mouvement pour le dĂ©veloppement national Modena, parti d’opposition togolais, il eut Ă©tĂ© aisĂ© de dĂ©noncer une nouvelle fois les circonstances troublantes de sa mort, les dĂ©clarations contradictoires et les atermoiements des autoritĂ©s policiĂšres et judiciaires togolaises, les propos surprenants prĂȘtĂ©s au chef de l’Etat, Faure GnassingbĂš, et l’inertie de la communautĂ© internationale. Il l’eut Ă©tĂ© en revanche beaucoup moins d’abandonner le combat en rase campagne, comme souvent en pareil cas, aprĂšs les dĂ©marches judiciaires entreprises, la mobilisation de l’opinion publique nationale et internationale et l’engagement rĂ©itĂ©rĂ© de poursuivre cette quĂȘte jusqu’au triomphe de la vĂ©ritĂ©. La suite aprĂšs la publicitĂ© Sans renoncer Ă  cette dĂ©nonciation ni envisager un quelconque abandon, le premier anniversaire de la mort non-Ă©lucidĂ©e d’AtsutsĂš Kokouvi Agbobli nous interpelle sur un mal lancinant qui ronge l’Afrique et constitue un des ferments des guerres civiles que nous connaissons depuis tant d’annĂ©es. Je veux bien sĂ»r parler de l’impunitĂ©. Et ce n’est pas la crĂ©ation, le 25 fĂ©vrier 2009, de la commission vĂ©ritĂ©, justice et rĂ©conciliation du Togo qui pourra y apporter un quelconque remĂšde. En effet, cette commission prĂ©sente au moins trois anomalies congĂ©nitales. Tout d’abord, le contexte politique dans lequel elle voit le jour. MĂȘme si elle procĂšde de l’Accord Politique Global du 20 aoĂ»t 2006 entre le pouvoir et les partis d’opposition, la commission vĂ©ritĂ©, justice et rĂ©conciliation ne s’inscrit nullement dans le cadre d’une alternance politique comme en Afrique du Sud au dĂ©but des annĂ©es 1990, mais au contraire d’une succession dynastique marquĂ©e par cet atavisme propre Ă  ceux qui dirigent le Togo depuis 1963 le coup d’Etat. Certes, il convient de porter au crĂ©dit du prĂ©sident de la RĂ©publique certains ajustements, mais ils sont avant tout mineurs. La rĂ©alitĂ© du pouvoir togolais demeure militaro-clanique. Peut-on alors attendre que la vĂ©ritĂ© jaillisse d’un tel rĂ©gime ? La suite aprĂšs la publicitĂ© Ensuite, le cadre judiciaire dans lequel elle s’inscrit. Le systĂšme judiciaire togolais n’a pas beaucoup Ă©voluĂ© ces derniĂšres annĂ©es Ă  l’exception notable de l’abolition rĂ©cente de la peine de mort. Il est avant tout le bras rĂ©pressif du pouvoir exĂ©cutif. Les victimes de crimes politiques et leurs ayants-droits peuvent-ils donc espĂ©rer que justice leur soit rendue une fois les conclusions de la commission remises au chef de l’Etat ? Il est permis d’en douter eu Ă©gard Ă  la maniĂšre dont les instructions sur l’homicide d’AtsutsĂš Kokouvi Agbobli et la tentative d’atteinte Ă  la sĂ»retĂ© de l’Etat d’avril 2009 sont actuellement conduites par la justice togolaise. N’aurait-t-on pas mis la charrue avant les bƓufs ? Il eut effectivement Ă©tĂ© plus judicieux d’asseoir l’Etat de droit, l’impartialitĂ© et l’indĂ©pendance du pouvoir judiciaire avant d’envisager de rendre justice aux victimes. La nĂ©cessaire catharsis du peuple togolais ne saurait faire l’économie d’une rĂ©forme en profondeur du systĂšme judiciaire. Enfin, la dimension psychologique dont elle manque cruellement. Le succĂšs d’une telle dĂ©marche repose en premier lieu sur les dĂ©positions des victimes et des tĂ©moins, mais aussi des auteurs des crimes. Quand bien mĂȘme leur sĂ©curitĂ© serait garantie, il est peu probable de voir tĂ©moigner des citoyens togolais en tant que victimes ou tĂ©moins. La suite aprĂšs la publicitĂ© La confiance entre le peuple et le pouvoir civil et militaire n’est pas suffisamment installĂ©e pour que les populations se laissent aller Ă  de tels Ă©lans. La peur et l’omerta rĂšgnent toujours en maĂźtres au Togo comme dans de nombreux pays africains. A l’opposĂ©, les accusĂ©s auraient-ils dĂ©jĂ  exprimĂ© le moindre dĂ©sir de repentance ? Si tel est le cas, l’écho de leurs voix n’est pas encore parvenu jusqu’à nous. Dans le cas contraire, la rĂ©conciliation nationale est encore loin devant nous. C’est donc au nom de nos pairs que j’en appelle aujourd’hui Ă  ne pas renoncer Ă  cette exigence de vĂ©ritĂ© et de justice pour toutes celles et tous ceux qui ont sacrifiĂ© leurs vies pour notre rĂȘve de dĂ©mocratie.

GrĂąceĂ  huit Ă©missions de France Culture, rĂ©visez vos connaissances philosophiques sur la notion de vĂ©ritĂ©, jusque dans ses acceptions trĂšs contemporaines. La vĂ©ritĂ© est la correspondance entre ce que je dis, et ce qui est : elle s’oppose donc Ă  la faussetĂ© – au sens d’erreur, mais aussi de mensonge. DĂ©tenir la vĂ©ritĂ©, c
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 VÉRITÉ, subst. Toujours au sing. [Le plus souvent avec art. dĂ©f.]I. A. − 1. [D'un point de vue abstr.]a α PHILOSOPHIE− Connaissance reconnue comme juste, comme conforme Ă  son objet et possĂ©dant Ă  ce titre une valeur absolue, ultime. Progresser dans la vĂ©ritĂ©; critĂ©rium de la vĂ©ritĂ©; disciple, serviteur de la vĂ©ritĂ©; prĂ©tendre, croire dĂ©tenir, possĂ©der la vĂ©ritĂ©. La vĂ©ritĂ© ne vaut jamais que par l'unitĂ© totale de son expression, tandis que les objections et les hĂ©rĂ©sies ont toujours la facilitĂ© de s'attaquer au dĂ©tail Blondel, Action, 1893, p. 238.V. analogue ex. 91. ... la conscience que le savant a prise de son travail a Ă©tĂ© d'abord quelque peu ambiguĂ«... Ainsi Descartes, qui distingue de la mĂ©taphysique, quĂȘte de l'Être au travers de la pensĂ©e, la science, analyse de la nature, ne peut s'empĂȘcher d'unir science et mĂ©taphysique comme le tronc et les racines du mĂȘme arbre de la connaissance, et d'user pour l'une comme pour l'autre du mĂȘme mot VĂ©ritĂ©. M. Deschoux, J. Gagey, P. Bigler, Philos. derniĂšre, 1965, p. 44.♩ VĂ©ritĂ© + adj. dĂ©terminatif prĂ©cisant sa vĂ©ritĂ© Ă©ternelle, nĂ©cessaire, universelle. Nous rejetons ... le scepticisme frivole et le dogmatisme scolastique .... Nous croyons Ă  la vĂ©ritĂ©, bien que nous ne prĂ©tendions pas possĂ©der la vĂ©ritĂ© absolue Renan, Avenir sc., 1890, p. 445.V. premier II B 1 ex. de Cl. Bernard et relatif B 1 ex. de + adj. dĂ©terminatif prĂ©cisant son domaine d'Ă©lection ou d' vĂ©ritĂ© mĂ©taphysique, morale, scientifique. Albert ... Sous quel soleil s'Ă©panouiront nos intelligences lorsqu'elles arriveront au jour?... Il faut qu'il y ait un soleil! Maurice Comment donc!... Il y en a plus d'un!... Le soleil qui vous attire est la vĂ©ritĂ© biologique. Le mien, c'est la vĂ©ritĂ© psychologique. D'autres tendent vers la vĂ©ritĂ© physique, la vĂ©ritĂ© mathĂ©matique. Autant de soleils que de sciences! Curel, Nouv. idole, 1899, ii, 5, p. 220.− [Dans une perspective relativiste; la vĂ©ritĂ© sans caractĂšre absolu, mais au contraire intĂ©riorisĂ©e dans l'homme] La phĂ©nomĂ©nologie se refuse Ă  expliquer le monde, elle veut ĂȘtre seulement une description du vĂ©cu. Elle rejoint la pensĂ©e absurde dans son affirmation initiale qu'il n'est point de vĂ©ritĂ©, mais seulement des vĂ©ritĂ©s Camus, Sisyphe, 1942, p. 63.La saisie de la vĂ©ritĂ© ne se distingue pas de la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. La vĂ©ritĂ© c'est d'abord la visĂ©e personnelle, l'effort d'appropriation d'une transcendance dont nous pouvons relever seulement l'empreinte et comme le sillage dans l'immanence. Il s'agira donc toujours d'une vĂ©ritĂ© spĂ©culativement imparfaite, inaccomplie. Une vĂ©ritĂ© comme Ă©cole ou exercice de soi G. Gusdorf, Mythe et mĂ©taphys., 1953, p. 187.V. absolu ex. 4.♩ Expr. proverbiales. À chacun sa vĂ©ritĂ©. [P. allus. au titre fr. d'une piĂšce de Pirandello Chacun sa vĂ©ritĂ©; pour exprimer qu'il y a autant de points de vue sur la vĂ©ritĂ© qu'il y a de partis] Les athlĂštes et quelquefois, dans une certaine mesure, leurs entraĂźneurs-conseillers ont individuellement le dernier mot de ces palabres [sur la psychologie de l'athlĂšte]. Ils proclament qu'Ă  chacun sa vĂ©ritĂ© Jeux et sports, 1967, p. 1229.VĂ©ritĂ© en deçà* des PyrĂ©nĂ©es, erreur au delĂ . ÎČ Norme, principe de rectitude, de sagesse considĂ©rĂ©e comme un idĂ©al dans l'ordre de la pensĂ©e ou de l'action. Flambeau de la vĂ©ritĂ©; rĂšgne, triomphe de la vĂ©ritĂ©; commettre une faute, un crime contre la vĂ©ritĂ©; rendre hommage Ă  la vĂ©ritĂ©. La Justice et la VĂ©ritĂ©, mĂȘme mĂ©connues de tout un peuple, resteront la Justice et la VĂ©ritĂ©, c'est-Ă -dire des choses supĂ©rieures aux aberrations d'un jour Clemenceau, Vers rĂ©paration, 1899, p. 115.La recherche de la vĂ©ritĂ© doit ĂȘtre le but de notre activitĂ©; c'est la seule fin qui soit digne d'elle H. PoincarĂ©, Valeur sc., 1905, p. 1.V. absolu ex. 3, absurde ex. 21, doute ex. 7, sage ex. 1.− Par personnification, gĂ©n. dans la lang. poĂ©t. On voit, louche rhĂ©teur des vieux partis hurlants, ... Pendre Ă  tes noirs discours, comme Ă  des clous sanglants, ... La VĂ©ritĂ©, fermant les yeux, la LibertĂ© ÉchevelĂ©e et pĂąle Hugo, ChĂątim., Paris, Hachette, 1932 [1853], p. 420.♩ [La vĂ©ritĂ©, reprĂ©sentĂ©e allĂ©goriquement par une femme nue sortant d'un puits et tenant, Ă  la main, un miroir] Nous nous penchĂąmes sur le puits. C'Ă©tait le frĂšre profond des colonnes. En haut de cette colonne inverse, la VĂ©ritĂ© se cachait Cocteau, Fin Potomak, 1940, p. 1362. Dans le beau siecle d'or, quand les premiers humains, Au milieu d'une paix profonde, Couloient des jours purs et sereins, La VĂ©ritĂ© couroit le monde Avec son miroir dans les mains. Florian, Fables, 1792, p. proverbiale. La vĂ©ritĂ© est au fond du puits*. Îł THÉOL. Éternelle vĂ©ritĂ©. La seule vĂ©ritĂ© absolue, inaltĂ©rable, fiable, parce que donnĂ©e par Dieu. Quand le gĂ©nie disparoĂźt, un dĂ©sespoir profond s'empare de Faust et il veut s'empoisonner. Moi, dit-il, l'image de la divinitĂ©, je me croyois si prĂšs de goĂ»ter l'Ă©ternelle vĂ©ritĂ© dans tout l'Ă©clat de sa lumiĂšre cĂ©leste! » StaĂ«l, Allemagne, t. 3, 1810, p. 77.Sans visage est la vĂ©ritĂ©. Lui ayant prĂȘtĂ© le nĂŽtre, nous l'avons rendu pĂ©rissable. De la divine VĂ©ritĂ©, nous ne pouvions faire qu'une vĂ©ritĂ© humaine. Ainsi, du mĂȘme coup, nous la livrions Ă  la mort », avait-il Ă©crit E. JabĂšs, Le Livre du Dialogue, 1984, p. 100.V. absolu ex. 6.− P. mĂ©ton. Dieu lui-mĂȘme. La souveraine, suprĂȘme vĂ©ritĂ©; la vĂ©ritĂ© ineffable. Immense, Ă©ternel, immuable, il [Dieu] est la vĂ©ritĂ© premiĂšre, hors de laquelle tout est tĂ©nĂšbres Ozanam, Philos. Dante, 1838, p. 195.V. juste ex. 4.♩ En partic. [Dans la relig. chrĂ©t.; p. rĂ©f. aux paroles du Christ dans l'Évangile selon saint Jean, XIV, 6 Je suis le Chemin, la VĂ©ritĂ©, la Vie] JĂ©sus dit dans l'Évangile Je suis la VĂ©ritĂ© », et la vĂ©ritĂ©, mon cher Henry, c'est qu'il faut souffrir, puisque celui qui se nomme la VĂ©ritĂ©, celui qui dĂ©clare ainsi son Nom de Famille, est prĂ©cisĂ©ment le Chef des souffrants et des suppliciĂ©s Bloy, Journal, 1894, p. 158.V. absolu ex. 7.♩ Subst. + de de vĂ©ritĂ©. Homme dont le rĂŽle est de rĂ©pandre la parole du Christ ou d'en ĂȘtre le garant. Les hommes de vĂ©ritĂ© sont-ils pour autre chose ici-bas, que pour y ĂȘtre perpĂ©tuellement en sacrifice? ... Immole-toi sans regret, homme de vĂ©ritĂ©; la carriere est douce Ă  celui qui a seulement commencĂ© d'y poser le pied Saint-Martin, Homme dĂ©sir, 1790, p. 203.Pour ĂȘtre l'homme, le ministre de la paix, il faut que l'Ă©vĂȘque soit un homme d'autoritĂ©, un homme de zĂšle et de priĂšres, un homme de vĂ©ritĂ©, s'il le faut, un homme de miracles Dupanloup, Journal, 1851-76, p. 103.Livre de vĂ©ritĂ©. L'Évangile. Son attitude [du Christ sculptĂ© au XIIIesiĂšcle] s'est calmĂ©e, sa face s'est ennoblie; d'une main il tient le livre de vĂ©ritĂ© et, de la droite il fait le geste de bĂ©nir Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p. 73.P. anal. Pendant des siĂšcles en Europe la parole du fou ou bien n'Ă©tait pas entendue, ou bien, si elle l'Ă©tait, Ă©tait Ă©coutĂ©e comme une parole de vĂ©ritĂ© M. Foucault, L'Ordre du discours, 1971, p. 13.♩ Expr. Être, marcher, demeurer, se maintenir dans la vĂ©ritĂ©. Selon Dieu, selon l'enseignement, les lumiĂšres de la foi. JahvĂ© est saint; il ne se met pas en colĂšre pour toujours; il pardonnera aux coupables, s'ils se convertissent, s'ils appellent Dieu leur pĂšre. La conversion consiste Ă  marcher dans la vĂ©ritĂ© ThĂ©ol. 4, 11920, p. 995.En esprit et en vĂ©ritĂ©. ConformĂ©ment Ă  la rĂ©vĂ©lation de Dieu en JĂ©sus-Christ rendu prĂ©sent par l'Esprit d'apr. Allmen 1956. JĂ©sus vient non pour abolir mais pour accomplir la loi de MoĂŻse et des prophĂštes; il s'oppose Ă  tous les pharisaĂŻsmes, qu'ils soient de la lettre ou de l'esprit. Il prĂȘche une religion en esprit et en vĂ©ritĂ© » mais il se borne aux rites juifs et il en fonde de nouveaux pour unir les siens Philos., Relig., 1957, p. 32-11.b LOG. VĂ©ritĂ© logique. ConformitĂ© de la pensĂ©e ou de son expression avec son objet. La dĂ©finition traditionnelle de la vĂ©ritĂ© la tient pour copiĂ©e sur son objet. Elle serait l'adĂ©quation de l'intellect Ă  la chose .... Cette dĂ©finition n'est simple qu'en apparence; car toute la question est de savoir en quoi consiste l'objet H. Dreyfus-Le Foyer, TraitĂ© de philos. gĂ©n., 1965, p. 151.V. Ă©vidence B ex. de Lamennais3. ... [pour saint Thomas] c'est lĂ  qu'est la vĂ©ritĂ© Ă  proprement parler et en premier lieu, dans son ordonnance Ă  l'intellect divin. De cette distinction [entre rapport fidĂšle de la chose Ă  son image qui est en Dieu et rapport fidĂšle de nous-mĂȘmes Ă  la chose] naĂźtra la distinction entre la vĂ©ritĂ© intellectuelle ou absolue et la vĂ©ritĂ© logique ou relative. J. Wahl, TraitĂ© de mĂ©taphys., 1968 [1953], p. 399.− En partic.♩ [Chez Kant, selon un critĂšre log. ou formel] Accord de la pensĂ©e avec elle-mĂȘme, considĂ©rant la forme et la cohĂ©rence de la connaissance ou de son expression, indĂ©pendamment de son contenu, de toute observation du monde. La logique formelle nous donne les conditions sans lesquelles il n'y a pas de vĂ©ritĂ© possible; tout ce qui est en contradiction avec ses rĂšgles est faux, puisque ces rĂšgles concernent l'accord de la pensĂ©e avec elle-mĂȘme. Mais il ne suffit pas qu'une proposition soit conforme aux rĂšgles de la Logique formelle pour qu'elle soit vraie; car les conditions de l'accord de la pensĂ©e avec elle-mĂȘme ne concernent nullement le contenu mĂȘme de la pensĂ©e. La Logique donne donc un critĂšre purement nĂ©gatif de la vĂ©ritĂ© G. Pascal, La PensĂ©e de Kant, 1966, p. 59.[S'oppose au critĂšre de vĂ©ritĂ© matĂ©rielle de la connaissance] Accord de la pensĂ©e avec son objet, c'est-Ă -dire avec les phĂ©nomĂšnes de l'expĂ©rience. Une connaissance ne s'accorde matĂ©riellement avec son objet que si elle prend en compte son caractĂšre particulier, et permet de le distinguer des autres objets auxquels elle pourrait ĂȘtre appliquĂ©e mais ne conviendrait pas pour lesquels elle serait fausse. Sa vĂ©ritĂ© provient ainsi de sa capacitĂ© Ă  rendre compte de la singularitĂ© de son objet G. Potdevin, La VĂ©ritĂ©, 1988, p. 36.♩ [Dans une conception mod. de la log. et en Ă©pistĂ©mol.] Rapport de non-contradiction entre une proposition et un ensemble de propositions servant de rĂ©fĂ©rence. Les propositions vraies qui forment un ensemble sont dites telles dans des contextes. Il n'y a pas une rĂ©alitĂ©, mais diverses reprĂ©sentations, chacune cohĂ©rente, dont l'ensemble constitue la rĂ©alitĂ©. Chaque proposition vraie est dite telle par rapport Ă  l'ensemble des autres propositions vraies dans le mĂȘme contexte. Tout examen de la vĂ©ritĂ© ou de la faussetĂ© d'une proposition doit d'abord passer par l'examen des questions oĂč? », quand? » A. Lercher, Les Mots de la philos., 1985, p. 342.♩ Valeur de vĂ©ritĂ©. Valeur vraie ou fausse d'une proposition. Si la valeur de vĂ©ritĂ© d'une proposition Ă©lĂ©mentaire est supposĂ©e donnĂ©e avant tout calcul par simple constat empirique ou expĂ©rimentation scientifique, celle de toute proposition complexe est fonction des valeurs de vĂ©ritĂ© des propositions Ă©lĂ©mentaires qu'elle contient ainsi que du jeu des opĂ©rateurs qui les lient et les transforment D. Vernant, Introd. Ă  la philos. de la log., 1986, p. 14.V. proposition ex. de vĂ©ritĂ©. V. table III Lang. α [P. oppos. Ă  erreur, ignorance] Connaissance conforme Ă  ce qui existe ou a existĂ©; expression de cette connaissance. Figurez-vous les drapeaux entourĂ©s de vingt, trente ou cinquante hommes au plus, criant Ă  l'envi Les lĂąches sont Ă  l'abri, et nous pĂ©rissons ici dans la misĂšre! » C'Ă©tait la triste vĂ©ritĂ© Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 235.V. avouer ex. 194. L'AlgĂ©rie restait sa passion. Mythologique ou vĂ©cue, Marc l'avait dans la peau .... La vĂ©ritĂ© ? Marc en disposait. Elle n'Ă©tait jamais figurative ou fidĂšle Ă  l'histoire, elle Ă©tait lyrisme pur, cĂ©lĂ©bration, flamboiement. Il suffisait qu'on le crĂ»t pour qu'il crĂ»t lui-mĂȘme avoir dit vrai. Y. QueffĂ©lec, Le Charme noir, 1988 [1983], p. Avoir le respect, le souci de la vĂ©ritĂ©; ĂȘtre trĂšs Ă©loignĂ©, Ă  cent lieues, prĂšs, proche de la vĂ©ritĂ©; s'Ă©carter, aller Ă  l'encontre de la vĂ©ritĂ©; ĂȘtre, demeurer en dessous, au-dessous de la vĂ©ritĂ©, fidĂšle Ă  la vĂ©ritĂ©; poursuivre, traquer, dĂ©busquer la vĂ©ritĂ©; entrevoir, mettre au jour, laisser percer, filtrer la vĂ©ritĂ©; mener, parvenir Ă  la vĂ©ritĂ©; mettre le doigt sur la vĂ©ritĂ©; possĂ©der, proclamer la vĂ©ritĂ©; avoir peur de la vĂ©ritĂ©; reculer devant la vĂ©ritĂ©; accepter, admettre, reconnaĂźtre, refuser la vĂ©ritĂ©; regarder la vĂ©ritĂ© en face; ne pas supporter la vĂ©ritĂ©; la vĂ©ritĂ© se dĂ©voile, se dĂ©couvre, se dĂ©gage, se fait jour, se livre, jaillit, surgit, prend forme, Ă©clate, saute au visage; l'affreuse, la brutale, la cruelle, la dure, l'horrible, l'odieuse, la terrible vĂ©ritĂ©; faire la vĂ©ritĂ© complĂšte, toute entiĂšre, totale sur qqc.; la vĂ©ritĂ© Ă  tout prix, sans mĂ©nagement.− En appos. OpĂ©ration vĂ©ritĂ©. OpĂ©ration au cours de laquelle on dĂ©cide de porter Ă  la connaissance de tous, des informations qui ne sont pas habituellement diffusĂ©es. Et si votre chef de service vous convoquait demain matin pour vous dire Dupont, la direction a dĂ©cidĂ© une opĂ©ration vĂ©ritĂ© sur les salaires de tous les cadres de la sociĂ©tĂ©. D'ici quinze jours, faites-moi une analyse prĂ©cise de vos fonctions » Le Point, 5 janv. 1976, p. 56, col. 1.− [FigĂ© dans des tours du type voilĂ  la vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© est que/c'est que; pour renforcer ce qu'on affirme ou rectifier ce que dit qqn d'autre] CourpiĂšre J'Ă©prouve, en effet, pour elle un respect qui me coupe bras et jambes. Robert Esprels Je te prie de ne pas te payer ma tĂȘte... La vĂ©ritĂ©, c'est que Mmede Passelieu ne te dit rien, parce qu'une autre... te dit trop Hermant, M. de CourpiĂšre, 1907, ii, 4, p. 16. ... Moi je vous ai bien reconnu tout de suite. » Elle dit cela comme si elle m'avait reconnu tout de suite dans le salon, mais la vĂ©ritĂ© est qu'elle m'avait reconnu dans la rue ... Proust, Fugit., 1922, p. 574.Fanny ... je ne voudrais pas que vous engagiez votre parole sur un mouvement de pitiĂ©. Pannisse PitiĂ©? QuĂ© pitiĂ©? Alors, tu n'as pas compris ce que je t'ai dit? Fanny, je te jure que jamais un homme n'a fait une action aussi Ă©goĂŻste que moi en ce moment. Je me fais plaisir, voilĂ  la vĂ©ritĂ© Pagnol, Fanny, 1932, ii, 6, p. 138.− Fam. [P. allus. Ă  l'expr. proverbiale il n'y a que la vĂ©ritĂ© qui blesse/qui offense; pour signifier Ă  qqn que s'il ressent un reproche ou un propos comme offensant, c'est que celui-ci est justifiĂ©] − Monsieur le comte, je vous somme de vous expliquer. » − La vĂ©ritĂ© blesse toujours, » fit nĂ©gligemment l'Italien. − DrĂŽle, » cria le prince, et il lui jeta, Ă  travers la table, sa serviette au visage PĂ©ladan, Vice supr., 1884, p. 299. V. offenser B 3 b ex. de Las Cases.− Locutions♩ Loc. dire la vĂ©ritĂ©; pour dire toute la vĂ©ritĂ©. [En incise ou au dĂ©b. d'une prop.; introd. une prĂ©cision] Synon. Ă  dire vrai v. dire1II C 5 a, pour dire vrai*, sans mentir*, pour ĂȘtre franc v. franc3II A 1.Je prĂ©vois que vous m'entraĂźnerez dans une longue et triste dissertation dont je ne sais pas trop, Ă  vous dire la vĂ©ritĂ©, comment je me tirerai, sans tromper votre attente ou sans vous ennuyer J. de Maistre, SoirĂ©es St-PĂ©tersb., t. 1, 1821, p. 445.Je me plaignais bien encore Ă  ma mĂšre des cruautĂ©s horribles d'Alphonsine; mais elle me faisait plus de peur que de mal et, pour dire toute la vĂ©ritĂ©, elle ne me faisait ni mal ni peur A. France, Pt Pierre, 1918, p. 144.Être dans la vĂ©ritĂ©. [P. oppos. Ă  ĂȘtre dans le faux v. faux2III A 1, ĂȘtre dans l'erreur*] Analyser un fait, un phĂ©nomĂšne, d'une maniĂšre qui est conforme Ă  la rĂ©alitĂ©. Synon. ĂȘtre dans le vrai*.M. J. Lefebvre ... dĂ©molit de fond en comble la thĂšse du nĂ©o-latinisme, en Ă©tablissant que l'abbĂ© Espagnolle, dans son ouvrage l'Origine du français, Ă©tait dans la vĂ©ritĂ© Fulcanelli, Demeures philosophales, t. 1, 1929, p. 112.Loc. la vĂ©ritĂ©. [Introd. une prĂ©cision ou une rectification] Synon. en vĂ©ritĂ© infra, en rĂ©alitĂ©*, Ă  dire vrai*, Ă  dire la vĂ©ritĂ©*.Qu'ai-je donc perdu avec la jeunesse? ... Quelques illusions qui me remplissaient Ă  la vĂ©ritĂ© et passagĂšrement d'un bonheur assez vif, mais qui Ă©taient cause, par cela mĂȘme, d'une amertume proportionnĂ©e Delacroix, Journal, 1849, p. 297.Incapable de rĂ©sister davantage Ă  sa curiositĂ©, elle questionna d'un ton qu'elle tĂącha de rendre indiffĂ©rent mais qui, Ă  la vĂ©ritĂ© se rĂ©vĂ©la bourrĂ© d'anxiĂ©tĂ© GuĂšvremont, Survenant, 1945, p. 218.Dans la vĂ©ritĂ© vieilli. MĂȘme sens. Elle Ă©teignit les lumiĂšres, mit de la cendre sur notre feu, s'approcha nu-pieds de la croisĂ©e, et tĂącha de voir qui frappait. Mais, dans la vĂ©ritĂ©, c'Ă©tait pour faire signe Ă  Lamontette de se retirer et qu'elle n'Ă©tait pas libre Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 216.En vĂ©ritĂ©. Synon. de Ă  la vĂ©ritĂ© supra, dans la vĂ©ritĂ© supra.Parfois, M. Lavoine disparaissait comme un lutin. Il restait quelques jours absent et ne donnait sur ses fugues aucune sorte d'explication. Personne, en vĂ©ritĂ©, ne lui demandait la moindre explication Duhamel, Suzanne, 1941, p. 226.V. feinte ex. 2.[Corresp. Ă  certaines valeurs de vraiment; avec valeur intensive, indique qu'une dĂ©nom. est prise dans son sens le plus complet] À cette idĂ©e d'un os Ă  moelle du milieu de la pĂ©riode quaternaire, il Ă©clatait de rire comme si on lui avait contĂ© une bonne farce! Est-ce qu'Ă  notre Ă©poque un savant, un vĂ©ritable savant, digne en vĂ©ritĂ© de ce nom de savant, pouvait encore s'intĂ©resser Ă  un squelette du milieu de la pĂ©riode quaternaire! G. Leroux, Parfum, 1908, p. 63.[Renforce un groupe nom. exprimant un jugement] Synon. de assurĂ©ment, certainement, certes, sĂ»rement.[L'union du paysan avec la terre] est austĂšre, elle prend tous les jours, toutes les heures. Et tout y est du cĂŽtĂ© de l'homme inquiĂ©tude et labeur; sans compter les coups du sort .... Rude Ă©cole de patience en vĂ©ritĂ©, de rĂ©signation et de tĂ©nacitĂ©. Parce que rien n'est acquis aux champs, et semer n'est pas rĂ©colter Pesquidoux, Livre raison, 1928, p. 261.[Fonctionne comme adv. de phrase, dans une situation de dialogue, en tĂȘte ou en fin de prop.] En vĂ©ritĂ©, madame, je ne comprends pas... Votre trouble... pour une chose si simple! Je regrette de vous avoir indisposĂ©e VogĂŒĂ©, Morts, 1899, p. 331.Je vous fĂ©licite. Mais je ne vois pas pourquoi je suis avertie la premiĂšre [de vos fiançailles]. C'est trop d'honneur, en vĂ©ritĂ©. Elle est jeune? R. Bazin, BlĂ©, 1907, p. 220.[Dans des tours exclam.; marque l'Ă©motion, l'indignation] Il te sied bien, en vĂ©ritĂ©, de faire l'Adam d'avant le mensonge! Reconnais enfin oĂč tu es, regarde! Milosz, Amour. init., 1910, p. 150.[Sert Ă  renforcer une interr.] − Bah! dit Monte-Cristo, impossible. − Cela est pourtant comme je vous le dis. − Ah! vraiment! dit Monte-Cristo, et vous en avez la preuve? − Je l'avais du moins? − Et vous l'avez perdue, maladroit? − Oui; mais en cherchant bien on peut la retrouver. − En vĂ©ritĂ©! dit le comte, contez-moi cela, monsieur Bertuccio! car cela commence vĂ©ritablement Ă  m'intĂ©resser Dumas pĂšre, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 632. ÎČ En partic.− [Dans des cont. Ă©voquant la dissimulation, le mensonge; p. oppos. Ă  invention, mensonge] Cacher, dĂ©tenir, taire, Ă©touffer, avouer, confesser, rĂ©vĂ©ler, raconter, livrer, dĂ©baller, dĂ©former, arranger la vĂ©ritĂ© sur qqc.; flairer, soupçonner, deviner, exiger, obtenir, rĂ©tablir la vĂ©ritĂ© sur qqc.. L'attente se prolongeait. Elle sourit enfin − Dis la vĂ©ritĂ©, mon grand », fit-elle, avec un geste aventureux de la main. On ne se repent jamais de ne pas mentir » Martin du G., Thib., Cah. gr., 1922, p. 676.Je lui rappelai [Ă  un cancĂ©rologue] ce jour, Ă  la tĂ©lĂ©, oĂč je l'avais entendu expliquer qu'un malade ignorant la vĂ©ritĂ©, se laissant mener par la maladie, au lieu d'agir, mourait doublement un malade qui affrontait lucidement son sort ne disparaissait jamais pour les autres A. Francos, Sauve-toi, Lola!Paris, J'ai lu, 1984 [1983], p. 171.V. absolument ex. 18, avouer ex. 5, hypocrite I ex. de Rolland, mensonge A ex. de Renard.♩ [Dans un cont. mĂ©taph.] DĂ©guiser, farder, maquiller, travestir la vĂ©ritĂ©; faire un croc en jambes, une entorse Ă  la vĂ©ritĂ©; tourner le dos Ă  la vĂ©ritĂ©. Ce fut avec aviditĂ© que je m'en emparai pour la lire [l'histoire de sa vie]. Mais je ne tardai pas Ă  m'apercevoir qu'elle y avait tu, adouci, ou dĂ©guisĂ© la vĂ©ritĂ© Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p. 100.VĂ©ritĂ© toute nue. [Par recoupement avec supra 1reSection I A 1 a ÎČ reprĂ©sentation allĂ©gorique de la vĂ©ritĂ©] L'Inspecteur Mes remerciements, Mesdemoiselles. J'espĂšre que grĂące Ă  vos indications, nous allons voir enfin la vĂ©ritĂ© toute nue Giraudoux, Intermezzo, 1933, i, 5, p. 49.♩ [Avec redoublement intensif] La vĂ©ritĂ© vraie. La vĂ©ritĂ© pure, celle qu'on dit sans dĂ©tour, sans ornement. Ce qu'il voulait dire Ă©tait trĂšs beau, trĂšs fort, de quoi soulever une montagne. Et tout se ratatinait, une fois Ă©crit, devenait con et ridicule. Alors, de rage, il avait gribouillĂ© n'importe quoi sur un bout de papier, l'essentiel, la vĂ©ritĂ© vraie Je t'aime et j'ai du chagrin » G. Dormann, Je t'apporterai des orages, Paris, Le Livre de poche, 1973 [1971], p. 104.♩ Jeu de la vĂ©ritĂ©. Jeu qui consiste Ă  dire ce qu'on pense des personnes prĂ©sentes, en gĂ©nĂ©ral ou sur des points particuliers, les joueurs passant sur la sellette soit Ă  tour de rĂŽle soit ensemble d'apr. Cl. Aveline, Le Code des jeux, 1961, p. 250. Asseyez-vous lĂ  on va jouer au jeu de la vĂ©ritĂ©, dit Claudie. Je dĂ©teste ce jeu; je ne dis jamais que des mensonges et ça m'est pĂ©nible de voir mes partenaires, avides d'exhiber sans se nuire le mystĂšre qui les habite, s'interroger avec scrupule et ruse Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 185.♩ SĂ©rum de vĂ©ritĂ©. Substance narcotique qui plonge une personne dans un Ă©tat tel qu'elle ne peut que rĂ©pondre la vĂ©ritĂ© Ă  toute question qu'on lui pose. Synon. penthotal penta- I A 5.On n'a pas insistĂ© [dans les journaux] sur son utilitĂ© [de la narcoanalyse] pour guĂ©rir les troubles d'origine psychique, faire le diagnostic d'une affection ou analyser le subconscient mais on l'a prĂ©sentĂ©e comme le sĂ©rum de vĂ©ritĂ©. Quittant les hĂŽpitaux, la narcoanalyse a pĂ©nĂ©trĂ© au prĂ©toire P. Chauchard, Hypnose et suggestion, 1970, p. 9.♩ ExpressionsFam. S'il le dit, c'est que c'est la vĂ©ritĂ©. [Pour exprimer que l'on fait confiance Ă  qqn Ă  propos d'une chose que l'on ne peut vĂ©rifier soi-mĂȘme] Langle de Cary continue ... Jusqu'Ă  maintenant nous ne semblons pas avoir beaucoup souffert [du tir d'Ă©crasement]... » Un rire trĂšs gai secoua la poitrine de Joffre − S'il vous le dit, c'est que c'est la vĂ©ritĂ©. Lui, jusqu'Ă  prĂ©sent, il n'a pas l'impression d'avoir beaucoup souffert... C'est un fait Romains, Hommes bonne vol., 1938, p. 47.[Dans des tours exclam. de la lang. parlĂ©e, dans un dialogue, sert Ă  renchĂ©rir sur ce qu'on vient d'affirmer face Ă  un interlocuteur sceptique] − Ne dites pas ça, allons... − C'est la vĂ©ritĂ©, monsieur Haudoin. − Vous exagĂ©rez, Mainehal, vous exagĂ©rez. − Non, monsieur Haudoin, non. Pourquoi voulez-vous que j'exagĂšre? AymĂ©, Jument, 1933, p. 129.− Dis donc pas de conneries. − Tu me crois point? − SĂ»r que non. − Ah ben, brailla Goubi, c'est quĂšque chose! Pour une fois que c'est la pure vĂ©ritĂ© du bon Dieu! Fallet, Un Idiot Ă  Paris, 1990 [1966], p. 126.Dis la vĂ©ritĂ©. [Dans le parler pied-noir, interr. moqueuse en fin de phrase] [Nous ferons la route Ă  pied.] Ti as fait la mise au point Ă  tes rĂ©morqueurs, dis la vĂ©ritĂ©? Musette, Cagayous aviat., 1909, p. 7.Expr. proverbiale. La vĂ©ritĂ© sort de la bouche des enfants. [Pour exprimer qu'un enfant dans son innocence, n'est pas encore capable de la dissimulation ou de la rouerie de l'Ăąge adulte] Un jour, j'avais dit Ă  Alice de Roquefeuil − Pourquoi est-on comme ça avec Madame de Vaugiraud?... − Comment, comme ça?... − Ben, on n'a jamais l'air de voir qu'elle est lĂ ... mĂȘme quand on est chez elle... exceptĂ© Alphonse et Grand-pĂšre qui sont gentils pour elle, personne ne lui parle... Et Alphonse de Roquefeuil avait conclu, avec son sourire triste − La vĂ©ritĂ© sort de la bouche des enfants! Gyp, Souv. pte fille, 1928, p. 192.[P. allus. au proverbe lat. In vino veritas; pour exprimer qu'une pers. ivre rĂ©vĂšle par ses propos ou par son comportement, des choses qu'elle arrive Ă  dissimuler lorsqu'elle est Ă  jeun] C'est la guerre qui m'a sauvĂ© en me tirant de lĂ  et en me jetant anonyme parmi le peuple en armes, un matricule parmi des millions d'autres. 1529. Quelle ivresse! La vĂ©ritĂ© est dans le vin. La vĂ©ritĂ© et la libertĂ© Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 194.− [Dans le cadre d'une enquĂȘte, d'une investigation mettant notamment en cause le tĂ©moignage hum.] Ce qu'une personne a effectivement vu, perçu ou accompli. [Les soldats] s'ouvrent Ă  la joie de revivre posĂ©ment et sans risque. Pour un peu ils se tĂąteraient les os afin d'ĂȘtre sĂ»rs qu'ils sont encore bien vivants. Les visions de cauchemar qui leur reviennent les en feraient douter encore. Il faut sans hĂąte prendre contact avec leurs chefs et avec eux-mĂȘmes pour dĂ©mĂȘler petit Ă  petit la vĂ©ritĂ© et reconstituer les premiers combats de Vaux Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 77.La dĂ©tention prĂ©ventive qui peut ĂȘtre ordonnĂ©e de maniĂšre Ă  Ă©viter qu'une personne sur laquelle pĂšsent de graves soupçons puisse se soustraire au jugement ou commettre des actes qui empĂȘcheraient la manifestation de la vĂ©ritĂ© Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 48.♩ [P. allus. Ă  la formule du serment demandĂ© Ă  une pers. qui tĂ©moigne devant un tribunal Vous jurez de dire, la vĂ©ritĂ©, toute la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©; levez la main droite et dites je le jure] Ça court les rues les braves gens prĂȘts Ă  sacrifier quelques annĂ©es de votre belle jeunesse pour dire la vĂ©ritĂ©, rien que la vĂ©ritĂ©, cette putain de vĂ©ritĂ© dans sa totalitĂ©! B. Blier, Les Valseuses, Paris, J'ai lu, 1989 [1972], p. 60.b α ConformitĂ© d'une affirmation Ă  la rĂ©alitĂ©. Quand un homme perd sa libertĂ©, dit HomĂšre, Jupiter lui enlĂšve la moitiĂ© de son Ăąme. Ce mot d'HomĂšre est d'une vĂ©ritĂ© sublime. Telle est en effet la bontĂ© de la Providence; elle nous ĂŽte dans nos douleurs les facultĂ©s qui nous les rendraient intolĂ©rables P. Leroux, HumanitĂ©, 1840, p. 31.[Les fĂ©dĂ©rĂ©s] chantaient, ils buvaient, ils jouaient aux cartes, tous, jeunes et vieux, en bonnets rouges ou chapeaux Ă  cornes; et c'est lĂ  que je reconnus la vĂ©ritĂ© de ce que Chauvel nous avait racontĂ© du peuple parisien, qui vit partout comme dans ses vieilles rues, sans s'inquiĂ©ter du reste Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 39.SYNT. Estimer, dĂ©gager, Ă©tablir, constater, attester, confirmer, prouver, garantir, contester, mĂ©connaĂźtre, altĂ©rer, affaiblir la vĂ©ritĂ© de qqc.; conclure, croire Ă  la vĂ©ritĂ© de qqc.; trancher de la vĂ©ritĂ© de qqc.; ĂȘtre dĂ©nuĂ©, manquer de vĂ©ritĂ©; avoir, contenir une vĂ©ritĂ© fragmentaire, tronquĂ©e; ĂȘtre d'une vĂ©ritĂ© littĂ©rale, rigoureuse, infaillible, passagĂšre, probable, approximative, totale; un dĂ©tail criant de vĂ©ritĂ©.− Expr. Il y a de la vĂ©ritĂ©, il y a quelque/beaucoup/peu de vĂ©ritĂ© dans des propos. [Pour exprimer qu'on accorde un crĂ©dit aux propos de qqn, qu'on lui reconnaĂźt de la perspicacitĂ©, de la luciditĂ© Ă  propos d'une situation donnĂ©e] Il y a sans doute quelque vĂ©ritĂ© dans ce vieux prĂ©jugĂ© que les fous connaissent l'avenir; mais, quand tout l'avenir devrait m'ĂȘtre dĂ©voilĂ©, je ne voudrais point ĂȘtre fou Alain, Propos, 1914, p. 181. − ... Tu sais ce que c'est, une putain? − C'est des personnes qui se dĂ©fendent avec leur cul. − Je me demande oĂč tu as appris des horreurs pareilles, mais il y a beaucoup de vĂ©ritĂ© dans ce que tu dis E. Ajar, La Vie devant soi, 1990 [1975], p. 23. ÎČ En partic. CaractĂšre de ce qui n'est pas suspect de dissimulation ou de mensonge. S'assurer, tĂ©moigner de la vĂ©ritĂ© d'un rĂ©cit, d'un soupçon. Il a Ă©numĂ©rĂ© tous les soufflets qu'il avait reçus d'elle, sans jamais les rendre. InterrogĂ©e par le prĂ©sident sur la vĂ©ritĂ© des allĂ©gations de son mari, Jeanne a rĂ©pondu qu'elle ne se rappelait plus,... que la violence appelait la violence Goncourt, Journal, 1894, p. 704.La parole confĂšre une vĂ©ritĂ© neuve Ă  ce que le temps nous a dĂ©robĂ©; elle en prĂȘte mĂȘme une, quelquefois, aux mensonges A. Hardellet, Le Seuil du jardin, 1979 [1966], p. 172.♩ VĂ©ritĂ© historique, vĂ©ritĂ© de l'histoire. Certitude qui porte sur la nature des sources et sur la fiabilitĂ© de l'historien. En fait, lorsque l'histoire est vraie, sa vĂ©ritĂ© est double, Ă©tant faite Ă  la fois de vĂ©ritĂ© sur le passĂ© et de tĂ©moignage sur l'historien Marrou, Connaiss. hist., 1954, p. 229.− ÉCON. VĂ©ritĂ© des prix. V. prix I B [Le plus souvent dans des loc. ou en constr. syntagm.] α ObjectivitĂ© d'une personne; expression de cette objectivitĂ©. La vĂ©ritĂ© parle par sa bouche. Bien loin qu'il [le mariage des prĂȘtres maronites] ait nui, comme on affecte de nous le dire, Ă  la puretĂ© des mƓurs sacerdotales ..., on peut dire avec vĂ©ritĂ© que, dans aucune contrĂ©e de l'Europe, le clergĂ© n'est plus pur ... qu'il l'est ici Lamart., Voy. Orient, t. 2, 1835, p. 103.♩ La vĂ©ritĂ© oblige/force qqn Ă /de + en dĂźnant, Albert ne put s'empĂȘcher de remarquer la diffĂ©rence notable qui existait entre les mĂ©rites respectifs du cuisinier de maĂźtre Pastrini et de celui du comte de Monte-Cristo. Or la vĂ©ritĂ© força Franz d'avouer, malgrĂ© les prĂ©ventions qu'il paraissait avoir contre le comte, que le parallĂšle n'Ă©tait point Ă  l'avantage du chef de maĂźtre Pastrini Dumas pĂšre, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 516.La profondeur des bois m'inspirait dĂšs ma plus tendre enfance un plaisir mĂ©lancolique. Toutefois la vĂ©ritĂ© m'oblige Ă  dire que, m'Ă©tant enfoncĂ© dans les fourrĂ©s oĂč la lumiĂšre tombait Ă  travers la feuillĂ©e en disques d'or, je m'Ă©loignai Ă  la hĂąte, de peur des rĂŽdeurs qui troublaient ma solitude A. France, Vie fleur, 1922, p. 324. ÎČ SincĂ©ritĂ© d'une personne; expression de cette sincĂ©ritĂ©. Ami, reprend trĂšs-vivement l'archevĂȘque, rĂ©pondez-moi avec vĂ©ritĂ©, l'avez-vous laissĂ© sans espoir? Cottin, Mathilde, t. 2, 1805, p. 328.Il faut nous parler en toute vĂ©ritĂ©, comme de bons amis Rolland, Nouv. journĂ©e, 1912, p. 1456.Tous [nos juges d'instruction] savent et admettent que l'Ă©motion et l'accent de vĂ©ritĂ© du tĂ©moin ne crĂ©ent pas la connaissance du fait, qu'au contraire ils la supposent, et c'est prĂ©cisĂ©ment parce qu'ils la supposent, qu'on en tient compte ThĂ©ol. 4, 11920, p. 821.− P. mĂ©ton.♩ HonnĂȘtetĂ©, authenticitĂ© d'une parole, d'un sentiment. Garde-toi de prendre des dĂ©tours dans ton cƓur, pour t'autoriser Ă  jurer, si tu n'es pas sĂ»r de la vĂ©ritĂ© de ton serment Ami Fritz, 1864, p. 139.Il n'est pas d'autre mesure Ă  la valeur morale de notre amour ou de son objet que la profondeur et la vĂ©ritĂ© de notre sentiment Milosz, Amour. init., 1910, p. 163.V. paraĂźtre1I A 1 ex. de Restif de la Bretonne.♩ [À propos d'une pers.; avec valeur intensive] Elle qui Ă©tait la sagesse, la droiture et la vĂ©ritĂ© mĂȘme Fromentin, Dominique, 1863, p. 184.B. − Domaine de la crĂ©ation littĂ©r. et artist.[P. oppos. Ă  acadĂ©misme, conventionnalisme]1. Accord d'une Ɠuvre avec la rĂ©alitĂ© ou avec l'idĂ©e qu'on s'en Ressemblance prĂ©cise et vivante d'une Ɠuvre avec son modĂšle. Un crabe en bronze d'une exĂ©cution si troublante de vĂ©ritĂ© que j'Ă©tais tentĂ© de le croire surmoulĂ©, si le naturaliste Pouchet ne m'avait affirmĂ© qu'il n'en Ă©tait rien, se basant sur l'absence de certains organes de la gĂ©nĂ©ration Goncourt, Journal, 1894, p. 684.b CaractĂšre spontanĂ©, vivant, naturel d'une Ɠuvre. Les connaisseurs remarquent ... que la vive invention, le naturel, le grand Ă©lan du cƓur, la vĂ©ritĂ© parfaite, dont les premiĂšres Ɠuvres de Michel-Ange sont remplies, ont disparu [dans le Jugement dernier] Taine, Philos. art, t. 1, 1865, p. 17.Heure d'Ă©merveillement [Ă  la tĂ©lĂ©vision] la Belle Vie ... de Jean Anouilh, joyeusement rĂ©alisĂ©e par Lazare IglĂ©sis. Le bonheur de jouer Anouilh nimbait les comĂ©diens. On reconnaĂźt la vĂ©ritĂ© d'une Ɠuvre Ă  ce qu'elle rĂ©jouit d'abord les interprĂštes. Un signe qui ne trompe pas, parce qu'il est aussi difficile de simuler la voluptĂ© intellectuelle que l'intelligence Le Figaro Magazine, 17 oct. 1987, p. 71, col. 1.V. naturaliste ex. 2, rĂ©aliste C 2 ex. de Morand.− En partic. RĂ©alisme, authenticitĂ© du sujet restituĂ© par l'artiste. Les eaux Ă©taient d'une profondeur inouĂŻe [dans un tableau de M. Decamps] ; les grandes ombres qui coupent les pans des maisons et dorment Ă©tirĂ©es sur le sol ou sur l'eau avaient une indolence et un farniente d'ombres indĂ©finissables. Au milieu de cette nature saisissante, s'agitaient ou rĂȘvaient de petites gens, tout un petit monde avec sa vĂ©ritĂ© native ou comique Baudel., Salon, 1846, p. 141.[Les impressionnistes] ont observĂ© ces ĂȘtres [les paysans et les ouvriers] dans la vĂ©ritĂ© de leurs occupations au lieu de les ankyloser dans une pose factice, et de peindre des dĂ©guisĂ©s Mauclair, MaĂźtres impressionn., 1923, p. 37.2. QualitĂ© de naturel, de sincĂ©ritĂ© d'un interprĂšte, d'un acteur. Lorsqu'il [Jean Gabin] Ă©tait en face de vous, qu'il vous donnait la rĂ©plique, il Ă©tait tellement juste » et il Ă©manait de lui une telle vĂ©ritĂ©, un tel magnĂ©tisme qu'il finissait par vous communiquer un peu de son talent C. Mars ds A. Brunelin, Gabin, Paris, J'ai lu, t. 2, 1989 [1987], p. 56.3. Accord de l'Ɠuvre avec la rĂ©alitĂ© et ses caractĂšres, considĂ©rĂ© par l'Ă©crivain ou par l'artiste comme un objectif Ă  atteindre. L'apparence de vie » et de vĂ©ritĂ© », qui est l'objet des calculs et des ambitions du romancier, tient Ă  l'introduction incessante d'observations, − c'est-Ă -dire d'Ă©lĂ©ments reconnaissables, qu'il incorpore Ă  son dessein. Une trame de dĂ©tails vĂ©ritables et arbitraires raccorde l'existence rĂ©elle du lecteur aux feintes existences des personnages ValĂ©ry, VariĂ©tĂ©[I], 1924, p. 169.V. exactitude B 1 ex. de Delacroix et de Gautier5. Picasso veut la vĂ©ritĂ©. Non pas cette vĂ©ritĂ© fictive qui laissera toujours GalatĂ©e inerte et sans vie, mais une vĂ©ritĂ© totale qui joint l'imagination Ă  la nature, qui considĂšre tout comme rĂ©el et qui, allant sans cesse du particulier Ă  l'universel et de l'universel au particulier, s'accommode de toutes les variĂ©tĂ©s d'existence, de changement, pourvu qu'elles soient nouvelles, qu'elles soient fĂ©condes. Éluard, Donner, 1939, p. 94.− En partic. Expression littĂ©raire ou artistique qui s'inspire directement de la rĂ©alitĂ© humaine, concrĂšte, quotidienne. Je suis allĂ© carrĂ©ment mon chemin. Cette franchise des situations et du style a rĂ©voltĂ©. Ma vĂ©ritĂ© a Ă©tĂ© sifflĂ©e, et l'on a huĂ© ma fantaisie Zola, Bouton de rose, 1878, p. iv.V. naturalisme ex. 2, rĂ©alisme C 1 ex. de Baudelaire.− En appos. Du théùtre vĂ©ritĂ© [la piĂšce de Wenzel Marianne attend le mariage »] qui trace des ondes dans nos mĂ©moires L'Express, 14 mars 1977, p. 14, col. 2.C. − 1. PHILOS. [Chez les Grecs et dans la tradition des scolastiques] VĂ©ritĂ© ontologique. ConformitĂ© d'un ĂȘtre ou d'un objet avec la pensĂ©e, avec son type idĂ©al, avec la pensĂ©e divine. Ce qu'elle [la connaissance intellectuelle] cherche ..., c'est Ă  le dĂ©finir [son objet] et Ă  le caractĂ©riser, c'est-Ă -dire Ă  le saisir dans sa permanence et dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ©, hors de la vie, pourrait-on dire, sans les variations perturbant l'Ă©vidence typique et immuable! Jamais cette tendance ne fut poussĂ©e plus loin que dans la thĂ©orie platonicienne qui, par delĂ  les apparences, toujours plus ou moins liĂ©es Ă  l'Ă©vĂ©nement qui passe, affirme une vĂ©ritĂ© absolue qui sera l'IdĂ©e des choses Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p. 398.La vĂ©ritĂ© au sens logique et humain est une vĂ©ritĂ© dĂ©rivĂ©e; son fondement est la vĂ©ritĂ© ontologique, l'accord de l'ĂȘtre créé avec la pensĂ©e de Dieu Bochenski, La Philos. contemp. en Europe, trad. par Fr. Vaudou, 1967, p. 197.2. P. ext. Ce qui constitue la valeur d'un ĂȘtre ou d'un objet, lui est essentiel et justifie son existence. DĂ©couvrir sa vĂ©ritĂ©; accomplir la vĂ©ritĂ© de son ĂȘtre. Chaque ĂȘtre, si misĂ©rable qu'on le suppose, a nĂ©anmoins sa vĂ©ritĂ©. Mais qu'importe la vĂ©ritĂ© des ĂȘtres Ă  qui n'a jamais entrepris de rechercher sa propre vĂ©ritĂ©? Bernanos, Joie, 1929, p. 536.Quand nous voulons penser le mouvement ..., nous nous plaçons aussitĂŽt dans l'attitude critique ou attitude de vĂ©rification, nous nous demandons ce qui nous est donnĂ© au juste dans le mouvement, nous nous apprĂȘtons Ă  rejeter les apparences pour atteindre la vĂ©ritĂ© du mouvement Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nol. perception, 1945, p. 309.♩ Subst. + de vĂ©ritĂ©TAUROM. Terrain de vĂ©ritĂ©. Sable de l'arĂšne oĂč le torero doit faire la preuve de son talent et de son courage. Sur le sol de l'arĂšne, il [le torero] lutte pour ĂȘtre sauf, comme le veut son instinct, qui gouverne sur ce sol, et c'est bien pourquoi on appelle ce sol le terrain de la vĂ©ritĂ© » Montherl., Bestiaires, 1926, p. 524.P. anal. DĂ©sormais[dans l'espace ouvert] l'Ɠuvre apparaĂźt dans sa nuditĂ© essentielle. Mais c'est lĂ , pour le comĂ©dien comme pour l'Ɠuvre, une Ă©preuve sans recours. La scĂšne nue est terrain de vĂ©ritĂ© ». La mĂ©diocritĂ© y est impitoyablement dĂ©masquĂ©e SerriĂšre, 1959, p. 73.Heure, minute, instant, Ă©preuve de vĂ©ritĂ©. Moment dĂ©cisif, ultime, dans une confrontation, une compĂ©tition, une situation de crise ou de paroxysme, oĂč chacun doit faire la preuve de ce qu'il est, sans se dĂ©rober, sans tricher. Pour IsraĂ«l, voici l'heure de vĂ©ritĂ© .... La question posĂ©e dĂ©sormais au gouvernement israĂ©lien est celle-ci contre une reconnaissance arabe ... est-il prĂȘt Ă  rendre des » territoires qui permettraient Ă  un peuple sans patrie d'investir enfin son Ă©nergie dans la construction de son État? L'ÉvĂ©nement du Jeudi, 14-20 mars 1991, p. 6II. A. − [P. oppos. Ă  fiction, lĂ©gende, rĂȘve] Ce qui existe indĂ©pendamment de l'esprit qui le conçoit. Synon. ne suffit-il pas que tu sois l'apparence, Pour rĂ©jouir un cƓur qui fuit la vĂ©ritĂ©? Qu'importe ta bĂȘtise ou ton indiffĂ©rence? Masque ou dĂ©cor, salut! J'adore ta beautĂ©! Baudel., Fl. du Mal, 1860, p. 172.Un rĂȘve ne dure pas, sans doute celui d'HĂ©lĂšne est-il dĂ©jĂ  terminĂ©, tandis que la rĂ©alitĂ© est toujours lĂ , imperturbable et constante. Rien n'est plus persĂ©vĂ©rant que la vĂ©ritĂ©, on essaie de l'oublier, on y parvient et vlan! la revoilĂ , narquoise. On marche toute sa vie dans du prĂ©sent Fr. Dard, La CrĂšve, 1989 [1946], p. 39.− [Avec compl. prĂ©p. de] La vĂ©ritĂ© des choses, de la vie. La rĂ©alitĂ© concrĂšte. Quand on songe que tout le mouvement intellectuel accompli jusqu'ici a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par des hommes malheureux, souffrants, harcelĂ©s de peines ..., et que nous-mĂȘmes nous en recueillons la tradition, ... on prend en meilleure estime cette nature humaine, capable de poursuivre si Ă©nergiquement un objet idĂ©al. Il est temps, dĂ©finitivement de revenir Ă  la vĂ©ritĂ© de la vie, et de renoncer Ă  tout cet artifice de convention, reste de nos distinctions aristocratiques et de la sociĂ©tĂ© artificielle du XVIIesiĂšcle Renan, Avenir sc., 1890, p. 462.− En partic. Le rĂ©el en tant que sujet de la littĂ©rature ou de l'art. Ce Courbet-lĂ  ... nous regarde, nous fouille ... puis, rĂ©sumant nos laideurs, il nous peint dans notre vĂ©ritĂ©, afin de nous faire rougir Zola, Mes haines, 1866, p. 29.B. − Nature profonde d'une personne, par opposition aux apparences ou Ă  l'idĂ©e plus ou moins juste qu'on se fait d'elle. Charlotte m'a aimĂ© pour des raisons absolument diffĂ©rentes de celles qu'avait su amĂ©nager ma naĂŻve psychologie. Elle est morte, dĂ©sespĂ©rĂ©e, quand, Ă  la lumiĂšre d'une explication tragique, elle m'a vu dans ma vĂ©ritĂ©. Alors je lui ai fait horreur Bourget, Disciple, 1889, p. 129.On ne croit pas que ça existe si fort, ce petit monde. On vit tout au milieu de lui, sans presque le voir, tant c'est simple. Et puis, un soir, au bout d'une trop longue solitude, on retrouve ses enfants un Ă  un, le vrai regard de leurs yeux vivants, la vĂ©ritĂ© de leurs petites personnes et c'est quand on les a perdus Genevoix, Raboliot, 1925, p. 313.− Loc. adv., rare. En vĂ©ritĂ©. Tel qu'en lui-mĂȘme. Le comte Michele Cantarini ne livrait pas facilement le secret de la nature Ă©levĂ©e, violente, impatiente qui Ă©tait la sienne. Une annĂ©e durant, Paulina s'Ă©tait aimĂ©e elle-mĂȘme dans la personne de Michele; Ă  prĂ©sent Michele lui apparaissait en vĂ©ritĂ© Jouve, Paulina, 1925, p. 100.2eSection. Au sing. ou au plur. [Le plus souvent avec art. indĂ©f.]I. A. − PHILOS., THÉOL., lang. des sc. ÉnoncĂ© conforme Ă  la rĂ©alitĂ©. AdhĂ©rer Ă  une vĂ©ritĂ©; enseigner, professer des vĂ©ritĂ©s; une vĂ©ritĂ© moyenne, provisoire, dĂ©finitive; une vĂ©ritĂ© fondamentale, reconnue, objective, irrĂ©futable. Ce qui fait le prosĂ©lytisme, ce qui entraĂźne le monde, ce sont des vĂ©ritĂ©s incomplĂštes. La vĂ©ritĂ© complĂšte serait si quintessenciĂ©e, si pondĂ©rĂ©e qu'elle n'exciterait pas assez les passions, et ressemblerait au scepticisme Renan, Avenir sc., 1890, p. 446.V. aberration ex. 1, absolu ex. 78, principe ex. 1, rĂ©alitĂ© ex. 4, relatif B 1 ex. de Le Dantec♩ VĂ©ritĂ© + adj. ou compl. dĂ©terminatif indiquant son domaine d' morale, philosophique; vĂ©ritĂ©s des mathĂ©matiques, de la physique. Karl Marx avait Ă©noncĂ© avec profondeur une vĂ©ritĂ© Ă©conomique en disant que le capital est une relation sociale Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 255.Chacun va rĂ©pĂ©tant qu'une vĂ©ritĂ© scientifique n'a de valeur qu'en rĂ©fĂ©rence au systĂšme global qui la contient et la rend possible allĂ©gation qui prend son meilleur sens dans l'univers du discours mathĂ©matique M. Serres, HermĂšs I, La Commun., 1984 [1969], p. 78.V. prĂ©somption A 1 ex. de Langlois.♩ Le plus souvent au plur. VĂ©ritĂ©s Ă©ternelles, rĂ©vĂ©lĂ©es, absolues, logiques, a priori, de raison, analytiques. VĂ©ritĂ©s constantes et nĂ©cessaires au regard des sciences, indĂ©pendantes de l'expĂ©rience au regard de la logique, reconnues comme provenant de Dieu par les philosophes classiques et par les religieux. Distinguer un plan des vĂ©ritĂ©s a priori et un plan des vĂ©ritĂ©s de fait, ce que doit ĂȘtre le monde et ce qu'il est effectivement Merleau-Ponty, PhĂ©nomĂ©nol. perception, 1945, p. 255.[Les jugements a priori] sont d'abord valables dans le plan idĂ©al parce qu'ils expriment des relations entre essences. À ce niveau, ils sont nĂ©cessaires. C'est ce que la tradition cartĂ©sienne appelait les vĂ©ritĂ©s Ă©ternelles » R. Verneaux, Crit. de la Crit. de la raison pure de Kant, 1972, p. 107.V. Ă©ternel II A ex. de relatives, contingentes, d'expĂ©rience, de fait, synthĂ©tiques. VĂ©ritĂ©s liĂ©es au monde de l'expĂ©rience, Ă©tablies par l'observation scientifique. La loi de Newton est une vĂ©ritĂ© d'expĂ©rience; comme telle elle n'est qu'approximative, ce qui montre que nous n'avons encore qu'une dĂ©finition par Ă  peu prĂšs H. PoincarĂ©, Valeur sc., 1905, p. 44.V. rĂ©el II A ex. de Gds cour. pensĂ©e math.♩ VĂ©ritĂ© premiĂšre. LOG. VĂ©ritĂ© Ă©vidente, indĂ©montrable. Suivant le vƓu de Bacon, il [le pĂšre Buffier] entreprenait de dĂ©couvrir le fondement des principes, et de faire un traitĂ© des vĂ©ritĂ©s premiĂšres Destutt de Tr., IdĂ©ol. 3, 1805, p. 134.Lang. cour. VĂ©ritĂ© premiĂšre. IdĂ©e de base, essentielle, qui s'impose d'elle-mĂȘme. VoilĂ , il me semble, ce qui plus que toute autre chose est une vĂ©ritĂ© premiĂšre c'est que le théùtre, art indĂ©pendant et autonome, se doit pour ressusciter, ou simplement pour vivre, de bien marquer ce qui le diffĂ©rencie d'avec le texte, d'avec la parole pure, d'avec la littĂ©rature, et tous autres moyens Ă©crits et fixĂ©s Artaud, Théùtre et son double, 1938, p. 126.Ils Ă©taient beaux, les jardins de mon pĂšre. Plus tard encore, mes voyages me confirmeront cette vĂ©ritĂ© premiĂšre le paradis est un jardin. Toutes les civilisations le disent Ă  leur maniĂšre N. Avril, Dans les jardins de mon pĂšre, Paris, France Loisirs, 1990 [1989], p. 37.Fam., p. iron. VĂ©ritĂ© premiĂšre. Opinion arrĂȘtĂ©e, considĂ©rĂ©e par celui qui l'Ă©nonce comme allant de soi pour tous. De bonnes, de grosses vĂ©ritĂ©s premiĂšres. Lili dĂ©versait ses vĂ©ritĂ©s premiĂšres et ses poncifs qui lui tenaient lieu de pensĂ©e G. Dormann, Je t'apporterai des orages, Paris, Le Livre de poche, 1973 [1971], p. 29.Expr. Il pleut des vĂ©ritĂ©s premiĂšres. [Pour exprimer qu'un dialogue ou un dĂ©bat n'a aucun intĂ©rĂȘt parce que rempli d'Ă©vidences, de propos redondants] Sur le calcul encore de la science que nous avons fait sur quarante ans. − Encore un calcul, ou le mĂȘme, sur quarante ans. Quarante ans peut ĂȘtre quarante ans d'Ăąge ou quarante ans de durĂ©e. Sous cette rĂ©serve que c'est la durĂ©e qui amĂšne l'Ăąge. Il pleut des vĂ©ritĂ©s premiĂšres PĂ©guy, comte Hugo, 1910, p. 764.− [Dans une perspective relativiste; l'accent est mis sur l'aspect temp. des vĂ©ritĂ©s, une vĂ©ritĂ© pouvant ĂȘtre une certitude Ă  une Ă©poque et se rĂ©vĂ©ler plus tard partielle, caduque ou fausse] Tout le monde, aujourd'hui ... consent qu'il n'y ait pas de notions, de principes, pas de vĂ©ritĂ© comme on disait jadis, qui ne soient sujets Ă  revision, Ă  retouche, Ă  refonte; pas d'action qui ne soit conventionnelle, pas de loi Ă©crite ou non, qui ne soit qu'approchĂ©e ValĂ©ry, VariĂ©tĂ© III, 1936, p. 198.B. − Lang. IdĂ©e conforme Ă  la rĂ©alitĂ© ou tenue pour telle. Synon. certitude, convaincu, pĂ©nĂ©trĂ© d'une vĂ©ritĂ©; convenir d'une vĂ©ritĂ©; une vĂ©ritĂ© flagrante, limpide, lumineuse; une vĂ©ritĂ© mĂ©connue, rebattue, dĂ©rangeante, dĂ©solante. Les passions nous dĂ©couvrent une infinitĂ© de vĂ©ritĂ©s sur nous, vĂ©ritĂ©s pour nous au moment oĂč nous les voyons, mais le plus souvent trĂšs Ă©loignĂ©es d'ĂȘtre rĂ©ellement vraies Stendhal, Journal, t. 2, 1806, p. 249.V. lapalissade ex. de Mauriac, nature ex. 12, plaider II B 2 b ex. de Martin du Gard, sagesse ex. 16. Singulier pays [l'AlgĂ©rie] qui donne Ă  l'homme qu'il nourrit Ă  la fois sa splendeur et sa misĂšre! La richesse sensuelle dont un homme sensible de ce pays est pourvu, il n'est pas Ă©tonnant qu'elle coĂŻncide avec le dĂ©nuement le plus extrĂȘme. Il n'est pas une vĂ©ritĂ© qui ne porte avec elle son amertume. Camus, Noces, 1938, p. 49.♩ VĂ©ritĂ© de La Palice, de La Palisse, de M. de La Palisse. VĂ©ritĂ© trop Ă©vidente. Synon. lapalissade, est Ă©vident que pour s'occuper d'histoire grecque, il faut consulter des documents rĂ©digĂ©s en langue grecque, et, par consĂ©quent, savoir le grec. VĂ©ritĂ© de La Palice, dira-t-on. Observez cependant que l'on agit trĂšs souvent comme si l'on n'en avait pas conscience Langlois, Seignobos, Introd. Ă©t. hist., 1898, p. 32.En disant que le matĂ©rialisme eĂ»t Ă©tĂ© impensable avant NapolĂ©on, je n'entends pas que les circonstances ne s'y fussent pas prĂȘtĂ©es, − vĂ©ritĂ© de M. de La Palisse, − mais que sa doctrine mĂȘme, son corps, sa politique et son Ă©thique sont tout imprĂ©gnĂ©s de napolĂ©onisme Bloch, Dest. du S., 1931, p. 297.− [P. oppos. Ă  mensonge] Information sĂ»re, confirmĂ©e. − T'en es sĂ»r? Mais on devait ĂȘtre relevĂ©s demain... Pas possible, c'est un bobard... qui c'est qui t'a dit ça? Bouffioux, fort des vĂ©ritĂ©s qu'il apporte, se tourne simplement vers son second − Ce que c'est pas vrai? DorgelĂšs, Croix de bois, 1919, p. 79.Par brassĂ©es, il achĂšte les journaux dont les mensonges ... vous mettront peut-ĂȘtre sur la piste de quelques vĂ©ritĂ©s Arnoux, Solde, 1958, p. 252.− Expr. proverbiale. Toute vĂ©ritĂ© n'est pas bonne Ă  dire. [Pour exprimer qu'il est prĂ©fĂ©rable de dissimuler une vĂ©ritĂ© susceptible de blesser qqn, de perturber un Ă©quilibre] Nous prenons le cas extrĂȘme du Pouvoir politique et de l'opinion publique .... Si on croit Ă  la vĂ©ritĂ© d'un ensemble d'idĂ©es liĂ©es Ă  des structures, on ne peut pas ne pas s'interroger sur l'opportunitĂ© de transmettre des vĂ©ritĂ©s partielles qui risquent de secouer les structures et peut-ĂȘtre de les dĂ©truire. Qu'on y rĂ©flĂ©chisse, et l'on verra que la racine de la plupart des informations mauvaises et malhonnĂȘtes est lĂ . On peut en tirer la conclusion immĂ©diate que toute vĂ©ritĂ© est bonne Ă  dire » Salleron, Comment informer, 1965, p. 44.2. P. mĂ©ton., le plus souvent au plur. Paroles exprimant une opinion tenue pour fondĂ©e. L'an prochain, Bel-Gazou aura plus de neuf ans. Elle ne proclamera plus, inspirĂ©e, ces vĂ©ritĂ©s qui confondent ses Ă©ducateurs Colette, Mais. Cl., 1922, p. 278.[Le curĂ© de Torcy] Enseigner, mon petit, ça n'est pas drĂŽle! Je ne parle pas de ceux qui s'en tirent avec des boniments .... Des vĂ©ritĂ©s consolantes, qu'ils disent Bernanos, Journal curĂ© camp., 1936, p. 1071.− [Dans des loc. figĂ©es] DĂ©clarations faites sans fard, sans mĂ©nagement, sans accommodement et donc souvent peu agrĂ©ables pour leur destinataire. Lancer certaines vĂ©ritĂ©s Ă  qqn; dire des vĂ©ritĂ©s offensantes; assĂ©ner de dures vĂ©ritĂ©s; se jeter de sĂšches vĂ©ritĂ©s Ă  la face, Ă  la figure, au front. Pardonnez-moi ma rude franchise. Mon intention n'est pas de vous blesser. Certaines vĂ©ritĂ©s sont dures Ă  entendre, Ă  votre Ăąge Villiers de L' Contes cruels, 1883, p. 58.L'abbĂ© GrĂ©goire fut des nĂŽtres. Il a prĂ©sidĂ© la Convention. Il a dit au SĂ©nat des vĂ©ritĂ©s courageuses devant le maĂźtre qui Ă©crase l'Europe Adam, Enf. Aust., 1902, p. 123.♩ Dire, envoyer ses quatre vĂ©ritĂ©s Ă  qqn; se dire, se crier ses quatre vĂ©ritĂ©s. Tenir Ă  quelqu'un des propos dĂ©sagrĂ©ables; lui faire, le plus souvent sur un ton vĂ©hĂ©ment, des reproches qu'on estime justifiĂ©s. C'Ă©tait la comtesse X... et sa dame de compagnie qui Ă©taient en train de se crier leurs vĂ©ritĂ©s Larbaud, Jaune, 1927, p. 183.Tu vas me les appeler tous .... Tu vas tous me les rabattre sur l'Ă©glise. Ça ne leur fera pas de mal d'entendre une vraie messe et tu vas voir un peu, dans mon sermon, comme je leur dirai leurs quatre vĂ©ritĂ©s QueffĂ©lec, Recteur, 1944, p. 217.II. − Chose rĂ©elle, visible. Synon. mantille espagnole est donc une vĂ©ritĂ©; j'avais pensĂ© qu'elle n'existait plus que dans les romances de M. Crevel de Charlemagne Gautier, Tra los montes, 1843, p. 91.Nous sentons le gros mal de Jofroi. Nous savons que c'est une vĂ©ritĂ©, ce mal; au vu et au su de tout comme le soleil ou la lune, et nous faisons les fanfarons Giono, Solit. pitiĂ©, 1932, p. 135.REM. -vĂ©ritĂ©, Ă©lĂ©m. de compos. entrant dans la constr. de [Le 1erĂ©lĂ©m. est un subst.; -vĂ©ritĂ© est inv.] α [Indique que ce que dĂ©signe le 1erĂ©lĂ©m. dĂ©peint la rĂ©alitĂ© sans fard, la vie dans ses aspects les plus quotidiens] V. théùtre vĂ©ritĂ© supra 1reSection I B 3 et aussiCinĂ©ma-vĂ©ritĂ©, subst. se mĂ©tisser avec la civilisation occidentale, celles des Africains risquent de disparaĂźtre et Jean Rouch a fixĂ© ce qui existait encore. ... CinĂ©ma-vĂ©ritĂ©? Cependant, les personnages ne sont pas filmĂ©s Ă  leur insu. Ils font ce qu'ils ont Ă  faire, mais ils jouent, c'est leur droit, et le montage sera un coup de pouce de plus Ă  la rĂ©alitĂ© brute Le Figaro, 6 mars 1987, p. 32, col. 5.Interview-vĂ©ritĂ©, subst. vous soyez amateur de musiques, de grands dĂ©bats, d'interviews-vĂ©ritĂ©, de voyages ..., TĂ©lĂ©rama vous annonce et prĂ©sente chaque semaine tous les programmes de toutes les radios françaises Le Nouvel Observateur, 20 sept. 1980, p. 127.TĂ©lĂ©-vĂ©ritĂ©, subst. la parole aux actes, du portrait Ă  la caricature, des dialogues de Jean Amadou Ă  l'image de Jacques Besnard, c'est une bien jolie satire de la radio-mensonge et de la tĂ©lĂ©-vĂ©ritĂ© qu'on nous a donnĂ©e lĂ  [avec le feuilleton Allo BĂ©atrice »] Le Nouvel Observateur, 16 nov. 1984, p. 18, col. 2. ÎČ Domaine de l'expr. artist. et littĂ©r.[Indique que ce que dĂ©signe le 1erĂ©lĂ©m. restitue son sujet de la maniĂšre la plus fidĂšle, la plus authentique] V. roman-vĂ©ritĂ© roman- B et aussiPhoto-vĂ©ritĂ©, subst. Salomon. Le premier reporter photographe qui, alliant la dignitĂ© Ă  l'audace, jeta, vers 1930, les bases de la photo-vĂ©ritĂ© L'Express, 23 fĂ©vr. 1976, p. 18, col. 3.Portrait-vĂ©ritĂ©, subst. 1984, Ă  Londres, Helmut Newton, le photographe de l'Ă©rotisme sophistiquĂ© et des corps insolents, fait le portrait d'Ava Gardner. Et sous le portrait-vĂ©ritĂ©, la lĂ©gendaire beautĂ© demeure intacte Paris-Match, 8 fĂ©vr. 1990, p. 69, col. 1. Îł [Indique que ce que dĂ©signe le 1erĂ©lĂ©m. ne prĂ©sente aucune ambiguĂŻtĂ©, aucun discours cachĂ©, ne dissimule rien]Dossier-vĂ©ritĂ©, subst. les dossiers-vĂ©ritĂ© Phox numĂ©ro 6 et 7, les camĂ©ras » et la projection cinĂ©ma », pas de problĂšmes Le Point, 21 mai 1979, p. 117.Taux-vĂ©ritĂ©, subst. vous ayez ou non un livret, que vous soyez jeune ou moins jeune ..., vous profiterez de taux avantageux clairement calculĂ©s les taux-vĂ©ritĂ© de l'Écureuil! Le Nouvel Observateur, 25 avr. 1977, p. 23.Test-vĂ©ritĂ©, subst. femme ou homme? un test-vĂ©ritĂ© prĂ©sentĂ© par Walter Lewino Le Nouvel Observateur, 6 janv. 1984, p. 38.b [Le 1erĂ©lĂ©m. est un prĂ©f. ou un Ă©lĂ©m. de compos.] V. contrevĂ©ritĂ©, non-vĂ©ritĂ© non- II B et aussiDemi-vĂ©ritĂ©, subst. ou dĂ©claration qui ne reflĂšte qu'incomplĂštement ce qu'on pense ou ce qui existe. Souvent ..., il s'identifiait Ă  ses malades, qu'il lui arrivait pourtant de haĂŻr avec leur demande de paternage, de rĂ©confort, leurs regards effrayĂ©s, leur agressivitĂ©, leurs mensonges, les demi-vĂ©ritĂ©s qu'il fallait nĂ©gocier A. Francos, Sauve-toi, Lola!Paris, J'ai lu, 1984 [1983], p. 373.Prononc. et Orth. [veʀite]. Ac. 1694, 1718 veritĂ©; dep. 1740 vĂ©ritĂ©. Étymol. et Hist. I. Subst. A. 1. a α 2emoit. xes. veritiet en parlant de religion opinion conforme Ă  ce qui est, par opposition Ă  erreur » St LĂ©ger, Ă©d. J. Linskill, 34; ca 1050 veritet Alexis, Ă©d. Chr. Storey, 64; en partic. 1656 les vĂ©ritĂ©s de l'Evangile Pascal, Les Provinciales, deuxiĂšme lettre, Ă©d. L. Lafuma, p. 378; ÎČ 1585 plus gĂ©n. [cacher et obscurcir] la vĂ©ritĂ© des hautes et entiĂšres sciences N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, XXX ds ƒuvres facĂ©tieuses, Ă©d. J. AssĂ©zat, t. 2, p. 244; Îł 1684 une vĂ©ritĂ© premiĂšre et fondamentale J. Abbadie, TraitĂ© vĂ©ritĂ© relig. chrĂ©t., p. 4; 1910 p. iron. il pleut des vĂ©ritĂ©s premiĂšres PĂ©guy, comte Hugo, p. 764; b 1567 dire Ă  qqn ses vĂ©ritĂ©s lui dire des choses dĂ©sobligeantes sans mĂ©nagement » Amyot, Brutus, 42 ds LittrĂ©; 1676 p. ext. lui dire des injures » SĂ©vignĂ©, Corresp., Ă©d. R. DuchĂȘne, t. 2, p. 398; c ca 1590 opinion accrĂ©ditĂ©e ayant forme d'axiome mais pouvant ĂȘtre fausse » Montaigne, Essais, II, 12, Ă©d. P. Villey et Saulnier, p. 579; 2. xiiie-xives. caractĂšre de toute connaissance jugĂ©e vraie » Roman des sept Sages ds Le Livre des proverbes fr., Ă©d. Le Roux de Lincy, t. 2, p. 434 [= ca 1210, Dolopathos, 352 ds maçue Vertez c'est la massĂŒe Qui menteor ossist et tĂŒe]; 3. fin xiiie-dĂ©b. xives. [ms.] caractĂšre de conformitĂ© de la pensĂ©e d'un objet » Ronceveaux, ms. ChĂąteauroux, Ă©d. W. Foerster, XIII, 4, p. 11; d'oĂč a 1872 vĂ©ritĂ© matĂ©rielle Viollet-Le-Duc, Archit., p. 247; b 1920 vĂ©ritĂ© formelle ThĂ©ol. cath. t. 4, 1, p. 1200; 4. 1485-90 principe gĂ©nĂ©ral considĂ©rĂ© comme une entitĂ© pouvant ĂȘtre ou non personnifiĂ©e » Proverbes en rimes, Ă©d. Gr. Frank et D. Miner, 895-896 Dame LoyautĂ© dort Et VeritĂ© est morte; cf. 1639 la VĂ©ritĂ©, cette fille timide Rotr.[ou], Antig., IV, 6 ds LittrĂ©; 5. 1remoit. xvies. Dieu considĂ©rĂ© en tant que fondement de toute vĂ©ritĂ© » il [le Christ] est la VeritĂ© M. de Navarre, La NativitĂ© de Jesus Christ, Ă©d. F. E. SchnĂ©egans, 492; 6. 1932 vĂ©ritĂ© ontologique Gilson, Esprit philos. mĂ©diĂ©v., p. 32. B. 1. a Ca 1165 caractĂšre d'une chose conforme au rĂ©el, donnĂ©e comme telle, fidĂšlement rapportĂ©e ou Ă  connaĂźtre » BenoĂźt de Ste-Maure, Troie, Ă©d. L. Constans, 18708 que la vĂ©ritĂ© n'en iert dite; b 1735 une vĂ©ritĂ© historique Lenglet du Fresnoy, Hist. justifiĂ©e, p. 289; 2. a 1165 ensemble des caractĂšres, des traits, ou caractĂšre essentiel qui dĂ©finit un objet » la vĂ©ritĂ© de sa dolor BenoĂźt de Ste-Maure, op. cit., 16497; b 1964 en appos. camĂ©ra-vĂ©ritĂ© Le Monde, 21 aoĂ»t ds Gilb. 1980; 3. ca 1500 ce qui est conforme au rĂ©el tel que nous le percevons » Philippe de Commynes, MĂ©m., Ă©d. J. Calmette, prol., t. 1, p. 1; cf. 1561 Que vĂ©ritĂ© s'assemble avec la fiction J. GrĂ©vin, CĂ©sar, III ds Théùtre compl., Ă©d. L. Pinvert, p. 35; 4. 1669 caractĂšre de ce qui est ou nous paraĂźt conforme Ă  la rĂ©alitĂ©, en particulier dans le domaine artistique » MoliĂšre, La Gloire du Val de GrĂące, 101 ds ƒuvres, Ă©d. E. Despois et P. Mesnard, t. 9, p. 543 donner au sujet sa vĂ©ritĂ©; 1765 peint. Dider., Salon, ƒuv., t. XIII, p. 3 et 4 ds Pougens ds LittrĂ©; 5. a 1687 sincĂ©ritĂ©, bonne foi d'une personne qui exprime avec sincĂ©ritĂ© ce qu'elle sent » d'oĂč expression spontanĂ©e et fidĂšle de cette rĂ©alitĂ© » un air de vĂ©ritĂ© Racine, Lettre Ă  Boileau, 24 mai ds ƒuvres, Ă©d. P. Mesnard, t. 6, p. 552; b 1761 p. ext. personne sincĂšre qui parle sans dĂ©tour et sans rĂ©ticence » vous, la vĂ©ritĂ© mĂȘme Marmontel, Cont. mor. Amit. Ă  l'Ă©pr. ds LittrĂ©; 6. av. 1709 vĂ©racitĂ© d'une personne » St Simon d'apr. Lar. Lang. fr.; 7. 1939 caractĂšre essentiel d'un ĂȘtre qui en constitue la valeur intrinsĂšque, en justifie l'existence » Saint-Exup., Terre hommes, p. 251 La vĂ©ritĂ© des gazelles est de goĂ»ter la peur. II. Loc adv. 1. de vĂ©ritĂ© 1174-80 en vĂ©ritĂ© » ChrĂ©tien de Troyes, Perceval, Ă©d. F. Lecoy, 3754; 2. en vĂ©ritĂ© a ca 1274 d'une maniĂšre vraie; vĂ©ritablement » dites en vĂ©ritĂ© Adenet le Roi, Berte, Ă©d. A. Henry, 1105; b ca 1456-67 sert Ă  renforcer une affirmation En vĂ©ritĂ©, monseigneur Cent Nouvelles Nouvelles, 96eNouvelle, Ă©d. Fr. P. Sweetser, p. 541, ligne 63; c 1672 formule Ă©vangĂ©lique » En vĂ©ritĂ©, en vĂ©ritĂ©, je vous le dis Saci, Bible, Év. St Jean ds LittrĂ©; 3. Ă  la vĂ©ritĂ© 1485 Myst. Vieux Testament, 37574, Ă©d. J. de Rothschild, t. 5, p. 41; 4. dans la vĂ©ritĂ© 1671 SĂ©vignĂ©, op. cit., t. 1, p. 317. Empr. au lat. la vĂ©ritĂ©, le vrai, la rĂ©alitĂ© », dĂ©r. de verus vrai, vĂ©ritable, rĂ©el » v. aussi vrai; une forme pop. vertĂ© est aussi att. du xiieau xives. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 20 075. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 34 868, b 19 330; xxes. a 28 590, b 28 070. Bbg. Mortensen A. Th.. Sens et vĂ©ritĂ© Ă  la lumiĂšre de la glossĂ©matique. Languages. Paris, 1967, no6, pp. 120-128. − Quem. DDL t. 38.
SujetdĂ©posĂ© :Douter est ce renoncer Ă  la vĂ©ritĂ© ? Intro La vĂ©ritĂ© se prĂ©sente gĂ©nĂ©ralement comme ce qui est incontestable et indĂ©niable, sur le modĂšle de la vĂ©ritĂ© scientifique. En mathĂ©matiques, par exemple, la proposition : « la somme des angles d'un triangle est Ă©gale Ă  180 degrĂ© » est dĂ©montrĂ©e et de ce fait indiscutable. Mais mĂȘme si l'on propose une preuve, celui Par Francis Jubert Contrairement Ă  un Éric Zemmour qui a su trouver les mots justes sur sa chaĂźne YouTube pour souhaiter un joyeux NoĂ«l Ă  tous les Français en insistant tout particuliĂšrement sur la tragĂ©die que vivent les chrĂ©tiens d’Orient, le prĂ©sident Macron a, quant Ă  lui, prĂ©fĂ©rĂ© alimenter le dossier de NoĂ«l de L’Express consacrĂ© Ă  Dieu et la science » en prĂ©cisant sa pensĂ©e sur une forme de laĂŻcitĂ© qui rend possible la cohabitation Ă  laquelle il veut croire de la rationalitĂ© et de la spiritualitĂ©. Dans ce texte au titre Ă©vocateur, RĂ©enchanter le monde », Ă©crit spĂ©cialement pour L’Express, on reste dans la logique du discours prononcĂ© par le PrĂ©sident au CollĂšge des Bernardins en avril 2018 devant les Ă©vĂȘques de France et leurs invitĂ©s sur les liens entre la RĂ©publique et l’Eglise qui, leur avait-t-il alors dit, devait s’en tenir au questionnement » et renoncer Ă  toute forme d’injonction contraire Ă  la laĂŻcitĂ© de coopĂ©ration » qu’il entend promouvoir entre elles. Au lendemain de l’adresse faite par le PrĂ©sident aux catholiques, l’abbĂ© Grosjean avait cru bon de faire observer que c’est aussi la mission de l’Église de rappeler qu’il y a des repĂšres Ă©thiques fondamentaux qui ne se nĂ©gocient pas, sous peine de fragiliser ces digues d’humanitĂ© » qui protĂšgent les plus fragiles ou les plus petits. La France fait de mĂȘme, rappelait-il, quand elle dĂ©fend les droits de l’homme dans le monde. Il y a des droits qui ne se questionnent pas ! » Mais passons. Ce qui questionne cette fois le PrĂ©sident, c’est la montĂ©e du complotisme dont l’intĂ©grisme religieux avec ses explications totalisantes » n’est Ă  ses yeux qu’un avatar. Ce qui le prĂ©occupe au plus haut point, c’est la remise en cause du discours scientifique qui perd de son aura et se voit remisĂ© au rang de simple avis, l’émergence de discours qui privilĂ©gient la croyance sur le savoir ». Ce que l’on retiendra surtout de ce texte, c’est la conception du rĂ©el qui est celle d’Emmanuel Macron philosophe. Le PrĂ©sident a voulu partager sa conception Ă©pistĂ©mologique de la vĂ©ritĂ© avec les lecteurs de l’Express, et Ă  travers eux avec tous les Français, espĂ©rant sans doute les convaincre de s’en imprĂ©gner pour mieux les gagner Ă  la modernitĂ©. Il est nĂ©cessaire, Ă©crit-il, d’agir pour que la science demeure un idĂ©al et une mĂ©thode, que le vrai’ retrouve ce statut d’évidence lumineuse que dĂ©crivait Descartes ». Cette rĂ©fĂ©rence Ă  l’auteur du Discours de la mĂ©thode ne doit rien au hasard. Les Français ont toujours Ă©tĂ© sensibles Ă  cette idĂ©e d’une vĂ©ritĂ© immĂ©diate se prĂ©sentant Ă  l’esprit avec la clartĂ© de l’évidence communicable comme telle ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », sorte d’illumination acquise sans trop de peine parce que relevant de l’intuition et non aboutissement d’un travail laborieux de l’intelligence aspirant Ă  comprendre la complexitĂ© du rĂ©el par itĂ©rations successives. S’il est sensible comme ses concitoyens Ă  la mĂ©thode cartĂ©sienne, Emmanuel Macron l’est davantage au stratagĂšme de Descartes qui a jugĂ© opportun de s’avancer masquĂ© pour pouvoir mieux subvertir la pensĂ©e scolastique de son temps. Il va pour sa part se retrancher derriĂšre les travaux de Gaston Bachelard pour mieux dĂ©fendre l’esprit scientifique » caractĂ©risĂ© par ce dernier comme la facultĂ© Ă  se dĂ©faire de l’expĂ©rience commune » – c’était dĂ©jĂ  l’intention de Descartes – et par cette idĂ©e que rien ne va de soi, rien n’est donnĂ©, tout est construit » les objets de la vraie » science, loin d’ĂȘtre abstraits de la richesse du concret comme le sont ceux des sciences d’observation naturelle, sont des abstraits-concrets » . On ne s’étonnera dĂšs lors pas de voir en quelle estime le PrĂ©sident tient le collectif d’experts rĂ©unis au sein de la commission LumiĂšres » qu’il a installĂ©e le 29 septembre 2021. Il faudra entendre ce que dit le consensus scientifique ». Une injonction digne de son Premier ministre. Eux seuls, au motif qu’ils ont fait leur l’idĂ©e bachelardienne de rupture Ă©pistĂ©mologique, ont rompu avec le monde des choses » et de leur reprĂ©sentation ordinaire, seraient capables de faire reculer le complotisme ». Les disputes actuelles autour de la question des vaccins et de leur efficacitĂ© montrent bien qu’une simple revue de littĂ©rature » ne suffit pas Ă  elle seule Ă  crĂ©er un consensus de place. Et pourtant, ce sont ces fameuses revues qui tiennent lieu dans le milieu mĂ©dical de vĂ©ritĂ©, ce que l’on appelle l’Evidence Based Medecine EBM, socle conceptuel de la mĂ©decine factuelle opposĂ©e Ă  la mĂ©decine dite d’observation, celle des praticiens de terrain confrontĂ©s au rĂ©el. Ne sont-ce pas plutĂŽt ces cliniciens expĂ©rimentĂ©s qui ont cette culture des faits » si chĂšre au PrĂ©sident qui, ne lui en dĂ©plaise, sont les vrais champions de la vĂ©ritĂ© ? Ils se sont appropriĂ©s sans en ĂȘtre nĂ©cessairement conscients cette dĂ©finition aboutie de la vĂ©ritĂ© adaequatio rei et intellectus » Thomas d’Aquin que l’on retrouve dans le livre de Guillaume Peltier Milieu de cordĂ©e, dĂ©diĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă  ceux qui entendent comme lui rĂ©futer les idĂ©ologies En Marche ». Si nous voulons vivre dans la vĂ©ritĂ© comme nous y invite Vaclav Havel dans un texte publiĂ© en 1984, La politique et la conscience, nous devons nous opposer au mensonge qui structure notre sociĂ©tĂ© Tous ceux qui vivent prĂ©sentement dans le mensonge peuvent Ă  tout moment – du moins thĂ©oriquement – ĂȘtre atteints par la force de la vĂ©rité». A l’exemple des dissidents d’hier saurons-nous, oserons-nous dĂ©construire ces mensonge d’Etat et dĂ©trĂŽner ceux qui font de la pseudo-science une religion dont il est interdit de critiquer les certitudes dogmatiques ? L’annĂ©e 2022 s’annonce dĂ©cisive de ce point de vue. Bonne annĂ©e et, surtout, bon courage ! Francis Jubert
publiqueen montrant qu’il n’y avait aucune vĂ©ritĂ© en matiĂšre de justice, ce qui interdisait tout jugement. DerriĂšre la pĂ©ripĂ©tie se cache une tendance profonde de la pensĂ©e humaine, dont le scepticisme antique est sans doute le meilleur exemple, qui consiste Ă  remettre en question la vĂ©ritĂ©, du simple fait que le doute puisse s’introduire dans n’importe quelle pensĂ©e.
La raison et le rĂ©elCe cours sur la vĂ©ritĂ© vous aidera Ă  prĂ©parer l'Ă©preuve de philosophie du bac, quelle que soit votre filiĂšre L, ES, S. Au programme le scepticisme, le doute radical de Descartes et l'expĂ©rience du cogito... Notions liĂ©es Liste des notions Sujet possible Peut-on atteindre une vĂ©ritĂ© certaine ? Il semble que nous formulions frĂ©quemment des vĂ©ritĂ©s incontestables il fait beau aujourd’hui », quand le soleil brille et qu’aucun nuage n’est visible Ă  l’horizon ; 3 X 3 = 9 » quand nous rĂ©citons nos tables de multiplication, ou encore quand nous nous bornons Ă  constater un fait j’ai rencontrĂ© Jean hier », etc. Pourtant, est-ce rĂ©ellement le cas ? Pouvons-nous rĂ©ellement formuler des jugements dont la vĂ©ritĂ© ne fait aucun doute ? Le scepticisme est prĂ©cisĂ©ment une doctrine qui nie cela. Le Scepticisme la vĂ©ritĂ© est inatteignable Cette doctrine repose sur l’idĂ©e que l’ensemble de nos idĂ©es et concepts sont faux. Il devient alors inutile de les utiliser, et par consĂ©quent de penser. Pyrrhon, le premier sceptique, rĂ©sumait cela ainsi aucune chose n’est plus ceci que cela. Lorsqu’on comprend cela, on arrĂȘte de formuler des opinions sur les choses c’est la fameuse suspension de jugement sceptique Ă©pochĂš. Etonnamment, on atteint alors une forme de bonheur on devient impassible, serein, puisque ce qui nous trouble et nous rend malheureux, ce sont certains jugements. Si l’on juge que la mort est un mal par exemple, on est angoissĂ© Ă  l’idĂ©e de mourir. Mais si l’on ne fait plus aucun jugement, plus aucune cause de trouble ne vient nous affecter. Pourquoi les sceptiques doutent-ils que l’on puisse atteindre une vĂ©ritĂ© certaine ? Ils se basent sur un ensemble d’arguments appelĂ©s tropes sceptiques. Voici certains d’entre eux. -le dĂ©saccord des sages aucune vĂ©ritĂ© n’est admise comme certaine par l’ensemble des systĂšmes philosophiques. Aristote contredit Platon, le stoĂŻcisme contredit l’épicurisme, et aucune idĂ©e ne fait l’objet d’un consensus. -la relativitĂ© des moeurs les peuples adoptent diffĂ©rentes rĂšgles de vie et aucune rĂšgle ne fait l’objet d’un consensus universel. Ce qui semble cruel et interdit dans un pays sera tolĂ©rĂ©, voire encouragĂ© dans un autre. Une idĂ©e que Pascal qui n’est pas un sceptique rĂ©sume des dizaines de siĂšcles plus tard ainsi VĂ©ritĂ© en deçà des PyrĂ©nĂ©es, erreur au-delĂ . -les erreurs des sens nos organes des sens n’ont pas exactement la mĂȘme constitution donc chacun voit et entend diffĂ©remment des autres. Surtout nos sens nous trompent un bĂąton plongĂ© dans l’eau paraĂźt brisĂ©, une tour carrĂ©e paraĂźt ronde de loin, etc. -l’inutilitĂ© de la dĂ©monstration si l’on propose un argument pour fonder une idĂ©e, il faudra prouver cet argument par un autre argument, qui lui-mĂȘme devra ĂȘtre prouvĂ©, etc. On est donc confrontĂ© Ă  une rĂ©gression Ă  l’infini, puisqu’il faudra toujours une dĂ©monstration pour fonder la dĂ©monstration antĂ©rieure, ce qui rend inutile toute argumentation. Pyrrhon, le premier sceptique, menait une vie en accord avec ses principes. Il partait au hasard puisque rien ne lui prouve qu’il vaut mieux ĂȘtre ici que lĂ , marchait au-devant des prĂ©cipices puisque rien ne lui prouve que la mort est un mal, heureusement retenu par ses disciples. Un jour il s’enfuit devant un chien, et moquĂ© par ses disciples, rĂ©pondit qu’ il est difficile de dĂ©pouiller l’homme de fond en comble de ses jugements. On le voit les arguments sceptiques pour montrer qu’on ne peut atteindre une vĂ©ritĂ© certaine sont nombreux. NĂ©anmoins, n’est-il pas possible de trouver une vĂ©ritĂ© certaine, qui rĂ©siste aux arguments sceptiques ? C’est lĂ  le pari que relĂšve Descartes. Le cogito comme vĂ©ritĂ© indubitable Descartes Descartes dans ses MĂ©ditations mĂ©taphysiques cherche une vĂ©ritĂ© certaine. Remettant en cause l’enseignement qu’il a reçu, il concĂšde aux sceptiques que l’on peut remettre en question la plupart des idĂ©es considĂ©rĂ©es Ă  tort comme certaines par le sens commun. On ne peut par exemple se fier au tĂ©moignage des sens. Reprenant les exemples du bĂąton brisĂ© et de la tour, il remarque qu’il est de la prudence de ne se jamais fier entiĂšrement Ă  ceux qui nous ont une fois trompĂ©. Les vĂ©ritĂ©s mathĂ©matiques sont-elles certaines ? Peut-on douter que 2+3=5 ou que deux droites parallĂšles ne se coupent jamais ? Descartes fait observer que Dieu, dans sa toute-puissance, est en mesure de nous tromper sur ces points. Ou plutĂŽt, puisque Dieu dans son infinie bontĂ© ne peut ĂȘtre suspect d’un tel comportement on peut imaginer qu’un malin gĂ©nie a assez de puissance pour nous faire croire Ă  de telles idĂ©es, alors qu’elles sont fausses. Il faut donc partir de la pire des hypothĂšses, celle selon laquelle un malin gĂ©nie, un je ne sais quel trompeur trĂšs puissant et trĂšs rusĂ© [
] emploie toute son industrie Ă  me tromper toujours, et voir si mĂȘme ainsi, il existe une vĂ©ritĂ© qui peut rĂ©sister et ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme certaine. C’est le cas. Si on part de l’idĂ©e sceptique que tout est douteux, alors il est certain que je doute de tout. Si je doute, je pense. Si je pense, je suis. Ainsi que Descartes le rĂ©sume dans le Discours de la mĂ©thode Je pense donc je suis. C'est lĂ  la vĂ©ritĂ© certaine que nous cherchons, dĂ©couverte au terme de l’expĂ©rience du cogito. Dans les MĂ©ditations mĂ©taphysiques, Descartes la formule ainsi Je suis, j’existe est nĂ©cessairement vraie toutes les fois que la prononce ou que je la conçois en mon esprit. Quel est ce Je » dont Descartes a prouvĂ© l’existence ? Ce n’est pas une Ăąme, ni un corps, la signification de ces termes est douteuse, mais simplement une chose qui pense ». Voici la seule chose certaine qu’on peut dire concernant la nature du sujet pensant. Or de cette premiĂšre vĂ©ritĂ© indubitable, Descartes va dĂ©duire d’autres vĂ©ritĂ©s, concernant le monde, ou Dieu. Par exemple, il va dĂ©duire l’existence de Dieu de la prĂ©sence en nous de l’idĂ©e de Dieu. J’ai en moi l’idĂ©e de Dieu, donc il existe car ce n’est pas moi, ĂȘtre fini qui ai pu crĂ©er cette idĂ©e d’un ĂȘtre infini l’effet ne peut pas ĂȘtre supĂ©rieur Ă  la cause. On le voit donc il existe des vĂ©ritĂ©s certaines qui rĂ©sistent au doute sceptique. NĂ©anmoins on peut se demander s’il existe des vĂ©ritĂ©s absolues, et si toute vĂ©ritĂ© n’est pas relative. Pour lire la suite, tĂ©lĂ©chargez l'ouvrage les Notions de Philosophie !

Douterce n'est pas renoncer à la vérité : le doute comme moyen de découvrir la vérité (à condition de définir la vérité) En effet, 1. La vérité consiste en une somme de jugements élaborés par les hommes quand ils font usage de leur raison (est vrai un énoncé ayant une valeur universelle) 2. C'est donc l'usage de la raison qui

Diffusion du dĂ©bat enregistrĂ© le 6 octobre dans le grand amphithéùtre de la Sorbonne Ă  Paris, en public, Ă  l’occasion de la 27e Ă©dition de la FĂȘte de la science oĂč France Culture organisait le forum Les idĂ©es claires. Les invitĂ©s Jean-Claude Ameisen, mĂ©decin, chercheur, professeur d’immunologie Ă  l’UniversitĂ© Paris Diderot et producteur de l'Ă©mission Sur les Ă©paules de Darwin sur France Inter FrĂ©dĂ©ric Worms, philosophe, professeur Ă  l'ENS et directeur du Centre international d’étude de la philosophie française contemporain Savez-vous quel mot a Ă©tĂ© Ă©lu mot de l’annĂ©e en 2016 par le Dictionnaire d'Oxford ? Post-truth ». Et depuis, la post-vĂ©ritĂ©, qui traduit une situation oĂč les Ă©motions et les opinions supplantent la rĂ©alitĂ© des faits, accompagne tous les discours et alimentent les dĂ©bats. Son utilisation a connu une explosion en 2016 avec le rĂ©fĂ©rundum du Brexit au Royaume Uni, et l’élection de Donald Trump aux Etats Unis. Qu’est-ce qui dans cette expression serait pertinent au point d’ĂȘtre brandi Ă  chaque tentative de dĂ©finition de notre Ă©poque ? Ou si nous prenons le problĂšme Ă  l’envers qu’est-ce qui dans le mot vĂ©ritĂ© ne suffit plus Ă  caractĂ©riser notre Ă©poque ? La post-vĂ©ritĂ© est-elle le signe d’une agonie de la notion de vĂ©ritĂ© ou le symptĂŽme de sa perte ? Le meilleur moyen d’exprimer notre inquiĂ©tude face Ă  la disparition redoutĂ©e de la vĂ©ritĂ© ? Cette inquiĂ©tude n’est pas nouvelle l’existence d’une vĂ©ritĂ© est prĂ©cisĂ©ment ce qui opposait Platon aux sophistes. On pourrait mĂȘme dire qu’elle a structurĂ© l’histoire de la philosophie et l’histoire de la pensĂ©e depuis les premiĂšres traces Ă©crites que nous en avons. Qu’est-ce qui a alors changĂ© aujourd’hui ? Faudrait-il cĂ©der aux sirĂšnes de la post-vĂ©ritĂ© et renoncer Ă  l’idĂ©e de la vĂ©ritĂ© unique et indiscutable ? Quel serait le prix intellectuel, philosophique, politique et Ă©thique Ă  payer ? Donald Trump ou l'idĂ©ologie du doute systĂ©matiqueC’est la premiĂšre fois qu’on a au sommet du pouvoir, avec Donald Trump, une idĂ©ologie du doute systĂ©matique sur la vĂ©ritĂ©. Tout autoritarisme est fondĂ© sur l’imposition d’un discours, mais je crois que jusqu’ici c’est la premiĂšre fois qu’on a au pouvoir dans une dĂ©mocratie, avec une lĂ©gitimation Ă©lectorale, un pouvoir qui dit il n’y a pas de vĂ©ritĂ©, on peut tout mettre en doute dans tous les sens. FrĂ©dĂ©ric Worms Les vĂ©ritĂ©s et les domaines de validitĂ©Pour les sciences, il y a ce qu’on appelle les domaines de validitĂ© il n’y pas la vĂ©ritĂ© » mais ce qu’on peut approcher le mieux Ă  un moment donnĂ© de la rĂ©alitĂ© dans un domaine. Un astrophysicien qui fait des dĂ©couvertes remarquables sur les galaxies n’a rien Ă  dire Ă  priori sur l’Histoire, sur la biologie du cancer ou la palĂ©ontologie. Mais ensemble, ils peuvent par contre construire une approche transdisciplinaire qui dĂ©passera chacune de ces recherches pour essayer d’avancer. C’est pour ça qu’il y a des » vĂ©ritĂ©s, la recherche de la vĂ©ritĂ© se fait et n’a de sens que si elle est falsifiable et s’opĂšre avec une mĂ©thode particuliĂšre et dans un domaine de validitĂ© particulier. Jean-Claude Ameisen AdĂšle Van Reeth, Jean-Claude Ameisen et FrĂ©dĂ©ric Worms dans le grand Amphithéùtre de la Sorbonne ASFwRC7.
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