Depuis9 h 20, ce mercredi, 30 à 40 légumiers sont réunis place du Général-de Gaulle, à Saint-Brieuc. Ils sont arrivés à bord de camionnettes transportant des choux-fleurs. Ils ont des banderoles et des palettes. Pour l’heure, ils sont calmes. Les images d’Anne Burel. Plus d'infos sur www.letelegramme.fr
Publié le 17 août 2015 à 00h00 Le général de Gaulle est venu deux fois à Saint-Brieuc, à deux grandes étapes de sa vie. La première fois, le 21 juillet 1945, comme Président du Gouvernement provisoire. Mais c'est surtout l'Homme du 18 juin qui est acclamé ce jour-là, dans une ville libérée depuis moins d'un an. Le Grand Charles » est de retour en septembre 1960, avec cette fois les habits du premier Président de la Ve République. En juillet 1945, la Bretagne est tout juste libérée du joug nazi quand le général de Gaulle décide d'y faire un tour d'amitié ». De Gaulle visite les villes en ruine de Brest, Lorient, Saint-Nazaire. C'est par le train que l'ancien chef de la France Libre arrive le 21 juillet 1945 à Saint-Brieuc. Il est accueilli par une poignée d'officiels parmi lesquels Charles Royer, le maire de la Libération, ou Henri Avril, ancien Résistant et nouveau préfet. Le général de Gaulle est accompagné de son ministre des Finances, un certain René Pleven, qui allait être élu président du Conseil général en 1948. Dans une euphorie générale, l'Homme du 18 juin avait traversé à pied les rues du centre-ville. Il y avait une foule considérable et pour l'apercevoir les gens grimpaient sur les réverbères », se remémore, 70 ans après, Annick Morin, âgée à l'époque de 14 ans. C'est du balcon de la mairie que le premier résistant de France s'adresse ce 21 juillet 1945, à la population briochine Dans la tourmente que nous avons traversée, aucune des régions françaises n'a été plus brave, plus française, plus dévouée que la Bretagne, et dans les villes bretonnes, je ne crois qu'aucune ait été plus brave, plus française, plus dévouée que Saint-Brieuc. »Un lit sur mesure installé à la préfectureGilbert Guyon, président honoraire de la Société d'émulation, a entendu ce discours. J'étais dans la cour de la préfecture avec la délégation de La Croix-Rouge », se souvient-il avec émotion. Le général est passé devant moi, j'étais ému. Il était grand et portait son uniforme bien taillé », ajoute Gilbert Guyon. Pour la petite histoire, le général mesurant 1 m 93, un lit sur mesure de deux mètres avait été spécialement commandé pour sa venue afin que les pieds du Grand Charles » ne dépassent pas du lit. Après une nuit à la préfecture, le général repartira pour Guingamp avant de poursuivre son voyage dans le Finistère et le Gaulle reçu place de GaulleC'est le 8 septembre 1960 que Charles de Gaulle, devenu en janvier 1959, le premier Président de la Ve République, revient dans la cité briochine. La DS présidentielle arrive à Saint-Brieuc par la rue Théodule-Ribot, avant d'emprunter les rues de La Corderie, du Parc et Quinquaine. Raoul Poupard, maire, avait invité la population briochine à décorer les immeubles et maisons sur le passage du convoi présidentiel. De l'immense foule qui s'était massée là dès le milieu de l'après-midi, monta une véritable clameur ; le cri de Vive de Gaulle ! », poussé par des milliers de bouches retentit », rapporte l'édition du Télégramme du 9 septembre 1960. Le Général avait ensuite rejoint une tribune dressée sur la place qui porte depuis 1946 son nom. Devant une foule immense, au pied de la vieille cathédrale, il débute son allocution par Briochins, je vous remercie ».Mme de Gaulle visite l'hôpitalAu fil de son discours, le général de Gaulle évoque la question alors brûlante de l'Algérie. La France a dit une fois pour toutes aux Algériens, décidez librement de votre destin », proclame-t-il sans oublier aussi d'évoquer la région qu'il visite. La Bretagne doit avancer et la France doit l'y aider », promet-il. À l'issue de son discours, le chef de l'État sera reçu à l'hôtel de ville puis à la préfecture pour rencontrer les élus et parlementaires du département. Il y retrouve René Pleven devenu député et président du conseil général des Côtes-du-Nord. Pendant ce temps, la première dame de France Tante Yvonne » comme la surnommaient affectueusement les Français, effectue une visite à l'hôpital, situé alors rue des Capucins. Le maire Raoul Poupard n'avait pas manqué d'offrir plusieurs cadeaux au couple présidentiel avant son départ les oeuvres complètes de l'écrivain Louis Guilloux pour le Général et une statue de saint Brieuc, réalisée par le sculpteur Roland Tostivint pour Mme de Gaulle. Charles de Gaulle sera donc venu deux fois à Saint-Brieuc, celui qui écrivait dans ses mémoires avoir vu dans les yeux au moins 25 millions de Français » aura croisé ceux de milliers de Briochins. en complément Quand de Gaulle lançait l'appel aux Celtes... L'histoire locale réserve parfois des anecdotes singulières. En 1867, un dénommé Charles de Gaulle avait lancé l'idée d'un congrès celtique dans notre ville *. Charles de Gaulle était l'oncle du Général. Mais l'oncle et le neveu ne se sont pas connus. Le premier décède en 1880 tandis que le Général, qui avait hérité du prénom de son oncle, ne devait naître qu'en 1890. Enfant, l'oncle du général était tombé sous le charme de la Bretagne. Il devient par la suite un spécialiste de la culture celtique. Il se fait connaître en 1865 en publiant son Appel aux Celtes ». Soixante-quinze ans avant l'Appel du 18-Juin, Charles de Gaulle écrivait une phrase que chacun peut s'accorder à trouver prophétique Dans un camp, surpris par une attaque nocturne, ou chacun lutte isolément contre l'ennemi, on ne demande pas quel est son grade à celui qui élève le drapeau et pousse le premier cri de ralliement. »Le général de Gaulle rend hommage à son oncle en 1969Deux ans plus tard, Charles de Gaulle prend contact avec la Société d'Émulation et le premier congrès celtique est organisé à Saint-Brieuc en octobre 1867. Des représentants de cercles celtiques de toute la Bretagne et même du pays de Galles et d'Irlande assistent à l'événement. Mais l'oncle du général, atteint d'une paralysie des jambes, ne vient pas à Saint-Brieuc. Il reste cloué dans son appartement parisien jusqu'à son décès en 1880, à l'âge de 42 ans. C'est au cours de l'un de ses derniers discours, à Quimper, le 2 février 1969, que le Général de Gaulle rend hommage à son oncle, en citant plusieurs de ses vers, en breton.* Congrès celtique international tenu à Saint-Brieuc Côtes-du-Nord, Bretagne, en octobre 1867. Mémoires de la Société d'Émulation, 1868.