Dansla premiĂšre version du film, telle quâelle est passĂ©e au cinĂ©ma, on pouvait voir un reflet dans le verre pendant un bref instant. Toutefois, ce petit dĂ©tail a Ă©tĂ© corrigĂ© Ă lâoccasion de la sortie en DVD.
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Quand le premier homme vit, il y a six mille ans , fou exisience si agrĂ©ablement doublĂ©e par la naissance de son premier enfant ; quand il le vit fe dĂ©velopper peu-Ă -peu a n Ebauche & lui offrir enfin un ĂȘtre semblable Ă lui-mĂȘme ; quand de nouveaux enfans lui prĂ©sentĂšrent encore le mĂȘme sujet de tendresse , dâĂ©tonnement & dâad- miration ; quand ses descendans luĂź apprirent avec attendrissement quâils avoient, comme lui, le bonheur dâĂȘtre pĂšres ; il chercha , sans-doute , les causes de ce phĂ©nomĂšne auĂĂźi constant quâil paroiffoit obscur peut-ĂȘtre ne vit-il rien au-delĂ de lâunion des sexes pour le produire ; mais câest aussi vainement que deux cent gĂ©nĂ©rations se sont succĂ©dĂ©es. En vain une foule dâhommes ingĂ©nieux & profonds ont rassemblĂ© des observations fur cette matiĂšre importante ; en vain les gĂ©nies les plus hardis ont analysĂ© ce fait capital. La succession des siĂšcles nc prĂ©sente quâune succession dâerreurs ; & tandis que les tĂ©nĂšbres les plus Ă©paisses couvroient toujours aux Physiologistes raisonnables le secret de la gĂ©nĂ©ration , les idĂ©es les plus incroyables , les contradictions les plus fortes, le travestissement le plus incohĂ©rent de la Nature faisoient la science de de l* Histoire, &c. iu ceux qui se piquoient d'en expliquer les phĂ©nomĂšnes. M. Bonnet, par une analyse profonde, avoir devinĂ© la marche de la Nature dans cette opĂ©ration; Haller la dĂ©couvrit dans Ion beau travail fur le Poulet dans lâĆuf, & M. lâAbbĂ© Spallanzani la mise au grand jour dans les Ă©tonnans MĂ©moires qssil a publiĂ© fur ce sujet. Le siĂšcle de Bonnet , de Haller & de Spallanzani cil celui oĂč l'on a un essai prĂ©cieux fur l'histoire de la gĂ©nĂ©ration, au lieu des romans que les bons esprits ne pou voient lire quâavec dĂ©goĂ»t. Câest ici qu'o n verra fur-tout l'AbbĂ© Spallanzani lutter victorieusement avec la Nature , & produire, par son adresse , les mĂȘmes effets quâelle a opĂ©rĂ© si souvent depuis la crĂ©ation , & dont elle avoit su voiler jusques aujourdâhui les moyens. Câest par la justesse de ses imitations quâil prouve la soliditĂ© de ses dĂ©couvertes ; & il dĂ©montre les vĂ©ritĂ©s quâil enseigne, en mettant sous !es sens les Ă©lĂ©mens de fa dĂ©monstration. Pour faire mieux connoltre le prix des travaux & des dĂ©couvertes de a z iv Ebauche lâAbbĂ© Spallanzani , il me parois nĂ©cessaire de donner une idĂ©e du problĂšme physiologique quâil vient de rĂ©soudre , des difficultĂ©s quâil a Ă©tĂ© forcĂ© de vaincre & des succĂšs quâil a obtenus. Je me garderai bien de faire la censure des autres Naturalistes qui se sont trompĂ© en sâemparant de ce grand sujet je crois que ceux qui se trompent mĂ©ritent des Ă©gards, parce quâils ont cherchĂ© la vĂ©ritĂ© , dc quâils ont cru savoir trouvĂ©e. II suffira de leur faire voir la vĂ©ritĂ© toute nue ; ils sentiront bientĂŽt quâils ne lâavoient pas su saisir; ils penseront avec joie quâils ne tromperont plus personne malgrĂ© eux , & quâeux-mĂȘmes ne seront plus les dupes dâun prĂ©jugĂ© ; ils abandonneront une opinion quâils avoient chĂ©rie, parce quâils la croyoient vraie, pour adopter & chĂ©rir de la mĂȘme maniĂšre une opinion diffĂ©rente , parce quâils la recon- noĂźtront pour ĂȘtre la feule qui soit avouĂ©e de la Nature & marquĂ©e du sceau de la vĂ©ritĂ©. Lâimagination des hommes fortement Ă©mue par lĂ©s phĂ©nomĂšnes que DE L* H I S T O I R E f & C. Y prĂ©sente la gĂ©nĂ©ration , soit dans le rĂšgne animal, soit dans le rĂšgne vĂ©gĂ©tal, forma diverses hypothĂšses pour les expliquer ; car ce nâest que depuis Haller quâon a fait des observations efficaces fur cette matiĂšre , jusques Ă lui les recherches des Savans avoient Ă©tĂ© plus au profit de lâanatomie quâelles ne servirent Ă lâavancement de la Physiologie. 11 Ă©toit impossible dâaĂsister Ă lâapparition du fĆtus dans les grands animaux ; on ne pouvoit le distinguer que plusieurs jours aprĂšs fa fĂ©condation le moment prĂ©cieux Ă©toit passĂ© ; on ne pouvoit lire dans ce quâil faifoit voir, ce quâil pouvoit avoir Ă©tĂ© ; les incertitudes fur ce quâil devoit ĂȘtre , fur ce quâil avoit pu ĂȘtre, ne pouvoient plus ĂȘtre fixĂ©es il falloit rĂȘver pour dire quelque chose; aussi lâon erra autour de la vĂ©ritĂ© & quand on ne la tient pas , on ne peut la remplacer que par des sables plus ou moins bien t issues. Mais quelques efforts quâon saisie, on nâobtient que des vraisemblances qui font toujours dâautant plus dangereuses , quâelles font plus sĂ©duisantes & a 3 vi Ebauche par consĂ©quent plus propres Ă Ă©garer. Quoique le nombre des systĂšmes imaginĂ©s pour expliquer les phĂ©nomĂšnes de la gĂ©nĂ©ration soit trĂšs-con- fĂŹdĂ©rable ; car , comme il nây a quâune seule voie qui mĂšne au vrai, il y en a ryille qui Ă©garent cependant, ils peuvent tous ĂȘtre rĂ©duits Ă deux principaux , dont tous les autres seront plus ou moins les modifications. PremiĂšrement , on peut considĂ©rer lâĂȘtre rĂ©sultant de la gĂ©nĂ©ration comme ayant Ă©tĂ© formĂ© dans son entier par lâaĂ©te qui a donnĂ© lieu Ă sa naissance ; en sorte quâil nâexistoit en aucune maniĂšre auparavant , & quâil a reçu toutes ses parties avec leur coordination & leurs propriĂ©tĂ©s lorsquâil a Ă©tĂ© produit ; comme une montre ne peut exister quâautant que lâon en fabrique sĂ©parĂ©ment toutes les piĂšces, & quâon les rĂ©unit dâune maniĂšre rĂ©lative Ă leurs rapports & Ă lâefßÚt quâelles doivent produire ; tel est le fameux systĂšme des MolĂ©cules organiques. Secondement, lâĂȘtre rĂ©sultant de la gĂ©nĂ©ration est un ĂȘtre dĂ©jĂ existant , DE Lâ H I S T 0 1 R E , &C. vil que lâacte qui a donnĂ© lieu Ă sa naissance a seulement tirĂ© de lâĂ©tat de torpeur ou il Ă©toit pour lui donner une vie plus active j^quâil a rendu visible dâinvilĂŹble quâil Ă©toit auparavant, & qui lui a donnĂ© une Ă©nergie suffisante pour recevoir un accroissement rapide & propre Ă lui faire parcourir les vicissitudes de la vie. Quand on a lu les ouvrages de Hal- ler. , de MM. Bonnet & Spallan- zani , on ne tarde pas Ă reconnoĂźtre lâimpoffibilitĂ© du premier systĂšme , on trouve bientĂŽt que les moyens employĂ©s pour lâĂ©tablir font entiĂšrement Ă©trangers Ă la Nature , que les bases de ce mĂ©chanisme croulent auffi-tĂŽt quâon veut en Ă©prouver la force, que les parties nĂ©cestĂ ires pour former cet Ă©difice ne saur oient ĂȘtre mises sous les sens , & que tout ce quâon avoit imaginĂ© pouvoir les reprĂ©senter nâĂ©toit en aucune maniĂšre ce quâon avoit cru quâelles Ă©toient, mais seulement des ĂȘtres Ă©trangers au phĂ©nomĂšne qui ne jouoient aucun rĂŽle dans la gĂ©nĂ©ration, ou du moins qui pouvoient parfaitement en a 4 Vin Ebauche ĂȘtre Ă©cartĂ©s fans lâempĂȘcher de rĂ©ussir. Je ne crois pas quâil y ait aucun systĂšme qui ait Ă©tĂ© plus fortement attaquĂ© & plus fondement renversĂ© que celui-ci. MM. Bonnet & Spallan- z ani lâont difĂĂŹpĂ© au point de nâen laister aucune trace ; par-tout ils lui ont opposĂ© la Nature & ses formules ; toujours une foule de faits fe font rĂ©unis pour faire voir son incohĂ©rence pour dĂ©tacher chacune de ses parties , qui, malgrĂ© leur importance pour lâexistence du systĂšme , ne pouvoient subsister ni physiquement, ni mĂ©taphysiquement ensemble , & ne pouvoient former , par consĂ©quent, un tout harmonique. Mais quand un examen mĂ©thodique & des observations tranchantes nâau- roient pas proscrit ce systĂšme, la raison feule auroit dĂ» arrĂȘter ceux qui auroient Ă©tĂ© engagĂ©s Ă le recevoir. Je fais bien quâen Physique la raison doit juger feulement les observations & les expĂ©riences , en tirer les consĂ©quences les plus immĂ©diates , & sâamufer ensuite des idĂ©es quâelle prĂ©sente , sans croire trop Ă leur soliditĂ© mais quand un DE L 5 H I S T 0 I R E , &c. IX phĂ©nomĂšne soupçonnĂ© choqueroit absolument les premiers principes du jugement , quand il rĂ©pugneroit Ă ces idĂ©es gĂ©nĂ©rales quâon se sait des choses, Ă ces loix que la Nature paroĂźt suivre avec constance ; il me semble quâon doit alors suspendre ses soupçons, arrĂȘter son imagination, tourner le fait prĂ©tendu de tous les cĂŽtĂ©s, & sâassurer sâil nâest pas davantage le phĂ©nomĂšne de lâObĂervateur que celui de la Nature. Ainsi , par exemple, un fĆtus quelconque , soit animal, soit vĂ©gĂ©tal, est un ĂȘtre organisĂ© en miniature, qui renferme toutes les parties de lâĂȘtre quâil est appelĂ© Ă reprĂ©senter ; câest ce chĂȘne orgueilleux qui balaiera les nuages, & quâon trouve dans la gelĂ©e vĂ©gĂ©tale avec son bois, son liber , son Ă©corce, ses racines, ses branches , ses feuilles, ses fleurs , ses graines , ses trachĂ©es , ses vaisseaux ; câest lâhomme avec son cĆur, ses artĂšres , ses veines , ses viscĂšres , ses muscles, ses nerfs , ses os, ses sens. Eh bien ! cette multitude de parties disposĂ©es dâune maniĂšre unique X E B A V C H E pour produire un tout unique, qui cons- titueront son existence pendant le tems j de fa vie , dont aucune ne pourroit j ĂȘtre essentiellement dĂ©placĂ©e sans la I ruine totale de lâĂȘtre qui en devoit rĂ©sulter, & sans lâanĂ©antiĂsement de tous les effets qui dĂ©voient ĂȘtre une fuite de leurs rapports avec tous les autres ĂȘtres de lâUnivers ; cet ĂȘtre si Ă©tonnant par fa complication, si important dans lâUnivers par ses liens avec les autres ĂȘtres ; cet ĂȘtre scra-t-il le fruit dâune action aveugle , dâune injection qui ne peut avoir son este t que dans diverses i circonstances , dont plusieurs font com- j plettement ignorĂ©es ? Certainement, si la moindre de nos machines suppose de lâinteßßigence dans celui qui lâexĂ©cute, si elle en exige une quantitĂ© encore plus grande pour les imaginer les machines organisĂ©es qui font les plus compliquĂ©es , dont nous ne pouvons comprendre lâenfemble ni destiner toutes les parties , dont nous ignorons les ressorts, & dont nous ne ne soupçonnons pas mĂȘme la plupart des opĂ©rations les machines organisĂ©es pour- DE L* HISTOIRE^ &C. XI ront-elles seules se paffer dâun ouvrier intelligent ? seront-elles seules abandonnĂ©es Ă un mĂ©cbanisme aveugle ? & ce que nous ne pourrions croire fauteur dâune table ou dâune Ă©chelle , ima- ginerions-nous de bonne foi quâil a pu produire la machine la plus compliquĂ©e , la plus simple dans fa complication , & la plus parfaite dans tous ses rapports ? Cette opinion peut ĂȘtre adoptĂ©e par un AthĂ©e spĂ©culatif, dont la sombre imagination ne pĂšse pas les vraisemblances & ne calcule pas les possibilitĂ©s ; il a besoin, pour amuser sa mĂ©lancolie, dâexiler le bonheur & la raison de lâUnivers ; il cherche pour cela Ă effacer fur tous les ĂȘtres créés le nom sublime de sEternel qui sây trouve empreint, & quâon y lit toujours avec tant de plaisirs mais je doute fort que cette hypothĂšse absurde soit jamais signĂ©e par la raison ; & je suis convaincu que lâAthĂ©e lui-mĂȘme , s'il vouloir ĂȘtre de bonne foi avec lui-mĂȘme, qui croit pourtant aux causes & aux effets dans la fĂ©rie des Ă©vĂ©nemens qui se passent sous ses yeux, & avec les- xir Ebauche quels il croĂźt avoir des rapports, lâAthĂ©e lui-mĂȘme auroĂźt-il assez dâincohĂ©rence dans ses principes pour reconnoitre fans cesse les rapports continuels & nĂ©cessaires de la cause Ă lâeffet dans le cours ordinaire de la vie, & pour imaginer ensuite que les effets les plus importuns, les plus remarquables, ceux qui portent les plus grands traits dâintelligence , de sagesse & de sublimitĂ© , sont les seuls qui nâaient aucune cause proportionnelle Ă ce quâilssont? Je ne puis imaginer une pareille logique, comme je ne puis croire Ă lâexistence dâun vĂ©ritable athĂ©isme. On comprend mieux la formation des crystaux , dont les parties appliquĂ©es successivement les unes fur les autres peuvent ĂȘtre dĂ©terminĂ©es par de certains rapports Ă sâappliquer toujours de cette maniĂšre ; mais , enfin , elles font appliquĂ©es , & leur ensemble fait une masse inerte qui ne change plus , & qui nâossre jamais pour fa forme que la mĂȘme phase ; mais il nây a point dâorganisation , il nây a point de vie , il nây a point de circulation , point dâaĂsimilation , lâaccroissement se de l* Histoire , &c. xni fait par juxta-position , & il nâest point produit par lâĂ©laboration continuelle des sucs filtrĂ©s dans lâĂȘtre lui-mĂȘme ; de forte que, quand on pourroit supposer que les rapports qui dĂ©terminent de la mĂȘme maniĂšre depuis six mille ans , la crystallisation des diffĂ©rens crystaux font arbitraires ; ce que la confiance de ces crystallifations ne permet pas dâimaginer je ne crois pas quâon pĂ»t en conclure quelque chose pour les machines organisĂ©es. 11 falloit donc abandonner cette hypothĂšse dĂ©savouĂ©e par la Nature & condamnĂ©e par la raison ; mais lâhom- me inquiet, & occupĂ© dâun effet intĂ©- reffĂ nt, ne perd pas lâespĂ©rance dâen dĂ©couvrir la cause son courage sera rĂ©compensĂ©, & la Nature sera soumise Ă ses efforts. Des Physiciens supposĂšrent que le fĆtus prĂ©existoit Ă la fĂ©condation , & que la gĂ©nĂ©ration nâĂ©- toit pas une crĂ©ation , mais le dĂ©veloppement dâuiy ĂȘtre dĂ©jĂ . existant. Tout sâexplique fans difficultĂ© dans ce systĂšme , comme on sa fait voir ; mais ce systĂšme , malgrĂ© sa simplicitĂ©, xiv Ebauche offrit dâabord une difficultĂ© quâil im- portoit de rĂ©soudre. Puisque le mĂąle & la femelle coopĂšrent Ă la gĂ©nĂ©ration, le fĆtus primordial pouvoit exister austĂŹ bien dans lâun que dans lâautre de-lĂ il sâest formĂ© deux opinions , qui ont eu leurs dĂ©fenseurs ; les uns ont cru que le mĂąle Ă©toit le dĂ©positaire de ces fĆtus ; les autres avoient imaginĂ© que la femelle les avoit toujours couvĂ©. Ces opinions nâĂ©toient pas fans vraisemblance ; il falloit les vĂ©rifier. Cessions de chercher des probabilitĂ©s ; consultons la Nature , ou plutĂŽt Ă©coutons un de ses interprĂštes le plus favorisĂ©. M. lâAbbĂ© Spallanzani a prononcĂ© la loi de la Nature, dont Haller avoit dĂ©jĂ lu les premiĂšres lignes il fait voir constamment les fĆtus dans le sein des femelles avant leur fĂ©condation , & il prouve par-lĂ quâelles font toujours , Ă toute rigueur , les mĂšres de leurs petits. On ne sauroit en douter , puisque notre pĂ©nĂ©trant Observateur a prouvĂ© que les vers sperma- tiques de la liqueur sĂ©minale , quâon regardoit comme ces fĆtus dĂ©posĂ©s de lâ Histoire , &c. XV par le mĂąle dans le sein des femelles pendant lâaccouplement, ne sont point essentiels Ă la gĂ©nĂ©ration ; M. Spallan- zani a du moins fĂ©condĂ© une foule de TĂȘtards avec une partie de la liqueur sĂ©minale dâun Crapaud & dâune Grenouille , oĂč il nây avoit aucun de ces vers. Mais il y a plus , notre pĂ©nĂ©trant Observateur , aprĂšs avoir vu dans Tu- tĂ©rus dâune Grenouille aquatique verte tous les petits TĂȘtards ou corpuscules oviformes qui dĂ©voient y descendre de lâovaire pour ĂȘtre fĂ©condĂ©s , a observĂ© encore dans les mĂȘmes ovaires une autre fuite de TĂȘtards ou de corpuscules oviformes beaucoup plus petits , qui ne dĂ©voient fe dĂ©velopper & descendre dans lâutĂ©rus que pendant TannĂ©e suivante. Les femelles du Crapaud terrestre puant, des Salamandres aquatiques , & divers autres amphibies lui ont offert le mĂȘme phĂ©nomĂšne. Il rĂ©sulte clairement de ce fait, que ces fĆtus existent dans le sein des femelles , au moins une annĂ©e avant leur fĂ©condation ; & il fe trouve , par consĂ©quent, xvi Ebauche trĂšs-Ă©vident que le mĂąle, par lâacte dc la fĂ©condation , ne les a pas introduit dans la femelle ; dâautant plus que, dans ces amphibies, la fĂ©condation sâaccom- plit hors du corps de la femelle. La Nature ayant ainsi donnĂ© lâex- ' clusion Ă tous ces systĂšmes, il nâen reste plus quâun Ă examiner ; c'est celui de la prĂ©existence des fĆtus dans la femelle Ă leur fĂ©condation ; c'est ce systĂšme que les Ă©tonnantes observations de M. lâAb- bĂ© Spallanzani forcent dâadopter. II ne faut pas feulement chercher dans ses MĂ©moires le jeu Ă©blouissant dâune imagination brillante, lâexplication froide de quelques phĂ©nomĂšnes , une fuite dâidĂ©es liĂ©es ensemble par force pour fonder une opinion , un ouvrage parĂ© des charmes de lâĂ©loquence, & victorieux des idĂ©es reçues, parce quâil est Ă©loquent. Câest une traduction naĂŻve & fidelle de quelques pages sublimes du Livre de la Nature ; câest une fuite de faits Ă©tonnans , racontĂ©s avec simplicitĂ© , observĂ©s avec finesse, suivis avec constance , & analysĂ©s avec profondeur; câest un enchaĂźnement dâessets prĂ©sentĂ©s DE l s Histoire , &c. xvii prĂ©sentĂ©s dâune maniĂšre fi lumineuse, dĂ©taillĂ©s avec tant de nettetĂ© , dirigĂ©s tellement vers le mĂȘme but, que chacun est forcĂ© de tirer, la mĂȘme consĂ©quence , & de reconnoĂźtre la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation dans les femelles comme une loi de la Nature pour tous les ĂȘtres qui ont fourni les matĂ©riaux de ces observations. Mais je reviens Ă ce sujet important. Pour faire sentir le prix des dĂ©couvertes de M. lâAbbĂ© Spallanzani , il faut avoir approfondi davantage lâopinion de la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation dans les femelles ; tout comme pour intĂ©resser les Lecteurs h ces recherches , il convient de leur dire que cette opinion compte les hommes les plus cĂ©lĂšbres parmi ses DĂ©fenseurs les Malpighi , les Bourguet , les SwAMMERDAM, leS ChEITNE , & fur- tout M. Bonnet qui sâĂ©toit assurĂ© de cette vĂ©ritĂ© par la force de son gĂ©nie , & qui avoir annonces les dĂ©couvertes de Haller & de M. Spallanzani long-tems avant quâelles fussent faites. Rien ne fera plus propre Ă dĂ©cider b xviii Ebauche les suffrages des amis de la vĂ©ritĂ© que les ConsidĂ©rations fur les corps organisĂ©s , oĂč M. Bonnet emploie toutes les ressources do la logique & de lâana- lyse pour Ă©tablir la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation si on lit ensuite les beaux MĂ©moires de Haller fur les Ćufs couvĂ©s , & ceux de M. lâAbbĂ© Spallanzani que jâoffre ici au Public, on aura presque une opinion dĂ©montrĂ©e avec toute la rigueur quâon peut donner Ă la dĂ©monstration dâune vĂ©ritĂ© physique. Les fĆtus des corps organisĂ©s prĂ©existent Ă la fĂ©condation , & ils prĂ©existent dans les femelles. La gĂ©nĂ©ration est donc seulement un dĂ©veloppement du tout organique existant en miniature dans lâĆuf, dans le fĆtus, ou dans la graine. Haller avoit prouvĂ© que le fĆtus appartenois Ă la femelle , en montrant que la membrane qui revĂȘt intĂ©rieurement le jaune de lâĆuf est une continuation de celle qui recouvre lâintestin grĂȘle du Poulet, & qui fe prolonge fur lâestomac & la bouche. Il avoit fait voir de mĂȘme que la membrane externe du de i? Histoire , &c. xix jaune est un Ă©panouistement de la membrane externe de lâintestin qui se lie au mĂ©sentĂšre , &c. Mais le jaune a ses artĂšres & ses veines qui communiquent avec les veines & les artĂšres mĂ©sen- tĂ©riques du Poulet le mĂȘme sang qui circule dans les uns , circule auĂßÏ dans les autres ; il vient de la mĂȘme source , qui est le cĆur du Poulet ; i^est poussĂ© par la mĂȘme force, qui est lâimpulsion donnĂ©e au cĆur ; il entretient la vie de lâun, & empĂȘche la destruction de lâau- tre pour le rendre utile au premier. Le jaune est donc uiĂŹe portion essentielle du Poulet dans lâĆuf, puisquâil forme avec lui un mĂȘme svstĂȘme de vaisseaux ainsi, puisque ce jaune existe dans lâĆuf qui nâa pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©, comme dans celui qui a Ă©tĂ© fĂ©condĂ© , il faut nĂ©cessairement quâil y soit avec ce systĂšme de vaisseaux qui Punit au Poulet aprĂšs la fĂ©condation. Mais si ce systĂšme de vaisseaux existe dans le jaune, existe- roit-il fans le Poulet qui en est le but ou plutĂŽt le prolongement ? Ces membranes du jaune qui forment les intestins du Poulet existeroient-elles fans le b 2 xx Ebauche Poulet dont elles font une partie essentielle ? Je nf arrĂȘtĂ©. Je dirai feulement que ces phĂ©nomĂšnes frappĂšrent tellement Haller , quâils le forcĂšrent de renoncer Ă lâopinion quâil avoit embrassĂ©e fur la gĂ©nĂ©ration , quoiquâelle fĂ»t diamĂ©tralement opposĂ©e Ă celle de la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation dans les femelles. Enfin ,Ti lâon considĂšre le Poulet dans lâĆuf comme dans un berceau oĂč il repose jusques Ă ce quâil soit fĂ©condĂ©, peut-on imaginer quâil y soit fans les parties qui constituent essentiellement son existence ? Si cela pouvois ĂȘtre , ce seroit autre chose quâun Poulet, & aucune force de la Nature ne pourroit en faire sortir un Poulet. Mais ĂĂŹ lâon admet une feule partie du Poulet, on est forcĂ© dâadmettre toutes les autres comme des consĂ©quences rigoureuses. Les observations de Haller font voir clairement lâestomac & les intestins du Poulet comme un prolongement des membranes du jaune ; mais on ne peut reconnoĂźtre leur existence fans supposer celle du foie, des vaisseaux lactĂ©s , des de l*Histoire, &c. xxi veines , des artĂšres , du cĆur, des os, des muscles , des nerfs , qui ne font pas, Ă la vĂ©ritĂ©, fous une forme solide, comme nous lâobfervons dans le Poulet dĂ©veloppĂ© , mais dont la soliditĂ© est dans une proportion relative Ă celle que chacune de ses parties aura dans son Ă©tat de perfection. Les expĂ©riences de M. lâAbbĂ© Spal- xanz ani rĂ©pandent encore plus de jour fur ce sujet. IĂ fait voir nettement que les TĂȘtards de§ Grenouilles , des Crapauds & des Salamandres , quâon avoir cru mal-Ă -propos des Ćufs , font feulement & entiĂšrement des fĆtus exif- tans fous une forme plus petite dans les ovaires des femelles avant leur descente dans lâutĂ©rus , & par consĂ©quent long-tems avant quâils soient fĂ©condĂ©s. II montre , par la plus rigoureuse analyse , que ces fĆtus non-fĂ©condĂ©s qui existent dans les ovaires font parfaitement semblables Ă ceux qui ont Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s ; en forte quâils ne diffĂšrent que par le changement que la fĂ©condation y opĂšre de maniĂšre que les premiers , comme les seconds , ont b 3 xxn E B A U C H E toutes les parties essentielles aux TĂȘtards , ou plutĂŽt quâils font, les uns & les autres, de parfaits TĂȘtards, & quâils renferment par consĂ©quent fous cette forme de TĂȘtards toutes les parties de la Grenouille ou d u Crapaud , ou de la Salamandre, comme la Chenille dans lâĆuf enferme avec elle toutes les parties du Papillon. Ce nâest pas tout encore ; notre pĂ©nĂ©trant Observateur ne dĂ©montre pas feulement que les TĂȘtards de Grenouilles , de Crapauds & de Salamandres prĂ©existent Ă la fĂ©condation, il fait voir encore que lâamnios & le cordon ombilical prĂ©existent auĂĂŻĂŹ avec eux. Enfin, il a pu prouver que le plus grand dĂ©veloppement de ces fĆtus a lieu dâabord aprĂšs la fĂ©condation , mais quâon en observe un trĂšs-fensible pendant VannĂ©e qui doit prĂ©cĂ©der la fĂ©condation. 11 nây a plus de doute fur ces expĂ©riences. M. lâAbbĂ© Spallanzani les a tous prĂ©venus , & il a par consĂ©quent Ă©tabli fans rĂ©pliquĂ© la prĂ©existence des fĆtus de ces animaux dans les femelles Ă la fĂ©condation il sâest de l*Histoire, &c. xxiii prĂ©valu pour cela trĂšs-habilement dâune circonstance qui lui Ă©toit bien favorable. Il sâĂ©toit assurĂ© que la fĂ©condation des TĂȘtards sâopĂ©roit hors du corps des femelles ; il avoir vu que le mĂąle , accouplĂ© avec la femelle , arrosoir feulement les fĆtus qui fortoient de lâutĂ©rus avec la liqueur sĂ©minale, & que les fĆtus sortis de f utĂ©rus , qui nâavoient point reçu cet arrofement, ne fe dĂ©veloppoient point, & pĂ©riĂfoient comme ceux dont les femelles accou- choient fans accouplement cette expĂ©rience capitale fut faite dâune maniĂšre tranchante. Les fĆtus, attachĂ©s sĂ©parĂ©ment au mĂȘme cordon , sortent lâun aprĂšs lâautre de lâutĂ©rus de la femelle , & elle en accouche quelquefois' avant Iâaccouplement. En coupant donc une pĂĄrtie de ce cordon lorfquâil for- toir de lâutĂ©rus avant l'accouplement, en coupant ensuite une partie semblable du mĂȘme cordon sortie du corps de la femelle aprĂšs lâaccouplement, & en plaçant ces deux parties d u cordon avec leur fĆtus dans une eau semblable & dans des circonstances qui Ă©toient b 4 Xxiv Ebauche les mĂȘmes, on pouvoit aisĂ©ment savoir quelle seroit la portion qui recevroit la vie ; câest ce que fit lâAbbĂ© Spallan- zani. Aussi, malgrĂ© la ressemblance parfaite quâil y avoit Ă rous Ă©gards entre ces fĆtus , quoiquâils ne diffĂ©rassent que par la fĂ©condation , il nây eut jamais que la partie fĂ©condĂ©e qui donna des TĂȘtards vivans , & produisant ensuite des Grenouilles ou des Crapauds , lâautre partie se corrompoit toujours , & pĂ©rissent bientĂŽt aprĂšs. Quoique cette preuve fĂ»t fans rĂ©pliquĂ© , M. lâAbbĂ© Spallanzani voulut encore la rendre plus saillante en opĂ©rant sur les fĆtus de ces amphibies, avec la liqueur sĂ©minale des mĂąles quâil tiroit des vĂ©sicules spermatiques, ce que les mĂąles opĂ©roient par lâaccouplement. II forma lâaudacieux projet des fĂ©condations artificielles, queMAL- pighi & dâautres avoient inutilement cherchĂ© Ă rĂ©aliser mais , plus heureux que ces Naturalistes , il vit la Nature soumise Ă sa dextĂ©ritĂ© ; &, pour la premiĂšre fois , plusieurs Crapauds , plusieurs Grenouilles & plusieurs Sala- de i?H istoire , &c. xxv mandres virent le jour fans le devoir Ă un mĂąle qui eĂ»t coopĂ©rĂ© Ă le leur donner. On comprend aisĂ©ment que notre Naturaliste chercha, de nouveau, plusieurs fois quel Ă©toit le fort des foetus qui nâĂ©toient pa§ fĂ©condĂ©s. Mais il observa constamment que les fĆtus fĂ©condĂ©s , soit artificiellement, soit par lâaccouplement, Ă©toient les seuls qui fe dĂ©veloppassent ; tandis que les fĆtus de la mĂȘme mĂšre & du mĂȘme cordon , qui nâavoient pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s , pĂ©rissaient tous infailliblement. En faisant ces expĂ©riences, vraiment originales & Ă©tonnantes, notre pĂ©nĂ©trant AbbĂ© voulut connoĂźtre lâĂ©nergie prolifique de la liqueur sĂ©minale de ces amphibies. II fit donc plusieurs tentatives dans ce but, en cherchant Ă diminuer faction de la liqueur sĂ©minale par un mĂ©lange plus ou moins grand avec seau , ou en f employant dans des quantitĂ©s extrĂȘmement petites. La fĂ©condation des fĆtus sâopĂ©roit Ă©galement bien lorfquâils Ă©toient feulement touchĂ©s en un point par la liqueur sĂ©minale , comme lorfquâils y Ă©toient xxvi Ebauche plongĂ©s cette goutte imperceptible ^ dont le diamĂštre nâĂ©toit pas plus grand que la pointe dâune Ă©pingle quâelle cou- vroit, avoit la mĂȘme vertu fĂ©condante quâune autre portion de cette liqueur beaucoup plus considĂ©rable , & elle confervoit toute fa vertu quoiquâelle traversĂąt une masse mucilagineufe assez considĂ©rable. Enfin , trois grains de la liqueur sĂ©minale dâun Crapaud ou dâune Grenouille conservĂšrent toute leur puiĂlance , quoiquâils eussent Ă©tĂ© mĂȘlĂ©s dans une livre & demie dâeau ; & cette petite quantitĂ© de liqueur sĂ©minale ne perdit pas toute son efficace dans vingt-deux livres. Si, dans le premier cas , tous les TĂȘtards plongĂ©s dans seau furent fĂ©condĂ©s ; dans le second il nây en eut que quelques-uns. Mais ce nâest point une portion de cette eau qui a acquis cette vertu fĂ©condante, câest toute la masse de seau. II y a plus, des fĂ©condations prodigieusement nombreuses, & frĂ©quemment rĂ©pĂ©tĂ©es dans la mĂȘme eau fpermatifĂ©e , ne lui ont pas fait perdre son Ă©nergie fĂ©condante. Ces expĂ©riences auroient pu faire DE L* H I S T O I R E , &C. XXVII croire que la vapeur spermatique Ă©toit la cause de la fĂ©condation ; mais M. Spallanzani a dĂ©montrĂ© que la partie matĂ©rielle de la liqueur sĂ©minale pouvoit seule produire la fĂ©condation. Enfin , ce savant Naturaliste a fĂ©condĂ© artificiellement avec le mĂȘme succĂšs les Ćufs dâun Papillon de Ver- Ă -soie il a plus fait, il est parvenu Ă fĂ©conder artificiellement une Chienne avec la liqueur spermatique dâun Chien. La Chienne est accouchĂ©e heureusement de plusieurs petits Chiens , aprĂšs avoir Ă©tĂ© tenue fous la clĂ© jusques Ă ce que fa grossesse fĂ»t bien dĂ©cidĂ©e cette expĂ©rience a Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e avec le mĂȘme succĂšs par un Professeur de Pise. Je mâarrĂȘte. On ne peut sâempĂȘcher de se livrer Ă lâĂ©tonnement & Ă lâad- miration , quand on voit ainsi le gĂ©nie maĂźtriser la Nature , en dĂ©voiler les secrets, & nous enrichir de ses formules. Qui approchera de fang-froid de son propre berceau , que M. Spal- lanzanĂ nous montre aussi ancien que la terre ! Qui contemplera fans ravissement la vive lumiĂšre quâil rĂ©pand xxviii Ebauche sur la matiĂšre de physique la plus obscure & la plus digne de la curiositĂ© de l'homme! Je fuis certain que tous ceux qui liront lâouvrage dont je dessine ici quelques traits , me pardonneront aisĂ©ment mon enthousiasme ; & en partageant mes plaisirs , applaudiront Ă mes expressions. II y a peu de dĂ©couvertes plus propres Ă faire penser ; il y a peu de faits qui aient autant repoussĂ© les bornes de nos connoissances. Je veux me livrer Ă quelques-unes des idĂ©es quâils me fournissent, & esquisser par leur moyen une histoire de lâhomme , des animaux & des plantes avant quâils aient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s. Quoique ce plan paroisiĂš absurde au premier coup-dâĆil, jâespĂšre le rendre vraisemblable en lâexĂ©cutant ; & sâil renferme de grandes difficultĂ©s pour le remplir , je ne crains pas de les affronter, parce que je fuis soutenu par MM. Bonnet & Spallanzani. Je pourrois mâĂȘtre trompĂ© ; mais les erreurs quâon dĂ©couvrira dans mon ouvrage feront sĂ»rement? celles que jâaurois ajoutĂ©es aux idĂ©es solides de DE Ă HI S T 01 RE , &c. XXIX mes Guides , & que jâaurois mal-Ă - propos dĂ©duites de leurs rĂ©flexions & de leurs dĂ©couvertes. II nây a point dâhommes, dâanimaux, de plantes , dâanimalcules dâinfusion qui nâaient existĂ©, je dirai presque vĂ©cu depuis six mille ans , & qui, depuis ce tems-lĂ , nâaient Ă©prouvĂ© un dĂ©veloppement successif dans le sein des femelles oĂč ils Ă©toient dĂ©posĂ©s. Puisque les fĆtus prĂ©existent Ă la fĂ©condation , il est Ă©vident que ces fĆtus ne font pas un effet de la fĂ©condation elle-mĂȘme ; il est Ă©vident quâils Ă©toient dĂ©jĂ créés avec tous leurs organes , & quâils subsistoient de cette maniĂšre avant que nos sens pussent les discerner mais quelle-fera la cause de leur crĂ©ation ? quelle en sera lâĂ©poque ? Ces questions , qui paroissent dâabord nous perdre dans les labyrintes de la MĂ©taphysique , me semblent faciles Ă rĂ©soudre par de simples raisonnemens. ^'impossibilitĂ© dâune fuite infinie dâĂȘtres finis dĂ©termine nĂ©cessairement lâexistence dâun Etre nĂ©cessaire ; la fuite infinie des hommes, des animaux, des xxx Ebauche animalcules des infusions , des plantes seroit une contradiction manifeste ainsi puisquâil y a des suites finies dâĂȘtres finis dans le monde , telles que celles que les hommes , les animaux , les animalcules des infusions prĂ©sentent , il faut quâil y ait nĂ©cessairement un Etre nĂ©cessaire qui soit la cause des fuites finies formĂ©es par'les ĂȘtres organisĂ©s. On ne peut fe refuser Ă cette consĂ©quence , Ă moins de digĂ©rer quâil y a des effets fans cause , des hommes fans leur pĂšre, ou des plantes fans la graine qui devoit leur donner le jour. Il rĂ©sulte donc de-lĂ nĂ©cessairement que cet Etre nĂ©cessaire , qui est la cause de ces suites finies dâĂȘtres finis , est la cause des ĂȘtres qui font les Ă©lĂ©mens des termes de ces fuites, comme il est celle de tous les moyens par lesquels ils doivent fe multiplier. Mais, comme cette multiplication sâopĂšre par le dĂ©veloppement des fĆtus prĂ©existans Ă la fĂ©condation , il est clair que lâEtre nĂ©cessaire est la cause de lâexistence des fĆtus des animaux & des plantes. Je nâentre pas dans de plus grands dĂ©tails pour de lâHistoire, &c. xxxi Ă©tablir cette vĂ©ritĂ© capitale, que le raisonnement prĂ©cĂ©dent me parent rendre sensible mais on sentira bien quâil fe- roit facile de la pousser davantage, ou du moins de la prĂ©senter sous des points de vue differens. Quant au moment de la crĂ©ation de ces fĆtus qui doivent peupler la terre dâhommes , dâanimaux, dâanimalcules & de plantes pendant toute fa durĂ©e , je ne puis la fixer quâau moment de la crĂ©ation, LâHistorien sacrĂ© nous apprend que Dieu cessa de crĂ©er Ă la fin du sixiĂšme jour. D'expĂ©rience de tous les siĂšcles nous apprend que Dieu ne crĂ©e rien de nouveau ; & comme les observations nous apprennent que les fĆtus prĂ©existent Ă la fĂ©condation dans les femelles & les graines, elles nous apprennent auĂfi que ces fĆtus font des parties essentielles dans les femelles & dans les graines ; de forte que les graines & les femelles , au moment de la crĂ©ation , dĂ©voient avoir ces parties qui leur Ă©toient essentielles , ces fĆtus au dĂ©veloppement defquels elles dĂ©voient contribuer. Mais, comme les xxxii Ebauche fĆtus femelles dĂ©voient aprĂšs leur dĂ©veloppement servir Ă la multiplication de lâespĂšce, il falloit auĂli que ces fĆtus semelles continssent au-dedans dâeux les fĆtus mĂąles & femelles qui dĂ©voient servir Ă cette multiplication par ĂŹeur multiplication , & ainsi de suite jusques Ă la fin du monde ; car on ne peut fe dissimuler que , fans tous ces fĆtus , la premiĂšre femelle de chaque animal, la premiĂšre graine de chaque plante eussent Ă©tĂ© des femelles & des graines inutiles pour la fuite des siĂšcles , & par consĂ©quent manquĂ©es. Outre cela , comme Dieu gouverne lâUnivers par des loix gĂ©nĂ©rales, il a subordonnĂ© tous les effets Ă ces loix, & combinĂ© tous leurs rapports pour les produire & les conserver. Mais , comme dĂ©volution ouĂŻe dĂ©veloppement des ĂȘtres organisĂ©s paroĂźt une loi gĂ©nĂ©ral e de la Naturte , il est clair quâelle doit sâexercer fur tous les ĂȘtres qui font susceptibles dâen Ă©prouver les effets ; mais ils ne peuvent Ă©prouver cette influence quâen tant quâils font faits pour la recevoir dâune maniĂšre conforme au plan DE L> H I S T O I R E , &c. XXXIII plan gĂ©nĂ©ral de lâUnivers. Et comme ils ne peuvent avoir Ă©tĂ© plutĂŽt soumis Ă cette loi quâen subissant son influence dĂšs le premier moment de leur existence, ils doivent par consĂ©quent avoir Ă©tĂ© faits pour se dĂ©velopper dĂšs le moment de la crĂ©ation, dâune maniĂšre propre Ă peupler la terre dâĂȘtres organisĂ©s. II falloit donc que les fĆtus qui prĂ©existent Ă la fĂ©condation dans les femelles fussent créés avec elles pour subir ce dĂ©veloppement successif; car, comme il peut y avoir eu dĂšs le premier jour de la crĂ©ation de nouveaux ĂȘtres dĂ©veloppĂ©s par la fĂ©condation , il falloit quâil y eĂ»t dĂšs le premier jour de la crĂ©ation des fĆtus Ă dĂ©velopper ; & la loi des dĂ©veĂźoppemens , qui est essentielle Ă lâexiĂtence des corps organisĂ©s, se sera exĂ©cutĂ©e dĂšs-lors comme elle s'exĂ©- cute aujourdâhui. Eh quelle seroit lâorigine de ces ĂȘtres infiniment petits , qui font en mĂȘme rems fi prodigieusement composĂ©s dans leur petitesse , & dont la composition devient dâautant plus merveilleuse que leur petitesse est plus incomprĂ©hensi- c xxxiv Ebauche ble ; car ces fĆtus nâexistent pas dc toute Ă©ternitĂ©, puifquâils font finis & successifs, ces fĆtus ne font pas lâou- vrage du hasard , qui nâest qu'u n mot, ou la refiource dc lâignorance, ou lâafyle de lâathĂ©ifme qui nâa jamais rĂ©flĂ©chi, puisque ces fĆtus font des ĂȘtres trĂšs- compofĂ©s , dont la composition est dĂ©terminĂ©e , & puifquâils ont une foule de rapports nĂ©cessaires avec les ĂȘtres de lâUnivers ? Il faut donc lire fur chacun dâeux le nom sublime de lâAncien des jours qui les a fait,; il-faut y recon- noĂźtre la toute-puissance & la fa geste du Tout-Puistant & du seul Sage qui les a façonnĂ© dans leur petitesse, avec la mĂȘme main qui a placĂ© les soleils dans lâefpace , qui a lancĂ© les planĂštes & les comĂštes pour les faire tourner autour dâeux, & qui a donnĂ© le branle Ă ce mouvement universel qui fait la vie des astres, des animaux , des animalcules , des plantes & de leurs fĆtus depuis leur crĂ©ation. Certainement, h moins quâon ne puisse prouver quâun ĂȘtre fini peut ĂȘtre la cause de fa propre existence, que la matiĂšre inerte est la DE 1? H J S T 0 1 RE , &c. XXXV source de la vie & de lâintelligence , on ne pourra jamais faire croire Ă la raison que les fĆtus des hommes , des animaux & des plantes, prĂ©exiĂlans Ă la fĂ©condation dans les femelles , se sont créés cux-mĂȘmes avec tous leurs rapports , avec tous les alimens divers qui dĂ©voient les nourrir dans leurs difFĂ©rens Ă©tats , avec la liqueur sĂ©minale qui dĂ©voient les dĂ©velopper , avec tous les phĂ©nomĂšnes de lâUnivcrs auxquels ils font plus ou moins immĂ©diatement liĂ©s. Admirons donc lâEtre des ĂȘtres qui, au moment de la crĂ©ation des ĂȘtres organisĂ©s , crĂ©a avec eux toutes leurs gĂ©nĂ©rations pendant la durĂ©e de la planĂšte oĂč ils doivent habiter. BĂ©nissons cette Providence Ă©ternelle qui a conservĂ© ces Ă©lĂ©mens des ĂȘtres organisĂ©s pendant toute la fuite des ĂȘtres , & qui les protĂšge contre les accidens qui leS menace toujours. Suivons cet Ćil toujours ouvert 3u seul Bon qui couve ces ĂȘtres par ses regards hienfaifans , & qi i amĂšne leur dĂ©veloppement pour le tems oĂč ils doivent briller fur le théùtre du monde. A cette vue je mâĂ©lĂšve juf- c z xxxvi Ebauche ques Ă lâEternel architecte & lĂ©gislateur des mondes & de tous les ĂȘtres quâils ont renfermĂ©, quâils enserrent dans leur vaste enceinte & quâils rempliront pendant la fuite des siĂšcles. Je travaille Ă mâapprocher de lui par mes efforts pour connoĂźtre fes plans sublimes, ses perfections adorables , & fur-tout pour pĂ©nĂ©trer cette sagesse & cette bontĂ© adorable qui se manifestent avec tant dâĂ©clat dans. le gouvernement du monde, dans la fĂ©licitĂ© de lâUnivers & dans celle des individus. Mais quand on rĂ©flĂ©chit Ă la ressemblance constante & parfaite des ĂȘtres organisĂ©s de la mĂȘme espĂšce, non-seu- lement existans avec nous & que nous voyons se dĂ©velopper, mais encore qui nous ont prĂ©cĂ©dĂ© & qui ont fait une partie de lâUnivers depuis lâexistence de la terre ,* on ne peut douter que cette ressemblance constante entre tous les individus de la mĂȘme espĂšce, & pendant toute la durĂ©e -du monde , ne soit un effet des loix du CrĂ©ateur car pour- roit-on imaginer quâune ressemblance aussi grande , aussi permanente , aussi de l* Histoire, &c. xxxvii longue que la durĂ©e de la terre, ne fĂ»t pas lâeĂfet dâune loi statuĂ©e Ă son origine, ou le produit dâune disposition faite pour tous les tems de son existence ? A quel moyen plus propre pour remplir ce but que celui que la Nature elle- mĂȘme nous montre employĂ© par la Souveraine Sagesse ! Tous les ĂȘtres qui dĂ©voient exister furent créés dĂšs le commencement avec tous leurs organes , avec leur forme ils Ă©toient incomparablement plus en petit, h lâenfant qui vient de naĂźtre, au petit chĂȘne qui fort du gland , ce que cet enfant est Ă lâhomme & ce petit chĂȘne Ă celui qui donnera une ombre prĂ©cieuse aux troupeaux ; dĂšs-lors on comprend que cette ressemblance entre tous les ĂȘtres de la mĂȘme espĂšce nâest plus abandonnĂ©e au hasard. Chaque individu a tous ses membres , tous fes organes, tous fes traits ; & chaque individu , ayant la facultĂ© quâil aura toujours de sâaĂsimiler par la nourriture les alimens quâil aura Ă©laborĂ© , & de croĂźtre par cette assimilation jusques Ă un certain point, chaque individu fe fera toujours xxxvm Ebauche depuis le moment de la crĂ©ation dĂ©veloppĂ© peu-Ă -peu , & fans changer de forme aura seulement acquis plus de volume. 11 est Ă©tonnant que cette idĂ©e, qui dcvoit fe prĂ©senter dâabord Ă lâef- prit , nâait pas dâabord frappĂ© par fa grande probabilitĂ©, & quâelle nâait pas fait chercher plutĂŽt les preuves de fa vĂ©ritĂ© que la Nature prĂ©sente Ă Haller & Ă M. lâAbbĂ© SuailanzanĂź , & que M. Bonnet avoit pressenties avant quâelles eussent Ă©fĂ© dĂ©couvertes. Je ne veux plus faire quâune considĂ©ration les fĆtus font des machines organisĂ©es existans depuis six mille ans ; elles ont eu fans-doute depuis la crĂ©ation le mouvement nĂ©cessaire Ă leur conservation & Ă la circulation des fluides nĂ©cessaires Ă leur nutrition , Ă leur accroissement , Ă leur vie. Qui leur a donnĂ© ce mouvement ? Si lâon pouvoit imaginer un instant oĂč il nây eut ni mouvement ni moteur ; je le demande , oĂč feroit la cause du mouvement quâon observe dans FUnivers? oĂč rĂ©sideroit le principe des forces en gĂ©nĂ©ral & des forces motrices en par- de L y H istoire, &c. xxxix ticulier ? Je nâentre pas dans cette discussion de mĂ©taphysique, mais jâen vois clairement la chaĂźne des raifonnemens & la soliditĂ© de leurs rĂ©sultats Mens agitat molem ; lâESPRIT INFINI , le CrĂ©ateur de lâunivers , le Tout- Puissant, leTout-Sage, leTout-Bon , PEternel. 11 faut observer avant dâaller plus loin , que les fĆtus doivent avoir leur sexe chez tous les ĂȘtres organisĂ©s qui en ont, quâils doivent ĂȘtre de mĂȘme hermaphrodites dans tous les fĆtus des ĂȘtres organisĂ©s oĂč lâon observe cette association des deux sexes dans le mĂȘme individu. Je fais bien quâon ne peut pas dĂ©montrer ceci par des faits ; mais il me semble quâon le dĂ©duit facilement des observations. Spallan- zani , ayant dĂ©montrĂ© que les fĆtus des Grenouilles , des Crapauds & des Salamandres Ă©toient parfaitement semblables avant la fĂ©condation Ă ceux qui avoient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s , dĂ©montre auĂlĂŹ quâils doivent ĂȘtre de sexes diffĂ©rens car la fĂ©condation , nâaĂźtĂ©rant point leur forme , leurs organes & leur cons- c 4 xl Ebauche titution , les laisse tels quâils Ă©toient avant la fĂ©condation , Ă lâexception des mouvemens vitaux quâils font observer dâune maniĂšre sensible ; de sorte que , comme ils sont maies & femelles aprĂšs la fĂ©condation , il faut quâils le soient de mĂȘme avant. Jâeil dirai autant des ĂȘtres organisĂ©s qui font hermaphrodites leurs fĆtus doivent lâĂȘtre pareillement, & lâon nâen doutera plus si lâon pense que chaque fĆtus a Ă©tĂ© de tout tems en miniature avant la fĂ©condation ce quâil doit ĂȘtre aprĂšs quâil aura Ă©tĂ© fĂ©condĂ© ; câest une machine organisĂ©e , parfaite Ă tous Ă©gards dans fa petiteĂßÚ , qui ne peut ĂȘtre modifiĂ©e que par un dĂ©veloppement, mais qui ne fauroit lâĂȘtre par un changement ou une addition dâorganes essentiels , Ă moins quâil nây ait des circonstances particuliĂšres propres Ă produire les monstruositĂ©s quâon observe quelquefois. Quel spectacle que celui de tous ces fĆtus mĂąles & femelles qui fe dĂ©veloppent successivement depuis la crĂ©ation des ĂȘtres organisĂ©s. Je fais bien que lâimagination en est accablĂ©e ; mais de l*Histoire , &câ xlĂŻ faut-il rejeter une vĂ©ritĂ© parce que rimagination nâa pas plus dâintelli- gence ? Il nâen fera pas moins vrai quâun animalcule microscopique , appelĂ© , montre plusieurs gĂ©nĂ©rations emboĂźtĂ©es les unes dans les autres ; il nâen est pas moins vrai quâon a vu dans lâoignon de hyacinthe la fleur qui devoir orner nos jardins dans quatre ans ; il nâen est pas moins vrai que la petite graine de Tonneau renferme dans fa coque Ă©troite cet arbre immense qui vĂ©gĂ©tera pendant des siĂšcles avec toutes les branches , les feuilles , les fleurs, les graines quâil aura pendant tous ces siĂšcles ; il nâen est pas moins vrai que notre imagination fe brise toujours contre mille obstacles que la raison sait surmonter. Ces rĂ©flexions ne rĂ©solvent point un problĂšme intĂ©ressant sur cette matiĂšre. Les fĆtus des ĂȘtres organisĂ©s sont-ifs dissĂ©minĂ©s dans toutes les parties de la terre & de Tespace qui lâenvironne ĂŹ ou bien ont-ils toujours Ă©tĂ© logĂ©s danS le sein des femelles & emboĂźtĂ©s jusques Ă un certain point les uns dans les au- xlii Ebauche tres ? Tout ce que jâai dit jusques Ă prĂ©sent fubsisteroit avec la double solution de cette question curieuse mais il me semble qu'o n peut aller encore plus loin, & prendre un parti fur ce sujet ; voici du moins les raisons propres Ă dĂ©terminer dans ce choix, & Ă ĂŻâĂ©tablir quand on l'a fait. Jâobserverai dâabord que les difficultĂ©s de lâimagination contre les fĆtus dissĂ©minĂ©s par-tout, font aussi nombreuses & auffi fortes que contre les fĆtus logĂ©s dans le sein des femelles & pfĂ©existans Ă leur fĂ©condation ; puis- quâils doivent avoir le mĂȘme Ăąge dans les deux cas , que leur petitesse n'est guĂšre moins grande ; de forte quâĂ cet Ă©gard on ne gagne rien. Dans le systĂšme de la dissĂ©mination, je ne vois pas trop comment les fĆtus peuvent ĂȘtre nourris avant quâils trouvent un berceau qui leur conviennent ; comment ils font alors placĂ©s dans le lieu le plus propre Ă leur dĂ©veloppement , entĂ©s fur la femelle qui doit les faire vivre ; & comment fe forme le cordon ombilical qui les unit Ă elle de l* Histoire, &c. xliii outre cela , comment une branche de prunier, entĂ©e sur un amandier, don- ne-t-elle un prunier & des prunes, fans donner jamais des amandes. Si les fĆtus Ă© toi en t dissĂ©minĂ©s , il semble que les fĆtus de lâamandier tombant fur la branche du prunier nourrie par lâamandier pourroit y trouver une nourriture propre Ă dĂ©velopper des amandes & des amandiers ; de forte que , puisque la branche du prunier donne toujours des prunes , il faut quâelle ne puisse dĂ©velopper que les fĆtus quâelle renferme , qui font tous des fĆtus de prunes , & non des fĆtus dâamandes , quâelle pourroit auĂlĂŹ bien recevoir que ceux de prunes , si tous les fĆtus Ă dĂ©velopper dans la branche de prunier nây Ă©toient pas rigoureusement enfermĂ©s. Si le terme d 'emboĂźtement quâon emploie pour reprĂ©senter la fucceĂsion des fĆtus des ĂȘtres organisĂ©s renfermĂ©s dans les femelles nâexprime pas clairement ce quâon veut peindre par ce mot, il ne faut pas juger la chose par le signe certainement, ce mot Ebauche & emboĂźtement nâa jamais signifiĂ© un encaissement semblable Ă celui que reprĂ©sente une suite de boĂźtes placĂ©es les unes dans les autres. Mais on entend , par exemple , quâune graine dâormcau contient Tonneau auquel elle doit donner le jour avec toutes ses branches , ses graines , &c. ; alors . chacune de ses graines contient un autre ormeau avec ses branches & ses graines, dont chacune rĂ©pĂšte en plus petit le mĂȘme phĂ©nomĂšne j'en dis autant des boutons pour les branches , & des fĆtus dâanimaux pour les races successives quâils doivent avoir. Toutes les preuves qui Ă©tablissent la prodigieuse divisibilitĂ© de la matiĂšre servent de preuves Ă T emboĂźtement des fĆtus dans le sens fous lequel je T ai peint. Divers faits'concourent Ă montrer cet emboĂźtement. Outre ceux que j'ai dĂ©jĂ rapportĂ©s , il suffit de montrer le papillon encaissĂ© dans la chenille , les fleurs du marronnier & leurs marrons ployĂ©s dans le bouton , T arbre enveloppĂ© dans la graine, les dents cachĂ©es DE L* H 1 S T 0 I R E , &C. XLV dans la gencive des fĆtus de lâhomme & des animaux. Quoi quâil en soit, en voilĂ je crois suffisamment , si ce nâest pas pour Moscrire entiĂšrement la dissĂ©mination des fĆtus , du moins pour rendre plus probable leur emboĂźtement câest ce'que je mâĂ©tois proposĂ© de faire voir. Nous avons donc tous vĂ©cu depuis six mille ans avec les animaux, les animalcules & les plantes, qui sont nos contemporains. OuĂŻ, nous avons tous vĂ©cu , & nous avons vĂ©cu Ă toute rigueur car , si un principe vital ne nous eĂ»t pas animĂ© depuis la crĂ©ation de la terre, qui est le moment de la nĂŽtre , certainement nous aurions cessĂ© dâĂȘtre , & nous ne serions plus. Nous avons , Ă la vĂ©ritĂ© , vĂ©cu sous une forme invisible ; notre vie Ă©toit alors bien diffĂ©rente de celle que nous avons, peut-ĂȘtre mĂȘme Ă©toit-elle encore beaucoup moins animĂ©e que celle du foetus qui vient dâĂȘtre fĂ©condĂ© , ou plutĂŽt de celle du fĆtus qui est fur le point de lâĂȘtre; mais nous nâen avons pas moins vĂ©cu , puisque nous nous sommes dĂ©veloppĂ©s. xlvi Ebauche Je ne cloute pas que des intelligences qui auroient des sens beaucoup plus dĂ©licats que les nĂŽtres ne pussent tracer les diffĂ©rentes phafe»de tous les dĂ©ve- loppemens que nous avons Ă©prouvĂ© pendant le tems de notre longue existence. La fille dâEve , de qui descend sĂ»rement mon Lecteur, renfermoit une fuite de fĆtus moins considĂ©rable que fa mĂšre qui les contenoit tous ; de forte que , dans le mĂȘme lieu , ils pouvoient occuper un espace plus grand , puif- quâils Ă©toient dĂ©jĂ en moindre nombre. J'en dis autant de chacune de ses descendantes jusques Ă celle qui vous a donnĂ© le jour de forte que , successivement de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration , lâefpace destinĂ© au dĂ©pĂŽt des fĆtus augmentant Ă mesure que leur nombre diminuoit, ils ont pu prendre un accroissement successif & proportionnel Ă la place qusiĂźs occupoient , & qui dĂ©terminoit le moment de la possibilitĂ© de leur naissance dĂšs que les occasions de naĂźtre ou de fe dĂ©velopper davantage pourroient agir ; en forte que lâin- tenĂĂŹtĂ© de leur vie, si je puis parler ainsi, DE Z,â HI S T 0 I R E , &C. XLVlĂź est proportionnelle Ă leur dĂ©veloppement. Ainsi donc , puisque ces fĆtus font créés dĂšs le commencement du monde , comme je lâai dit , puisque ces fĆtus ont vĂ©cu , & nous ne pouvons en douter , car nous sommes formĂ©s par ces fĆtus eux-mĂȘmes qui ont pris tout leur dĂ©veloppement actuel, puisque depuis la crĂ©ation ils ont eu la possibilitĂ© de fe dĂ©velopper en ayant la place nĂ©cessaire pour ce dĂ©veloppement , il faut nĂ©cessairement quâils fe soient toujours dĂ©veloppĂ©s ; car il nâ.y a point de vie fans dĂ©veloppement. Il est vrai que ce dĂ©veloppement a Ă©tĂ© singuliĂšrement lent; mais cela nâem- pĂȘche pas quâil nâait Ă©tĂ© rĂ©el & proportionnĂ© aux moyens que les fĆtus avoientpour fe dĂ©velopper , ou Ă lâef- pace qui leur Ă©toit assignĂ©. Si ces fĆtus fe font dĂ©veloppĂ©s, il faut quâils fe soient nourris ; f u n est une fuite nĂ©cessaire de lâautre. Mais oĂč est lâaliment convenable pour ces infinimens petits ? oĂč est le fluide assez subtil pour sâassimiler avec eux ? Dans les laboratoires de la Nature nous nc xlvhi Ebauche connoissons rien qui puisse remplir ce but. Nous savons que les derniĂšres ramifications de nos vaifleaux Ă©chappent aux efforts de sart pour les ap- percevoir , & nous pouvons supposer que les derniers calibres de ces vaisseaux dans les mĂšres font en proportion avec les vaisseaux les plus larges des fĆtus les plus grands quâelles nourrissent , en y portant la nourriture dont ils ont besoin ; dâautant plus que la quantitĂ© de cette nourriture ne peut jamais ĂȘtre bien considĂ©rable ensuite il seroit possible que les fĆtus les plus grands prĂ©parassent les alimens convenables aux septus d'u n ordre plus petit, & ai n fi de fuite en dĂ©croissant jusques au dernier fĆtus qui se dĂ©veloppera & qui fera nourri par Iâavant-dernier fĆtus Ă dĂ©velopper qui le contient. Ces idĂ©es-lĂ ne font point invraisemblables. On fait combien est considĂ©rable la masse du sang qui se porte dans les parties de la gĂ©nĂ©ration des femelles la multitude des fluides qui sây prĂ©parent, le nombre immense des vaisseaux quâon y observe ; tout cela ne de L 1 Histoire , &c. xlix ne permet-il pas de croire quâon y trouve les filtres de ce fluide subtil que je soupçonne servir de nourriture aux fĆtus invisibles ? Et ce qui mâafFermit dans cette opinion , câest que le cordon ombilical & lâamnios prĂ©existent Ă la fĂ©condation dans les fĆtus , & que ces deux parties font probablement trĂšs- eĂĂźentielles Ă leur nourriture. Mais il y a plus , M. PAbbĂ© Spallanzani a observĂ© que les TĂȘtards font attachĂ©s aux ovaires, avant la fĂ©condation par un pĂ©dicule qui est peut-ĂȘtre le cordon ombilical parle moyen d u quel ces fĆtus font nourris , & qui est fans doute le moyen de lâaccroiffement q u'ils reçoivent pendant TannĂ©e qui prĂ©cĂšde leur naissance austi ils fe dĂ©tachent des ovaires dĂšs quâils doivent ĂȘtre fĂ©condĂ©s, parce que le fĆtus trouve alors dans fes enveloppes les alimens nĂ©cessaires Ă son Ă©tat, & le mucus dont il sâenveloppe dans les canaux des Ćufs. Ainsi, puisque les fĆtus avant la fĂ©condation font attachĂ©s aux ovaires , il faut que ces attaches soient formĂ©es par un appareil de vaisseaux qui sert Ă la circulation d l Ebauche nĂ©cessaire des fluides du fĆtus le plus grand avec ceux de la femelle ; vraisemblablement il y a auĂlĂŹ un appareil de vaisseaux semblable qui lie ce grand fĆtus avec ceux dâun ordre infĂ©rieur , & ainsi de fuite. Et pourquoi ce cordon ombilical dans des fĆtus qui ne font pas nourris par leur mĂšre aprĂšs la fĂ©condation , si ce nâĂ©toit pour les nourrir avant la fĂ©condation de la mĂȘme maniĂšre quâils le font aprĂšs ? Ces idĂ©es font assorties avec ce que nous connoissons de lâĂ©conomie animale , puisquâelles font faire Ă la Nature pour les fĆtus invisibles ce que nous lui voyons faire pour les fĆtus fĂ©condĂ©s ; mais , cependant, il faut bien fe persuader que, quoique ces idĂ©es soient vraisemblables , elles ne font pas la vĂ©ritĂ© , puifquâelles font le fruit de lâanalogie qui est souvent trompeuse , & quâelles ne font point fondĂ©es fur des expĂ©riences directes. Cependant ces idĂ©es ne font pas destituĂ©es de toute espĂšce de fondement; les Grenouilles & les Crapauds insinuent la fuite des fĆtus dont jâai parlĂ©. Si lâon ouvre une de i?H istoire y & c. u femelle dans le rems de les amours , on trouvĂ© clairement dans Ăes ovaires deux fortes de fĆtus ; les uns assez gros, qui continuent Ă grossir & qui tombent dans l'utĂ©rus quand ils ont pris toute leur grosseur ; les autres, beaucoup plus petits , qui relient dans les ovaires & qui fe mĂ»rissent pendant TannĂ©e qui sâĂ©coule entre leurs amours. Ces ani- o maux accouchent des premiers fans accouplement, & les derniers restent clans le sein des femelles poury prendre Taccroissement qui leur est nĂ©cessaire , afin de pouvoir ctre fĂ©condĂ©s quand ils auront traversĂ© les canaux des Ćufs , quand ils feront descendus dans T utĂ©rus, & mĂȘme quand ils feront hors du corps de la femelle. Les premiers font parfaits , en tant quâils ont reçu tout Taccroissement nĂ©cessaire pour ĂȘtre fĂ©condĂ©s ; la mĂšre les a nourris dans son sein pour cela mais les derniers , qui ont encore besoin de cette nourriture, restent dans les ovaires oĂč ils font attachĂ©s par ce pĂ©dicule dont jâai parlĂ© ; il sert peut-ĂȘtre Ă filtrer les sucs nourriciers que la mĂšre doit leur donner d a lii Ebauche pour les mettre en Ă©tat au bout dâunc annĂ©e dâĂȘtre Ă leur tour fĂ©condĂ©s. Audi pendant que ces derniers augmentent en volume & en masse , les autres fĆtus qui doivent ĂȘtre fĂ©condĂ©s pendant la troisiĂšme annĂ©e commencent Ă leur tour Ă devenir visibles; ce qui, comme je le difois , ne peut arriver que parce que ces fĆtus dans le sein de leur mĂšre font nourris & se dĂ©veloppent ce qui ne peut arriver encore que parce que ces fĆtus forment dĂ©jĂ des touts organisĂ©s avec leurs vaisseaux & leurs organes , dans lesquels il fe passe en petit ce qui sâopĂšre plus en grand dans Ăźes ĂȘtres organisĂ©s qui ont acquis tout leur dĂ©veloppement. Mais ce que jâai dit pour les TĂȘtards de Crapauds & de Grenouilles nâest pas moins vrai pour les fĆtus des oiseaux ; car l'on fait que les Ćufs croissent dans les femelles des oiseaux qui ont conservĂ© la plus scrupuleuse virginitĂ© ; le fĆtus renfermĂ© dans lâĆuf a donc crĂ» avec lui , il est parvenu au point oĂč il auroit Ă©tĂ© sâil avoit Ă©tĂ© fĂ©condĂ©, & si lâincubation avoit pu le dĂ©velopper. de ^Histoire , &c. lui 11 falloit donc que ces fĆtus prĂ©existassent Ă la fĂ©condation , quâils fustent susceptibles dâaccroistement , & par consĂ©quent de nutrition ; quâils eussent les organes nĂ©cesiaires pour cela , comme je lâai prouvĂ© pour les TĂȘtards. On peut faire une objection trĂšs- forte contre cette thĂ©orie. Si le fĆtus se dĂ©veloppe un peu avant la fĂ©condation , pourquoi ne se dĂ©veloppe-t-il pas entiĂšrement ; & sâil sâen dĂ©veloppe quelques-uns , pourquoi ne se dĂ©ve- Ioppent-ils pas tous Ă©galement ? Cette objection , qui semble dâabord trĂšs- raisonnable, perd beaucoup de sa force quand on lâexamine avec rĂ©flexion. Les fĆtus ne peuvent se dĂ©velopper que proportionnellement Ă la nature & Ă la quantitĂ© des sucs quâils peuvent sâaĂfi- rniler ; de forte que, sâils ne peuvent recevoir que les sucs propres Ă les dĂ©velopper au point oĂč ils fe trouvent, il ne faut pas sâĂ©tonner sâils ne Ăe dĂ©veloppent pas davantage ; comme les hommes , lĂ©s animaux & les plantes ne peuvent se dĂ©velopper par la nourriture quâils prennent ou quâils peuvent Ăą 3 lĂźv Ebauche prendre que dâune quantitĂ© dĂ©terminĂ©e au-delĂ de laquelle ils ne vont pas, mais en-deçà de laquelle ils relient souvent sâils ne peuvent se procurer toute la nourriture qui leur cil nĂ©cessaire , ou si dâautres causes s'opp osent Ă leur accroissement ; tels font souvent les animaux & les plantes expatriĂ©s ; tels font les animaux Ă qui lâon retranche une partie de leur nourriture nĂ©cessaire , sur-tout dans leurs jeunes annĂ©es. Et fĂź les animaux se ressentent de cette privation dâalimens Ou font modifiĂ©s alors dâune maniĂšre sensible par les alimens quâon leur donne , Ă combien plus forte raison ne le seront pas davantage par ces moyens les fĆtus qui font dâune texture plus dĂ©licate , & Ă qui leur grande simplicitĂ© rend si nĂ©cessaire une nourriture particuliĂšre. La cause du dĂ©veloppement des fĆtus non-fĂ©condĂ©s & des fĆtus fĂ©condĂ©s est la mĂȘme , elle ne varie que par lâintensitĂ© ; une nourriture plus forte , des organes plus Ă©nergiques feront toute la diffĂ©rence de la cause ; une assimilation plus considĂ©rable , une ex te n- de L*-Histoire, &c. lv sion plus grande, une soliditĂ© plus remarquable , lâopacitĂ© qui en rĂ©sulte feront toute la diĂĂźerence des effets ainsi tout se pasiera dans les fĆtus non-fĂ©- condĂ©s comme dans les fĆtus fĂ©condĂ©s; avec la diffĂ©rence que la cause qui produit le dĂ©veloppement, & le dĂ©veloppement lui-mĂȘme , feront beaucoup moins sensibles dans les premiers que dans les derniers ; & si les fĆtus non- fĂ©condĂ©s ne fe dĂ©veloppent pas entiĂšrement , câest parce qu'il nây a pas une nourriture suffisante , ou des alimens propres Ă en Ă©tendre davantage les mailles , ou parce que les vaisseaux des fĆtus nâont pas une Ă©nergie suffisante pour Ă©laborer toute la nourriture quâils reçoivent & pour fe lâapproprier. Ceci apprend encore pourquoi tous les fĆtus ne fe dĂ©veloppent pas Ă©galement; câest parce quâils ne reçoivent pas tous la mĂȘme nourriture les plus avancĂ©s font nourris immĂ©diatement par la mĂšre , ils croissent proportionnellement Ă la nature de lâaliment quâils reçoivent & quâils peuvent sâaffimiler fans passer cette borne. Il est clair que d 4. l vi Ebauche les fĆtus qui font nourris aux dĂ©pens de celui-lĂ reçoivent une nourriture moins substantielle que celle dont sâest dĂ©jĂ nourri le fĆtus qui doit servir de mĂšre aux fĆtus quâil alimente aux dĂ©pens des sucs quâil a Ă©laborĂ© , comme il a Ă©tĂ© lui-mĂȘme nourri par fa mĂšre toute dĂ©veloppĂ©e ; mais nous avons dit que lâaccroisscment Ă©toit proportionne! Ă la nature ou Ă la quantitĂ© de la nourriture. Si ce nâest pas Ă lâirri- tabilitĂ© des organes qui peut ĂȘtre excitĂ©e par la nourriture quâils Ă©laborent ; donc ces seconds fĆtus qui tirent leur nourriture du prĂ©cĂ©dent fĆtus doivent avoir un accroissement proportionnel Ă ce genre dâalimens quâils en tirent, & il doit ĂȘtre limitĂ© par les bornes que la nature de cet aliment doit leur donner. Mais comment admettre cette fuite de fĆtus invisibles ? Comme on est forcĂ© dâadmettre lâexistence du Poulet dans lâĆuf, quoiquâon ne puisse pas le distinguer dans les premiers tems de lâincubation ; comme on croit Ă lâexif- tence de son cĆur, quâon apperçoit seulement au bout de quelques heures , & DE L* H 1 S T O I RE , &C. LVII des autres viscĂšres qui se dĂ©veloppent peu Ă peu ; comme on croit aux jambes des Crapauds & des Grenouilles cachĂ©es fous lâenveloppe du TĂȘtard, quoi- quâon ne puiĂĂĂš les distinguer ; comme on croit aux ailes , Ă la trompe & aux jambes du Papillon dans la Chenille, quoiquâelles soient masquĂ©es dâune maniĂšre Ă ne pouvoir les soupçonner sans, la dissection ; enfin , comme on croit Ă lâexiĂtence des dents renfermĂ©es dans les alvĂ©oles des fĆtus & des enfans , quoiquâon ne les puisse pas voir. II est vrai que lâĆuf, le TĂȘtard & la Chenille offrent quelque chose aux sens quâils peuvent saisir & sur quoi ils peuvent se reposer ; mais ne sera-ce pas la mĂȘme chose pour la raison, si on lui donne les causes de FinvisibilitĂ© des fĆtus quâelle fait devoir exister ? . On ne peut distinguer les corps trans- parens lorsquâils se prĂ©sentent aux sens dâune certaine maniĂšre. Quand la transparence est parfaite , câeĂt cette transparence mĂȘme qui empĂȘche dâapper- cevoir dâabord le Poulet dans lâĆuf fĂ©condĂ© , câest cette transparence qui l v m Ebauche ne permet de voir ses parties diffĂ©rentes que successivement & Ă mesure quâelles perdent leur transparence ainsi , si les fĆtus existent avec cette transparence , il est clair quâon ne peut les observer ; & pouvons-nous en douter, puisque les fĆtus fĂ©condĂ©s du Poulet ont cette transparence qui les rend invisibles. Cependant, parce que les fĆtus font transparens , je ne saurois en conclure quâils soient sous une forme fluide ; parce quâun fluide ne sauroit ĂȘtre un corps organisĂ© , & que les fĆtus font Ă tous Ă©gards organisĂ©s comme les corps auxquels ils donneront le jour par leur dĂ©veloppement. Quanta la figure des fĆtus , je croi- rois avec lâAbbĂ© Spallanzani quâelle doit ĂȘtre sphĂ©rique , parce quâelle renferme la plus grande quantitĂ© de matiĂšre fous le moindre volume. Cette Ă©norme petitesse des fĆtus Ă©toit sans-doute convenable. PremiĂšrement, elle Ă©toit trĂšs-nĂ©cestaire pour les femelles , dans TĂ©tĂąt aĂ©tuel, qui portent fans sâen douter toutes les gĂ©nĂ©rations qui doivent sortir dâelles ; secondement, D E lâ HI S T'O 1 R E , &c. LIX câest dans lâanalogie des fonctions de lâĂ©conomie animale de subtiliser les fluides en les faisant circuler dans des vaisseaux dont le calibre diminue , & on le remarque sur-tout dans les fĆtus qui font fĂ©condĂ©s ; enfin il falloit bien que ces fĆtus l'e dĂ©veloppassent, mais il ne falloit pas que leur dĂ©veloppement nuisĂźt Ă celui des femelles qui les nour- rissoient. On ne peut sâempĂȘcher de reconnoĂźtre en mĂȘme tems que la prodigieuse petitesse des fĆtus les garantit de mille accidens. Ne feroit-il pas possible que les sucs viciĂ©s parles maladies des mĂšres fussent trop grossiers pour pĂ©nĂ©trer dans les petits vaisseaux des fĆtus ? On remarquera peut-ĂȘtre que ces fĆtus , que je crois pleins de vie , font destituĂ©s de toute espĂšce de mouvement. Cela est vrai, sâil sâagit dâun mouvement apparent. Mais qui doutera de leur mouvement, aprĂšs avoir compris quâils peuvent croĂźtre & quâils font pleins de vie ; dâailleurs f absence des mouvemens apparens ne prouvent pas quâil nây a point de mouvemens lx Ebauche internes. Que de Cataleptiques qUĂ vivent fans paroĂźtre se mouvoir. Les Loirs pendant lâhiver ne vivent-ils pas fans mouvement extĂ©rieur ? Le Poulet fĂ©condĂ© dans lâĆuf ne vit-il pas pendant plusieurs mois fans donner aucune apparence de mouvement quand il nâa pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ© ? Ne fait-on pas que le RotifĂšre mis Ă sec peut vivre fans mouvement pendant vingt annĂ©es , & la reprendre auĂsi-tĂŽt quâil sent l'si timiditĂ© ? La circulation des humeurs peut ĂȘtre si lente quâellesuffit pour empĂȘcher les fĆtus & divers animaux de mourir; mais elle nâest pas suffisante pour lui faire donner des preuves de vie. Le fĆtus est prĂȘt Ă fe dĂ©velopper, une nouvelle vie lâattend ; comment pourra-t-il la recevoir? 11 ne sâagit pas, il est vrai , de former lâĂȘtre que la mĂšre doit mettre au jour ; il ne faut pas mĂȘme lui donner la vie, mais il faut hĂąter son dĂ©veloppement , le mettre en Ă©tat de recevoir peut-ĂȘtre dans une heure un accroissement infiniment plus grand que celui quâil a reçu pendant six mille ans. Enfin, il faut quâil ait les de lâHistoire, &c. lxi facultĂ©s nĂ©cessaires pour prendre peu Ă peu tout lâaccroissement dont il est susceptible. OĂč sera le ressort qui donnera une nouvelle Ă©nergie Ă cette machine dĂ©jĂ montĂ©e & en mouvement? comment toutes ses forces pourront- elles se dĂ©ployer de maniĂšre Ă produire tout leur esset ? La liqueur sĂ©minale du mĂąle & un certain degrĂ© de chaleur le produiront auĂĂi-tĂŽt quâelle aura touchĂ© le fĆtus par un point infiniment petit, comme les expĂ©riences de lâAbbĂ© Spallanzani le prouvent pour les TĂȘtards des Grenouilles & des Crapauds ; ou du moins aussi-tĂŽt quâune trĂšs-perite quantitĂ© de cette liqueur sĂ©minale sera arrivĂ©e Ă ce fĆtus , comme la fĂ©condation artificielle de la Chienne ne permet pas dâen douter. 11 paroĂźt dĂ©montrĂ© que le contact immĂ©diat de la liqueur sĂ©minale du mĂąle avec le fĆtus est indispensable- ment nĂ©cessaire pour opĂ©rer son dĂ©veloppement , puisque les expĂ©riences de lâAbbĂ© Spallanzani dĂ©montrent fans rĂ©pliquĂ© que la vapeur de cette liqueur est absolument inutile pour la fĂ©e on- Ebauche dation des TĂȘtards quâon y expose aussi prĂšs quâil est possible fans contact il paroi t mĂȘme que la partie Ă©paisse de la liqueur sĂ©minale est la seule qui soit fĂ©condante , puisque seau commune quâon a mĂȘlĂ©e avec cette liqueur perd toute son Ă©nergie fĂ©condante austĂŹ-tĂŽt quâelle a Ă©tĂ© filtrĂ©e plusieurs fois , parce que la partie Ă©paisse de la liqueur sĂ©minale est alors restĂ©e fur le filtre. II nây avoit donc plus quâĂ dĂ©couvrir comment la liqueur sĂ©minale peut pĂ©nĂ©trer le fĆtus , & agir fur lui dâune maniĂšre propre Ă lui donner la vie. M. lâAbbĂ© Spallanzani, Ă qui rien nâĂ©chappe , a dĂ©couvert que lâenve- loppc des fĆtus de Crapauds & de Grenouilles Ă©toit percĂ©e de mille pores, qui servent sans doute dâouvertures au travers desquellesla liqueur sĂ©minale peut parvenir jusques Ă saisi mal vivant. Quelle est donc faction de la liqueur sĂ©minale sur le fĆtus quand elle fa pĂ©nĂ©trĂ© ? Si lâon considĂšre les effets produits , on ne doutera point de la maniĂšre dâagir de la cause. M. f AbbĂ© Spallanzani a vu que les battemcns DE L y HI S T O I RE , &c. LXIII da cĆur dans les TĂȘtards prĂ©cĂ©doient beaucoup lâapparence du mouvement dans les autres viscĂšres, le dĂ©veloppement de leurs organes & celui de lâanimal. 11 faut donc que la liqueur sĂ©minale agiĂse dâabord sur le cĆur ; mais, quoiquâelle montre son effet sur le cĆur, ce n'est pas parce que le cĆur seul en a Ă©tĂ© touchĂ©, mais câest parce que le cĆur seul en a Ă©tĂ© affectĂ© , & quâil Ă©toit le seul organe assez irritable pour en recevoir des impressions remarquables aussi on ne peut douter que MM. Haller & Bonnet nâaient saisi la vĂ©ritĂ© , quand ils ont cru que la liqueur sĂ©minale Ă©toit un {simulant qui augmenroit l'irritabilitĂ© du cĆur , & qui, en Ă©branlant plus fortement ce grand ressort de toute la machine, communiquoit son mouvement Ă toutes les parties ; câesi sans-doute aussi en excitant cette irritabilitĂ© que la chaleur aide si puissamment le dĂ©veloppement des TĂȘtards fĂ©condĂ©s , comme M. SpĂ llanzani lâa observĂ© câest ainsi que les Ćufs des insectes & des oiseaux ont besoin de la chaleur pour Ă©clore, lxiv Ebauche soit parce que la chaleur augmente lâĂ©nergie de la liqueur sĂ©minale en favorisant lâĂ©vaporation des parties aqueuses , soit en mettant le muscle dans des circonstances plus convenables pour ĂȘtre irritĂ©es. Quoi quâil en soit , le froid suspend beaucoup le dĂ©veloppement des TĂȘtards & des Ćufs ; & lâon fait que câest seulement quand les organes de la gĂ©nĂ©ration des plantes ont Ă©tĂ© Ă©chauffĂ©s par le soleil que la gĂ©nĂ©ration peut sây opĂ©rer. Mais ce qui dĂ©montre la nĂ©cessitĂ© de la chaleur pour donner Ă la liqueur sĂ©minale sa vertu fĂ©condante ; câest que, si lâon emploie cette liqueur mise pendant un quart-dâheure dans un lieu oĂč elle Ă©prou- veroit le froid de la glace , elle ne fĂ©condera aucun TĂȘtard pendant quâelle est froide , tandis quâelle fera fĂ©condante aprĂšs avoir Ă©prouvĂ© ce froid pendant une demi-heure, pourvu quâon lui laiffe reprendre la tempĂ©rature de lâair durant le mois de Mai. Il rĂ©sulte clairement de-lĂč que les fĆtus pĂ©riroient sâils nâĂ©toient pas Ă©chauffĂ©s , & lâexpĂ©rience justifie ce rĂ©sultat. DE Z,â H I S T O I RE , &c. LXV rĂ©sultat. Ausii la Providence a pourvu Ă cela en plaçant les fĆtus dans le sein de leurs mĂšres oĂč ils Ă©prouvent une chaleur convenable , ou bien en leur donnant une nouvelle vie par Pincuba- tion naturelle ou artificielle qui la leur conserve quand ils lâĂČnt reçue par la fĂ©condation, comme on Pobferve dans les Ćufs des oiseaux ; ou bien en leur communiquant cette chaleur par le moyen de la tempĂ©rature de la saison qui agit sur eux, & qui produit le mĂȘme efiĂšt que lâincubation , comme on lâob- serve dans les Ćufs des insectes & dans les TĂȘtards qui Ă©closent Ă un degrĂ© donnĂ© de la chaleur de Pair. 11 me semble avoir ainsi dĂ©montrĂ© Pinfiuence de la chaleur sur la fĂ©condation , & sur la conservation de la vie du fĆtus fĂ©condĂ©. II me paroxt clairement que la chaleur agit alors comme un moyen de dilatation qui favorise faction de la liqueur sĂ©minale par lâou- verture des pores du fĆtus , comme un moyen dâĂ©vaporation qui le dĂ©bar- raiĂŻe dâune partie fluide nuisible Ă lâirri- ĂabilitĂ© quâil doit avoir ; enfin , comme LXVI E B A V C H E un moyen dâirritabilitĂ© qui contribue Ă le faire naĂźtre & Ă lâentretenir c'est sans-doute pour cela que la liqueur sĂ©minale elle-mĂȘme doit -avoir un degrĂ© de chaleur suffisant pour ĂȘtre prolifique. Enfin , il faut donner au fĆtus lâac- croissement quâil doit avoir , & dĂ©velopper ses parties avec cette constance qui assure Ă tous les individus dâune espĂšce la plus grande ressemblance. Quel est le moyen qui est employĂ© par la Nature ? Quel est lâaliment quâelle prĂ©pare aux fĆtus ? Ici les expĂ©riences cessent de nous Ă©clairer ; mais la multitude des faits connus permet dâĂ©tablir des opinions qui paroissent remplacer la vĂ©ritĂ© , si elles ne font pas la vĂ©ritĂ© elle-mĂȘme. M. Bonnet , par une analyse rigoureuse , par un examen approfondi de ces faits, est parvenu Ă faire voir que la liqueur sĂ©minale devoit ĂȘtre la premiĂšre nourriture du fĆtus quâelle avoit fĂ©condĂ© , & quâelle Ă©toit la premiĂšre cause de la conservation de fa nouvelle vie aprĂšs en avoir Ă©tĂ© lâorigine. II donne une foule de preuves frappantes pro- DE lâ HI S T O 1 R E , &C. LXVIt prĂ©s Ă Ă©tablir cette opinion , & il les prĂ©sente avec cette sĂ©vĂ©ritĂ© de logique qui caractĂ©rise ses ouvrages & qui entraĂźne ses Lecteurs. 11 fait voir le fĆtus dĂ©veloppĂ© par Faction de la liqueur sĂ©minale sur lui ; mais il montre en mĂȘme te m s que ce dĂ©veloppement ne peut ĂȘtre produit que par la nutrition , & il demande si la liqueur sĂ©minale ne renfermeroit pas les principes nourriciers du fĆtus quâelle a dĂ©veloppĂ©? II applique ses principes Ă la ressemblance des enfans avec leur pĂšre, aux monstres & aux mulets. Son analyse , pour expliquer par ce moyen la formation du Mulet, meparoĂźt dâune trĂšs-grandeforce pour appuyer ses idĂ©es. Si lâon prend un Mulet formĂ© par l'accouplement de lâAne & de la Jument , il est Ă©vident que le fĆtus contenu dans lâovaire de la Jument est un Cheval en miniature qui devoit avoir les oreilles , le larynx & la queue du Cheval mais , aprĂšs la fĂ©condation , tout cela est changĂ©; ces parties se rapprochent beaucoup de celles de FAne, & sâĂ©loignent des parties semblables du Cheval. II a donc e i lxviii Ebauche fallu que les Ă©lĂ©mens de la liqueur sĂ©minale de lâAne , qui rĂ©pondent Ă ces parties du fĆtus , continssent plus de particules propres Ă favoriser le dĂ©veloppement des oreilles & du larynx que nâen contient celles du Cheval ; tandis que , dâun autre cĂŽtĂ© , elle a moins de parties pour dĂ©velopper la queue , dâoĂč rĂ©sulte lâaĂźongement des oreilles , un larynx nouveau & lâobli- tĂ©ration de la queue. M. Bonnet conclut que la liqueur sĂ©minale du mĂąle pĂ©nĂštre le fĆtus , puifquâelle le modifie dans des rapports avec le mĂąle ; dâoĂč il rĂ©sulte que la liqueur sĂ©minale renferme des parties correspondantes Ă diffĂ©rentes parties du mĂąle , puisquâelle donne au fĆtus fĂ©condĂ© des traits de ressemblance avec le mĂąle fĂ©condateur. II y avoir donc dans la liqueur sĂ©minale de lâAne des molĂ©cules correspondantes aux oreilles & aux larynx qui ne font pas dans la liqueur sĂ©minale du Cheval, & celle- ci auroit des molĂ©cules rĂ©latives Ă la queue quâon ne trouve pas dans lâautre? La liqueur sĂ©minale devient ainsi la de lâHistoire, &c. lxix nourriture des fĆtus ; elle paroĂźt lui ĂȘtre prĂ©parĂ©e par les circonstances pour son nouveau genre de vie , & elle portera dans le fĆtus avec une nouvelle vie les parties propres Ă dĂ©velopper fur-tout les organes particuliers au mĂąle fĂ©condant. VoilĂ un abrĂ©gĂ© de T Analyse intĂ©ressante que M. Bonnet a donnĂ© de son ouvrage dans le tome II de fes ConsidĂ©rations fur les Corps organisĂ©s , page 366 de sĂ©dition in-8°. jusques Ă la page 411. Je souhaite que tous ceux qui voudront fe faire des idĂ©es justes fur la gĂ©nĂ©ration , ou qui seulement seroient curieux de voir ce que le gĂ©nie, la raison & lâexpĂ©rience peuvent faire pour dĂ©voiler un sujet obscur , lisent les ConjĂŹdĂ©rations fur les Corps organisĂ©s , & fur-tout le morceau que jâin- dique qui en est un trĂšs-beau tableau. Ils y apprendront Ă estimer davantage lâefpĂšce humaine ; ils y dĂ©couvriront en quoi consiste la vraie philosophie , & ils sentiront les obligations que notre siĂšcle & la postĂ©ritĂ© doivent au vrai Contemplateur de la Nature. o J e lxx Ebauche AprĂšs cette exposition des idĂ©es de M. Bonnet , & cette explication d u phĂ©nomĂšne de la fĂ©condation des fĆtus, je devrois finir ce sujet ; mais jâai cru entrevoir quelques difficultĂ©s , qui ne font peut-ĂȘtre quâapparentes, & qui ne le seront peut-ĂȘtre que pour moi. Quoiquâil en soit, je les propose, parce que je nâai pas pu les dissiper ; mais je les propose en annonçant leur grande foiblesse , puisquâelles ne font pas des consĂ©quences de cette partie des ConsidĂ©rations fur les Corps organijĂ©s. Je dois avouer dâabord que les idĂ©es que jâadopte fur la nature de lâaliment du fĆtus ne font pas propres Ă expliquer les phĂ©nomĂšnes des Mulets ; elles y laissent de lâobscuritĂ© mais, dâun autre cĂŽtĂ© , elles font une fuite des idĂ©es que jâai fur les moyens de la conservation du fĆtus depuis six mille ans. Comme jâimagine quâil a Ă©tĂ© toujours nourri par les sucs que lui a fourni la mĂšre qui le renfermoit, & quâelle lui faifoit passer par le cordon ombilical, je nâai pu concevoir quâun nouvel aliment vĂźnt remplacer celui qui Ă©toit de i? Histoire, des expressions que mon caractĂšre mâempĂȘche de qualifier, en mâordonnant de les repousser avec force. Je me borne Ă prĂ©sent Ă opposer, comme je lâai dit, deux faits bien dĂ©montrĂ©s Ă deux idĂ©es de M. Ingenhous. PREMIER FAIT. Je nâai attaquĂ© nulle part M. Ingenhous, comme il me le reproche. 11 est vrai ĂŹ Ibid. p. 497. xcii RĂ©futa t j o n. que je ne pense pas comme lui fur divers sujets ; je lâaĂ dit franchement, Lc pourquoi ne lâaurois-je pas dit X Mais jâai toujours soigneusement Ă©cartĂ© le nom de M. Ingenhous de tons les endroits oĂč je manifestois des idĂ©es opposĂ©es aux siennes ; je lui ai tĂ©moignĂ© publiquement de la reconnoissance &c de lâestime pour ses travaux. Cette conduite cst-elle une attaque, une guerre , comme il veut la reprĂ©Ă'eĂ»ter 1 Je le comprends dâautanr moins , que M. Ingenhous est forcĂ© dâavouer dans ĂĂ©s acres remarques , que quelques-unes de Jes dĂ©couvertes y Ă©talent attaquĂ©es dans mes ouvrages avec des mĂ©nagemens & des Ă©gards que les hommes de lettres se doivent mutuellement }. SECOND FAIT. Mes Recherches fur P influence de la lumiĂšre solaire pour changer l'air fixe en air pur parurent Ă GenĂšve dans le mois de Juillet 1783 ; je les donnai alors Ă M. le Professeur De Saussure &c Ă dâautres personnes elles rentĂšrment mes expĂ©riences pour montrer lâinsluencc des eaux acidulĂ©es par les acides minĂ©raux Ăk vĂ©gĂ©taux pour faire produire de Pair pur aux feuilles quâon y expose au soleil. Ces expĂ©riences ont Ă©tĂ© faites, annoncĂ©es & publiĂ©es fans avoir eu le moindre soupçon quâellcs eussent ctĂ© faites par M. Ingenhous, 8Ă mĂȘme fans avoir pu en ĂȘtre informĂ© par M. le Chevalier Landriani, comme M. Ingenhous voudroit le faire croire dans ses remarques, quoique je lui eusse dit nettement dans ma lettre du Journal de Physique, que mes expĂ©riences fur ce sujet avoient Ă©tĂ© faites pendant lâĂ©tĂ© de 1782. Mais ce fait est capital ; il faut rĂ©tablir fans repiifue, & prouver au public que je lui ait dit la vĂ©ritĂ©. i°. M. le Chevalier Landriani , Ă©tabli Ă Milan, avec qui jâai heureusement une correspondance amicale Lc suivie, ne mâa jamais rien Ă©crit qui put me faire soupçonner que les feuilles exposĂ©es au soleil dans les eaux acidulĂ©es donnassent beaucoup dâair pur jâai toutes ses lettres qui peuvent le dĂ©montrer. Mais M. le Chevalier Landriani lui-mĂȘme est parfaitement convaincu de ne mâaveir jamais rien Ă©crit i lâermischte schriften, T. II. rĂ©futation. xciii lir ce sujet ; il reconnoĂźt nâen avoir point entendu parler avant la publication de mon ouvrage, Sc de nâen avoir jamais rien Ă©crit Ă aucun de ses correspon- dans ; il me marque mĂȘme, Ă lâoccasion des remarques de M. Ingenhous fur ma lettre quâil lui avoit Ă©crit, en s assurant, que dans les lettres de son ami , il n'y a pas un mot fur Varticle des eaux acidulĂ©es ; qu'il pouvoit Paflurer n'avoir r lili dit far cet article Ă M. Senebier ; quâil le dĂ©fait de trouver dans les lettres quâil a Ă©crites Ă fes amis & correspondan t , qui ne font pas en petit nombre , un seul mot fur cet article. II rĂ©sulte clairement de-lĂ que, puisque M. le Chevalier Landkiani , qui doit mâavoir instruit des idĂ©es de M. Ingenhous , nâen a eu aucune connois- sance, ni directement ni indirectement, je ne puis en aucune maniĂšre en avoir Ă©tĂ© informĂ©. M. le Chevalier Landkiani a eu la complaisance de communiquer tout ceci avec ses dĂ©tails Ă Son Excellence Monsieur le Comte DeWilzeck, qui daigne mâhonorer de fa bienveillance. 2°. II Ă©toit impossible, par plusieurs raisons, que je fusse instruit allez de bonne heure des idĂ©es de M. Ingenhous pour pouvoir en profiter. Je le prouve en posant pour principe lâassertion mĂȘme de M. Ingenhous, qui avance que M. Landriani devoir mâavoir communiquĂ© ses idĂ©es fur lâinfluence des eaux acidu- lĂ©es pour faire produire de lâair pur aux feuilles quâon y expose au soleil pendant le courant de lâĂ©tĂ© de l'an 1783. Mais i°. mes Recherches fur finfluence de la lumiĂšre solaire pour mĂ©tamorphoser l'air fixe en air pur , oĂč je traite le sujet des eaux acidifiĂ©es, Ă©toient imprimĂ©es dans le mois de Juillet 1783 , puisque je les donnois alors Ă GenĂšve Je commencement de cet ouvrage, oĂč il s'agit particuliĂšrement des eaux ac id triĂ©es , Ă©toit imprimĂ© Ă la fin dâAvril Sc dans les premiers jours de Mai de 1783. II falloit donc que mon ouvrage fĂ»t alors composĂ© ; que les observations 8c les expĂ©riences trĂšs-nombreuĂes quâil renferme lussent faites Sc rĂ©pĂ©tĂ©es bien souvent , puisquâelles ont, le caractĂšre singulier de bontĂ© qui leur mĂ©rite lâappro* XC 1 V RĂ©futation. bation de M. Ingenhous. Ce nâest pas rout, il lallolt que les feuilles de pĂȘcher, que jâai fur-tout employĂ©es pour mes expĂ©riences , fussent poussĂ©es St quâelles eussent acquis toute leur grandeur ; mais tout cela nâĂ©- toit-il pas physiquement impossible, fi mes expĂ©riences nâavoient pas Ă©tĂ© faites pendant lâĂ©tĂ© de 1782 ? 2 0 . M. Ingfnhous prĂ©tend mâavoirfait instruire de ses dĂ©couvertes dans le courant de lâĂ©tĂ© de > 783. Je le prie dâen fixer plus scrupuleusement lâĂ©poque. Dans le courant de lâĂ©tĂ© 1783 ; est-ce au commencement ĂŹ Mais toute la partie de mon ouvrage fur les eaux aci- dulĂ©es Ă©toit imprimĂ©e Ă la fin dâAvril 8c au commencement de Mai. Les propres expĂ©riences de M. In- cenhous nâĂ©toient pas au moins achevĂ©es, puisquâil les faisoit dans le courant de lâĂ©tĂ© de 1783 ; car le printems est plus tardif Ă Vienne quâĂ GenĂšve. Est-ce donc au milieu de lâĂ©tĂ© ? mais mon ouvrage Ă©toit alors achevĂ© dâimprimer. Sera-ce Ă la fin de lâĂ©tĂ© ? mais mon ouvrage Ă©toit public depuis long-tems. II est donc Ă©vident que, quand M. Ikgenhous auroit eu lâhonnĂȘtetĂ© de me faire connoĂtre les dĂ©couvertes, il nây auroit eu aucun moment de lâĂ©tĂ© de 1783 dans lequel il mâeĂ»t Ă©tĂ© possible dâen profiter. 3°. Je veux aller plus loin , je veux supposer que mon livre imprimĂ© au mois de Juillet 1783 eĂ»t Ă©tĂ© entiĂšrement Ă faire, 8c pour la forme 8c pour le fonds. Croira-t-on que le mot accidentel que prĂ©tend mâavoir fait dire , dans le courant de l'Ă©tĂ© de 1783 , mâeĂ»t donnĂ© un livre assez gros tout fait avec les expĂ©riences suivies 8c nombreuses quâil renferme ? Croira-t-on que ce mot glissĂ© dans le courant de lâĂ©tĂ© de 1783 mâeĂ»t donnĂ© mon livre composĂ© 8c imprimĂ© dans le mois de Juillet de 1783. Croira-t-on que dans ce mois de Juillet, qui reprĂ©sente le mieux le courant de l'Ă©tĂ© de 1783 pendant lequel prĂ©- tend avoir eu la politesse de mâinstniire de ses idĂ©es, jâaurois fait ces milliers dâexpĂ©riences contenues dans mon livre, jâaurois composĂ© mon livre 8c je lâaurois fait imprimer je laisse Ă M. Ingenhous Ă tirer les consĂ©quences. 4°. Mais M. Ingenhol's oublie la vapeur qui a rĂ©- RĂ©futa t t O n. xcv ĂźnL pendant lâĂ©tĂ© de 1783 , & le passage de ma prĂ©face page xviii oĂč je dis Cette vapeur , ayant interceptĂ© plus ou moins les rayons du soleil , m'a empĂȘchĂ© de faire des expĂ©riences , & m'empĂȘche de donner des rĂ©ponses que jâaurois demandĂ©es Ă la Nature rĂ©lativement Ă quelques explications fur mes MĂ©moires. Si donc je ne croyois pas pouvoir faire avec exactitude des expĂ©riences rĂ©latives Ă quelques Ă©claircissemens qii'on me demandoit, cn aurois-je entrepris de neuves 8c de dĂ©licates 1 auroient-elles rĂ©ussi avec un soleil aussi gasĂ© I auroient-elles mĂ©ritĂ© l'ap- probation de M. Ingenhous ? Aussi je ne comprends pas comment il a cru pouvoir bien faire des expĂ©riences parallĂšles aux miennes pendant le courant dt VĂ©tĂ© de 1783. 5 0 . Enfin, je ne dirai pas Ă M. Ingenhous croyez- en les autoritĂ©s les'plus respectables; croyez M. le Professeur De Saussure qui a vu, dans mon Journal inexpĂ©riences, que jâai recommencĂ© mes expĂ©riences fur les feuilles exposĂ©es au soleil dans les eaux acidu- lĂ©es par les acides minĂ©raux 8c vĂ©gĂ©taux le 17 Juin 1781 ; croyez-en M. De Saussure qui a vu ces expĂ©riences pendant lâĂ©tĂ© de 1782 ; croyez-en M. le Chevalier Landriani qui a vu ces expĂ©riences dans mon cabinet Ă GenĂšve pendant le mois dâAoĂ»t 1782, 8c avec qui jâen ai beaucoup parlĂ© , comme il s'en rappelle fort bien. Je ne lui dirai pas, lisez une lettre que jâĂ©crivois Ă M. le Cheval er Landriani au mois de Novembre 1782 , 8c dont il a heureusement lâoriginal, dans laquelle je lui marquois f ai Ă©bauchĂ© mon quatriĂšme volume , & il ne me reste pas grande chose Ă faire pour le finir; ce qui suppose que mes expĂ©riences fur lâinfluence des eaux acidulĂ©es par tous les acides pour taire produire de lâair pur aux feuilles quâon y expose au soleil Ă©toient faites pendant lâĂ©tĂ© de 1782, puisquâelles forment la plus grande partie de ce quatriĂšme volume. Mais je lui dirai, croyez-en vos yeux ; lisez dans mes MĂ©moires Physico-Chymiques que je donnoĂŹs au mois dâAoĂ»t 1782 Ă M. le Chevalier Landriani pendant son sĂ©jour Ă GenĂšve ; lisez-y que ma dĂ©couverte sur rinfluence des eaux acidulĂ©es pour faire XCVI RĂ©futation. produire de lâair pur aux feuilles quâony expose au soleil Ă©toĂt faite alors, que je la suivois, Lc que je me propo- sois de la publier pendant TannĂ©e 1783 , comme je FaĂŻ fait. Enfin , je rapporterai le rĂ©sultat gĂ©nĂ©ral & trĂšs- important de plusieurs expĂ©riences que j'ai faites derniĂšrement ; câest que , par le moyen de tous les autres acides , je puis faire fournir aux plantes une aussi grande quantitĂ© tsair dĂ©phlogiftiquĂ© que par le moyen de Vair fixe , comme je le prouverai dans le volume qui suivra ceux-ci , en racontant les expĂ©riences curieuses que je fais fur ce sujet. Voyez MĂ©moires Physico-Chymiques, tĂŽme III, p. zyr Ă la fin. II rĂ©sulte donc Ă©videmment de tout ceci que je nâai point attaquĂ© M. Ingenhous ; que jâai eu pour lui tous les procĂ©dĂ©s que iâhonnĂȘtetĂ© 8c la politesse peuvent dicter ; que je me fuis corrigĂ©, fans son secours, de lâerreur oĂč jâĂ©tois tombĂ© dans mes MĂ©moires Phy* sico-Chymiques ; que jâai dit la vĂ©ritĂ© lorsque jâai avancĂ© dans le Journal de Physique que jâavois fait les expĂ©riences dont il sâagit pendant lâĂ©tĂ© de 1782. Je finis pour ce moment lâhonneur qui mâa dictĂ© ma dĂ©fense sur ces articles importans, mâa pressĂ© de la publier. Jâaurois rempli mon but, si je me fuis justifiĂ© sans avoir Ă©tĂ© offensant. . . ' i, 1 EXPĂRIENCES WM Ă**&ĂmĂ8k EXPĂRIENCES Pour servir Ă f hijloire de la gĂ©nĂ©ration des Animaux & des Plantes. INTRODUCTION. Le premier Sc le second MĂ©moires de ce volume remplissent, jusques Ă un certain point, la promesse que jâavois faite dans lâesquisse sur les reproductions animales que je publiois Ă ModĂšne en 1768 , oĂč jâannonçois ma dĂ©couverte de la prĂ©existence du fĆtus Ă la fĂ©condation dans une espĂšce de Grenouille je tĂąche aujourdâhui de dĂ©velopper cette dĂ©couverte de maniĂšre Ă contenter un Lecteur curieux ; ĂC li jâai tardĂ© li long-tems Ă la publier , je ne lâai pas perdu dĂ© vue jâai pu observer , dans ce but, plusieurs autres animaux qui mâont fourni les mĂȘmes rĂ©sultats, & qui mâont fait prĂ©sumer avec plus de fondement, que la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation, dans les femelles, Ă©toit une des loix les plus gĂ©nĂ©rales de la Nature» A r Ex P Ă R r E N C E s 11. est rare, en Physique , que la recherche dâune vĂ©ritĂ© ne mĂšne pas Ă dâautres qui se prĂ©sentent dâelles-mĂȘmes âą, c'est ainsi que ces observations fur la prĂ©existence des fĆtus mâont fait voir comme vivipare une classe dâanimaux que tous les Naturalistes ont crue ovipare. Les fĂ©condations artificielles, que jâai pu rĂ©aliser sur divers animaux , font le sujet de la seconde Partie ; on en voit les premiĂšres traces dans lâesquisse dont jâai parlĂ© avec la liqueur sĂ©minale de divers animaux , jâai fĂ©condĂ© leurs embryons , qui font nĂ©s comme si iâaccouple- ment avoit prĂ©cĂ©dĂ© leur vie. La grande analogie, quâon observe entre les vĂ©gĂ©taux 8 t les animaux, mâa engagĂ© Ă rechercher II les embryons des plantes prĂ©existoient Ă la fĂ©condation dans leurs ovaires, comme je lâai dĂ©montrĂ© dans les animaux , Si je crois savoir prouvĂ© dans ma troisiĂšme Partie ; mais ces recherches mâont fait dĂ©couvrir en mĂȘme tems, que la poussiĂšre fĂ©condante des plantes nâest pas dâune nĂ©cessitĂ© aussi absolue pour la fructification que quelques Botanistes lâimaginent. Les nouvelles analogies, que jâai trouvĂ©es entre les animaux Si les plantes, me mettoient dans le cas dâentreprendre des fĂ©condations artificielles fur les plantes, comme je lâavois fait fur les animaux mais , quoique ces expĂ©riences aient Ă©tĂ© dĂ©jĂ tentĂ©es avec succĂšs , je ne fais pas si elles ont Ă©tĂ© faites avec des vues vraiment philosophiques, Si pour dĂ©couvrir la maniĂšre dont sâopĂšre tous les jours cette admirable opĂ©ration dans les vĂ©gĂ©taux 3 j'avoue cependant que sur la GĂ©nĂ©ration. z des occupations dâun tout autre genre mâont empĂȘchĂ© de les suivre, & j'ai cherchĂ© Ă engager d'autres Naturalistes Ă suivre ce travail en leur insinuant les moyens de le faire rĂ©ussir. Chacun rĂ©pĂšte que la gĂ©nĂ©ration est un mystĂšre , qui paroĂźt destinĂ© plutĂŽt Ă exciter notre admiration quâĂ devenir le sujet de nos recherches ; cette pensĂ©e favorise beaucoup lâinertie des paresseux. Quand lâon considĂšre le mystĂšre de la gĂ©nĂ©ration dans les te ms passĂ©s, il faut convenir quâil Ă©toit .enveloppĂ© des tĂ©nĂšbres les plus Ă©paisses - , mais Haller St Bonnet y ont rĂ©pandu de la lumiĂšre St, quoique je fois bien Ă©loignĂ© de croire les avoir dissipĂ©es, cependant jâaime Ă penser que j'ai diminuĂ© leur Ă©paisseur, & que jây ai fait jaillir quelques rayons. CâeĂl au Lecteur Ă juger si mes espĂ©rances font fondĂ©es , ou plutĂŽt si elles font lâesset condamnable dâun amour-propre qui mâa sĂ©duit. A ĂŻ i f XPĂKIEXCES MĂMOIRE PREMIER. PREMIERE PARTIE. De la gĂ©nĂ©ration de quelques animaux amphibies. CHAPITRE PREMIER. Histoire de la gĂ©nĂ©ration de la Grenouille verte aquatique. I. J a p p e l l e verte la Grenouille dont je vais parler, parce que la partie supĂ©rieure de son corps est teinte de cette couleur, dâune façon plus ou moins marquĂ©e , & parce quâelle habite dans les eaux , mais sur-tout dans celles des marais oĂč croĂźt le riz, St des fossĂ©s ; je la distingue ainsi des Grenouilles qui habitent la terre St de celles quâon trouve fur les arbres, dont je parlerai dans le Chapitre second. sur la GĂ©nĂ©ration. $ II. Le mĂąle a dans la rĂ©gion de la tĂȘte deux vessies membraneuses , qui font trĂšs-enflĂ©es quand il crie, avec une carnositĂ© au pouce des pieds antĂ©rieurs , qui devient trĂšs-sensible dans le tems de leurs amours. On ne les observe pas dans les femelles ; mais elles ont le dos St les flancs couverts de taches noires, quâon nâobserve que difficilement dans les mĂąles. I I I. Il ne faut pas confondre cette Grenouille avec celle que Roesel appelle rana viridis aquatica i âą II suffit de voir les belles figures quâil en donne pour saisir la diffĂ©rence. Cette Grenouille de Roesel est plus grande que toutes les autres la nĂŽtre est plus petite ; elle en est Ă peine le tiers , St encore celle-la nâest pas des plus grandes ; outre cela, elles ont fur lâĂ©pĂŹne du dos trois raies trĂšs-marquĂ©es dâune couleur jaune dorĂ©e , dont on nâapperçoit aucune trace dans la Grenouille que je dĂ©cris z. I V. Les amours de cette Grenouille commencent ordinairement, en Lombardie , au mois dâAvril, St finissent au mois de Mai mais ils font accĂ©lĂ©rĂ©s ou retardĂ©s par la chaleur plus ou moins grande de iâathmosphĂšre ; câest alors que les mĂąles fatiguent flair par leurs cris en- t HiĂLnatur. Ranarum, Novemb. 1758. r Jâai trouvĂ© cette diffĂ©rence encore mieux marquĂ©e en comparant ma Grenouille avec celle ds RoÂŁsel que jâai pu avoir en vie. A 3 6 ExpĂ©riences nuyeux. Si lâon observe les Ćufs avant quâils aient acquis leur maturitĂ©, comme en automne ou Ă la fin du printems, on les trouve tous renfermĂ©s dans lâovaire , qui est divisĂ© en deux lobes , divisĂ©s eux-mĂȘmes en lobes plus petits , enveloppĂ©s d'une membrane particuliĂšre ces Ćufs ne font pas de la mĂȘme grandeur , les uns font trĂšs-petits St Ă peine discernables Ă lâĆil nu d, les autres font sept ou huit fois plus grands, mais tous ont la forme sphĂ©rique ; la couleur des plus petits est dâun gris livide, celle des plus grands est blanche dâun cĂŽtĂ© St noire de l'autre si lâon touche ces deux espĂšces dâĆufs avec la plus grande dĂ©licatesse , ils se brisent St se changent en une liqueur visqueuse St cendrĂ©e. V . Lâovaire de ces Grenouilles St de plusieurs autres paroĂźt semĂ© extĂ©rieurement de points noirĂątres, qui ont fait croire Ă Vallisneri i St Ă dâautres Naturalistes cĂ©lĂšbres , quâils Ă©toient les premiers rudimens du TĂȘtard , qui se dĂ©veloppe dans lâceuf la cause de leur erreur a Ă©tĂ© produite par la prĂ©cipitation de leur jugement ; ils sc sont arrĂȘtĂ©s Ă considĂ©rer ces points fur lâovaire, fans chercher des Ă©clair- cissemens que lâintĂ©rieur pouvoir leur offrir ; mais mes expĂ©riences lĂšvent entiĂšrement lâĂ©qui- voque. i°. Si lâon dĂ©tache la membrane qui enveloppe tous les Ćufs , St qtlâon pourroit > appeler le sac de Vovaire , ces points restent i OpĂ©rĂ© Fisico medicke , T. I. sur l a GĂ©nĂ©ration. 7 adhĂ©rens Ă la membrane. i°. Si lâon examine, avec le plus grand foin tous les Ćufs quand on a ĂŽtĂ© la membrane, aucun dâeux ne fera appercevoir le plus petit point noir. Enfin , en Ă©tudiant cette membrane au microscope , ces points noirs paraissent des taches noires dâune forme irrĂ©guliĂšre, qui peignent cette membrane; outre cela , lâon observe des taches semblables fur le mĂ©sentĂšre 8c le cĆur de ces Grenouilles. V I. Ceux qui observeront au printems lcsiikufs quâils avoient observĂ©s en automne 8c en fl&u les trouveront toujours dans lâovaire, considĂ©rablement grossis je parle ici deC^'pĂźif' grands , §. IV ; ils les verront mĂȘme parvenus* Ă lâĂ©tat de maturitĂ© dans le tems de lâaccĂŽw- plement. Ces Grenouilles sâaccouplent comme celles qui ont Ă©tĂ© observĂ©es par Swammerdam 8c Roesel 1 le mĂąle monte fur le dos de la femelle , passe ses jambes antĂ©rieures fous les aisselles de celle-ci, il les dirige fous fa poitrine , de maniĂšre quâil en croise les doigts, 8c quâil la tient Ă©troitement liĂ©e Ă lui jusques Ă ce quâelle se soit dĂ©barrassĂ©e de tous ses Ćufs. La durĂ©e de lâaccouplement a un rapport direct avec la chaleur de lâarhmosphĂšre si elle est forte, lâaccouplement finit au bout de quatre ou cinq jours ; mais fi lâair est froid , il dure pendant huit ou neuf jours , 8>C mĂȘme pendant dix. Jâimaginai de mettre dans de grands vases pleins dâeau les Grenouilles que je trouvois fur 1 BiblĂŹa natures , fĂiijr . Ranar. % ExpĂ©riences le point de sâaccoupler, 8t de les garder jusques Ă ce-quelles eussent fait leurs Ćufs mais, quoique Vallisneri ait assurĂ© aprĂšs une feule expĂ©rience que les Grenouilles accouplĂ©es nâac- couchoient point lorfquâelles Ă©toient enfermĂ©es, jâai vu plusieurs fois le contraire ; Swammer- dam St Roesel lâont vu de mĂȘme avec moi. v i r. Mais Vallisneri observe fort bien, que les Grenouilles femelles ne pondent pas leurs Ćufs Ăi elles font toujours Ă©loignĂ©es des mĂąles. Jâai dit toujours, parce que jâai trouvĂ© que ĂĂŹ on les sĂ©pare quand les Ćufs font tombĂ©s dans lâutĂ©rus, ils en sortent quoique les femelles qui accouchent soient forcĂ©es Ă rester solitaires ; mais ces Ćufs font stĂ©riles. VIII. Si lâon veut connoĂźtre la situation des Ćufs pendant lâaccouplement , on les trouvera tous pendant les premiers jours dans lâovaire durant les jours fuivans, ils seront en partie dans lâovaire St dans les canaux des Ćufs ; St vers le dernier jour, ils seront tous dans lâutĂ©rus, Ă lâexception des plus petits,qui feront tous attachĂ©s Ă lâovai- re ceux quâon trouve dans les canaux des Ćufs St dans lâutĂ©rus font tous enveloppĂ©s dans une espĂšce de glaire visqueuse 8t tran fparente, quâon appelle mal-Ă -propos la semence des Grenouilles. I X. Quelques nombreuses que soient les expĂ©riences que jâai faites pour voir si les Ćufs tirĂ©s de lâovaire, des canaux des Ćufs 8t de lâutĂ©rus pendant lâaccouplement Ă©toient fĂ©conds, SUK LA G ĂX ĂRA T I OKI y jâavouerai franchement quâaucune nâa rĂ©uĂßÏ mais, comme ce fait est trĂšs-important, je nâavois rien nĂ©glige pour le connoĂźtre } 8Ă je vois dans mes journaux, que, quoique jâaie ouvert cent cinquante-fix Grenouilles femelles accouplĂ©es , & quoique jâaie placĂ© les Ćufs dans lâeau auslĂŹ-tĂŽt que je les avois tirĂ© du sein de leur mĂšre, cependant tous ces Ćufs ont Ă©tĂ© stĂ©riles , 8c fe putrĂ©sioient dâabord ; tandis que ceux qui Ă©toient sortis dâeux-mcmes hors de lâutĂ©rus, par lâanus de la femelle, pendant quâclle Ă©toit accouplĂ©e, ne tardoient pas Ă sc dĂ©velopper & Ă donner naissance aux TĂȘtards fĂ©condĂ©s. Jâai fait plus ; comme il faut plus dâune heure pour la sortie entiĂšre des Ćufs, je prenois le reste des Ćufs qui Ă©toient dans lâutĂ©rus de la Grenouille , quelques momens avant la fin de lâaccouchement ; je les mettois dans la mĂȘme eau oĂč sc trouvoient ceux qui avoient Ă©tĂ© produits par un accouchement naturel mais, tandis que ceux-ci donnoient bientĂŽt naissance aux TĂȘtards, les autres sc putrĂ©sioient. II rĂ©sul- toit de ces expĂ©riences cette vĂ©ritĂ© incontestable ; câest que les Ćufs sc fĂ©condoient hors du corps de la Grenouille, 8t non au-dedans dâelle. LinnĂ© s'est donc bien trompĂ© quand il a prononcĂ© dĂ©cisivement Nullam in rerum natura , in ullo vivente corpore jieri fĆcunda- tionern vel ovi impregnationem extra corpus matris. Artedi Ichtyologie, Pars II, p. 3 z. X. Le sentiment dc FrĂ©dĂ©ric Menzius, Professeur de LeipĂlc , nâest pas moins solidement ĂŹo ExpĂ©riences anĂ©anti ; il avait imaginĂ© que, pendant lâaccou- plement, la liqueur sĂ©minale sortait de la proĂ©minence charnue quâon observe au pouce du mĂąle , §. II , quâelle entroit alors dans la poitrine , & arrivait par mille chemins inconnus dans lâovaire , pour en fĂ©conder les Ćufs i. X I. Mais iĂŻ la fĂ©condation se fait hors du corps de notre Grenouille , comment sâopĂ©rera-t-elle? Peut-ĂȘtre dirons-nous que le mĂąle arrĂȘte les Ćufs avec fa liqueur sĂ©minale, Ă mesure quâils sortent de lanusde la femelle 2 E X P Ă R I E N C E S C II APITRE II. GĂ©nĂ©ration de la Grenouille des arbres. X X. Je ne mâĂ©tendrai pcrtnt dans'ce Chapitre 8c le suivant, pour Ă©viter la rĂ©pĂ©tition de ce que Roesel a dĂ©ja dit en traitant ce sujet; je me contenterai dây ajouter quelques observations Ă©chappĂ©es Ă ce Naturaliste , ÂŁ>C dâĂ©claircir quelques Ă©quivoques ou erreurs qui se sont glissĂ©s dans son histoire de ces deux Grenouilles. Cette Grenouille est trĂšs-petite , son dos est peint dâune trĂšs-belle couleur verte ; elle gravit le tronc des arbres par le moyen dâun suc visqueux, qui sort de la partie infĂ©rieure de ses pieds , 8t qui la fixe aux corps quâils touchent ; elle Ă©tablit fa demeure fur les arbres pendant lâĂ©tĂ© ; dans le printems, elle descend dans les eaux croupissantes des fossĂ©s, des marais câest-lĂ quâclle multiplie son espĂšce. XXI. Quoique le mĂąle, dans le tems de l'accouplement , se cramponne fortement sur sa femelle avec ses bras , ce nâest point en les passant de maniĂšre quâils arrivent fous .la poitrine , comme on f observe dans lâaccouple- ment de la Grenouille verte aquatique, §. VI; mais il les pousse Sc les cache fous les aisselles s v r la GĂ©nĂ©ration. rl de sa femelle , 8c elle nâest point exposĂ©e aux funestes accidens quâĂ©prouvent les Grenouilles vertes dans l'accouplement , qui pĂ©rissent souvent avant dâavoir achevĂ© leur accouchement , portant sur leur poitrine les contusions Sc mcme les fractures occa/ionnĂ©es par la violente compression des mĂąles. XXII. Lâaccouplement de ces Grenouilles dure quelquefois , suivant Roesel , pendant trois jours , quelquefois il finit au bout dâune journĂ©e je ne les ai vu durer que quelques heures ; mais cela peut ĂȘtre produit par la chaleur du climat , qui rend lâaccouchement plus promt. XXIII. Roesel rapporte que durant l'accouplement , la femelle unie au mĂąle se plonge souvent dans lâeau ; Sc quâelie y reste mĂȘme enfoncĂ©e pendant un tems assez long ; quâalors le mĂąle approche plulieurs fois lâextrĂȘmitĂ© de son corps de celui de la femelle ; Sc que le mouvement se rĂ©pĂšte avec plus de vivacitĂ© , lorsque les Ćufs sortent. Jâavoue que , malgrĂ© la plus grande attention , je nâai jamais pu remarquer la partie qui caractĂ©rise le mĂąle, ni aucune liqueur qui s Ă©chappĂ© pour fĂ©conder les Ćufs. XXIV. Quoique je nâaie jamais pu voir aucune protubĂ©rance , ou papille , qui reprĂ©sentĂąt le pĂ©nis ; cependant, en laissant ces Grenouilles accouplĂ©es hors de lâeau, §. XII, jâai pu Ă©clair- B Z ExpĂ©riences cir mieux que Roesel ce point de la gĂ©nĂ©ration. Voici ce que jâai vu. Une demi-heure avant que la femelle pondĂźt ses Ćufs , le mĂąle sâĂ©chaustoit, allongeant autant quâil pou- voit la partie postĂ©rieure du corps, de maniĂšre que son anus Ă©toit en contact avec celui de la femelle ; Sc , aprĂšs lâen avoir Ă©loignĂ© , il le rapprochoit dâabord ce mouvement Ă©toit plus frĂ©quent quand les Ćufs sortoient du corps de la mĂšre , 8c il duroit pendant tout le tems de cet accouchement. X X V. Je nâaijamais pu appercevoir, alors, aucune trace de liqueur sĂ©minale ; mais en soulevant un peu la partie postĂ©rieure du mĂąle, jâcn vis sortir une liqueur transparente , qui Ă©toit la liqueur sĂ©minale de lâanimal ; car , comme je me servis des petits caleçons , qui dĂ©voient empĂȘcher le mĂąle de rĂ©pandre fa liqueur fur les Ćufs , §. XIII, les Ćufs ne se dĂ©veloppĂšrent pas , Sc les caleçons furent baignĂ©s de la liqueur sĂ©minale , comme cela arriva pour la Grenouille verte , §. XIII. XXVI. On a vu que les Ćufs prĂ©tendus de cette Grenouille ne font jamais fĂ©condĂ©s que lorsquâils sortent du sein de leur mĂšre. Cela arrive-t-il de mĂȘme pour les Grenouilles des arbres ? Jâai trouvĂ© une diffĂ©rence ; les Ćufs de lâutĂ©rus, les plus voisins de lâanus , font quelquefois fĂ©condĂ©s , quoiquâils ne soient pas encore hors du corps de la femelle ce phĂ©nomĂšne singulier mĂ©rite une attention particuliĂšre Roesel s v r la GĂ©nĂ©ration. r z observe, avec justesse, que les Ćufs de notre Grenouille descendent dans lâutĂ©rus avant lâac- couplement ; inais Ăi lâon tire alors les Ćufs hors du corps de la Grenouille, Sc quâon les place dans lâeau pour les faire Ă©clore , il nâen Ă©clot aucun. II arrive la mĂȘme chose aprĂšs lâaccouplement, li la Grenouille nâa pas commencĂ© dâaccoucher ; mais, au contraire , dĂšs que les Ćufs commencent Ă sortir par Jâanus ; Ăi l'on ouvre la Grenouille qui accouche , Sc quâon mette ses Ćufs dans lâeau , avec la prĂ©caution de sĂ©parer , dans un vase particulier, les Ćufs les plus prĂšs de lâanus , on verra Ă©clore quelques-uns de ces Ćufs , tandis que tous les autres pĂ©riront ce qui annonce clairement que la liqueur sĂ©minale sâinlinue un peu dans les parties intĂ©rieures de lâanus, ou quâelle y est injectĂ©e par le mĂąle ; ou , comme il me paroĂźt plus probable , parce que les Ćufs fĂ©condĂ©s extĂ©rieurement, Sc qui font les plus prĂšs de lâanus, rentrent dans le corps de la Grenouille, quand lâObservateur la prend pour lâouvrir , Sc quand elle cesse dâen faire sortir dâautres hors de lâutĂ©rus. XXVII. Comme cette Grenouille est trĂšs-petite , ses Ćufs font aussi trĂšs-petits , un des hĂ©misphĂšres est peint en jaune , lâautre en noir; ĂŽt quand on les tire des canaux des Ćufs ou de lâutĂ©rus, ils font encroĂ»tĂ©s de cette glu visqueuse , qui a Ă©chappĂ©, je ne sais pourquoi, Ă lâceil de Roesel , puisquâil assure quâon ne B 4 14 ExpĂ©riences lâobserve que dans les Ćufs qui ont Ă©tĂ© pendant douze heures plongĂ©s dans lâeau. XXVIII. Chaque Ćuf est donc enveloppĂ© dans une petite sphĂšre mucilagineuse , comme on la volt dans les numĂ©ros i , z , 3 , figure V , planche 1. Les petites sphĂšres, comme les Ćufs quâelles renferment, subissent dans lâeau ces changemens ; la petite sphĂšre croĂźt en vo- âą lume , de mĂȘme que lâĆuf, St ils sâalongenc en mĂȘme tems pendant que lâĆuf sâalonge il heurte une membrane circulaire, placĂ©e au- dedans de la sphĂšre glutineuse ; il lâoblige Ă se fendre en deux par un cĂŽtĂ© , &C Ă mesure que lâĆuf sâalonge la fente sâaccroĂźtj enfin, la membrane reste sĂ©parĂ©e, $Ă se prĂ©sente comme deux segmens de sphĂšres, ou deux calottes. Alors on commence Ă appercevoir une seconde membrane circulaire , beaucoup plus subtile, ĂC qui est moins propre Ă frapper la vue ; si lâon rompt cette membrane , on la trouve pleine de liqueur elle est le vĂ©ritable amnios du TĂȘtard , comme on le voit ensuite plus clairement. Pendant que les deux calottes, en se sĂ©parant entrâelles, ou restant seulement unies dans un petit nombre de points, sontaustĂŹ sĂ©parĂ©es de lâamnios, elles ne sâĂ©tcndent plus; mais la membrane de lâamnios devient, non-feu- lement plus Ă©paisse & plus sensible, elle sâĂ©tend encore assez pour devenir plusieurs fois plus grande ; lâĆuf reçoit aussi cet accroissement, & il le fait Ă©prouver graduellement Ă la mem- Sun la GĂ©xĂ©ratiok! 1 $ brane quâil Ă©tire , suivant les grosseurs quâil prend lui-mĂȘme. XXIX. Quand lc TĂȘtard sâest alongĂ©, une de ses extrĂ©mitĂ©s grossit , $C lâautre devient plus mince ; il arrive alors que pendant l'observation suivie des changemens de cet Ćuf, lâObservateur voit lâĆuf lui-mĂȘme commencer Ă se mouvoir , tournant lentement sur lui-mĂȘme comme un dĂ©vidoir ; & peu-Ă -peu se contournant au point de faire toucher ses deux extrĂ©mitĂ©s , les Ă©loignant ensuite lâune de lâautre pour revenir Ă sa premiĂšre position. Cette nouveautĂ© en prĂ©cĂšde une autre ; bientĂŽt on voit paroĂźtre sur la pointe de lâextrĂȘmitĂ© , qui sâest grossie , deux proĂ©minences , qui rappellent Ă lâesprit les deux petits boutons dont se sert le TĂȘtard pour sâa- marrer aux corps, §. XV; plus haut s'Ă©lĂšvent deux petites tumeurs qui annoncent les yeux ; 8c deux jours aprĂšs, ces deux soupçons font changĂ©s en rĂ©alitĂ© on comprend que je fus de nouveau obligĂ© de substituer Ă lâidĂ©e fausse dâun Ćuf, lâidĂ©e plus vraie dâun TĂȘtard. Si le Lecteur jette les yeux fur le numĂ©ro 4 de la figure V, il verra une petite sphĂšre mucilagi- neuse , la membrane quâclle renferme , bc au milieu , le TĂȘtard qui se dĂ©veloppe les numĂ©ros 1 , 2 , 3 de la figure VI, reprĂ©sentent la membrane qui se partage peu-Ă -peu en deux segmens ; le numĂ©ro 4 montre les deux segments entiĂšrement ouverts , laissant en libertĂ© le TĂȘtard courbĂ© en arc dans le numĂ©ro 6 on apperçoit lâamnios plein de liqueur dans le ExpĂ©riences cercle pointillĂ© S , St l'on y voir nager le TĂ©-2 tard. Les deux calottes font encore plus ouvertes dans la figure VII ; les deux arnnios font trĂšs-vifibles, 8t lâun dâeux fe trouve dĂ©jĂ sĂ©parĂ© des calottes. XXX. Ces TĂȘtards prĂ©existent-ils Ă la fĂ©condation, comme ceux de la Grenouille aquatique, §. XIX ? Pour rĂ©soudre cette question, il falloit entreprendre une rigoureuse comparaison j les ceufs prĂ©tendus fĂ©condĂ©s par le mĂąle, St ceux qui certainement ne lâavoient pas Ă©tĂ© , St qui croient descendus dans l'utĂ©rtir avant lâac- couplement, §. XXVI ; jâai suivi cette comparaison avec la circonspection la plus scrupuleuse, §. XVIII j St je puis assurer avoir trouvĂ© la plus exacte ressemblance entre ces deux espĂšces dâĆufs ce qui me force encore Ă re- connoĂźtre que, dans cette espĂšce de Grenouille, les foetus prĂ©existent dans la femelle avant la fĂ©condation. XXXI. Ces fĆtus de Grenouilles continuent Ă ĂĂš dĂ©velopper pendant leur prison dans lâamnios, oĂč ils restent plus long-tems que les TĂȘtards de la Grenouille aquatique verte ; ils nâen sortent , pour lâordinaire , quâau bout de six ou sept jours ; St lâon commence alors Ă dĂ©couvrir les Ă©lĂ©mens des nageoires ; dâabord ils nagent lentement fur lâeau , mais ils acquiĂšrent de la vitesse avec des forces. La figure VIII reprĂ©sente ces TĂȘtards sortis de lâamnios, St grossis svr la GĂ©xĂ©ratiox. ry par le microscope ; on apperçoit leurs nageoires au-dessous de la tĂȘte A A. XXXII. Si je compare mes observations avec celles de Roesel , je les trouve disscrentes. Voici le sommaire de ses rĂ©sultats fur la gĂ©nĂ©ration de la Grenouille des arbres. XXXIII. Dâabord les Ćufs fĂ©condĂ©s croissent en volume ; puis on commence Ă dĂ©couvrir les TĂȘtards , qui semblent nâavoir alors quâun ventre, quoiquâon distingue nettement leurs tĂȘtes Sc leurs queues. Chaque TĂȘtard nage dans un blanc dâĆuf , qui est cette petite sphĂšre muci- lagineuse qui enveloppe le TĂȘtard, §. XXVIII ; son ventre est sur-tout formĂ© par le jaune , que cet Auteur appelle Yccuf dc Grenouille. II place Ă la queue deux vĂ©sicules, qui ne font que les deux calottes dont j'ai parlĂ©, §. XXVIII ; & ces vĂ©sicules se sĂ©parent ensuite, en se pia- çant lâune Ă la tĂȘte, Iâautre Ă la queue. Roesel conjecture que le TĂȘtard, mis alors en mouvement , prend fa nourriture par le moyen de la vĂ©sicule de la tĂȘte ; mais il avoue quâil ignore lâusage de la vĂ©sicule de la queue. XXXIV. Quoiquâil soit vrai que le TĂȘtard , dans ses premiers accroissemens , ait un ventre assez gros ; il est cependant faux , ou du moins câest trĂšs-improprement quâon dit, que le ventre du 1 Ă©turd est en trĂšs-grande partie formĂ© par le jaune , ' puisque le jaune supposĂ© nâest que le TĂȘtard lui-mĂȘme, §. XXIX tout com- r 8 ExpĂ©riences me il seroit impropre de dire que le ventre dâua animal fut formĂ© par ranimai lui-mĂȘme. XXXV. La description donnĂ©e par le Naturaliste Allemand de lâapparition des deux vĂ©sicules, annonce , s'il mâest permis de le dire , bien peu dâattention dans lâObfervateur ; ou plutĂŽt elle seroit croire que lâObservateur nâa pas suivi ce fait, Sc quâil lâa peint par sauts ; car , avec un peu de foin Sc de constance, on ap- perçoit bientĂŽt une petite sphĂšre que les chocs du TĂȘtard sĂ©parent en deux calottes; ou, comme dit lâAuteur, en deux vĂ©sicules, qui ne parodient point Tune aprĂšs lâautre, mais qui existent ensemble , §. XXVIII. XXXVI. Si Roesel avoit pris ces vĂ©sicules avec de petites pinces, il auroit bientĂŽt vu quâelles ne servoient pas Ă la nourriture du TĂȘtard ; mais qu'on peut les enlever, fans lui nuste, au moment oĂč elles parodient, câest-Ă -dire , au moment oĂč elles se sĂ©parent en deux. XXXVII. Mais lâamnios est une partie tellement essentielle Ă cet animal, quâon ne peut lâen priver dans ces premiers tems fans lui ĂŽter la vie , §. XXVIII, XXXI comme Roesel nâen parle pas , il est bien sĂ»r quâil ne lâa pas connu ; car, quoique lâon trouve cette membrane dans toutes les espĂšces de Grenouilles Ăc de Crapauds qui naissent, il nâen dit pas le plus petit mot dans leur histoire , quoique Swammerdam lâeĂ»t observĂ©e , & que lâObservateur de Nu- SUR LA GĂX ĂRAT1 OS. lCf iremherg se flatte de marcher sur les traces du fameux Observateur hollandais. XXXVIII. Roesel avoit bien remarquĂ© une qualitĂ© accidentelle des TĂȘtards qui pĂ©rissent dans lâam- nios, oĂč comme il dit des Ćufs infĂ©conds ; câest de perdre leur forme, 6c dâen prendre une quelquefois alongĂ©e, quelquefois en forme de poire , quelquefois oblongue,, quelquefois Ă©troite dans le milieu , 6c de semblables on voit quatre de ces TĂȘtards qui ont pĂ©ri, peints dans la figure V, aux lettres A B C D. XXXIX. Les TĂȘtards de cette espĂšce de Grenouille ne naissent que lorsquâon en prend un grand soin il faut les tenir, non-seulement dans lâeau pure , mais encore dans celle oĂč ils ont Ă©tĂ© pris 6c accouchĂ©s, ce font les eaux des fossĂ©s, des petits marais, §. XX ; cette prĂ©caution n'a pas Ă©tĂ© absolument nĂ©cessaire pour la naissance des autres Grenouilles 6Ă des autres Crapauds ; lâeau de puits mâa toujours paru leur suffire. 3 ° ExpĂ©riences CHAPITRE III. GĂ©nĂ©ration du Crapaud , appelĂ© par Roesel Bufo terrejlris dorso tuberculis exasperato oculis rubris. X L. C^vJoicjue Roesel , cn parlant de cet horri- ble animal, nâen dĂ©Ăigne quâune espĂšce , je suis fort portĂ© Ă croire quâi! y en a deux dans nos pays, au moins si on les juge par leur figure extĂ©rieure. Ils diffĂšrent, non-sculement par la couleur ; car il y a des Crapauds dont le dos ĂŽĂ les cĂŽtĂ©s font peints dâune couleur cendrĂ©e avec des tubercules peu colorĂ©s , tandis que dâautres font dâun verd clair, avec des tubercules qui roussissent dans lâobscuritĂ© malgrĂ© leur diversitĂ© spĂ©cifique , je parlerai de ces animaux dans ce Chapitre comme sâiis ne faisoient quâune espĂšce, parce que je nâai pas observĂ© la moindre diffĂ©rence dans leur gĂ©nĂ©ration. X L I. Ce Crapaud est de toutes les Grenouilles & Crapauds que je comtois, celui qui ressent le premier les influences de lâamour on en trouve qui font accouplĂ©s dans les premiers jours de Mars, & quelquefois dans les derniers de FĂ©vrier , quand les neiges LC en volume , sâessi- lant dans une extrĂ©mitĂ© qui forme la queue du TĂȘtard , s'arrondissant dans lâautre qui se montre comme une tĂȘte ;>ar les yeux, la bouche Sc les nageoires , qui y poussent; enfin , ces petits corps sâaniment, sortent de lâamnios ĂC nagent dans les eaux en un mot, ils font voir tout ce que j'ai dit des fĆtus des Gre- 0 nouilles SĂ des Crapauds , qui avoient aussi comme eux la forme d'Ćufs on observe toutes ces phales dans nos petits Crapauds durant lâespacc au moins de trois jours, Ă cause de la chaleur de la saison ; dans les autres Crapauds ĂC Grenouilles il finit un tems plus long, parce quâils naissent dans une saison plus froide. L X X I I. Jâanalysai ces corpuscules animĂ©s pendant leurs phases, avec la plus vigilante attention , soit Ă lâintĂ©rieur, soit Ă lâexrĂ©rieur, ĂC je les confrontai avec lâintĂ©rieur Sc lâextĂ©rieur de ceux qui demeurent dans lâutĂ©rus ou dans les canaux des Ćufs ; li lâon excepte la diffĂ©rente grandeur quâils avoient pour leur grosseur, je ne savois pas apper- cevoir la plus petite diffĂ©rence ; la ressemblance des uns Sc des autres me faifoit tirer la mĂȘme conclusion que les prĂ©cĂ©dentes ; câest que , comme ces petits corps, hors du corps de la mĂšre , font de vrais TĂȘtards , ceux quâil renferme en sont aussi ; SC la posture de ces animaux est alors telle , quâils forment un angle avec leurs corps, dont lâouverture est produite par lâunion des deux tĂȘtes. La position est quelquefois diffĂ©rente quelques mĂąles, au lieu de placer leurs tĂȘtes fur celles des femelles, ne D 4 55 ExfĂ©r i b x c e s font quâunir museau Ă museau , de maniĂšre que les deux corps du mĂąle & de la femelle font trĂšs-voiĂĂŹns ; en forte que sangle formĂ© par les deux tĂȘtes Sc par les deux museaux est trĂšs-aigu alors le mĂąle hĂ©risse cette saillie dentĂ©e St membraneuse q u'il a sur le dos , §. LXXVII ; il la remue avec force , la tord Ă droite Sc Ă gauche comme un cheval ardent agite fa criniĂšre ; il remue fortement fa queue , la plie tortueusement sur elle-mĂȘme , Sc dans ses mouvemens bat avec douceur les lianes de la femelle qui est immobile. Quelquefoisie mĂąle, pour conserver cette position St donner des coups de queue Ă la femelle, sâamarre avec les doigts des pieds antĂ©rieurs Ă lâherbe des fossĂ©s St Ă tout ce qui peut lui servir dâappni, il reste ainsi avec sa compagne engouffrĂ© sous lâeau. Pendant quâil remue la queue avec lĂ©gĂ©retĂ©, il sâĂ©chappe par lâouverture de lâanus , qui est plus dilatĂ© quâĂ lâordinaire , un jet abondant de liqueur sĂ©minale qui se mĂȘle avec seau , 8c qui arrive avec elle jusques Ă lâanus de la femelle, qui paroĂźt aussi alors plus gonflĂ© 8c plus ouvert. Dans cette importante opĂ©ration , l'anus du mĂąle ne touche pas celui de la femelle ; au contraire, il en est toujours plus ou moins Ă©loignĂ© , 8c lâon nâap- perçoit rien qui caractĂ©rise son sexe. AprĂšs avoir lancĂ© ce jet de liqueur, le mĂąle se repose quelques minutes ; quelquefois il sâĂ©loigne de la femelle pour revenir Ă elle 8c renouvelles ses tortillemens de queue avec les jets de semence ; jâai vu ces alternatives durer plus dune heure pendant ces momens, on peut les prendre , les SUR T, A G Ă N Ă RA T I ON. 57 mettre sur la main sans quâils sâen apperçoivent. Pendant que le mĂąle sâagite ainsi dans les doigts , il laisse Ă©chapper quelques petites gouttes de liqueur sĂ©minale , dont la couleur est trĂšs-blan- che Sc qui ressemble Ă un lait trĂšs-Ă©pais. L X X X I. Ces faits curieux que jâai observĂ©s le premier , ciâabord dans les lieux habitĂ©s par les Salamandres, dans les Ă©tangs & les viviers, 8c que jâai vĂ©rifiĂ© ensuite dans de petits vaisseaux pleins d eau semblables Ă ceux oĂč je suivois la gĂ©nĂ©ration des Grenouilles , les deux espĂšces de Salamandres dĂ©crites dans le §. LXXVII mâont fourni les mĂȘmes phĂ©nomĂšnes ; de forte quâil est certain quâil y a dans ces deux cas une fĂ©condation produite fans aucun accouplement; Sc je puis assurer que, quoique j'aie observĂ© des milliers de Salamandres pendant leurs amours, pour les diffĂ©rentes expĂ©riences dont elles me fournissoient les sujets, je nâen ai point vu qui fussent accouplĂ©es. Mais, comme quand il sâagit dâexceptions Ă des loix quiâon a cru gĂ©nĂ©rales, il faut apporter le plus grand scrupule pour Ă©viter lâerreur, jâai voulu me dĂ©livrer dâun soupçon jâai Ă©tĂ© plusieurs fois tĂ©moin de lâaccouplement des petits LĂ©zards dans les mois dâAvril 8c de Mai , qui ne dure quâun moment. Dans les jours les plus sereins, Sc dans les lieux les mieux exposĂ©s au soleil, le mĂąle poursuit la femelle ; Lc, aprĂšs savoir atteinte , il s'accouple avec elle mais cette union est instantanĂ©e,. Sc leur sĂ©paration est extrĂȘmement promte. Nos Salamandres, quâon 5S ExpĂ©riences appelle des LĂ©zards d'eau , parcs quâils leur ressemblent beaucoup,ne sâaccoupleroient-elles point instantanĂ©ment? Je nâai rien nĂ©gligĂ© pour Ă©claircir ce fait, St je me fuis assurĂ© quâil nây avoit point dâaccouplement jâai mĂȘme vu constamment que les parties fexuelles-tlu mĂąle Ă©toient toujours Ă©loignĂ©es de celles de la femelle par une distance de quelques lignes ; dâoĂč il rĂ©sulte que la fĂ©condation nâest point produite par un accouplement, mais par la liqueur sĂ©minale du mĂąle lancĂ©e dans seau, qui arrive par ce moyen Ă lâanus, St de-lĂ dans le corps de la femelle. L X X X I 1 . Je fis ces observations en 1766 St 1767 , & je les annonçai dans mon Prodrome fur les reproductions animales , publiĂ© en 1768. Je dĂŹĂois Les Naturalistes ignorent si les Sala- » mandrcs sâaccouplent comme la plupart des » animaux , ou comme les Grenouilles St les n Crapauds. Cette recherche , qui intĂ©resse lĂŹ » fort la gĂ©nĂ©ration , mâa occasionnĂ© bien des » travaux que je raconterai dans mon livre». JâĂ©tois persuadĂ© que mes observations Ă©toient neuves ; St jâaurois toujours cette persuasion , si je nâavois pas lu dans le Dictionnaire dâHistoire naturelle de Bomare, Ă lâarticle Salamandre aquatique , dans sĂ©dition de 1775 , câest-Ă -dire sept ans aprĂšs la publication de mon Prodrome, que M. De Mours sâĂ©coit occupĂ© du mĂȘme sujet, sans savoir si ses observations font antĂ©^- rieures ou postĂ©rieures aux miennes, parce quâon laisse ignorer si ces expĂ©riences font dans SV R LA G Ă N Ă RA T I 0 X. 59 n livre Ă part ou communiquĂ©es au Compilateur du Dicti mnaire. Mais jâavoue que , quoiqu'o u voie avec peine dâautres personnes suivre les mĂȘmes recherches que celles dont on sâoe- cupe, cependant jâai eu un trĂČs-grand plailir de trouver dans les observations du Naturaliste fran- çois la confirmation des miennes. Le sommaire de ses observations se rĂ©duit Ă ceci AprĂšs diffĂ©rens jeux du mĂąle avec la femelle, tendant Ă lui barrer le chemin , Ă se courber dans lâeau, Ă se soulever avec la creste ou la saillie du dos Ă©levĂ©e, il ouvre lâanus, comprime avec force ses testicules , bat fa compagne avec la queue , 8Ă , aprĂšs avoir comprimĂ© plus fortement ses testicules , il lance la liqueur sĂ©minale sans ĂȘtre en contact avec la femelle la liqueur se rĂ©pand sur ses cĂŽtĂ©s aprĂšs avoir blanchi lĂ©gĂšrement l'eau. Le mĂąle tombe alors comme Ă©tant assoupi ; mais , bientĂŽt aprĂšs Ă©veillĂ© , il recommence ses jeux accompagnĂ©s de rĂ©mission de la semence & de la sĂ©paration du couple. Ces observations confirment les miennes, en montrant qtiâil n-ây a point de vĂ©ritable accouplement dans les Salamandres quelles que soient les diffĂ©rences quâil peut y avoir entre les autres observations de M. De Mours 8c celles que jâai racontĂ©es §. LXXX. La rĂ©pĂ©tition de rĂ©mission de la semence peut dĂ©pendre beaucoup de la diversitĂ© du tempĂ©rament, de lâĂąge Ăc de la vigueur de ces animaux. L X X X I I I. Jâai supposĂ© dans le paragraphe LXXXI , que la fĂ©condation sâopĂ©roit par ces jets de âŹo ExpĂ©riences semence que le mĂąle rĂ©pand prĂšs de la femelle i je veux en donner la preuve ; mais on la comprendra mieux quand jâaurai dit quelque chose sur les ovaires, les canaux des Ćufs ĂŽt les Ćuf* de ces animaux. Quand on a ouvert lâabdomen dâune Salamandre femelle , on voie, dans chaque saison de TannĂ©e , deux ovaires qui renferment une multitude de petits Ćufs, dâune couleur blanche- jaunĂ»trc plus petits que le millet fans coque ; ils ne flottent pas dans la cavitĂ© des ovaires, mais ils adhĂšrent Ă leurs parois les Ćufs, Ă Tapproche du printems, grossissent insensiblement j L>C quand ils sont parvenus Ă leur maturitĂ©, ce qui arrive dans la saison de leurs amours , ils descendent dans les canaux des Ćufs, oĂč deux petits tuyaux blancs, qui sâĂ©tendent depuis les bras jufquâĂ la racine de la queue ; TĂ©pine du dos les sĂ©pare. Ils sont tous les deux formĂ©s par une foule de petits plis, qui les rendent quatre fois plus longs que la Salamandre, lorsquâon les Ă©tend en ligne droite. L X X X I V. Pendant le tems des amours des Salamandres , les canaux des Ćufs sont plus ou moins remplis dâĆufs , placĂ©s Ă la file , 8c sur tout vens cette partie du tube qui sâim- plante prĂšs de Tanus ; alors , si Ton presse lĂ©gĂšrement avec le doigt le ventre des femelles , ou seulement par leurs simples contorsions dans les mains, les Ćufs RĂ©chappent par Tanus , Ă -peu-prĂšs comme, jâai dit que sâcchappe la liqueur sĂ©minale du mĂąle dans les mĂȘmes cir- stĂ R LA GeUERATIOX. 6t constances, §. LXXX. Les Ćufs, en sortant de lâovaire 8c en entrant dans les canaux des Ćufs , deviennent toujours plus grands , ĂC se couvrent dune glu Ă©paisse, comme cela arrive dans les Grenouilles 8c les Crapauds ; mais la glu de ces deux espĂšces dâanimaux est plus abondante 8c plus visqueuse, lorsque le mĂąle a lancĂ© la liqueur sĂ©minale , 6c lors- quâil a pĂ©nĂ©trĂ© lâanus de la femelle ; Ă cause de son voiĂĂŹnage , la portion dâĆufs la plus prĂȘte Ă ĂȘtre pondue, est fĂ©condĂ©e, 8c le reste des Ćufs, placĂ©s dans les canaux des Ćufs , est absolument infĂ©cond. Je lâai dĂ©montrĂ© de cette maniĂšre. Quand les mĂąles commençoient Ă poursuivre les femelles , je tenois celles-ci isolĂ©es dans des vases dâeau, elles pondoient les Ćufs, mais ils Ă©toient stĂ©riles; je les laissai avec les mĂąles, qui lançoient plusieurs fois leur liqueur sĂ©minale ensuite jâisolai ces femelles ; 8c je voyois alors que les premiers Ćufs pondus, au nombre de cinq ou lĂźx , donnoient des petits au bout de quelque tems ; mais cela nâarrivoit pas aux autres Ćufs pondus ensuite. AprĂšs ces jeux amoureux , jâouvris une femelle , jâen tirai les Ćufs hors de leurs canaux; je les mettois dans lâeau, en plaçant dans un lieu particulier ceux que jâavois trouvĂ© prĂšs de lâanus ; les premiers donnoient naissance Ă des petits, tous les autres Ă©toient stĂ©riles. Quoique ces preuves fussent tranchantes, je leur en ajouterai une autre. LâespĂšce de Salamandre qui a la petite rais 6% ExpĂ©riences dorĂ©e sur le dos , §. LXXVII, au lieu de pondre ses Ćufs dĂ©tachĂ©s comme lâautre , les pond par cordons , longs quelquefois de deux pouces, 8c contenant une dixaine dâĆufs; aprĂšs que le mĂąle avoit frayĂ© avec une semelle , jâouvrois le ventre de la femelle , je tirois les oeufs hors des canaux des Ćufs ; ils Ă©toient liĂ©s ensemble par le moyen de la glu 8c formoient deux cordons, qui faisoient un angle en sâunissant vers lâanus ; je mettois ces petits cordons dans lâeau , je marquai avec un fil la portion qui avoit Ă©tĂ© la premiĂšre accouchĂ©e. Les Ćufs qui se trouvoient Ă ce bout 8c dans le voisinage , Ă©toient fĂ©conds ; jnais tous les autres pĂ©rissoient. L X X X V. Mais ces Ćufs, que j'ai prouvĂ© nâavoir pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s , font fĂ©condĂ©s ensuite. A mesure que les Ćufs les plus prĂšs de lâanus en sortent, ceux qui en sont les plus Ă©loignĂ©s descendent, parviennent dans le lieu oĂč ils font fĂ©condĂ©s comme les autres , 8c arrivent comme cela aux derniers; tous les Ćufs mĂ»rs se dĂ©tachent ensuite des ovaires, entrent dans les canaux des Ćufs, 8c font tĂŽt ou tard fĂ©condĂ©s. Jâen ai eu une preuve tranchante, en tenant compte des accouchemens successifs des Ćufs que je voyois tous naĂźtre ; dâoĂč il faut conclure que les mĂąles nâabandonnent pas si vĂźte les femelles. Mes observations mont appris que les amours de ces animaux durent quelquefois vingt jours, quelquefois trente, 8c mĂȘme davantage , jusquâĂ -ce-que les femelles aient s v R la GĂ©nĂ©ration. 6z pondu tous leurs Ćufs parvenus Ă leur maturitĂ©. Tant quâil en reste dans les canaux des Ćufs, les mĂąles ne cessent ni leurs caresses, ni rĂ©mission de leur semence, ni leurs alternatives de repos , §⹠EXXX. Mais je nâai parlĂ© que des Ćufs parvenus Ă leur maturitĂ© ; car , aprĂšs la saison des amours, on trouve encore un trĂšs-grand nombre dâĆufs trĂšs-petits dans les ovaires. L X X X V I. M. De Bomare dit dans lâendroit que jâai citĂ©,'§. LXXXII, que les Salamandres aquatiques se dĂ©barrassent de leurs Ćufs en les tirant de lâanus avec la bouche 8c les pieds, parce quâĂ mesure qoâils sortent, ils sont collĂ©s fous la queue. II est certain quâil nây a rien de plus fabuleux que ce rĂ©cit ; si lâAuteur avoir consultĂ© la Nature au lieu des livres des Naturalistes, 8c qu',1 eĂ»t observĂ© les allures des Salamandres , il auroit vu mille fois les Ćufs sortir 8c se dĂ©tacher de lâanus, fans lâaide de la bouche -8c des pieds de ces animaux, fans mĂȘme quâi!s paroissent en vouloir faire le moindre usage ; il auroit mĂȘme vu que nos Salamandres , bien bin de suivre 1âusage des Ecrevisses dâeau douce , qui aprĂšs la ponte de leurs Ćufs, les tiennent attachĂ©s fous leur queue, & se dĂ©barrassent de leurs Ćufs,de maniĂšre quâen sortant du sein de la mĂšre , ils gagnent le fond des eaux ; mais quoique jâaie observĂ© des milliers de Salamandres dans des vases pleins dâeau , je nâen ai vu aucune qui eĂ»t ses Ćufs adhĂ©rens 6 4 EĂŻmriĂźnceĂ Ă sa queue en changeant lâeau des vase4 , je trouvois toujours ces Ćufs collĂ©s dans leur fond ; & jâai vu la mĂȘme chose avec les Salamandres qui vivotent en pleine libertĂ©. Jâajoutcrai encore que M. De Bomare se trompe en comparant le cri des Salamandres aquatiques Ă celui des Grenouilles ; car les Salamandres font absolument muettes. Seulement, lorsquâelles viennent Ă fleur dâeau pour respirer un nouvel air , elles font entendre une espĂšce de sifflement, quâon ne sauroit distinguer Ă quatre pas dâelles. L X X X V I I. Mais parlons de la naissance des Salamandres , ou plutĂŽt de leur dĂ©veloppement, ce fera la seconde partie de leur histoire, qui nâest pas la moins intĂ©ressante. Quâarrive-t-il auxĆufs accouchĂ©s? Quand on les met dans lâeau , ils gagnent le fond Ăi la saison est chaude on apperçoit bientĂŽt sur la glu qui les environne quelques bulles dâair tres- petites dâabord , mais qui grossissent peu aprĂšs, & qui entraĂźnent avec elles lâĆuf fur la surface de lâeau. Ces bulles crĂšvent 8t sâĂ©vanouĂŻssent, alors les Ćufs quâelles soutenoient retombent au fond de lâeau , dâoĂč ils ne remontent plus , Ă©tant encore amarrĂ©s au terrain par la glu qui les environne. En les observant avec soin, on volt bientĂŽt leur forme changer ; dâabord aprĂšs lâaccouchement ils ressemblent Ă une petite sphĂšre alongĂ©e , qui sâalonge bientĂŽt encore aprĂšs , & qui prend la forme dâun rein ou du testicule dâan poulet, la courbe de lâĆuf continue sur la GĂ©nĂ©ration. 6 j tĂŹnue Ă sâaccroĂźtre comme son volume ; mais avec cette circonstance, quâun des bouts grossit beaucoup , tandis que l'autre 'amincit enfin, il acquiert un volume double de celui quâil avoir alors ; il ne paroĂźt plus acquĂ©rir de la grosseur, mais il sâalonge feulement de jour en jour dune maniĂšre propre Ă Ă©tonner lâOb- servateur; 8t le sujet de lâĂ©tonnement pourroit- il ĂȘtre plus grand ? lâoeuf ainfi alongĂ© se meut de tems en tems avec vitesse, il reste ensuite en repos ; 8c comme ce mouvement ou ce repos ne paraissent avoir aucune cause extĂ©rieure , lâidĂ©e de lâanimalitĂ© sâoffre dâelle-mĂȘme Ă l'esprit; lâon volt aussi bientĂŽt cet Ćuf comme une petite Salamandre, masquĂ©e , Ă la vĂ©ritĂ© ; mais ayant dĂ©jĂ dĂ©couvert que les Ćufs de Grenouilles 8c de Crapauds nâĂ©toient que des TĂȘtards pareillement fous le masque , cette idĂ©e prend toujours une plu*grande force. Si lâon fuit cet Ćuf, mobile par lui-mĂȘme, on le verra prendre peu-Ă -peu les apparences dâune petite Salamandre ; la queue se montre bien formĂ©e , on y dĂ©couvre un commencement de vertĂšbres, les petites nageoires oĂč circule le sang, deux petits boutons latĂ©raux au-dessous , qui font soupçonner les rudimens des bras ; la forme de la tĂȘte , du museau, des yeux , placĂ©s aux cĂŽtĂ©s de la tĂȘte , 8c qui paraissent deux trĂšs-petites tumeurs. En suivant cette observation avec une lentille , on apperçoit bientĂŽt que la petite Salamandre nâest plus circonscrite par la glu , mais par un petit cercle intĂ©rieur, qui nâest que la cir- E C6 ExpĂ©riences confĂ©rence , ou le limbe de lâamnios, plein de liqueur, oĂč repose la Salamandre. Sa couleur eĂV blanche dans la partie infĂ©rieure du corps, lĂ©gĂšrement jaune dans la supĂ©rieure , avec de petites taches noires. Le numĂ©ro i de la figure XVI dans la planche 3 , reprĂ©sente au naturel un Ćuf de Salamandre enveloppĂ© de sa glu ; les numĂ©ros r , 3,4, Z dĂ©signent le mĂȘme Ćuf, dĂ©pouillĂ© de fa glu , qui se courbe peu-Ă -peu en sâalongeant ; les numĂ©ros 6,7 font voir le petit corps soupçonnĂ© un Ćuf, qui, par un dĂ©veloppement ultĂ©rieur, a pris la vĂ©ritable ressemblance dâune petite Salamandre ; elle est un peu grandie par la lentille. La lettre O , figure XVII, reprĂ©sente la mĂȘme Salamandre , enfermĂ©e par lâamnios , & observĂ©e avec une lentille plus forte. L X X X V I I I. Tandis quĂ les Salamandres font dans lâamnios, elles ne font jamais disposĂ©es en ligne droite , mais elles y font courbĂ©es de maniĂšre que la queue sâapproche de la tĂȘte, comme dans la figure XVI , numĂ©ros 6,7, SĂ dans la figure XVII , lettres D, E cela doit ĂȘtre ainsi , puisque le diamĂštre de lâamnios est beaucoup moins long que les Salamandres. Pendant quâelles sĂ©journent dans cette prison, elles y changent de place avec une incroyable agiletĂ© , en transportant leur tĂȘte lĂ oĂč Ă©toit la queue , 5 c la queue lĂ oĂč Ă©toit la tĂȘte; cela arrive , non-seulement lorsquâelles reçoivent rimpresiion de quelque corps , mais lorsquâelles font dans un parfait repos tant SOR LA GĂKĂRATIbR. 6j quâelles trouvent des alimens dans lâamnios , elles y prennent de lâaccroissement ; mais bientĂŽt il ne peut plus les contenir, alors elles le rompent par des chocs rĂ©itĂ©rĂ©s quâelles lui font Ă©prouver , & elles en sortent pour nager dans lâeau par le moyen des vibrations rapides de leurs queues. Je les ai vu quitter plusieurs fois leurs enveloppes ce qui me rappelle le papillon , qui fort de fa coque aprĂšs avoir perdu la forme de chrysalide. âą Dans les figures XVII, XVIII, XIX, on Voit trois Salamandres Ă peine sorties de leur enveloppe 5 il y en a deux vues par Je dos dans les figures XVII Sc XIX, dans la figure XVIII on la voit par le cĂŽtĂ©. Dans cette figure il y a deux autres Salamandres dĂ©gagĂ©es de leurs liens , Sc nageant dans lâeau comme celles des figures XVII SĂ XIX ; elles montrent les Ă©lĂ©mens de leurs jambes antĂ©rieures, fous la forme de deux petits moignons , marquĂ©s par la lettre C C Ă la figure XVII ; la lettre A , dans la mĂȘme figure , montre une des enveloppes en faisant leur analyse, aprĂšs la sortie des Salamandres , elles ont extĂ©rieurement un petit rĂ©sidu de glu , Li intĂ©rieurement elles semblent un peu calleuses par la membrane de lâamnios, qui est singuliĂšrement fine Lc transparente , mais lĂ©gĂšrement visqueuse, parce quâelle est couverte de la-liqueur transparente quâelle renfermoit. L X X X I X. Jâai tenu compte du tems nĂ©cessaire pour changer lâĆuf prĂ©tendu en Salamandre, & jâai E 2 68 ExpĂ©riences trouvĂ© quâil falloit sept jours, plus ou moins. 11 en faut encore trois ou quatre aux petites Salamandres pour se dĂ©gager des liens de lâamnios & de la glu , & pour pouvoir nager. II est plus difficile de faire naĂźtre ces petites Salamandres que les TĂȘtards j car, quoique ces fĆtus de Salamandres , faussement crus des Ćufs , soient mis dans lâeau au moment quâils font accouchĂ©s , 8t que lâeau soit tirĂ©e des lieux mĂȘmes oĂč les mĂšres avoient placĂ©s leurs petits ; il y en a cependant peu qui naissent , Ăi lâon nâa pas l'attention dâen changer lâeau trĂšs-souvent; 8t mĂȘme, alors, toutes choses Ă©tant Ă©gales, il se dĂ©veloppe beaucoup moins de Salamandres que de TĂȘtards. X C. Cette difficultĂ© quâon Ă©prouve pour faire naĂźtre les Salamandres ne se fait plus sentir pour les conserver, quand elles font nĂ©es alors elles croissent & se dĂ©veloppent ; toutes les eaux de puits, de pluie , de fleuves, de lacs leur conviennent, pourvu qu'elles soient pures. Sâil y a quelques petites plantes, comme des lentilles de marais, dans lâeau oĂč les Salamandres nagent, elles se mettent autour 8t la mordillent avec leur petite bouche , choisiĂlĂ nt les particules qui font les plus propres pour les nourrir. Les Salamandres en se dĂ©veloppant dĂ©veloppent aussi leurs bras, §. LXXXVIII ; ils prennent une forme pointue dans leur dĂ©veloppement , & se replient vers la partie postĂ©rieure du corps, comme on le volt dans les deux petites Salamandres , placĂ©es dans la s v k la GĂ©nĂ©ration. 6- partie basse de la figure XIX ; mais Ăur-tout dans celle de la figure XX, qui est aggrandie par le verre ; les deux petits bras font donc ces deux cĂŽnes, correspondons aux lettres C D, au-dessous defquels, vers la rĂ©gion de la tĂȘte, on volt les nageoires rameuses j ils paroisse m comme deux petits faisceaux dc nageoires plus petites E F ; prĂšs des yeux, ces nageoires plus petites tardent plus Ă paroĂźtre que les grandes. En continuant Ă tenir dans lâeau ces petites Salamandres , on voit au bout dâune semaine , aprĂšs quâelles font sorties de lâam- nios , pointer trois autres petits cĂŽnes , qui font peu Ă©loignĂ©s de lâextrĂȘmitĂ© des deux premiers ; 8Ă lâon voit bientĂŽt que tous ces petits cĂŽnes font les doigts des mains des Salamandres , dont ces animaux commencent dĂ©ja Ă se servir ; les membres antĂ©rieurs paraissent dâabord comme deux cĂŽnes ; les postĂ©rieurs se prĂ©sentent ainsi quinze & mĂȘme quelquefois vingt-quatre jours aprĂšs que les Salamandres font sorties de leur enveloppe ; la Nature fait pointer les doigts des pieds comme ceux des mains, 8c alors la Salamandre peut cheminer fur le fond de lâeau ou fur la terre, quand elle y est placĂ©e. Les TĂȘtards perdent leurs nageoires peu de jours aprĂšs leur naissance ; les Salamandres , au contraire , les conservent long - tems ; je leur en ai vu au mois dâAoĂ»t. X C I. Mais ces petits corps ronds, quâon appelle vulgairement des ceufs, sont-ils de vrais fĆtus? E Z 70 ExpĂnitNczs Peut-ĂȘtre ne sont-ils tels que lorsquâils font sortis du corps de la mĂšre , 8c lorsquâils ont Ă©tĂ© baignĂ©s par la liqueur sĂ©minale du mĂąle ; peut-ĂȘtre aulßÏ sont-ils tels dans les canaux des Ćufs, oĂč nous sommes sĂ»rs que la liqueur sĂ©minale ne peut pas arriver. Je me flatte dâavoir les preuves les plus fortes que ces corps font de vrais animaux, mĂȘme lorsquâon les trouve Ă la tĂȘte des canaux des Ćufs, quoi- quâen les tirant alors du corps de la mĂšre, ils ne se dĂ©veloppent pas 8c ne naissent pas, parce quâils n'ont pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s par la liqueur sĂ©minale du mĂąle. On en sera sĂ»rement convaincu , quand on saura que jâai rĂ©pĂ©tĂ©, entre les corpuscules fĂ©condĂ©s Sc non-fĂ©condĂ©s, cette comparaison rigoureuse 8c minucieuse que jâai faite pour les TĂȘtards des Crapauds 8c des Grenouilles , dont je parle dans le paragraphe XVIII, soit pour les parties internes, soit pour les externes, dans les corpuscules fĂ©condĂ©s 8Ă non-fĂ©condĂ©s , fans remarquer la plus lĂ©gĂšre diffĂ©rence ce qui me fait conclure encore que ces animaux sont dĂ©ja des fĆtus dans les femelles avant que les mĂąles les aient fĂ©condĂ©s. X C I I. Jâai parlĂ© des deux espĂšces de Salamandres, dĂ©crites §. LXXVII , 8c que jâai examinĂ©es sĂ©parĂ©ment, comme si elles nâĂ©toient quâune feule 8c unique , parce quâelles mâont fourni les mĂȘmes rĂ©sultats rĂ©lativement Ă la gĂ©nĂ©ration. Jâajouterai que ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© encore semblables dans dâautres espĂšces de SUR LA GĂRĂ R ATI OU. 7 * Salamandres aquatiques , longues dâun fort pouce 8Ă demi, 8t qui avoient environ deux lignes de diamĂštre, leur couleur Ă©toit un fond cendrĂ© , piquetĂ© de noir ; je les ai observĂ©es trois ans aprĂšs les autres , dont je viens de parler. ' Jâai rapportĂ© tous ces faits fur la gĂ©nĂ©ration t la suivante ; F 4 88 ExpĂ©riences mais je nâai vu feulement que trois fois des fĆtus dans la cavitĂ© du thorax ou de lâabdomen. JâaiparlĂ© de deux, au paragraphe LXVII, 8c je parlerai dâune troisiĂšme au paragraphe CXXIĂ. Je fuis donc trĂšs-portĂ© Ă croire que les fĆtus passent immĂ©diatement des ovaires dans les canaux des Ćufs ; 8c ceux quâon trouve dans le thorax ou lâabdomen y arrivent, ou parce quâils nâont pu pĂ©nĂ©trer dans le canal des Ćufs, ou parce quâil y a eu quelque dĂ©chirure, comme je lâinĂinue au paragraphe LXVII. Mais que le Lecteur impartial dĂ©cide. HuitiĂšme RĂ©flexion. C I I. Les fĆtus des Crapauds Sc des Grenouilles, aprĂšs avoir traversĂ© le long 8c tortueux canal des Ćufs, fe rassemblent tous dans lâutĂ©rus, dâoĂč ils entrent dans le rectum , 8c sortent par lâanus. Dans une espĂšce de Crapaud cette sortie paroĂźt aidĂ©e par le mĂąle , qui semble recueillir les fĆtus. Quand il est accouplĂ© & quâil ferre avec ses mains la poitrine de fa femelle , il attend avec impatience la sortiexlu cordon qui unit tous les fĆtus ; car cette espĂšce de Crapaud nâaccouche que dâun seul Ă la fois dĂšs que ce cordon commence Ă paroĂźtre , il le saisit avec les doigts des pieds ; il tire dehors les premiers Ćufs, 8c ensuite successivement les autres avec les parties du cordon auquel ils font attachĂ©s. Jusques Ă ce que lâaccouchement soit fini le mĂąle est si attentif Ă son travail, quâil se laisse sur la GĂ©nĂ©ration* 89 prendre 8c porter sur la main ; Sc si la peur le lui fait suspendre , il le reprend bientĂŽt avec une nouvelle ardeur. M. De Mours a fait par hasard cette observation sur le Crapaud terrestre de la petite espĂšce, comme il k dit Iui-mĂȘme ; mais il nâa eu aucun soupçon que le mĂąle arrosĂąt les Ćufs avec fa semence, pendant quâil accouchoit sa femelle avec laquelle il Ă©toit accouplĂ© 1 . II est fĂącheux que lâObservateur françois nâait pas mieux caractĂ©risĂ© lâespĂšce de Crapaud, qui est certainement diffĂ©rente de celle du Crapaud dont jâai Ă©bauchĂ© lâhistoire. Je nâai jamais vu de Crapaud accoucheur, quoique je Taie souvent vu fĂ©condant les fĆtus. Roesel dit aussi nâavoir rien observĂ© de semblable. M. De Mours auroit dĂ» voir si les Ćufs se seroient dĂ©veloppĂ©s , pour sâassurer sâils avoient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s une observation si intĂ©ressante mĂ©ritoit bien dâĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e , 8c elle me paroissoit plus propre Ă irriter la curiositĂ© du Philosophe quâĂ la satisfaire. NeuviĂšme RĂ©flexion. C I I I. LâexpĂ©rience journaliĂšre apprend que la fĂ©condation F'une multitude indĂ©finie dâanimaux s'opĂšre dans le sein des femelles ceci paroissoit une loi gĂ©nĂ©rale de la Nature , & on lâa regardĂ©e comme telle pendant un tems trĂšs-long. 1 Mcm. de lâAcad. Royale des Sc. annĂ©e 1751. 9» E x p Ă r i e u c e s Mais comme les raiĂĂČnnemens analogiques ne se sont pas toujours trouvĂ©s justes, 8c que plusieurs loix quâon croyois gĂ©nĂ©rales ont eu des exceptions inattendues , celle-ci est dans ce nombre. Swammerdam est le premier qui a fait voir la fĂ©condation opĂ©rĂ©e hors du corps dâune Grenouille femelle. Roesel a Ă©tendu cette dĂ©couverte Ă quelques autres amphibies ; SC jâai eu le plaisir de voir cette fĂ©condation extĂ©rieure dans d autres espĂšces de Grenouilles Sc de Crapauds. Jâai vu fans voile le liquide fĂ©condant sortir du mĂąle , tomber sur les fĆtus au moment oĂč ils Ă©toient hors du sein de leur mĂšre ; Chap. I , II , III Sc IV. C I V. Mais dans le genre des Grenouilles 8c des Crapauds, il y a bien dâautres espĂšces que celles qui ont Ă©tĂ© observĂ©es qui se fĂ©condent extĂ©rieurement. En ouvrant quelque Nomenclateur moderne , par exemple LinnĂ©us , on en voit une foule , soit en Europe , soit dâexotiques. Que penscrons-nous donc de leur fĂ©condation , sâil est permis de conjecturer ? On pourra conclure quâils se fĂ©condent comme ceux qui ont Ă©tĂ© observĂ©s. Mais oĂč est la certitude que lâex- pĂ©rience feule peut offrir ? Entre toutes ces espĂšces, il en est une qui mĂ©rite sur-tout lâat- tention du Physicien observateur ; câest le Crapaud de Surinam , appelĂ© par les habitans du pays Pipa ou Pipai , Sc qui a la propriĂ©tĂ© de donner naissance Ă ses petits par le dos i. i Pipa Rana digitis antĂŹcis muticis quadrĂŹ- dentatis pofleris ungmculatk ; Linn. syst. nat. T. I. SUR LA GĂ©rĂ©ratior. yr La cĂ©lĂšbre Sibylle MĂ©rian , qui eut sur la fin du ĂŹĂšcle passĂ© le courage hĂ©roĂŻque de quitter la Hollande pour observer les insectes de lâAmĂ©- rique , est la premiĂšre qui a fait connoĂźtre cet animal inconnu il a Ă©tĂ© observĂ© ensuite par Kuysch , Fouets & Baker , 8Ă leurs descriptions ont fait connoĂźtre la bontĂ© de la premiĂšre ; ils ont fait voir, comme cette illustre Demoiselle , le dos de ce Crapaud couvert de petites cellules, qui renfermoient chacune un petit Crapaud. Jâai observĂ© ce phĂ©nomĂšne Ă lâinstitut de Bologne ; mais je lâai observĂ© plus facilement encore en 1779 , Ă GenĂšve , avec mes amis Bonnet , Senebier , Abraham & Jean Trembley. Ce Crapaud , conservĂ© depuis long-tems dans lâesprit de vin, me fournit lâoccasion de faire Ă mon aise plusieurs observations , fur-tout dâexaminer les fameuses cellules dorsales qui Ă©toient nombreuses &. qui contenoient leurs propres fĆtus. Ces observations, avec plusieurs autres faites par aprĂšs mon dĂ©part, sont imprimĂ©es dans le Journal de Physique ; &, comme on dĂ©couvre dans ce MĂ©moire le savoir 8Ă le discernement de son Auteur, on nây trouve pas moins son impartialitĂ© pour ses opinions car ce Contemplateur de la Nature , ayant niĂ© dans ses corps organisĂ©s les cellules dont jâai parlĂ©, fur la description qu'un Professeur cĂ©lĂšbre de Leyde lui avoit fait de ce Crapaud , non-seulement il reconnoĂt lâexistence de ces cellules dans ce MĂ©moire, mais il les dĂ©crit dâune maniĂšre Ă ne plus laisser leur existence douteuse. II termine 9 r, ExpĂ©riences cet Ă©crit diffĂ©rentes questions trĂšs- propres Ă Ă©claircir lâhistoire naturelle de ce surprenant animal de Surinam , qui Ă©toit jusques Ă prĂ©sent obscure Sc tronquĂ©e. On pense bien que le Philosophe Genevois nâa pas omis ce qui regarde la maniĂšre dont se fait la fĂ©condation ; mais toutes ces questions-ne peuvent se rĂ©soudre que sur les lieux oĂč le Pipai vit 8t se multiplie nous ne pouvons pas lui faire adopter lâEurope pour fa patrie , comme "Walusneri fit de lâafriquain CamĂ©lĂ©on un animal citoyen dâItalie. C V. La fĂ©condation ne se fait pas seulement hors du corps parmi les Grenouilles & les Crapauds, on croit quâelle a lieu Ă©galement de cette maniĂšre parmi les poissons Ă Ă©cailles. Quand la femelle a pondu ses Ćufs , le mĂąle qui les fuit Ă la trace les fĂ©conde en les baignant avec fa liqueur sĂ©minale. II nây a point dans ces animaux de vĂ©ritable accouplement ; & si, dans le tems de leurs amours, les mĂąles Rapprochent des femelles , sâils parodient se frotter leur ventre lâun contre lâautre , il nây a point cependant dâaccouplement, mais le mĂąle rĂ©pand fa liqueur fur les Ćufs qui sortent alors hors de la femelle ; câest lâopinion de M. le Comte De Buffon mais, comme il lâavance fans aucun doute, on croiroit quâil en donne les meilleures preuves. II sâappuie cependant fur lâopinion populaire rĂ©pandue jusques au tems de Swammerdam cependant on nâa encore aucune observation solide sur ce sujet ; aussi ne faut-il pas sâĂ©tonner li les autres Naturalistes s'Ă©loignent svk la GĂ©nĂ©ra tiox. 93 de cette idĂ©e, 8c si Hallfr croĂźt en particulier que les poissons Ă Ă©cailles s'accouplent vĂ©ritablement. II donne plusieurs preuves de son opinion, que je passe fous silence pour Ă©viter les longueurs, 8t que chacun pourra voir dans fa grande physiologie. Cependant, quoique lâopinion dâHALLER soit bien prĂ©fĂ©rable aux assertions de M. le Comte De Buffon , jâavoue que je ne ĂĂ urois les trouver dĂ©cisives, parce quâil nây a pas cette chaĂźne de faits nĂ©cessaires pour rĂ©soudre le problĂšme. Mais le sentiment de LinnĂ©us seroit bien bizarre ; il pensoit que les femelles des Poissons Ă Ă©cailles couroient aprĂšs la semence Ă©jaculĂ©e par le mĂąle, quâelles la mangeoient 8c quâelles Ă©toient fĂ©condĂ©s 1 . Du tems de Vallisneri il y eut un MĂ©decin romain qui croyois & qui Ă©crivoit que les femelles des Pigeons , des Moineaux 8c de plusieurs autres oiseaux se fĂ©condaient par la bouche. Le sens-commun seul montroit lâabsurditĂ© de cette opinion , que je ne veux pas faire connoĂźtre davantage. II est vrai quâon a vu les femelles des Poissons avaler le frai des mĂąles ; mais elles lâavaloient comme un aliment SĂ non comme un moyen de fĂ©condation , damant plus que les mĂąles eux-mĂȘmes savaient aussi avec la mĂȘme voracitĂ© au reste, si les Poissons mĂąles 8c femelles mangent le frai, ils ne mangent pas moins leurs Ćufs. C V I. ' Il rĂ©sulte de tout ceci, quâon ignore com- 1 Sponsal. Plant. 94 ExpĂ©riences ment se fait la fĂ©condation des Poissons ; St il ne faut pas sâen Ă©tonner , lâĂ©lĂ©ment quâils habitent est bien moins accessible Ă lâObservateur que la terre SĂ lâair. En mĂ©ditant souvent sur ce secret de la Nature , il mâest souvent venu dans lâesprit une idĂ©e que mes autres occupations ne mâont pas permis de rĂ©aliser, St que je veux faire connoĂźtre au Lecteur. On a pu se procurer facilement dans toutes les parties de lâEurope le Poisson dorĂ© de la Chine i on en trouve un grand nombre en Italie dans les jardins ; la beautĂ© des couleurs qui peignent ces Poissons les a introduit dans les appartemens, oĂč on les conserve fort bien dans des vases pleins dâeau. Ces Poissons fraient plusieurs fois dans TannĂ©e ; ĂC , comme ils font familiers , ils ne craignent pas mĂȘme alors les curieux. On mâa dĂ©jĂ compris une attention scrupuleuse Ă ces animaux pendant leurs amours fera connoĂźtre sâils sâac- couplent, s'ils lancent la liqueur sĂ©minale sur les Ćufs , ou sâils se fĂ©condent par quelquâautre moyen ; St, au cas que la fĂ©condation se fĂźt hors du corps de la mĂšre par Tarrosement des Ćufs avec la liqueur sĂ©minale du mĂąle , cet arrosement ne fuiroit pas lâĆil delâObservareur, parce que cette liqueur est blanche , St que seau oĂč ces Poissons nagent doit ĂȘtre limpide. Je ne parle pas des moyens pour connoĂźtre si les Ćufs font fĂ©condĂ©s, St comment ils le font il me semble que ce que jâai dit sur la gĂ©nĂ©ration de nos amphibies est suffisant pour un Lecteur instruit. . i Cyprinus auratus penna ani gemina caudtt transverfa bifurca ; Linn. Ăyst. nat. T. I. svr la GĂ©nĂ©ration. 95 C V I I. Mais fi lâon nâa pu pĂ©nĂ©trer le secret de la gĂ©nĂ©ration des Poissons , on a dĂ©couvert derniĂšrement celui de la gĂ©nĂ©ration des Abeilles. Si les observations ingĂ©nieuses font sĂ»res 1 , les Ćufs de ces insectes font fĂ©condĂ©s aprĂšs leur ponte. On fait que la reine les dĂ©pose dans des cellules ; lâObfervateur anglois a vu ces Ćufs accompagnĂ©s dâune liqueur blanchĂątre que les mĂąles y infirment par la partis postĂ©rieure de leur corps, 8t qui les rend feulement fĂ©conds ; mais, quand cette liqueur vient Ă manquer, il est certain que les Ćufs nâĂ©clofent pas. Cet Auteur disposa les choses de maniĂšre quâun rayon resta fans bourdons, en recevant pourtant les Abeilles ouvriĂšres avec la reine celle-ci y dĂ©posa ses Ćufs dans les cellules ; & , comme il nây eut point la liqueur sĂ©minale des mĂąles, il nây eut aucun des Ćufs qui fĂ»t fĂ©condĂ©. M. Debraw varia ainsi lâexpĂ©rience ; il partagea un rayon non-fĂ©condĂ© en deux parties, dont lâune fut renfermĂ©e fous une cloche de verre, avec la reine accompagnĂ©e de ouvriĂšres, mais fans mĂąles lĂ il nây eut aucun Ćuf qui pĂ»t Ă©clore , on les vit pourtant Ă©clore dans une autre cloche de verre oĂč lâon avoit enfermĂ© un rayon avec la reine , des mouches ouvriĂšres ĂC des bourbons ; il nây a aucun doute que la liqueur blanche ne soit la liqueur sĂ©minale 1 Transact. philos. T. LXVIL 96 ExpĂ©riences des mĂąles rĂ©pandue dans les cellules oĂč il y avot des Ćufs, puisquâen dissĂ©quaift ces mĂąles lâAuteur trouva cette liqueur dans ce quâon croit leurs vaisseaux spermatiques. I. paroĂźt donc nettement que Swammerdam S c RĂ©aumur se sont bien trompĂ©s fur les Abeilles le premier croyois que les Ćufs de la reine Ă©toient fĂ©condĂ©s par la vapeur des mĂąles quâelle absorboit ; & le second, sĂ©duit par des apparences, croyoit quâil y avoit un vĂ©ritable accouplement. Le soupçon dc Maraldi se trouve conĂ rmĂ©. II avoit cru , dans ses observations fur les Abeilles , que la fĂ©condation des Ćufs sâopĂ©roit aprĂšs leur ponte par la liqueur blanche don jâai parlĂ©, quoiquâil ne fĂ»t pas allĂ© plus loin. Si lâon rĂ©unit tout ce que jâai dit fur les fĂ©condations extĂ©rieures, on verra quâil y a fort peu dâanimaux chez lesquels on soit sĂ»r quâelle se fasse de cette maniĂšre , quâil nây a mĂȘme que les Crapauds, les Grenouilles ĂŽc les Abeilles. II eft vraisemblable que la vigilance des Observateurs trouvera cette propriĂ©tĂ© en dâautres espĂšces il y a un si grand nombre de dĂ©couvertes qui ont Ă©tĂ© Ă©tendues Ă un trĂšs-giand nombre de sujets, quoiquâelles parussent dâabord resserrĂ©es Ă un seul. DixiĂšme RĂ©flexion. C V I I 1. La singularitĂ© de la fĂ©condation des Salamandres exige quelques rĂ©flexions. Ces petits fĆtus, ces Ćufs supposĂ©s, ne font que de petites s v r la GĂ©nĂ©ration. 97 petites Salamandres qui ne se ont pas encore dĂ©veloppĂ©es §. LXXXV1I, 8c qui font fĂ©condĂ©es dans le sein de leur mĂšre, non par lâaccou- plement, que lâorganisationdu mĂąle rend ĂŹmpĂŽs- Ăible , mais par la liqueur sĂ©minale quâil lance dans lâeau 8i qui pĂ©nĂštre bientĂŽt dans le corps de la femelle par lâouvcrture destinĂ©e Ă cet usage ; ce qui offre une nouvelle singularitĂ©. Les meilleurs Anatomistes Sc Physiologistes croient que la fĂ©condation des animaux se fait dans les ovaires. Mais il n'en est pas de mĂŽme pour les Salamandres, la liqueur sĂ©minale se prĂ©sente Ă 'embouchure des canaux des Ćufs dans lâutĂ©rus ; mais elle ne peut aller plus avant, les fĆtus lui en ferment lâentrĂ©e , cette liqueur ne baigne que les fĆtus les plus prĂšs de sortir quand ils font dehors, il en vient dâautres qui s'imprĂšgnent Ă leur tour de la liqueur sĂ©minale lancĂ©e par le mĂąle ; Ă c câest ainĂi que tous ces fĆtus fe fĂ©condent successivement. II faut se rappeler ce que jâai dit dans les Paragraphes LXXXâ LXXXV. OnziĂšme RĂ©flexion. C I X. Quoique le sujet principal de ce traitĂ© soit la gĂ©nĂ©ration, je ne lâai cependant considĂ©rĂ©e que dans quelques amphibies dont je voulois faire lâhistoire Ă prĂ©sent je puis Ă©largir mes idĂ©es en me servant de mes expĂ©riences comme de faits qui en seront les fondemens 8 i qui mâempĂȘcheront d'Ă©lever un Ă©difice ruineux ; mais il faut dire auparavant un mot des plus cj% ExpĂ©riences fameux systĂšmes fur la gĂ©nĂ©ration. Ils se rĂ©duisent Ă deux ; lâun explique mĂ©chaniquement la formation des ĂȘtres organisĂ©s , lâautre les suppose faits prĂ©existans Sc nâattendant que la fĂ©condation pour se dĂ©velopper. Ce second systĂšme a donnĂ© naissance Ă deux partis diffĂ©rens. Quelques Naturalistes croient que les ĂȘtres animĂ©s prĂ©existent dans la mĂšre, Sc dâautres dans le pĂšre. Chacun fait que le premier systĂšme porte le nom d 'EpigĂ©nĂšse , quâil est trĂšs-ancien , Sc que M. le Comte de Buffon lâa ranimĂ© par son Ă©loquence Sc ses fameuses molĂ©cules organiques ; mais chacun fait aussi de quelle maniĂšre il a Ă©tĂ© attaquĂ© par Haller dans fa Physiologie, Sc dans un livre intitulĂ© RĂ©flexions fur le fyflĂ©me de la gĂ©nĂ©ration de M. de Buffos. Les argu- mens de M. Bonnet ne font pas moins terrassons contre lui dans les corps organisĂ©s ; mais les raisons de ces deux Philosophes, quoique trĂšs-fortes, ne font pas tranchantes ; parce quâils rĂ©examinent point lâexistence ou la nullitĂ© des molĂ©cules organiques , bases du systĂšme. Jâai cru devoir entrer dans ce dĂ©tail , 8c je crois avoir montrĂ© que ce systĂšme est lâouvrage dâune imagination brillante , qui peint les choses de maniĂšre Ă prĂ©senter sombre pour la rĂ©alitĂ© , Sc Ă la faire saisir par ceux quâil sĂ©duit mes Opuscules de PhylĂŹque vĂ©gĂ©tale Sc animale me paraissent dĂ©montrer cela. Mes nouvelles observations font une nouvelle dĂ©monstration contre le Naturaliste françois. II prĂ©tend que le fĆtus dans les animaux ne prĂ©existe pas Ă la fĂ©condation , mais quâil se SUR LA GĂĄSĂRATlOS* ĂCf forme par la rĂ©union des molĂ©cules organiques, rĂ©pandues dans la semence du mĂąle ĂŽc de la femelle qui se fait dans lâutĂ©rus ces molĂ©cules, par de certains rapports, crĂ©ent les corps organisĂ©s. II est clair que mes observations fur les Crapauds, les Grenouilles A les Salamandres font diamĂ©tralement opposĂ©es Ă cette thĂ©orie, puisquâelles dĂ©montrent l'existencc des fĆtus dans les femelles de ces animaux avant leur fĂ©condation , &. une existence bien antĂ©rieure Ă lâacte qui les anima , comme il paroĂźt dans les paragraphes XVIII , XIX , XXX , LIV , LV, LVI , LVII, LXXII ÂŁc XCI ; il ne paroĂźt pas moins probable quâil en est de mĂȘme dans les autres animaux. 11 est vrai que tous les animaux qui ont Ă©tĂ© les objets de mes expĂ©riences font Ă sang froid, Sc quâon pourroit douter sâil en est de mĂȘme pour les animaux Ă sang chaud mais il me semble que le doute sâĂ©vanouit quand les faits font semblables. Je parle de la dĂ©couverte lumineuse de Haller , qui a fait voir dans les oiseaux les fĆtus prĂ©exis- tans Ă la fĂ©condation. La notoriĂ©tĂ© de cette expĂ©rience mâempĂȘche dâen parler. De forte que si lâon trouve des exemples de la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation dans les femelles parmi les animaux Ă sang chaud Lc Ă sang froid , je ne vois pas pourquoi on ne peut pas en dire autant des autres animaux, au moins jusques Ă ce que lâon ait des faits contraires. C X. Mes observations fournissent de nouvelles consĂ©quences ; les Naturalistes qui croient la G z ioo ExpĂ©riences prĂ©existence des fĆtus, font divisĂ©s ; les uns veulent quâils existent dans la mĂšre , ĂC les autres dans le pĂšre ; les derniers trouvent les fĆtus dans les petits vers de la liqueur sĂ©minale , qui passent dans la femelle au moyen de lâaccouplement. Mais , que cette opinion est fausse ! jâai dit, au §. VIII, que dans la Grenouille verte aquatique , lorsque les corpuscules oviformes , ou les fĆtus en maturitĂ© font descendus dans lâutĂ©rus, il en restoit dans les ovaires qui Ă©toient plus petits , ĂC que ceux-ci scrvoient pour la propagation de Tes- pĂšce dans TannĂ©e suivante ; jâai fait observer la mĂȘme chose dans les Paragraphes LXVI 6c LXXXV pour le Crapaud terrestre puant ĂC les Salamandres aquatiques ; jâai observĂ© encore cela dans dâautres amphibies; de forte quâon peut dire au moins avec sĂ»retĂ©, que les fĆtus font dans les ovaires des femelles au moins une annĂ©e avant quâils fervent Ă la gĂ©nĂ©ration. Tant il est peu vraisemblable que ces fĆtus soient passĂ©s pendant T accouplement du mĂąle dans la femelle. II faut rĂ©pondre Ă une question quâon doit faire ; suivant les observations des Naturalistes il est certain que ces diverses espĂšces dâam- phibies se reproduisent dans la seconde annĂ©e de leur vie ; 6c il est trĂšs-probable quâils continuent Ă se reproduire tant quâils pondent pendant une fuite assez longue dâannĂ©es. Roesel au moins croit que cela sâĂ©tend Ă dix ans , 6c mĂȘme davantage pour les Grenouilles ; câest fort vraisemblable quâil en soit de mĂȘme if t 7 r la GĂȘnera t r o n.. roi pour les Crapauds. Supposons donc quâils fa multiplient neuf ans consĂ©cutifs, les fcimelles accouchent de neuf ordres de fĆtus. S. lâon examine ces femelles dĂšs leur premiĂšre ainnĂ©e, on ne trouve aucun fĆtus dans les ovaires, ils parodient feulement clans lg seconde InnĂ©e, alors on dĂ©couvre un double ordre de fĆtus , ceux qui font en rqaturitĂ© , & qui doivent naĂźtre cette annĂ©e , avec ceux qui ne l'on t pas acquise , Sc qui doivent naĂźtre TannĂ©e suivante ; pendant cette troisiĂšme annĂ©e on dĂ©couvre alors le troisiĂšme ordre, pendant la quatriĂšme on apperçoit le quatriĂšme ordre , Sc ainsi de suite , chaque annĂ©e produit un nouvel ordre. Eh bien donc ! ces ordres, qui parodient pendant la seconde annĂ©e Sc les suivantes dans les ovaires, prĂ©existent - i!s_ dĂ©jĂ sous une forme invisible? ne demandent-ils que du tems pour ĂȘtre apperçus ? ou bien se forment-ils rĂ©ellement pendant chaque annĂ©e ? 11 ne me paroĂźt pas difficile de rĂ©pondre que , puisquâil y a de semblables formations dâĂȘtres organisĂ©s dans le rĂšgne vĂ©gĂ©tal 8c animal , quoique puissent dire les EpigĂ©nĂ©Ăistes modernes ; Sc puisque la nature est pleine de ces dĂ©veloppemens organiques, comme plusieurs Philosophes justement cĂ©lĂšbres l'on fait voir il est trĂšs-naturel de croire que ces diffĂ©- rens ordres de fĆtus , qui parodient annuellement dans les ovaires, ne font pas formĂ©s successivement, mais quâĂŻls coexistoient dĂšs le commencement avec la mĂšre, quâils se sont seulement Li successivement dĂ©veloppas, ĂC quâils G 3 ioz ExpĂ©riences sont devenus visibles, en sâappropriant les sucs de la mĂšre. Ce dĂ©veloppement, quâon observe dans les ovaires de nos amphibies, se remarque dans leurs membres; les TĂȘtards Ă©toientdâabord fans jambes , celles-ci ne paroissent que lorsque 1âanimal prend toutes les marques caractĂ©ristiques de son espĂšce. Dirons-nous donc que ces jambes nâcxistoient pas, 8t quâelles se font formĂ©es quand les TĂȘtards se sont mĂ©tamorphosĂ©s ? nâest-il pas plus philosophique de voir ces membres coexistans avec les TĂȘtards, quoique leur petitesse extrĂȘme les dĂ©robĂąt Ăąnes yeux ? & si lâon est forcĂ© de penser ainsi pour les membres du TĂȘtard , pourquoi ne le pen- feroit on pas pour les fĆtus? DoufiĂšme RĂ©flexion. C X I. Lâidee de M. Gautier , fur la gĂ©nĂ©ratioa des Grenouilles, est si singuliĂšre, que je pour- rois peut-ĂȘtre la passer fous silence ; mais je ne veux pas me le permettre, parce que je croirois manquer Ă la sincĂ©ritĂ© du Philosophe. Dans un livre qui porte ce titre Observations fur lâHistoire naturelle & la Physique, M. Gautier , aprĂšs avoir parlĂ© de certains petits vers quâil a vu dans une vessie renfermĂ©e dans lâab- domen des mĂąles de Grenouilles, ajoute que ces vers font les vrais artisans de la gĂ©nĂ©ration ; mais voici ses paroles La Grenouille mĂąle montĂ©e & fortement attachĂ©e sur la femelle , attend les inflans que les Ćufs s'Ă©coulent de la femelle , s e K LA GĂSĂKAT 10 H. 1*3 il jette alors ses embryons , tels que je les ai apperçus , ils s attachent aux Ćufs , Ă> sâen nourrissent pendant quelques jours , jusquâĂ -ce quils soient en Ă©tat de se nourrir d'alimens plus grojjiers. Ces embryons conservent la mĂȘme figure quils aĂŹâoient dans la vĂ©sicule du pĂšre ; pendant l'espace d'environ un mois , tems auquel ils quittent* cette figure, comme font les vers-Ă -soie dans le cocon , ils dĂ©veloppent leurs pattes postĂ©rieures , quils Ă©cartent enfin j ce font ces pattes , qui , unies dans Vembryon , font la queue du TĂȘtard , embryon de la Grenouille. Le livre a paru cn 1751 , 8c jâai eu la commoditĂ© dâen Ă©tudier les dĂ©couvertes. Jâai dâabord cherchĂ© la vessie renfermant les petits vers dans lâabdomen des Grenouilles mĂąles, ĂC jâai bientĂŽt vu, par la description donnĂ©e , que câĂ©toit celle de surine ; jây ai trouvĂ© les petits vers, ils font de la grosseur dâun bon fil, ils ont une couleur blanche , un peu jaune , fans anneaux, de la longueur dâune ligne 8Ă demi, ayant un mouvement presque continuel, St attachĂ©s par leur extrĂ©mitĂ© Ă la vessie. Nous sommes dâaccord jufquâici avec M. Gautier ; mais ces vers ne peuvent ĂȘtre regardĂ©s comme des fĆtus de Grenouilles , i°. parce quâon trouve ces vers dans la vessie des femelles comme dans celle des mĂąles ; tandis quâils ne devroient ĂȘtre que dans la veflĂŹe des derniers z°. on ne trouve pas ces vers dans la vessie de toutes les Grenouilles accouplĂ©es, comme jâai pu le voir dans la foule des Grenouilles G 4 104 E X P Ă n J E N C E s que jâai ouvertes. z°. Jâai peut-ĂȘtre trouvĂ© vingt de ces vers dans la vessie des Grenouilles mĂąles accouplĂ©es, 8c jâai trouvĂ© plus de mille fĆtus dans les femelles, de mĂȘme que Swammer-. dam. 4 0 . AprĂšs la fĂ©condation, le mĂąle ne devroit plus avoir de vers ; mais je nâai pas troiri'Ă© que le nombre en diminuĂąt. 5 0 . Ces vers restant attachĂ©s aux fĆtus des Grenouilles 8c sâen nourrissant , je devois les voir comme lui, puifquâils pouvoient se distinguer Ă lâceil ; mais je puis dire que je ne les ai jamais ap- perçu , quoique je les aie cherchĂ© avec soin. 6°. Enfin, ces petits vers ne concourrent pas Ă la gĂ©nĂ©ration, puisque jâai fĂ©condĂ© leurs fĆtus artificiellement avec la liqueur spermatique des mĂąles , oĂč il nây avoit aucun ver, comme on le verra dans mes recherches suivantes. Telles sont les raisons qui me font rejeter lâopinion de M. Gautier. Je ne dirai pas que ceci soit une fiction , j aime plutĂŽt Ă penser quâune fausse apparence lâa trompĂ© ; ce qui pouvoir lui arriver dâautant plus facilement, quâil ne connoistĂČit pas les choses les plus communes, comme on aura pu le juger par le morceau que jâai rapportĂ© , 8c su r-tout par la phrase qui le termine , oĂč il forme la queue du'TĂ©tard avec ses jambes postĂ©rieures. Le croira-t on? lâAuteur ne craint pas de dire dans son livre que les femelles des Grenouilles nâont point dâutĂ©rus, que toutes les Grenouilles ont la langue attachĂ©e au bord antĂ©rieur du palais, que les testicules des mĂąles sont les reins , St diverses autres choses, que les svr t* GĂ©nĂ©ration. io$ plus grands novices en Anatomie ne diroient point. AuĂTi Rot- sel juge lâAuteur de cette maniĂšre Non solum itaque ajjcrere audeo p arum in anatomia ranarum prosecijse Gau- tierum , st d adderc etiam non ambigo easdem ranas eumdern vix habere cognitas. CHAPITRE VII. Examen de quelques autres objections faites contre le syjlĂ©me de lu prĂ©existence des fĆtus dans les femelles. Ă-/E Docteur Pirri, MĂ©decin & Philosophe, dans un bon ouvrage fur la thĂ©orie de la putrĂ©faction , quâil a derniĂšrement publiĂ©, se dĂ©clare partisan du systĂšme de M. le Comte de Buffon, sur la gĂ©nĂ©ration , 8t il a mis Ă la tĂȘte de son ouvrage des considĂ©rations fur la reproduction des corps organisĂ©s, oĂč il cherche Ă affoiblir les argumens les plus forts en faveur de la prĂ©existence des germes ; il attaque dâabord la dĂ©couverte de Haller fur le poulet, St celle que j'ai faite fur les Grenouilles , dont jâai parlĂ© dans mon Prodrome fur les Reproductions animales. Parlons de fa double attaque. Dans la page 7 de son livre , il dit Le » savant AbbĂ© Spallanzani , dont le nom » doit ĂȘtre cher Ă lâItalie , nous apprend un v fait rrĂšs-intĂ©ressant St trĂšs-propre Ă confir- io de vie , ceux qui nâavoient pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s » Ă©toient en lĂ©thargie St immobiles. Jâai transcrit les paroles du MĂ©decin pour faire voir combien peu elles sâaccordent avec ce que jâai dit dans mon Prodrome fur ma dĂ©couverte ; aussi, afin que le Lecteur puisse mieux juger entre nous , je rapporterai de mĂȘme ce que jâai dit aprĂšs avoir montrĂ© la parfaite ressemblance des Ćufs de Grenouilles fĂ©condĂ©s , avec ceux qui ne lâĂ©toicnt pas ; Sc aprĂšs avoir prouvĂ© que ceux-ci ne se dĂ©ve- loppoient pas, jâajoute , page 51 II nâen » est pas de mĂȘme des Ćufs fĂ©condĂ©s, qui y> sont dâabord ronds , qui sâalongent ensuite , » mais fans augmenter en masse , puis ils » sâaccroissent visiblement. La surface de lâhc- n misphĂšre blanchĂątre se ternit lĂ©gĂšrement ; » St lâon apperçoit sur lâautre hĂ©misphĂšre, qui » est noir, un sillon longitudinal, terminĂ© par 5 V R LA GĂKĂRATIOH. 107 » deux saillies, qui sâĂ©tendent en lignes droites » fur le plus grand diamĂštre de lâĆuf alongĂ© » Ă mesure quâil sâagrandit , la membrane in- » tĂ©rieure se dilate , 6c la quantitĂ© d u liquide » quâelle contient sâaugmente ; le petit sillon » 6c les faillies s'alongent beaucoup plus, peu » aprĂšs ils sâĂ©chappent par un cĂŽtĂ© de lâĆuf, qui paroĂźt encore fous la forme dâun petit » globe alongĂ© ; mais il a dans un cĂŽtĂ© de » lâalongement une espĂšce de petit appendice. » Cependant , la partie opposĂ©e , celle qui » correspond Ă lâhĂ©misphĂšre blanchĂątre, 5c qui » conserve la mĂȘme couleur, se gonfle , tandis » que lâhĂ©miĂphĂšre noir se courbe , le petit » appendice sâalonge alors ; mais sur-tout aprĂšs w un tems un peu plus long, on voit que ce » petit appendice est la queue du TĂȘtard , la » courbure qui sâest formĂ©e , lĂ oĂč Ă©toit ThĂ©â misphĂ©re noir, est son dos ; le gonflement n de la partie opposĂ©e est son ventre ; la partie » opposĂ©e Ă la queue prend la forme de la » tĂȘte du TĂȘtard on dĂ©couvre dans fa partie » antĂ©rieure la forme des yeux un peu formĂ©s ; on dĂ©couvre les deux proĂ©minences, ou petits » boutons, dont il se sert pour sâattacher aux » corps 6c se reposer , le commencement de » lâouverture de la bouche , 6c , enfin , les » deux nageoires, oĂč lâon voit couler le sang. » Le TĂȘtard, dans ces premiers momens, » ne donne aucun signe de vie par le mou- » vement, quoiquâon le tourmente avec une » aiguille , ou en lâexposant aux rayons du » soleil, rassemblĂ©s par une lentille.... io 8 ExpĂ©riences » Tels font les phĂ©nomĂšnes observĂ©s gra- » duellement dans les Ćufs fĂ©condĂ©s -, dâoĂč il » paroĂźt clairement quâils ne font pas des Ćufs » qui donnent naissance aux TĂȘtards, mais les » TĂȘtards eux-mĂȘmes concentrĂ©s & rĂ©duits. » II est donc prouvĂ© que les TĂȘtards prĂ©- » existent Ă la fĂ©condation ; mais je dĂ©montre » cette vĂ©ritĂ© dâunc maniĂšre plus claire , par » ce moyen les Ćufs non fĂ©condĂ©s ne diste- » rem absolument point des Ćufs fĂ©condĂ©s , » mais les Ćufs fĂ©condĂ©s font les TĂȘtards mĂȘ- » mes concentres Si rĂ©duits donc on doit dire » la mĂȘme chose des Ćufs non fĂ©condĂ©s j donc » les TĂȘtards prĂ©existent Ă la fĂ©condation , 8c » pour fe dĂ©velopper ils nâont besoin que de » la liqueur fĂ©condante du mĂąle ». En comparant ce passage avec celui de M. Pirri , il est aisĂ© de voir que lorsque ce dernier a voulu faire f extrait de mon ouvrage, il ne savoir pas fous les yeux. PremiĂšrement, il commence par me faire employer un instrument dont je ne parle pas , ĂC dont je ne me fuis servi que pour Ă©tudier les parties antĂ©rieures de lâĆuf des Grenouilles^ car, pour les extĂ©rieures , elles sent assez grandes pour les observer avec les yeux ; SĂ quand je me ferois servi de microscope , je puis me flatter de nâavoir pas couru le risque que fait craindre le MĂ©decin romain. II est vrai que le microscope est une source dâerreurs , soit lors quâil est mauvais , soit quand lâObservateur nâest pas expĂ©rimentĂ© mais il est vrai aussi que cet instrument est la source des plus belles dĂ©couvertes faites dans s v r la GĂ©nĂ©ration. 109 lâHistoire naturelle 8c physique ; si lâon met- toit cela en doute , on pourroit passer pour manquer de sens commun. M. Pirri dit en second lieu'; que 'f ai trouvĂ© les Ćufs tant pondus & fĂ©condĂ©s que non-fĂ©- condĂ©s dans VutĂ©rus , pleins Ă©galement dâun TĂȘtard. Ces paroles peignent ma dĂ©couverte fous des couleurs diffĂ©rentes de celles que je lui ai donnĂ©; je nâai jamais dit que les TĂȘtards existent Ă©galement dans les oeufs fĂ©condĂ©s 8c non-fĂ©condĂ©s mais jâai dit que les uns 8c les autres ne font que les TĂȘtards eux-mĂȘmes ; lâexpreslion de M. Pirri suppose des Ćufs, la mienne les exclut. En troisiĂšme lieu , le TĂȘtard que jâai dĂ©couvert Ă©toit , suivant cet Ecrivain , repliĂ© avec fa queue fur fa tĂȘte , dijlinguĂ© par fa couleur noirĂątre. Quant Ă la couleur , je nâai pas dit quâelle fĂ»t noirĂątre , mais quâun hĂ©misphĂšre du TĂȘtard arrondi Ă©toit noir, 8c lâautre obscurĂ©ment blanc ; je nâai jamais dit que la queue de cet animal fut repliĂ©e fur fa tĂȘte , mais quâelle paroiffoit comme un petit appendice, Lc quâelle sâalon- geoit Ă mesure que le TĂȘtard croiffoit ce quâon observe dans les TĂȘtards fĂ©condĂ©s , mais ce qui nâarrive pas dans ceux qui ne lâont pas Ă©tĂ© , puisque ceux-ci nâont point de queue , quoique M. Pirri imagine que je leur en donne une. En quatriĂšme lieu, M. Pirri me fait dire que les Ćufs fĂ©condĂ©s montrĂšrent le TĂȘtard en vie if en mouvement , & qu il Ă©toit immobile & en lĂ©thargie dans les Ćufs non-fĂ©condĂ©s. Je lia ExpĂ©riences nâai pourtant jamais parlĂ© de la lĂ©thargie des TĂȘtards non-fĂ©condĂ©s, 8c bien loin de parler du mouvement des TĂȘtards dâabord aprĂšs leur fĂ©condation , je dis prĂ©cisĂ©ment le contraire , comme on peut le voir dans le passage que jâai citĂ© de mon Prodrome. C X I I. Je veux discutera prĂ©sent les objections de M. Pirri } quoiquâelles soient diffĂ©rentes, elles peuvent se rĂ©duire Ă deux , dont Tune est la suivante. Ma dĂ©couverte, sur la prĂ©existence des TĂȘtards Ă la fĂ©condation , repose sur un fait que je supposai certain , parce 'quâil Ă©toit appuyĂ© de lâobservation du cĂ©lĂšbre Swam- merdam , qui a fait voir que la fĂ©condation se fait dans les Grenouilles hors du corps, 8C quâĂ mesure que les Ćufs sortent de lâanus, la semence du mĂąle les fĂ©conde ; le MĂ©decin romain rĂ©pand des doutes fur cette supposition, 8c il sâappuie sor Roesel ; mais il faut lâĂ©- couter. Qui nous assure que les Ćufs des » Grenouilles ne soient pas fĂ©condĂ©s quand » ils sont pondus. Si Roesel lui-mĂȘme croit n la chose incertaine 8c prĂ©tend avoir vu un » accouplement rĂ©el, qui lui soit croire que la » semence du mĂąle pĂ©nĂštre dans lâutĂ©rus. Quand je composois mon ouvrage je nâi- gnorois pas les incertitudes de Roesel ; mais en bonne logique elles ne pouvoient Ă©nerver la force dâun fait positif, que Roesel lui-mĂȘme avoir connu ; car, lorsquâil parle de cette conjonction momentanĂ©e, il ne doute pas de l'ob- scrvation de Swammerdam , que M. Pirri SUR LA GĂXĂRATIOX. m jne devoit pas ignorer ; 6c non-seiu!ement Roesel nâen douce pas, mais il confirme ce fair dans une autre partie de son ouvrage ; en parlant de la,Grenouille verte, il dit que le mĂąle arrose de sa semence les Ćufs pondus par la femelle , dans le moment oĂč ils sortent de sanus. Simulac autem fcemella ova sua per anum emittit masculus fuo femme , id quod ipfe domi mcĆ non folum vidi sed iteratis etiam vicibus fieri non fine admi- ratione observavi T. Pour rendre plus sensible cette fĂ©condation hors du corps de la mĂšre, il reprĂ©sente au naturel le mĂąle accouplĂ© avec la femelle , les Ćufs qui en sortent, & la semence du mĂąle qui les arrose, comme on le voir dans la figure i , planche XIII. M. Pirri ne devoit pas dissimuler cette importante observation , ou plutĂŽt sâĂ©pargner cette objection ; sâil lui relie pourtant quelques doutes, il nâa quâĂ lire mes quatre premiers Chapitres. C X I I I. Mais passons Ă une nouvelle objection; en parlant de la prĂ©existence du TĂȘtard Ă la fĂ©condation, jâentends par TĂȘtard lâembryon de la Grenouille, ou la Grenouille masquĂ©e sous lâapparence du TĂȘtard ; M. PiĂŹiri veut que la Grenouille & le TĂȘtard soient deux animaux diffĂ©rens , & il en conclut que ce fait ne » sauroit ĂȘtre un argument victorieux contre » lâEpigĂ©nĂšse , puisque lâAbbĂ© Spallanzani » ne peut sâen servir sans ĂȘtre tombĂ© dans une i Hist. ran. p. 56. riz ExpĂ©riences » erreur incroyable pour lui ; il a confondu n lâapparence du TĂȘtard avec celle de la Gre- » nouille , 8t il a fait lâĂ©quivoque de croire » que la Grenouille 8c le TĂȘtard ne formoient » quâun seul animal w. Jâai bien cru que mon ouvrage sur les Reproductions animales pouvoir ĂȘtre sujet Ă des erreurs, mais jamais Ă celle quâon me reproche ici, puisque je fuis fondĂ© fur lâautoritĂ© de S w am- merdam , de Vallisneri , de Roesel , 8c de tant dâautres qui ont parlĂ© de la Grenouille, & qui sâaccordent Ă regarder la Grenouille 8c le TĂȘtard comme un seul animal. On fait que plusieurs insectes passent par lâĂ©tat de ver , de nymphe 8C dâanimal volant ; mais on fait aussi que ces trois animaux font le mĂȘme fous trois formes diffĂ©rentes ; de forte que lâanimal volant exissoit fous les enveloppes du ver 8c de la nymphe, dâoĂč il sâest comportement dĂ©veloppĂ©. Le TĂȘtard est Ă la Grenouille, ce que la nymphe est Ă lâanimal volant, suivant les observations de Swammerdam , qui a trouvĂ© la Grenouille fous lâĂ©corce du TĂȘtard , comme le Papillon fous celle de la nymphe. PĂ©tois donc fondĂ© Ă croire que le TĂȘtard Sc la Grenouille Ă©toient le mĂȘme ĂȘtre ; Tailleurs, ma supposition Ă©toit fondĂ©e fur des faits , celle de M. Pirri Ă©toit gratuite , mais la rĂ©putation de M. Pirri mâa fait entreprendre un examen particulier de ces observations de Swammerdam , fur lâidentitĂ© du TĂȘtard 8c de la Grenouille. II falloir donc montrer que lâor- ganifation intĂ©rieure du TĂȘtard Ă©toit celle de SUR LĂ GĂNĂRATIOK. itZ la Grenouille. Si l'on trouve le mĂȘme systĂšme dâartĂšres , de veines , de nerfs, de muscles ; /ĂŹ le cĆur, le foie, le poumon , 8c les autres viscĂšres font les mĂȘmes ; ĂŹ le cerveau est le mĂȘme ; lĂŹ la moelle Ă©piniĂšrc est la mĂȘme ; enfin, si les organes des sens 8c la disposition des os ne varient point i! nây a point de doute que ces deux animaux n'en fassent qu'un seul sous une forme diffĂ©rente. C X 1 V. Jâentrepris cet examen peu de teins aprĂšs avoir vu le Livre de M. PĂrri , dans le prin- tems de 1777. Cette saison Ă©toit trĂšs-favorable pour ces observations, que je fis fur la Grenouille verte aquatique, dont je parle dans le Chapitre quatriĂšme. Pour Ă©viter les longueurs, je donnerai feulement les rĂ©sultats de mes observations commencĂ©es dans le moment oĂč les TĂȘtards peuvent sâobserver intĂ©rieurement , ÂŁ>i en les suivant jnsquâĂ -ce quâils aient pris la forme de Grenouille. DĂšs le vingt-sixiĂšme jour, aprĂšs la naissance des TĂȘtards, on dĂ©- couvroit au travers des tĂ©gumens de l'abdomen leurs intestins tournĂ©s en spirale , les battemens du cĆur Ă©toient trĂšs-senlĂŹbles dans la rĂ©gion du thorax ; en ouvrant ces deux cavitĂ©s les intestins laissoient voir leur mĂ©sentĂšre , qui ressemblait Ă une toile dâaraignee par sa finesse ĂŽc la facilitĂ© de le rompre on y apperce- voit ramper de trĂšs-petits filets ronges, que la lentille montrait , chrome les artĂšres 2 >C les veines ; les reins , les deux poumons vafeu- leux, le foie, Ă©toient trĂšs-vilĂŹbles y la vĂ©licula Ii U 4 ExpĂ©riences du fiel Ă©toit attachĂ©e Ă ce dernier viscĂšre , elle Ă©toit pleine dâune liqueur transparente 6c sans amertume. Le cĆur fait comme un cĂŽne avoit son oreillette ĂC son ventricule vers la partie supĂ©rieure , on voyoit lâaorte qui sây implantoit , &C se divisoit en deux rameaux ; on voyoit de mĂȘme lâaorte descendante 6c la veine-cavc , de mĂȘme que leurs principaux rameaux ; les vertĂšbres du dos 6c des lombes, le crĂąne, paraissaient nâavoir aucune consistance osseuse ; la moelle 6Ă le cerveau , quâils renferment , rcssembloient Ă une gelĂ©e ; les nerfs du corps paroissoient de mĂȘme gĂ©latineux , 6c lâon distinguoit ceux qui sortoient des vertĂšbres dorsales on obfervoit extĂ©rieurement les trous des narines ; lâiris de lâĆil est dâune couleur jaune dorĂ©e ; quand on ĂŽte lâĆil de son orbite, 6c quâon lâouvre, on y trouve lâhumeur vitrĂ©e, rhumeur aqueuse, la lentille crystalline , qui a dĂ©jĂ assez de consistance 6c de transparence. Les ouĂŻes, quâon observe dans les plus jeunes TĂȘtards, ne se voient plus quâintĂ©rieurement fous la peau du thorax. Tous ces organes paraissent les mĂȘmes au trente - sixiĂšme jour , avec cette diffĂ©rence , quâils font plus grands L plus solides ; la liqueur de la vĂ©sicule du fiel est transparente, mais elle devient amĂšre; les vaisseaux artĂ©riels 6c veineux se teignent lĂ©gĂšrement en rouge ; le crĂąne 6c les vertĂšbres deviennent cartilagineux ; le cerveau , la moelle Ă©pini*re 6C les nerfs ne font plus si gĂ©latineux. Au quarantiĂšme jour, toutes ces parties font SUR LA G Ă S Ă K A T I O N. 115 plus fortes & mieux dĂ©veloppĂ©es, lâamertume de la bile augmente ; on voit les rudimens des jambes postĂ©rieures on devine les antĂ©rieures, mais elles font enveloppĂ©es fous les tĂ©gumens du thorax. Quinze ou vingt jours aptes, quelquefois plutĂŽt ou plus tard dans les TĂȘtards de la mente mĂšre , on voit paroĂźtre les jambes antĂ©rieures , leur organisation est la mĂȘme , elle ne varie pas dans les jours fuivans, quand les jambes font dĂ©veloppĂ©es , quand la queue sâaccourcit SĂ fe perd , 8c quand ils prennent la forme dâune Grenouille. La Grenouille est parfaite au bout de quatre- tfngt jours, ou environ , 8Ă elle ne diffĂšre plus des autres que par la grosseur ; mais son organisation est la mĂȘme que celle du TĂȘtard, elle a les mĂȘmes organes, les mĂȘmes viscĂšres, les mĂȘmes artĂšres , les mĂȘmes veines 8c nerfs , les os ont la mĂȘme configuration jâabrĂšge pour Ă©viter une prolixitĂ© fastidieuse ; lâidentitĂ© du TĂȘtard & de la Grenouille est donc entiĂšre ; mais lĂŹ M. PiRRi conserve encore quelque doute , parce que la Grenouille nâa ni nageoires , ni queue comme le TĂȘtard , ĂŽc quâelle a quatre jambes , que le TĂȘtard nâa pas ; je lui rappellerai que le poulet dans lâĆuf a la forme dâun ver, avec une grosse tĂȘte Sc une longue queue , que son cĆur ressemble Ă un denti-anneau , que lâincubation lui donne des ailes 8t des jambes , Ăt qu'en sortant de lâĆuf, il perd le cordon ombilical cependant, je ne crois pas que personne ait pensĂ© que le II Ăź 1X6 E X P Ă R 1 E iV C E S poulet dans lâĆuf & la poule soient deux animaux diffĂ©rons ; mais jc crois ma rĂ©ponse suffisante. C X V. M. Pirri attaque la dĂ©couverte de Haller je souhaitois savoir ce quVn pensoir mon ancien ami ce grand Physiologiste ; je lui envoyai donc le livre de M. Pirri , mais il Ă©toit trop malade pour pouvoir mâĂ©crirc son opinion ; peu avant fa mort il mâĂ©crivit ce peu de paroles Je vous abandonne ce Monsieur Pirri , il est » en bonnes mains, vous saurez aise z dĂ©fendre » la bonne cause de la nature. 11 est toujours » tĂ©mĂ©raire dâattaquer des expĂ©riences par des » raisonnemens ». Haller me chargeoit ainsi de fa dĂ©fense , 5 c je lâaurois prise dâabord, fi, en comparant la dĂ©couverte de ce grand homme avec lâobjectĂŹon , je nâavois pas trouvĂ© que , si je ne devois pas la nĂ©gliger , au moins je pouvois la suspendre , sans blesser lâoppo- sant ; je crus donc convenable dâengager cet ingĂ©nieux Physicien Ă Ă©tudier avec plus dâatten- tion la dĂ©couverte de Haller , quâil me pa- roissoit nâavoir pas approfondie comme elle mĂ©ritoit, comme on sâen appercevra en comparant la peinture de la dĂ©couverte avec celle qu'en fait lâextrait. Haller sâexprime ainsi dans la Section XIII, p. 187 de ses Observations furie Poulet; le jaune de lâĆuf est une continuation des » intestins du fĆtus, la membrane interne du » jaune est une continuation de la membrane » interne de lâintestin grĂȘle de la membrane sur la GĂ©nĂ©ration. 117 » interne de lâestomac, du pharinx avec la peau » 8c lepiderme ; la membrane externe du jaune » est la membrane externe de lâintestin , elle » se continue avec le mĂ©sentĂšre , le pĂ©ritoine ; »> lâenveloppe qui couvre le jaune , dans les » derniers jours de lâincubation , est la peau » mĂȘme du fĆtus ». Ensuite il conclut Si » le jaune est contenu avec la peau , il est vĂ©- » ritablement une partie du fĆtus ; mais le » jaune a existĂ© dans la mĂšre indĂ©pendamment » de la fĂ©condation , donc le fĆtus doit aussi » avoir existĂ© avec lui ». Ce grand homme rĂ©pĂšte la mĂȘme chose en des termes plus prĂ©cis dans fa PhyĂiologie , lib. XXIX , sect. II. Denique direcla demons- tratio adcjl , quĂą oflendas certe in avibus pul- lum in matre fuijje. Pulli enim intejlinum continuatur cum vitelli involucro , & adeo intejlini interior membrana cum epidermide , animait , exterior cum cutc denique cum involucro vitelli eadem ejl. Voici les paroles mĂȘmes de M. Pirri Parce que Haller a prouvĂ© que la mem- » brane du jaune , prĂ©existente dans lâĆuf fĂ©- » condĂ©, se transforme par Incubation dans » lâintestin grĂȘle du Poulet ; il dĂ©duit que cette » membrane devoir prĂ©exister absolument dans » lâĆuf avant fa fĂ©condation ». Je souhaite que le Phylicien romain dĂ©cide lui-mĂȘme Ăi la copie est conforme Ă lâoriginal ; il est vrai quâil ajoute Ă ceci un fait de Haller quâil essaie de rĂ©futer. Mais il est vrai aussi que le second fait nâa pas paru Ă Haller de la H z n8 ExpĂ©riences mĂȘme importance que le premier , ni aussi propre Ă persuader ; ce qui mĂ©ritoit detre remarquĂ©. Je suis fĂąchĂ© dâavoir Ă©tĂ© forcĂ© de rectifier ces inexactitudes dâun homme que jâestime, &C avec qui jc me fuis liĂ© depuis la publication de son livre ; mais , en traitant ces matiĂšres, je ne pouvois leviter ; je reconnois aussi que ces inexactitudes ont Ă©tĂ© fessier de la rapiditĂ© de son travail, qui ne lui a pas permis de considĂ©rer ces objets comme ils le mĂ©ritoient. Aussi, jc le prie dâexaminer de nouveau ces faits avec plus de loisir , dây joindre les preuves quâil trouvera dans cet ouvrage 8c je ne doute pas quâil ne reconnoisse la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation. C X V I. AprĂšs ces critiques de Haller 8c de moi, notre Auteur , fans attaquer directement le systĂšme de lâemboĂźtement, dĂ©fendu par M. Bonnet , dit quâĂŹl nâen est pas persuadĂ© cela nâest pas Ă©tonnant, M. Pirri sâest dĂ©clarĂ© EpigĂ©nĂ©liste ; mais jâai Ă©tĂ© Ă©tonnĂ© de trouver dans son livre , Ă la page zr. , un passage du Philosophe de GenĂšve , qui semble en contradiction avec lui , puisquâil paroĂźtroit attaquer le systcme de iâemboĂźtement mais ce qui mâa fur-tout surpris , câest que M. Pirri dit , Ă la page 77 de fa thĂ©orie de la putrĂ©faction , que le systĂšme du dĂ©veloppement des corps est, suivant lâaveu de M. Bonnet lui- mĂȘme , dĂ©duit de faits assez Ă©quivoques 8c dâobservations qui ne conduisent pas directe- sur la GĂ©nĂ©ration. 119 ment Ă ces consĂ©quences. AprĂšs avoir lu cela, je lecrivis sur-le-champ Ă M. Bonnet, pour savoir de lui-mĂȘme comment il concilioit ces contradictions apparentes , 8 c jây joignis un extrait de la maniĂšre de penser de M. Pirri sur ma dĂ©couverte &Ă sur les molĂ©cules organiques de M. de Buffon. Je ne tardai pas de recevoir de mon illustre ami une rĂ©ponse, quâil me pria de rendre publique , Sc que je transcris ici. GcnthodprĂšs de GenĂšve le 29 Nov. 1777. Je ne connoissois point cet ouvrage de M. Philippe Pirri i, dont vous me donnez une courte notice , qui me surprend beaucoup. Comment, je vous prie, sâest-il trouve dans lc dix-huitiĂšine siĂšcle un Ecrivain qui ait osĂ© soutenir, que le TĂȘtard St la Grenouille font deux animaux essentiellement diffĂ©rens ? Cet Ecrivain nâavoit donc jamais lu Swammerdam ! Mais peut-on traiter des Grenouilles fans avoir lu Swammerdam, ou au moins fans lavoir consultĂ©? Son compatriote, lâillustre Valisnieri, quâil a sans doute feuilletĂ© , n etoit-il pas suffisant pour le convaincre de la faussetĂ© de sa propre opinion? Jâavoue que je ne comprends rien Ă cette assertion si Ă©trange de M. Pirri. Appa- C 1 TraitĂ© de la putrĂ©faction, prĂ©cĂ©dĂ© de quelques considĂ©rations fur la reproduction des corps organisĂ©s. Rome 1776. H 4 IlO EXPERIENCES remment que quelquâintĂ©rĂȘt secret lâa jetĂ© dans Terreur. Cette opinion singuliĂšre nâexigeoit pas toute la peine que vous avez prise pour la rĂ©futer je mâasture quâil n'est aucun Naturaliste qui ne vous en eĂ»t bien volontiers dispensĂ©. Vous m'apprenez que M. Pirri mâattaque indirectement, Sc quâil dit que mes ConsidĂ©rations sur les corps organisĂ©s ne l'ont jamais persuadĂ© de la prĂ©exijlence des Germes. Je ne suis point du tout Ă©tonnĂ© quâun Physicien, qui croit que le TĂȘtard St la Grenouille sont deux animaux essentiellement dissĂ©rens , nâait point Ă©tĂ© satisfait de mes preuves en faveur de la prĂ©existence des germes. Ce qui mâĂ©tonneroit beaucoup, ce seroit quâun tel Physicien eĂ»t Ă©tĂ© satisfait de ces preuves. Votre EpigĂ©nĂ©Ăiste est bien fait pour surprendre les Naturalistes qui nâont pas assez rĂ©flĂ©chi fur Tinfluence des opinions dâun cĂŽtĂ© il avoue que vous avez bien dĂ©montrĂ© que les molĂ©cules organiques de M. de Buffon font de vĂ©ritables Animalcules ; Sc de Tautre , il soutient quâil existe nĂ©anmoins de vraies molĂ©cules organiques , mais qtie leur extrĂȘme petitesse dĂ©robe Ă notre vue. Cependant, sâil nâa pu les apper- cevoir, comment a-t-il pu sâassurer de leur existence ? Vous me dites , que , Jclon lui , cette exijlence est prouvĂ©e par les consĂ©quences. II faudroit donc que je connusse ces consĂ©quences pour juger de leur valeur. JVlais ce que vous me rapportez de cet Auteur, ne me porte pas Ă prĂ©sumer favorablement de sa logique. Un dĂ©faut de logique est une chose trĂšs-par- I 2 I svn la GĂ©nĂ©ration. donnable ce qui ne l'est pas au mĂȘme degrĂ©, c'est un manque dâexactitude ou de fidĂ©litĂ© dans les citations des Auteurs. Quand, pour combattre l 'emboĂźtement , M. PiRRi mutile un passage de mes Corps organisĂ©s , il fait une chose cjuâon peut lĂ©gitimement lui reprocher, & qui f'eroit seule douter de la bontĂ© de sa cause , ĂĂŹ lâon devoit en juger par son procĂ©dĂ©. Jc nâignore n pas, dit-il, les preuves gĂ©omĂ©triques de la » diviĂibilitĂ© de la matiĂšre Ă lâinfini. Mais, je n fais aussi que ce font autant de surprises quâon » voudroit faire Ă notre esprit , au prĂ©judice » de la raison , comme lâavouc avec une ingc- » nuitĂ© philosophique M. Bonnet , dans lâar- » ticle 127 de ses Corps organisĂ©s , oĂč , à » propos de lâemboĂźtement, il sâexprime ainsi » La divistbilitĂ© de la matiĂšre Ă l'infini , par la- » quelle on prĂ©tendroitsoutenir cet emboĂźtement , » est une vĂ©ritĂ© gĂ©omĂ©trique sf une erreur physique. Tout corps est nĂ©cessairement fini, toutes ,1 ses parties font nĂ©cessairement dĂ©terminĂ©es » . Qui ne croiroit, Ă la lecture de ce passage de mes Corps organisĂ©s , que je combats moi-mĂȘme lâemboĂźtement ? Et pourtant, câest dans ce mĂȘme passage que je tĂąche de prouver la possibilitĂ© de lâemboĂźtement. Pour essayer de persuader Ă ses Lecteurs que je pense comme lui sur ce sujet, il dĂ©tache lelĂŹement quatre lignes de mon article , supprime tout le reste , 8c applaudit Ă mon ingĂ©nuitĂ© philosophique. Jâai regret de ne pouvoir applaudir aussi Ă la candeur philosophique de M. Pirri mais la vĂ©ritĂ© est , quâil me fait dire prĂ©cisĂ©ment le contraire m ExpĂ©riences de c'e que jâai souhaitĂ© de prouver. Jâavois dit LâhypothĂšse de remboĂźtement a sa probabi- » litĂ© ; mais il ne faut pas supposer un emboĂź- » tement Ă lâinfini , ce qui seroit absurde. La » diviĂibilitĂ© de la matiĂšre Ă lâinfini, par laquelle » on prĂ©tendrait soutenir cet emboĂźtement, » est une vĂ©ritĂ© gĂ©omĂ©trique 8c une erreur » physique, 8cc. ». Je continuois ainsi Nous » ignorons absolument quels font les derniers » termes de la division de la matiĂšre ; 8t câest » cette ignorance mĂȘme qui doit nous empĂȘcher » de regarder comme impossible l'enveloppe- » ment des germes les uns dans les autres. Nous » nâavons qu a ouvrir les yeux 8c Ă promener nos » regards autour de nous, pour voir que la mari tiĂšre a Ă©tĂ© prodigieusement divisĂ©e. LâĂ©chelle » des Etres corporels est lâechelle de cette divi- » sion. Combien la Moisissure est-elle contenue n de fois dans le Cedre, la Mitte dans lâElĂ©- » phant, la Pucedâeau dans la Baleine, un grain » de fable dans le Globe de la terre, un globule » de lumiĂšre dans le Soleil ! On nous prouve » quâune once dâor peut ĂȘtre assez soudivisĂ©e par » lâart humain, pour former un fil de 80 ou ioo » lieues de longueur on nous montre au micros- » cope des Animaux dont plusieurs milliers nâĂ©ga- » lent pas ensemble la grosseur du plus petit grain » de poussiĂšre on fait cent observations de mĂȘ- » me genre, 8c nous traiterions dâabsurde la » thĂ©orie des enveloppemens, 8cc. »! II y a plus encore jâĂ©tois revenu Ă lâemboĂźtement , de la maniĂ©rĂ© la plus directe , dans lâart. 342., 8c jây avois transcrit un long passage du savant SVR LA GENERATION, I2J Bourguet, pour infirmer les calculs par lesquels le cĂ©lĂšbre Hartsoeker vouloir Ă©craser lâimagĂŹnation. Comment donc M. Pirri nâa-t-il pas compris , quâun manque de bonne foi, quâil Ă©toit si facile de dĂ©couvrir, dĂ©crĂ©diteroir son propre ouvrage ? Je fuis bien plus surpris encore, dâun autre passage de cet Auteur, que vous me transcrivez, 8c oĂč il ose avancer en termes exprĂšs Que VĂ©volution ou le dĂ©veloppement des germes eft , de l'aveu de M. Bonnet , un syflĂȘme tirĂ© des faits les plus Ă©quivoques & des observations les plus inconsĂ©quentes. Cette assertion si prĂ©cise & pourtant Ăi fausse ne sautoir en imposer quâĂ ceux qui ne mâont jamais lu ; car, quel est celui de mes Lecteurs , qui ignore que jâai toujours regardĂ© lâ Ă©volution ou le dĂ©veloppement des germes , comme fondĂ© fur les faits les moins Ă©quivoques & fur les observations les plus consĂ©quentes ? Tons mes Ă©crits font pleins de la doctrine de rĂ©volution des germes il nâest aucun Auteur , fans exception , qui sâen soit plus occupĂ© que moi, Lc qui ait tĂąchĂ© de letablir fur de meilleures preuves. II me paroĂźt moralement impossible que M. Pirri ait pu se mĂ©prendre un instant fur une chose aussi Ă©vidente, Lc puisque , malgrĂ© une telle Ă©vidence, il ose mettre dans ma bouche un aveu iĂŹ contraire Ă tout ce quâil connoĂźt de ma maniĂ©rĂ© de penser sur le sujet dont il sâagit, je me crois fondĂ© Ă en conclure que son Ă©crit ne lui a point Ă©tĂ© dictĂ© par lâamour pur & dĂ©sintĂ©ressĂ© du vrai. Mais en voilĂ dĂ©jĂ trop fur un Auteur assez peu !fZ4 E X P E R I E N C E S jaloux de lâestime du public, pour sâexpofer volontairement au reproche si grave &C si bien fondĂ© de rĂ©ticence Sc de mauvaise foi. Si vous mâen croyez vous ne direz quâun mot de son Ă©crit le rĂ©futer en dĂ©tail, ce scroit lui donner une cĂ©lĂ©britĂ© q u'il ne mĂ©rite pas. Les crystal- lifations 8t les prĂ©cipitĂ©s chymiques auxquels recourt lâEpigĂ©nĂ©lĂŹsle , pour rendre raison de la formation du fĆtus, sont des explications usĂ©es, dont la faussetĂ© est prouvĂ©e par les observations des meilleurs Physiciens. J? Ăź ++' ,++ ⊠s v r la GĂ©nĂ©ration. 115 ⊠!* MĂMOIRE SECOND. De la fĂ©condation artificielle obtenue dans quelques animaux. CHAPITRE PREMIER. FĂ©condation artificielle du Crapaud terrestre Ă yeux roux &âą Ă tubercules dorsaux. C X V I I I. JVĂalpighi imagina le premier dâessayer la fĂ©condation des animaux par le moyen de l'arr; il tira les Ćufs des ovaires dâun Papillon de ver-Ă -foie, il les baigna avec la liqueur fĂ©condante du mĂąle ; il est vrai que cette expĂ©rience ne rĂ©ussit pas, les Ćufs restĂšrent stĂ©riles. Bibiena voulut rĂ©pĂ©ter lâexpĂ©rience, la varier, mais il ne fut pas plus heureux 1 cependant, parce que cette idĂ©e avoit Ă©tĂ© fans succĂšs pour les Ćufs de Papillon , on ne devoit pas croire 1 Act. acad. Bon. T. V, pars 1. j ExpĂ©riences quâelle seroit sans succĂšs dans les animaux dont la fĂ©condation se fait hors du corps, comme les Crapauds &C les Grenouilles. DĂšs que je commençai en 1767 Ă communiquer Ă mon ami M. Charles Bonnet mes premiĂšres observations fur la prĂ©existence des germes dans les Grenouilles, il mâexhorta , dans fa rĂ©ponse, Ă tenter la fĂ©condation artificielle de ces amphibies ; comme je compris lâimportance de ces expĂ©riences pour la Physique animale , Sc fur-tout pour la gĂ©nĂ©ration , je me proposai dĂšs-lors de les faire ; ayant mĂȘme publiĂ© en 1768 mon Prodrome fur les reproductions animales, je nây dissimulai pas ce projet, que je nâai pu effectuer quâau printems de 1777 , Sc sur-tout en 1780 dans ces deux faisons jâai pu satisfaire ma curiositĂ© ; les animaux, qui mâont fourni les objets de mes recherches, font ceux dont jâai parlĂ© dans les cinq premiers Chapitres du MĂ©moire prĂ©cĂ©dent. C X I X. Le Crapaud terrestre , Ă yeux roux 8c Ă tubercules dorsaux , Ă©tant un de ces amphibies qui sâaccouplent dâabord au printems , il fut aussi celui qui me fournit le premier les sujets de mes expĂ©riences fur la fĂ©condation artificielle. Jâai dit que la femelle accouplĂ©e se dĂ©charge lentement par lâanus de deux cordons tranfparens 8c visqueux pleins de globules noirs, qui font les petits TĂȘtards que le mĂąle arrose de semence Sc fĂ©conde , quand ils sortent du corps, §. XLV , XLIX, L, LI, LVĂI. Puis sur la GĂ©nĂ©ration. izj donc que les TĂȘtards, en sortant du corps, font propres Ă ĂȘtre fĂ©condĂ©s, jâeiĂźayai de les fĂ©conder alors pĂĄr ce moyen. Ayant dĂ©tachĂ© un Crapaud mĂąle accouplĂ© , de fa femelle , lorfquâelle Ă©toit fur le point dâaccoucher de fes TĂȘtards , comme je mâen apperçus par le gonflement du ventre , je la mis solitaire dans un vase plein dâeau , oĂč quelques heures aprĂšs elle commença Ă faire pa- roĂźtrehors de son corps deux cordons visqueux; quand ils eurent la longueur dâun pied, je les coupai prĂšs de lâanus ; jâen laissai un dans le vase , St je pris lâautre pour le baigner avec la semence du mĂąle. Je tirai cette liqueur du mĂąle mĂȘme arrachĂ© Ă sa femelle. Quand on a ouvert lâabdomen, il est aisĂ© Ă un Anatomiste de trouver les vĂ©sicules sĂ©minales , qui , dans cette espĂšce dâanimaux , sont au-dessous des testicules St embrassent une partie des reins , ils font remplis de liqueur sĂ©minale dans le tems de lâaccouplement ; ayant donc percĂ© dâabord ces vĂ©sicules , St en ayant tirĂ© la liqueur sĂ©minale , qui Ă©toit transparente comme lâeau , que je mis dans un cryslal de montre , jâen baignai le morceau de cordon avec un pinceau ; St comme la quantitĂ© de la semence, qui Ă©galoit Ă peine le poids de deux grains, ne pouvoit suffire quâĂ humecter les deux tiers du cordon , je me bornai Ă cette partie , que Ăźâhumectai dans lâair, St que je plaçai ensuite dans un vase plein dâeau , semblable Ă celui oĂč jâavois mis lâautre cordon non-fĂ©condĂ©. Je fis cette expĂ©rience le 16 de Mars, la saison IzS E XPĂRI2NCES Ă©toic froide , peu propre au dĂ©veloppement des TĂȘtards ; de forte quâil me fallut plus de rems pour savoir lâissue de mon expĂ©rience, qui mâintĂ©rcssoit fi fort. Pendant les cinq premiers jours, jâobfervai ces cordons plusieurs fois chaque jour , fans y appercevoir aucune diffĂ©rence sensible; le mucus s etoit agrandi dans tous les deux, ils avoient conservĂ© leur figure orbiculaire ; mais le sixiĂšme jour je me flattai que mon expĂ©rience ne scroit pas inutile, plusieurs TĂȘtards, contenus dans les deux tiers du cordon humectĂ© par le pinceau , plongĂ© dans la liqueur sĂ©minale du Crapaud , com- mençoient Ă sâalonger , tandis que les TĂȘtards de lâautrc tiers du cordon conservĂšrent leur rondeur , de mĂȘme que ceux de lâautre vase que je nâavois pas touchĂ© y le septiĂšme jour mes espĂ©rances sâaccrurent, St lâalongement des TĂȘtard? sâaugmenta ; ils augmentĂšrent cn grosseur , St cet alongement comme la grossepr continuĂšrent de croĂźtre pendant les jours sui- vans de forte quâil ne me resta plus de doute fur le dĂ©veloppement des TĂȘtards Sc le succĂšs de la fĂ©condation artificielle ; au onziĂšme jour, les TĂȘtards se mouvoient dans lâamnios ; au treiziĂšme , ils en Ă©toient sortis, ils nageoienf librement dans seau au contraire , les TĂȘtards non-fĂ©condĂ©s Ă©toient restĂ©s comme ils Ă©toient, ils commencĂšrent mĂȘme Ă se corrompre Ă la surface , St ils se poudrent tout-Ă -fait jâĂ©tois donc parvenu Ă donner artificiellement la vie Ă cette espĂšce dâanimaux, en imitant la Nature danĂŻ su r la GĂ©nĂ©ration. iry dans les moyens quelle emploie pour multiplier ces amphibies. On se peindra aisĂ©ment le plaisir que jâĂ©prouvai en considĂ©rant un succĂšs si peu attendu ; 8Ă lâon ne doutera pas que je nâaie souvent rĂ©pĂ©tĂ© 8c variĂ© cette expĂ©rience, pour en tirer les utiles consĂ©quences qui pourroientj convenir Ă ce sujet. C X X. Tous les TĂȘtards des deux tiers du cordon fĂ©condĂ© ne naquirent pas ; jâcn comptai 113 en vie , 8t 63 qui ne se dĂ©veloppĂšrent pas jâimaginai donc que ces derniers nâavoient peut-ĂȘtre pas Ă©tĂ© touchĂ©s par la liqueur sĂ©minale , dont jâeus une quantitĂ© Ăi petite ; je me proposai de rĂ©pĂ©ter lâexpĂ©rience sur un autre morceau de cordon, au moment oĂč il lbrtiroit de lâanus de la femelle, sĂ©parĂ©e du mĂąle depuis quelques heures. Ce morceau Ă©toit long de cinq pouces, 8c je pus le baigner entiĂšrement de la liqueur sĂ©minale , ayant tirĂ© toute celle qui Ă©toit dans les vĂ©sicules sĂ©minales du mĂąle que jâavois ĂŽtĂ© Ă cette femelle, de mĂȘme que celle que me fournit un autre mĂąle ; 8t je dois avertir ici, que pour trouver les vĂ©sicules sĂ©minales pleines de semence , il faut les ouvrir quand les mĂąles font accouplĂ©s , la quantitĂ© est alors environ de deux grains , 8c quelquefois prĂšs de trois. Au contraire , lorsque les mĂąles ne font pas accouplĂ©s, ils nâont point de liqueur sĂ©minale , oĂč ils en ont trĂšs- peu ; les vĂ©sicules elles-mĂȘmes font alors si flasques , quâon peut Ă peine les dĂ©couvrir. Je trouvai que la plus grande partie des TĂ©- I 13 ° ' ExpĂ©riences tards de ce cordon , que jâavois fĂ©condĂ©s avec abondance , setoit dĂ©veloppĂ©e ; la saison Ă©tant plus avancĂ©e, Sc par consĂ©quent, moins froide que dans ma premiĂšre expĂ©rience , §. CXIX ; les TĂȘtards sâalongĂšrent au bout du cinquiĂšme jour; dans le dixiĂšme, ils donnĂšrent des lignes de vis , 8c dans le onziĂšme ils nageoient ; il y en eut 107 de dĂ©veloppĂ©s , 8c 8 qui ne naquirent pas, ou parce quâils ne furent pas fĂ©condĂ©s , ou parce quâils Ă©toient en mauvais Ă©tat; jâavois observĂ© , dans les fĂ©condations naturelles, quâcntrc un grand nombre dc TĂȘtards qui nailsoient, il y en avoir toujours quelques-uns qui ne se dĂ©veloppoient pas. C X X I. Ces deux fĂ©condations artificielles furent opĂ©rĂ©es fur les cordons sortis de la femelle & tombĂ©s dans lâeau ; jâavois imitĂ© la fĂ©condation naturelle des Crapauds SĂ des Grenouilles , qui se fait dans cet Ă©lĂ©ment ; mais mes observations mâavoient fait remarquer que cette fĂ©condation rĂ©ussit dans un lieu sec, quand on force ces animaux accouplĂ©s Ă y rester ; câest par ce moyen que j ai dĂ©couvert comment sâopĂšre la fĂ©condation naturelle, §. XLVII, XLVIII , XLIX il me sembloit donc que la fĂ©condation artificielle pouvoit aussi sâexĂ©cuter de cette maniĂšre , mais je voulus mâen assurer par une expĂ©rience je mis donc une femelle de Crapaud dans un lieu sec , elle accoucha des deux cordons, jâen pris un, que je mis dans lâeau, aprĂšs savoir baignĂ© dans la liqueur sĂ©minale du mĂąle ; ĂC sur la GĂ©nĂ©ration. 13 i je plaçai Ă cĂŽtĂ© un autre morceau du cordon non-fĂ©condĂ© ; au bout de douze jours, tous les TĂȘtards de ce morceau Ă©toient Ă demi- pourris, tandis que les autres nageoient dans lâeau. Je fus attentif Ă rechercher si les TĂȘtards, fĂ©condĂ©s artificiellement, naissoient plus tard que ceux qui Ă©toient fĂ©condĂ©s naturellement. Jâavois deux Crapauds accouplĂ©s , je 1 aillai sortir une portion du cordon , que le mĂąle humecta de sa semence ; alors jc les sĂ©parai & je coupai les deux cordons trĂšs-prĂšs de lâanus de la femelle ; ensuite jâattendis quâelle accouchĂąt dâune autre portion de cordon , que je coupai au bout dâun quart-dâheure, 8c que jâhumectai avec la semence ĂŽtĂ©e des vĂ©sicules du mĂȘme mĂąle, que jâavois enlevĂ© Ă cette femelle. Je plaçai cette portion du cordon , fĂ©condĂ©e artificiellement, Ă cĂŽtĂ© de la portion fĂ©condĂ©e naturellement , dans le mĂȘme vase plein dâeau ; mais les TĂȘtards de ces deux portions du cordon se dĂ©veloppĂšrent, RanimĂšrent SĂ naquirent dans le mĂȘme tems ; cette expĂ©rience se confirma dans les Grenouilles & les Crapauds. C X X I I. Nous avons imitĂ© jufquâĂ prĂ©sent la Nature en fĂ©condant artificiellement les TĂȘtards lors- quâils sortent du sein de leur mĂšre , comme ils sont fĂ©condĂ©s dans lâaccouplement naturel. Quâarrivera-t-il en tentant cette fĂ©condation dans le corps ? nous savons que les TĂȘtards font dâabord renfermĂ©s dans les ovaires, quâils rzr ExpĂ©riences passent ensuite dans les canaux des Ćufs, quâils descendent enfin dans lâutĂ©rus ; seront-ils propres Ă se dĂ©velopper , quand ils auront Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s dans ces trois circonstances ? Je commençai Ă rĂ©soudre ces questions en mâoccu- pant des TĂȘtards renfermĂ©s dans lâutĂ©rus. Cet organe est divisĂ© en deux cellules par une membrane , ces cellules font remplies de TĂȘtards ; quand ils font sortis des canaux des Ćufs, ils y font enveloppĂ©s dans leurs cordons glu- tineux, ĂŽt ce cordon est ployĂ© comme le fil en pelotton ; mais il est facile Ă dĂ©vuider; on le tire entier bors de lâutĂ©rus , en le tenant lĂ©gĂšrement attachĂ© avec la pointe dâune mollette ; ayant donc ouvert lâabdomen de plusieurs femelles accouplĂ©es, lorsque je savois que leur utĂ©rus Ă©toit rempli de ce cordon en pelotton , ce qui se trouve toujours ainsi quand il commence Ă sortir par lâanus alors j'en tirai une partie par lâanus, je la baignai avec la semence du mĂąle , je la mis dans lâeau dâun vase , & je plaçai dans le mĂȘme tems, ĂŽĂ dans un autre vase , le reste de ces cordons qui Ă©toient dans lâutĂ©rus ; mais ceux-ci ne naissoient jamais, tandis que ceux que jâavois fĂ©condĂ© naissoient toujours. Les TĂȘtards , descendus dans lâutĂ©rus, ont donc acquis cette maturitĂ© nĂ©cessaire pour la fĂ©condation. Pendant ces expĂ©riences , il mâarriva un accident qui mĂ©rite dâĂȘtre rapportĂ© ; ayant observĂ© plulĂŹeurs fois au microscope la semence de ces Crapauds , jây trouvai une foule de vers spermatiques, qui font oblongs comme S V R LA GeRERATIOR. 135 ceux des Grenouilles, & qui, dans leur mouvement progressif, ont un petit tremblement & tordent lĂ©gĂšrement leur corps ; mais deux fois je vis cette semence sans vers , & ayant baignĂ© des TĂȘtards , tirĂ©s de lâutĂ©rus , avec cette semence sans vers , ils furent aussi bien fĂ©condĂ©s que ceux qui avoient Ă©tĂ© baignĂ©s avec cette semence chargĂ©e de vers spermatiques. C X X I I I. Je tentai ensuite ces expĂ©riences fur les TĂȘtards renfermĂ©s dans les canaux des Ćufs, & qui y font tandis que les femelles font accouplĂ©es voici le succĂšs de ces expĂ©riences. Quand les TĂȘtards se trouvĂšrent le plus au large , dans lc voisinage de lâutĂ©rus , plusieurs de ceux que je baignai dans la semence du Crapaud mĂąle , se dĂ©veloppĂšrent ; mais ceux qui furent plus prĂšs des ovaires, dans la partie la plus Ă©troite des canaux des Ćufs, qui est vers le cĆur, ceux-lĂ ne se dĂ©veloppĂšrent pas, quand je les eus baignĂ© avec la semence du mĂąle ; il me semble que je puis expliquer cette diffĂ©rence la glu qui lie ensemble les TĂȘtards , 8c qui forme les deux longs cordons , se prolonge dans ces canaux tandis que les TĂȘtards les traversent, de maniĂšre quâen y entrant ils sont entiĂšrement privĂ©s de la glu ; dâoĂč il rĂ©sulte que les TĂȘtards, qui auront voyagĂ© le plus long-tems dans ces canaux, ou qui seront les plus prĂȘts Ă entrer dans lâutĂ©rus, se trouveront aussi enveloppĂ©s dâune plus grande quantitĂ© de glu. Cette glu , comme je lâai dit, a Ă©tĂ© destinĂ©e par la nature pour nour- I 3 *34 ExpĂ©riences rir les TĂȘtard*. Ceux donc qui seront couverts dâune suffisante dose de glu , ou qui seront voisins de lâutĂ©rus - ne seront pas inutilement baignĂ©s par la semence , comme ceux qui nâont point cette glu , ou qui en ont trĂšs- peu, Sc qui pĂ©riroient par dĂ©faut de nourriture, quand ils auroient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s mais jâai Ă©tĂ© encore mieux convaincu de la nĂ©cessitĂ© de cette glu pour le premier dĂ©veloppement des TĂȘtards , parce que tous ceux que jâen dĂ©pouillai entiĂšrement pĂ©rissaient, quoiquâils fussent baignĂ©s par la semence du mĂąle , SĂ il nây avoit quâun petit nombre qui naquissent, lorsque je leur ĂŽtai une partie de la glu en ouvrant une femelle accouplĂ©e , je trouvai tous ces TĂȘtards dans lâabdomen ; ils Ă©toient noirs comme lorfquâils font mĂ»rs ; mais ils Ă©toient fans glu , parce quâils nâavoient pas traversĂ© les canaux des Ćufs. Ces fĆtus, baignĂ©s de la semence du mĂąle , ne se dĂ©veloppĂšrent point. C X X I V. Par la mĂȘme raison, les TĂȘtards tirĂ©s des ovaires ne dĂ©voient pas naĂźtre aprĂšs avoir Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s artificiellement. Les ovaires font formĂ©s par deux grands lobes, composĂ©s dĂ©plus petits ; ils font tous remplis de petits TĂȘtards, qui y sĂ©journent jusqu'âau moment oĂč les mĂšres doivent propager lâespĂšce ; ils se dĂ©tachent alors des petits pĂ©dicules auxquels ils font attachĂ©s dans lâovaire. Je pris donc plusieurs de ces TĂȘtards, qui Ă©toient fur le point de se dĂ©tacher des ovaires, je les arrosai de la liqueur sĂ©minale du mĂąle , mais toujours inu- sur la GĂ©nĂ©ration. 135 tilement. Cette expĂ©rience me fit naĂźtre tine singuliĂšre idĂ©e. Jâavois vu que quelques femelles de Crapauds Sc de Grenouilles, pendant quâel- les Ă©toient accouplĂ©es, Ă©toient sujettes Ă avoir lâabdomen crevĂ© lĂ oĂč les ovaires fe trouvent, que, quoiquâclles soient dans cet Ă©tat fĂącheux, elles ne meurent pas dâabord, mais quâelles peuvent encore accoucher des deux cordons, Sc que les TĂȘtards naissent fort bien , quand ils ont Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s artificiellement ou naturellement ; il est seulement nĂ©cessaire de tenir ces Grenouilles au sec, parce que lâeau, en entrant dans lâabdomen , les feroit pĂ©rir avant lâaccouplement. Quâarriveroit-il, me difois-je, si, ouvrant lâabdomen dâune Grenouille , je faisois parvenir la liqueur sĂ©minale dans les ovaires ; les TĂȘtards qui sortiroient ensuite par lâanus , aprĂšs avoir traversĂ© les canaux des Ćufs Sc lâutĂ©rus, fe dĂ©velopperoient-ils? Quoique je nâelpĂ©rasse rien de cette expĂ©rience, je voulus la tenter. Je fis donc un trou Ă 1 abdomen de deux femelles , jây injectai , fur les ovaires de chacune dâelles , une grosse goutte de semence par le moyen dâun petit tube insĂ©rĂ© dans le trou ; je fis une lĂ©gĂšre ouverture Ă la membrane qui enveloppoit lâovaire, Sc jây introduisis par cette ouverture une nouvelle goutte de semence , afin quâelle touchĂąt immĂ©diatement les TĂȘtards. Un de ces deux Crapauds pĂ©rit cinq heures aprĂšs l'opĂ©ration avec les TĂȘtards dans les ovaires ; mais lâautre accoucha dâune partie , Sc ils furent bien enveloppĂ©s de leur glu , comme sâils avoient Ă©tĂ© I 4 r ;6 ExpĂ©riences accouchĂ©s pendant la santĂ© de leur mĂšre. Je gardai avec grand soin ces TĂȘtards dans Feau , mais aucun ne naquit ce qui me fit voir combien cette glu nourriciĂšre Ă©toit nĂ©cessaire pour ces petits ĂȘtres , puisquâils pĂ©rissent aprĂšs avoir Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s , quoiquâils soient ensuite enveloppĂ©s dans la glu. C X X V. Je nâ-avois plus de doutes fur les fĂ©condations artificielles, rĂ©pĂ©tĂ©es si souvent avec succĂšs ; mais j'imaginai de tenter cette fĂ©condation avec le suc exprimĂ© des testicules , ce qui ne me parut pas improbable , puisque les testicules font les organes oĂč la semence se forme , sâĂ©labore Sc devient propre Ă la gĂ©nĂ©ration ; la petitesse de ces corps ne me per- mettoit pas dâavoir ce suc bien pur il ne me restoit donc quâĂ les couper en morceaux 5c Ă en exprimer le suc , afin de mâen servir pour la fĂ©condation. Les deux testicules dans le Crapaud terrestre , Ă yeux roux 5Ă Ă tubercules dorsaux, font fur la partie supĂ©rieure des reins; leur couleur extĂ©rieure est jaune, leur forme ovale, ils sont un peu plus gros par un bout que par lâautre , ils ressemblent Ă ceux des petits coqs ; dans le terris de la gĂ©nĂ©ration ils font entiĂšrement mois , pleins dâune liqueur assez dense , 5c lĂ©gĂšrement visqueuse ayant rassemblĂ© une portion de cette liqueur dans un verre de montre , jâen baignai , avec un pinceau , une centaine de TĂȘtards en partie tirĂ©s de lâutĂ©rus, 5c en partie prĂšs deceuxquiĂ©toient naturellement accouchĂ©s; le succĂšs ne pouvoit svr la GĂ©nĂ©ration» 137 ĂȘtre plus heureux, ils naquirent fort bien ; SC en rĂ©pĂ©tant cette expĂ©rience, elle me rĂ©ussit toujours. Je comparai la vertu fĂ©condatrice de la semence avec celle de la liqueur des testicules ; & je trouvai quftles TĂȘtards, fĂ©condĂ©s par toutes deux , naissoient Ă©galement vĂźte , mais que le suc des testicules en faisoit naĂźtre un plus petit nombre , fans connoĂźtre Ăi cela provenoit dâun dĂ©faut dâactivitĂ© ou dâĂ©paisseur qui lui ĂŽtoit le pouvoir de se rĂ©pandre sur les TĂȘtards comme la semence. C X X V I. E n composant ce Chapitre, dans le mois de Mai de TannĂ©e 1780, un PĂȘcheur mâap- porta une espĂšce de Crapaud , dont je nâai pas dĂ©crit la gĂ©nĂ©ration, parce que je ne le connoiĂĂŹĂČis pas ; mais je crois quâil convient pourtant dâen donner une courte notice. Ce Crapaud est plus petit que le Crapaud terrestre puant ; il a les couleurs de celui-ci, mais il est un peu plus blanc fous le ventre ces deux Crapauds font cependant deux espĂšces diffĂ©rentes par la diffĂ©rence de leur organisation Sc de leurs mĆurs ; le Crapaud puant a la peau du dos comme le chagrin , fa forme est alongĂ©e , 8c en marchant il sâĂ©lance comme les Grenouilles ; Tautre a la peau lisse, son corps est ramoncelĂ©, Sc il ne va que par petits sauts. Te premier, en parlant du mĂąle, a un cri qui ressemble au sifflement de Thomme, le second a un cri obscur ; ce qui prouve que Torgane de la voix est diffĂ©rent. Les parties de la gĂ©nĂ©ration font aussi diffĂ©rentes dans les rz8 ExpĂ©riences femelles. Les Crapauds puans accouchent de deux cordons qui tombent de lâanus ; mais ces derniers Crapauds nâaccouchent que dâun seul, lâodeur des premiers est fi puante quâils en ont hĂ©ritĂ© leur nom ; les autres ont une odeur qui ressemble Ă celle de lâail. Enfin, le mĂąle du Crapaud puant, accouplĂ© avec fa femelle , la tient embrassĂ©e avec les mains au travers du thorax, 6c lâautre, en embrassant fa femelle , passe ses mains fous lâabdomen ; ainsi ce Crapaud ne peut fe confondre ni avec le Crapaud terrestre Ă yeux roux 6c Ă tubercules dorsaux , ni avec le Bufo igneus de Roesel , parce que ce dernier a la partie infĂ©rieure du corps peinte de taches dorĂ©es, couleur de feu, dont on ne trouve aucune trace dans lâautre dont je parle. Le premier que jâeus Ă©toit accouplĂ© avec fa femelle , qui accouchoit de son cordon par lâanus ; jâeus le spectacle de M. Demours , §. Cil placĂ© sur la paume de ma main, ce couple amoureux Ă©prouva bien dâabord quelque frayeur, mais bientĂŽt aprĂšs la femelle continua son accouchement, comme lâObfervateur François lâavoit vu ; jĂš ne vis pourtant pas, comme lui, le mĂąle faire les fonctions dâaccoucheur en tirant le cordon hors de lâanus avec les doigts postĂ©rieurs des pieds ; mais jâobfervai bien ce quâil ne vit pas je vis clairement le mĂąle arroser de sa semence le cordon Ă mesure quâil sortoit de lâanus de la femelle ; 8c je prolongeai ce spectacle pendant treize minutes, au bout desquelles jâouvris le mĂąle 6t la femelle pour les expĂ©riences suivantes. svr la GĂ©nĂ©ration, izy Ayant ouvert IâutĂ©rus de la femelle, jâen tirai le reste du cordon , dont la longueur Ă©toit environ dâune aune ; je le partageai en quatre portions , jâen laissai une fans -la toucher , lâau- tre fut baignĂ©e avec la liqueur fĂ©miqgle trouvĂ©e dans les vĂ©sicules fpermatiques du mĂąle ; la troisiĂšme fut humectĂ©e avec le suc exprimĂ© des testicules, 8t la quatriĂšme avec deux gouttes de cette semence , dont le mĂąle avoit fĂ©condĂ© le cordon lorsquâil sortoit de lâanus de la femelle , je lâavois recueilli dans un cryf tal de montre. Ces quatre portions furent mises dans des vases sĂ©parĂ©s 8c pleins dâeau ; dans un cinquiĂšme vase je mis le cordon qui avoit Ă©tĂ© fĂ©condĂ© par le mĂąle les rĂ©sultats furent parallĂšles Ă ce que jâavois dĂ©jĂ observĂ©, Ă iâexcgption de la partie du cordon qui nâavoĂźt Ă©tĂ© touchĂ©e ni par la semence ni par le suc des testicules ; les trois autres , au bout de trois jours , firent voir des TĂȘtards animĂ©s 8c nĂ©s. II restoit encore Ă faire voir que la fĂ©condation fe fait hors du corps de la mĂšre dans cette espĂšce de Crapauds , 8Ă que leurs TĂȘtards peuvent fe fĂ©conder artificiellement mais, ayant eu quatre couples de ces Crapauds, jâeus le plaisir de voir confirmer encore la vĂ©ritĂ© de ces deux faits, & je me servis des deux autres couples pour des expĂ©riences dont je parlerai ensuite. C X X V I I. Je finirai ce chapitre par une petite digression sur la maniĂšre dont fe multiplient ces amphibies. Quand le cordon , dont jâai parlĂ© §. CXXVI, r 40 ExpĂ©riences se trouve dans les canaux des Ćufs, ou quâil est descendu dans lâutĂ©rus, il est intĂ©rieurement rempli de globules noirs , qui, lorsquâils font observĂ©s soigneflfement au-dedans 8c au-dĂ©bets, ont tous les caractĂšres des autres TĂȘtards de Crapauds dont j ai parlĂ©, quand ils sĂ©journent dans les canaux des Ćufs ou dans lâutĂ©rus. Mais si, au lieu de considĂ©rer ces globules dans ces deux Ă©tats, on les observe dâabord aprĂšs quâils ont Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s, on voit quâils ne diffĂšrent point de ceux qui nâont pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s , soit Ă lâextĂ©rieur, soit dans lâinrĂ©rieur ; feulement ensuite les petits globes noirs non-fĂ©condĂ©s blanchissent ; ils se rident Ă la surface ; ils se fendent en plusieurs endroits ; ils se dissolvent peu-Ă -peu dans Ăźâeau quâils salissent, 8c enfin ils disparoissenr. Les petits globes fĂ©condas changent aussi au bout dâun jour, mais dâune maniĂšre diffĂ©rente fur la surface de chacun sâim- priment deux sillons ou lignes courbes liĂ©es ensemble , de maniĂšre quâelles font un angle ; au-dessous de sangle il se forme une saillie 5 dans le mĂȘme te ms le petit globe noir sâenfle , sâalonge, 8c sâamincit en pointe. Quelques heures aprĂšs les petits globes alongĂ©s ont encore changĂ© les deux lignes qui forment sangle sont plus creuses , la saillie est plus vive, la pointe est plus alongĂ©e ; on trouve encore vers les deux cĂŽtĂ©s des deux lignes deux trĂšs-petits gonstemens qui ne paroissoient pas dâabord ; un jour ensuite, ou quelque tems encore aprĂšs, on dĂ©couvre ces parties qui se dĂ©veloppent ; la cavitĂ© des deux lignes est la bouche du TĂȘtard, su R la GĂ©nĂ©ration. 141 dont il commence mĂȘme Ă se servir, la saillie est la sommitĂ© du dos , la pointe est la queue , les deux gonflemens font les nageoires, 8c ces parties viennent encore plus sensibles quand le TĂȘtard commence Ă s'en servir pour nager. La mĂȘme loi donc de la Nature , qui prĂ©side Ă rĂ©volution des amphibies dont jâai parlĂ©, dirige celle de ce nouveau Crapaud le fĆtus appartient Ă la mĂšre., 8c la liqueur sĂ©minale du mĂąle ne sert quâĂ ranimer 8c Ă le dĂ©velopper. CHAPITRE II. FĂ©condation artificielle de la Salamandre aquatique & du Crapaud terrefire puant. C X X V I I 1 . T iA fĂ©condation naturelle des Salamandres aquatiques ne se fait pas hors du corps, comme celle des Grenouilles 8c des Crapauds , mais dans le corps de la mĂšre , §. LXXX, LXXXI, LXXXIV je ne pouvois pas chercher Ă fĂ©conder les fĆtus, quand ils font accouchĂ©s par la mĂšre , mais il me falloit chercher un autre moyen. Ces Salamandres nâont point d'utĂ©rus; les fĆtus, en sortant des ovaires 8c entrant dans les canaux des Ćufs, parviennent en les suivant Ă l'intestin rectum , 8c sortent par lâanus j câest par cette ouverture que la semence Ă©ja- culĂ©e par le mĂąle sâinlinue dans les canaux 141 ExpĂ©riences des Ćufs, 8c fĂ©conde les fĆtus qui font les plus prĂȘts de sortir du rectum je lâai dĂ©montrĂ© §. LXXXIV , jâai fait voir que les fĆtus plus Ă©loignĂ©s, ou hors du rectum , ou qui font plus Ă©levĂ©s dans lei canaux des Ćufs, ne font pas fĂ©condĂ©s il faut quâils descendent plus bas, 8c quâils prennent la place de ceux qui ont Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s, 8c qui font alors accouchĂ©s. CâĂ©toit donc les fĆtus contenus dans la partie supĂ©rieure des canaux des Ćufs que je devois baigner avec la liqueur sĂ©minale du mĂąle, comme je Ăźe fis, mais fans succĂšs. Je suivis cette mĂ©thode. Ayant ouvert les canaux des Ćufs de la femelle dans leur longueur, 8c dans le mĂȘme tems les vaisseaux dĂ©fĂšrens du mĂąle , jâen tirai la liqueur sĂ©minale blanche comme le lait, 8c jâen baignai les fĆtus les plus Ă©loignĂ©s de lâanus , que je plaçai ensuite dans Peau. Comme les fĆtus naturellement accouchĂ©s , ils gagnoient le fond de Peau , oĂč la glu , dont ils Ă©toient couverts, les tenoit attachĂ©s, fans quâil en naquit jamais un seul. Peu-Ă -peu cette glu disparoissoit, les fĆtus se brisoient 8c se dissolvoient. Je ne rapporterai pas ici la multitude des rĂ©pĂ©titions de cette expĂ©rience , que jâai faite en la variant de mille maniĂšres pour la dose de la semence , soit en touchant lĂ©gĂšrement les fĆtus avec cette semence , soit en les baignant lĂ©gĂšrement, soit en les imprĂ©gnant fortement ; mais je nâen fus pas plus heureux. Je dirai seulement quâayant craint que , dans la place que les fĆtus occupoient dans les canaux des Ćufs, ils ne fussent pas Ăźv r la GĂ©nĂ©ration. 14; assez enveloppĂ©s de glu pour ĂȘtre fĂ©condĂ©s, comme il arrive aux TĂȘtards des Crapauds, lorsquâon les tire de la partie la plus Ă©levĂ©e des canaux des Ćufs, §. CXXill ; 8c craignant dâun autre cĂŽtĂ© quâen les prenant plus bas ils nâeussent dĂ©jĂ ctĂ© fĂ©condĂ©s par le mĂąle ; jâeus recours Ă un autre moyen , propre Ă prĂ©venir mes scrupules. Pavois, dans le mois dâAvril, sept -Saiamandres femelles que jâavois gardĂ©es pendant lâhiver dan; des vases pleins dâeau fans avoir eu jamais aucune sociĂ©tĂ© avec aucun mĂąle , elles commençoient nĂ©anmoins Ă accoucher de leurs fĆtus, quipĂ©rissolent tous, parce quâils nâĂ©toient pas fĂ©condĂ©s. Je pensai donc de fĂ©conder ces fĆtus sortant du corps des femelles , alors ils dĂ©voient avoir toute leur glu, Sc sĂ»rement alors ils nâĂ©toient pas fĂ©condĂ©s. Jâai remarquĂ© que ces animaux, dans la saison de leurs amours, accouchent de leurs fĆtus lâon presse un peu avec les doigts la partie infĂ©rieure de leur corps ; si lâon presse de mĂȘme les mĂąles , ils dĂ©chargent leur semence par lâanus, §. LXXX Sc LXXXIV. Je fis subir cette opĂ©ration Ă mes Salamandres vierges ; Ă mesure que les fĆtus sortoient, je les baignois de liqueur sĂ©minale , que je faisois sortir de quelques mĂąles rassemblĂ©s pour cela mais, malgrĂ© cet expĂ©dient, je nâai pas vu naĂźtre un seul de ces fĆtus que je gardois si soigneusement dans lâeau. C X X I X. Jâetois dĂ©couragĂ© par lâinutilitĂ© de toutes ces tentatives jâallois abandonner cette entre- 144 ExpĂ©riences prise, que je croyois impossible , quand je rĂ©flĂ©chis que jâoubliois une circonstance importante. Jâai dit que le mĂąle rĂ©pandoit fa semence dans lâeau , Sc que câĂ©toit seulement lorsquâelle avoit Ă©tĂ© dans ce fluide quâelle pĂ©nĂ©troit dans la femelle & arrivoit aux fĆtus contenus dans les canaux des Ćufs, qui Ă©toient dans le voisinage du rectum, §. LXXX 8c LXXXI. II est clair que la semence alors nâest pas pure , mais quâelle est mĂȘlĂ©e plus ou moins avec lâeau câest ce qui me fit soupçonner que la semence ĂĄu maie de la Salamandre, dans son Ă©tat de puretĂ© , nâĂ©toit pas propre Ă la fĂ©condation ; mais quâil falloit lâĂ©tendre dans lâeau. Ayant donc pressĂ© avec les doigts le ventre des sept Salamandres vierges dont jâai parlĂ© §. CXXVIII, jâen fis sortir sans efforts vingt-sept fĆtus que je baignai avec lâeau oĂč jâavois dissous une suffisante quantitĂ© de semence il y en eut dix- sept qui pĂ©rirent ; mais dix se dĂ©veloppĂšrent, Sc Ă©prouvĂšrent tous les changemens quâon observe dans les plus naturellement fĂ©condĂ©s, je les ai dĂ©crits dans les §. LXXVII, LXXVIII Sc LXXIX. Par le moyen de cette circonstance, jâimitois la Nature , Sc jâopĂ©rai la fĂ©condation artificielle que jecherchois, Scque je confirmai ensuite par plusieurs expĂ©riences parallĂšles, quoique je perdisse toujours un grand nombre de fĆtus qui ne se dĂ©veloppoient pas ; ce qui ne doit pas Ă©tonner , puisque jâai observĂ© la mĂȘme chose 'dans la fĂ©condation naturelle, §. LXXXIX. Le suc exprimĂ© des testicules, quand il Ă©toit mĂȘlĂ© s W R LA GĂNĂ RATIO ff. 14 $ mĂȘlĂ© avcc lâeau , Ă©toit Ă©galement propre Ă la fĂ©condation des foetus, dont il naissoic toujours Ă -peu-prĂšs un tiers, comme de ceux que je baignois avec la semence. Cette raretĂ© des fĆtus qui nailsoient ainĂi par la fĂ©condation artificielle , me fit contenter dc ce premier essai, afin de pouvoir prolonges {fies fĂ©condations artificielles furies autres animaux, Sc en particulier fur le Crapaud puant, qui remplit en trĂšs-bonne partie mes deĂirs. C X X X. En parlant de la fĂ©condation artificielle du Crapaud terrestre Ă yeux roux Sc Ă tubercules dorsaux, jâai dit quâelle sâopĂ©roit non-feulement fur les TĂȘtards sortis du corps de la mĂšre, mais encore fur ceux qui font dans lâutĂ©rus ou presque au fond des canaux des Ćufs. Cette fĂ©condation sâopĂšre ou avcc la liqueur sĂ©minale ou avec le suc des testicules. Jâai rĂ©pĂ©tĂ© toutes ces expĂ©riences fur le Crapaud puant, Sc je puis assurer que les rĂ©sultats ont ctĂ© les mĂȘmes. Mais la grande quantitĂ© de ces animaux que me procuroient les PĂȘcheurs, la multitude des TĂȘtards qu on trouve dans leur utĂ©rus, la facilitĂ© de les fĂ©conder, rĂ©engagĂšrent Ă donner une plus grande soliditĂ© Ă ces recherches en rĂ©pĂ©tant ces expĂ©riences. Faire naĂźtra diverses espĂšces dâamphibies fans le concours du mĂąle, Ă©toit une expĂ©rience capitale, qui demandoit dâĂȘtre variĂ©e H qui promettoit des dĂ©couvertes importantes. Je me proposois de voir ce qui ariiveroit en Ă©cartant la Nature de fa maniĂšre ordinaire dâagir ; pour cela i°. je cherchai Ă altĂ©rer la K 146 ExpĂ©riences liqueur sĂ©minale Sc le suc des testicules ; 2 0 . je tentai de produire des changemens analogues dans les TĂȘtards que je voulois fĂ©conder; il me sembla que cette double recherche devoit ĂȘtre instructive. Dans les expĂ©riences que jâai rapportĂ©es, je me servois, pour fĂ©conder les TĂȘtards , de la semence ou du suc des testicules tirĂ© de lâanimal vivant. JâobligeĂąi lâanimal Ă rester couchĂ© fur le dos, en fixant ses mains Sc ses pieds fur une planche avec de petits clous ; 8c ayant ouvert le ventre, je cherchai les vĂ©sicules spermatiques, qui le prĂ©sentent Ă iâĆil, quand on a enlevĂ© les intestins, fous la forme de deux petites vĂ©sicules Ă droite 8c Ă gauche de la vessie , quâil est bon dâouvrir pour en faire sortir lâurine, afin de voir mieux ces vĂ©sicules j par cette prĂ©paration on dĂ©couvre les testicules, qui font dâune couleur livide 8c qui reposent sur les reins alors je tirai sur-le-champ la semence des vĂ©sicules spermatiques , ou le suc des testicules, suivant la nature des expĂ©riences que je voulois faire , 8c jâen baignai les TĂȘtards .que je voulois fĂ©conder. Je voulus savoir ce qui arriveroit en me servant de cette liqueur sĂ©minale aprĂšs un tems plus ou moins long, qui se seroit Ă©coulĂ© depuis la mort de Tanimal. Je crois avoir indiquĂ© dans un de mes ouvrages un moyen de donner sur-le-champ la mort aux Crapauds, aux Grenouilles Ă c Ă dâautres animaux dâune vie trĂšs-dure jâinsinue un stilet dans les vertĂšbres cervicales. La destruction dâune partie de la moelle Ă©piniĂšre les tue dâabord aprĂšs une convulsion $ au lieu quâen svk la GĂ©nĂ©ration. 147 leur coupant la tĂȘte ils vivent fort long-tems. AprĂšs avoir tuĂ© un Crapaud terrestre puant de cette maniĂšre , je lâouvris a u bout de trois heures je trouvai les vĂ©sicules sĂ©minales un peu astaiĂlĂ©es ; elles ne contenoient pas autant de liqueur sĂ©minale que lorsque ranimai vivant est accouplĂ© je baignai avec cette semence quelques TĂȘtards qui Ă©toient encore dans lâutĂ©- rus, St jâai toujours employĂ© les TĂȘtards exis tans dans ce lieu pour les expĂ©riences suivantes. Ces TĂȘtards se dĂ©veloppĂšrent fort bien, St il parut que la semence nâavoit pas soulsert de son sĂ©jour de trois heures dans le cadavre ; jâobscrvai la mĂȘme chose avec un Crapaud qui resta mort pendant cinq heures St demie ; avec cette diffĂ©rence , c*est que, comme la liqueur sĂ©minale Ă©toit en fort petite quantitĂ© , le nombre des TĂȘtards fĂ©condĂ©s fut trĂšs-petit. Au bout de sept heures aprĂšs la mort du Crapaud, les vĂ©sicules sĂ©minales furent tellement rĂ©duites, quâĂ peine je pus y trouver une quantitĂ© sensible de semence, qui fit Ă©clore encore les TĂȘtards qui en furent humectĂ©s. C X X X I. Les consĂ©quences immĂ©diates de ces deux faits sont ; 1 °. que la semence diminue peu Ă peu dans les Crapauds tuĂ©s, St se perd finalement , ce qui est conforme aux loix de lâĂ©conomie organique ; 2 0 . que la mĂȘme liqueur sĂ©minale, en diminuant en quantitĂ© , ne perd pas fa vertu fĂ©condante , au moins dans lâintervalle de sept heures ; mais cette vertu fĂ©condatrice se con- serve-t-elle, dans la semence des Crapauds tuĂ©s, K 2 148 ExpĂ©riences au-delĂ de sept heures? Je ne pouvois le savoir par les moyens que jâai employĂ© je pensai donc Ă retirer la liqueur sĂ©minale hors de ses vĂ©sicules , & Ă la garder ainsi dans un petit vase ou dans un petit tube pour en faire usage quand je le souhaiterons. Je recueillis donc la liqueur sĂ©minale de trois Crapauds, que je mis dans un petit tube de verre, fermĂ© avec de la cire Ă cacheter pour Ă©viter lâĂ©vaporation , Sc je baignai avec elle plusieurs TĂȘtards six heures ne nuisirent point Ă la vertu fĂ©condatrice de cette semence ; mais, dĂšs la septiĂšme heure, elle me parut avoir souffert il nây eut que les deux tiers des TĂȘtards, qui en furent baignĂ©s, qui se dĂ©veloppĂšrent. Au bout de huit heures elle souffrit encore davantage ; mais neuf heures de sĂ©jour dans le petit tube lui ĂŽtĂšrent entiĂšrement son Ă©nergie car, aprĂšs en avoir baignĂ© soixante- cinq TĂȘtards, il nâen naquit pas un seul. Cependant cette mesure nâest ni prĂ©cise ni gĂ©nĂ©rale ; elle me paroĂźt dĂ©pendre fur-tout de la tempĂ©rature de lâair si elle est trop chaude , la liqueur sĂ©minale perd sa propriĂ©tĂ© fĂ©condante lorsquâelle est tirĂ©e du corps de lâanimal dans un espace de tems plus petit que six heures 8c demie ; mais si la tempĂ©rature est fraĂźche, elle conserve cette propriĂ©tĂ© au-delĂ de onze heures, comme je lâai observĂ© dans le mois de Mai de lâannĂ©e 1780 , pendant lequel on a Ă©prouvĂ© Ă Paris ces variations subites Sc considĂ©rables dans la chaleur de lâair. Je dirai, de plus, quâayant remarquĂ© que le froid fevo- risoit la conservation de la vertu fĂ©condante StfR LA G ĂXĂKATIOK. Uty dans la semence, je pensai de lui faire Ă©prouver un froid plus grand dans une glaciĂšre au bout de vingt-cinq heures elle y conserva cette vertu; mais la nature de la semence fait comprendre aisĂ©ment pourquoi la chaleur lui devient li nuisible la semence, comme les autres substances animales, est sujette Ă la putrĂ©faction , que la chaleur accĂ©lĂšre Sc que le froid retarde. Jâai traitĂ© ce sujet dans mes Opuscules de Physique animale 8c vĂ©gĂ©tale, lorsque jâai montrĂ© que la chaleur tuoit les vers spermatiques de la semence tirĂ©e du corps de diffĂ©rens animaux , & y dĂ©veloppoit en la corrompant dâautres animalcules tels que ceux des influions ; mais cette putrĂ©faction dans la semence des Crapauds est , de mĂȘme , plus ou moins promte suivant lâintenfitĂ© de la chaleur, 8Ă câest sans doute pour cela quâelle devient plutĂŽt stĂ©rile quand lâathmosphĂšre qui lâenvironne est chaud. Jâai dit quâune forte chaleur ĂŽtoit, au bout de lix heures & demie , la vertu fĂ©condante Ă la semence des Crapauds le thermomĂštre me fit voir cette chaleur dĂ©lĂŹgnĂ©e par le dix-huitiĂšme degrĂ© ; mais je cherchai ce qui arriveroit, si, au lieu de tenir cette semence pendant six heures ĂŽt demie exposĂ©e Ă une chaleur de dix-huit degrĂ©s , je lui en faisois Ă©prouver une de trente degrĂ©s, 8i mĂȘme de trente-deux pendant deux minutes cette chaleur ne nuisoit pas Ă la vertu fĂ©condante de la liqueur sĂ©minale , mais une chaleur de trente-cinq degrĂ©s la lui faisoir perdre entiĂšrement, K Z rzo ExpĂ©rience? C X X X I I. A l'Ă©gard des expĂ©riences faites fur le suc des testicules des Crapauds aprĂšs leur mort, je laissai dâabord les testicules dans le corps de f animal tuĂ©, pendant un certain tems, comme je fis pour la liqueur sĂ©minale ; mais les rĂ©sultats furent bien dissĂ©rens. On a vu quâau bout de sept heures la semence avoir presque disparu dans les vĂ©sicules sĂ©minales ; cependant, au bout de dix-huit heures , les testicules du mĂȘme individu conservĂšrent abondamment leur suc, 8Ă il fut propre Ă fĂ©conder les TĂȘtards ; mais, au bout dâun jour, le suc des testicules dâun Crapaud fut entiĂšrement stĂ©rile. Ayant rĂ©pĂ©tĂ© cette expĂ©rience fur dâautres sujets, je vis que la stĂ©rilitĂ© de ce suc avoir des rapports directs avec la chaleur de lâathmosphĂšre, ou avec le principe de la putrĂ©faction qui le gĂątoit. Dans un degrĂ© de chaleur un peu fort de lâathmos- phĂšre, ce suc perdoit sa fĂ©conditĂ© au bout de neuf ou dix heures; ĂC au bout de trente-quatre heures de sĂ©jour dans une glaciĂšre , il Ă©toit encore trĂšs-propre Ă la fĂ©condation. Mais en comparant ces expĂ©riences avec celles du paragraphe prĂ©cĂ©dent, il en rĂ©sulte quâĂ Ă©galitĂ© de tempĂ©rature, le suc des testicules conserve plus long-tems fa facultĂ© fĂ©condante que la liqueur sĂ©minale. Se pourriroit-il plus tard, comme Ă©tant enfermĂ© dans les testicules ĂŹ Je le soupçonnerois, quoique je nâaie pas fait des expĂ©riences directes dans ce but. i5* s v r la GĂ©nĂ©ration. C X X X I I I. Si les testicules de nos Crapauds font tirĂ©s du corps de ranimai St exposĂ©s Ă lâair, ils fe rident St fe dessĂšchent avant de fe pourrir. Jâai voulu voir ĂĂŹ , pendant ce dessĂšchement, ils devenoient stĂ©riles ; jâai trouvĂ© quâils ne per- doient pas leur facultĂ© fĂ©condante. Tant quâil reste une petite partie de ce suc, il conserve sa propriĂ©tĂ© de fĂ©conder les TĂȘtards. Les testicules dessĂ©chĂ©s deviennent durs, ils prennent la ressemblance dune peau subtile Sc raccornie il est vrai quâen les mettant dans lâeau ils reprennent bientĂŽt leur premiĂšre forme, St en les pressant ils paraissent pleins de suc, mais il est inutile pour la fĂ©condation ; ce qui nâest pas Ă©tonnant, puifquâaprĂšs la dessication , la plus grande partie de ce suc , St peut-ĂȘtre celle qui est la plus efficace , sâest Ă©vaporĂ©e. Cette stĂ©rilitĂ© , opĂ©rĂ©e dans le suc des testicules par la putrĂ©faction ou le dessĂšchement, est encore produite par un excĂšs de chaleur les testicules exposĂ©s pendant quelques minutes, ou dans lâeau, ou dans lâair, rĂ©chauffĂ©s Ă 35 0 perdent la propriĂ©tĂ© de fĂ©conder les TĂȘtards. En combinant ces faits avec les prĂ©ccdens, §. CXXX St CXXXI, il paraĂźt que les mĂȘmes causes rendent la liqueur sĂ©minale St le suc des testicules stĂ©riles ; ce qui devoir ĂȘtre, puisque la liqueur sĂ©minale est en bonne partie le suc des testicules, dans lequel aussi jâai presque toujours trouvĂ© les petits vers fpermatiques ce qui donne Ă entendre pourquoi les TĂȘtards baignĂ©s avec le suc des testicules des Crapauds K 4 içs ExpĂ©riences tenus long-tems en solitude n croient presque jamais fĂ©condĂ©s, non-seulement parce que la liqueur sĂ©minale Ă©toit en trĂšs-petite quantitĂ©, mais encore parce quâelle nâĂ©toitpas aussi bonne. 11 Ă©toit inutile de baigner les TĂȘtards avec le soc des testicules de ces petits Crapauds qui n etoient pas propres Ă la gĂ©nĂ©ration 8t qui ne sâaccouploient pas ; cette liqueur dans les animaux inhabiles Ă la gĂ©nĂ©ration nâest pas plus fĂ©conde. C X X X I V. Dans toutes les fĂ©condations artificielles que jâai dĂ©crites, jâai toujours employĂ© la liqueur sĂ©minale pure des diftĂ©rens amphibies, de mĂȘme que le soc des testicules pur fans le mĂȘler en aucune maniĂšre. Jâai cherchĂ© avec rĂ©flexion ce qui arriveroic dans les fĂ©condations, si je mĂȘlois ces liqueurs secondantes avec difĂerens corps. La trĂšs-petite diffĂ©rence, qui se trouve entre le suc des testicules 8c la liqueur sĂ©minale, me fit croire que lâunion de ces deux substances nâaltĂ©reroit point la fĂ©condation quâon tenterait avec le mĂ©lange, comme lâexpĂ©rience le prouva plusieurs fois. Quoique lâeau soit un fluide trĂšs-diffĂ©rent de cĂ©s deux liqueurs fĂ©condantes , il me sembloit de mĂȘme quâil ne devoir pas empĂȘcher les fĂ©condations artificielles damant plus que, dans -les fĂ©condations naturelles de ces amphibies, la liqueur sĂ©minale du mĂąle Ă©toit lancĂ©e dans lâeau, & qnâelle ne tomboit fur les TĂȘtards qu'aprĂšs avoir Ă©tĂ© mĂȘlĂ©e dans lâeau. La fĂ©condation ne opĂšre dans les Salamandres que lorsque la SUR LA GĂXĂRATĂŻOX. 153 5 semence elt mĂȘlĂ©e dans lâeau, §. CXXIX ^ Sc en effet ce fluide ne pouvoir mieux seconder la facultĂ© fĂ©condante de la liqueur sĂ©minale des Crapauds pour dĂ©velopper les TĂȘtards de leur espĂšce mais je mâarrĂȘte ici pour mâoccupĂ©r ailleurs des rĂ©flexions que ce sujet prĂ©sente. Je veux dire encore quelque chose des expĂ©riences que jâai faites avec dâautres liqueurs. En ouvrant les vĂ©sicules sĂ©minales des Crapauds mĂąles, il arrivoit souvent que la liqueur sĂ©minale , transparente comme Ăâeau que jâen tirois, Ă©toit tdfchĂ©e du sang Ă©chappĂ© par Couverture faite Ă lâabdomen. Jâai fait un mĂ©lange de ce sang avec cette semence, & jâen ai baignĂ© deux fois une masse de TĂȘtards, mais la fĂ©condation sc fit aussi bien quâavec la semence seule je dirai mĂȘme que le sang mĂȘlĂ© avec la semence se caille , 8c quâon peut lâen ĂŽter de maniĂšre que la semence reste parfaitement pure. Je fis passer quelques-uns de ces caillots de sang tirĂ©s de cette semence ; ils fĂ©condĂšrent fort bien les TĂȘtards avec les petites particules de semence qui restoient adhĂ©rentes Ă ces caillots. Les autres humeurs de nos Crapauds, soit mĂąles, soit femelles, comme la bile, la salive, les liqueurs tirĂ©es du foie , des poumons, des reins , lâurine elle-mĂȘme , quâon croit brĂ»lante 8 >C vĂ©nĂ©neuse , nâont point changĂ© les propriĂ©tĂ©s fĂ©condantes de la semence. Lâurine humaine nâa pas mĂȘme nui Ă cette semence, quand elle nâentroit dans le mĂ©lange que pour une moitiĂ© ; les TĂȘtards qui en Ă©toient baignĂ©s sc dĂ©veloppoient pour la plus grande T54 ExpĂ©riences partie, mais le nombre des TĂȘtards dĂ©veloppĂ©s diminuoit si lâon augmentoit la dose de surine , 6c il nâen naiĂsoit point si la dose Ă©toit double. Le vinaigre employĂ© comme surine pro- duisoit les mĂȘmes effets. La salive humaine Ă©toit tout-Ă -fait innocente, Ă moins quâelle ne fĂ»t employĂ©e Ă trĂšs-grande dose. Mais peut-ĂȘtre demandera-t-on si la liqueur sĂ©minale sâincorporoit avec les substances quâon lui joignoit, ou plutĂŽt si les parties de la semence stottoient ĂeuĂement dances fluides fans sây dissoudre, comme lâhuile dans seau, alors la fĂ©condation ne seroit plus surprenante. Je puis rĂ©pondre que le mĂ©lange Ă©toit du premier genre , ĂC je suivois les Ă©vĂ©nemens , non-seule- ment Ă sceil nud, mais encore armĂ© dâun verre. La semence unie Ă seau faisoit un fluide homogĂšne, quâon auroit pris pour seau pure ; en la mĂȘlant avec le vinaigre noir, le mĂ©lange . Ă©toit un peu noir ; 8c avec le blanc , il conservent sa transparence dans les deux cas le vinaigre avoit perdu son piquant, ce qui prou- voit sintimitĂ© du mĂ©lange ; on observe la mĂȘme chose pour surine. Je rĂ©pĂ©tai ces expĂ©riences fur le suc des testicules , 6c il ne me parut pas que les mĂ©langes nuisissent Ă fa facultĂ© fĂ©condante ; 6c comme ce suc bleuissoit un peu les fluides avec lesquels je le mĂȘlois, je ne pouvois douter de la rĂ©alitĂ© du mĂ©lange. II paroĂźt donc encore, Ă ce nouvel Ă©gard, que le suc des testicules ressemble beaucoup Ă la liqueur sĂ©minale. Je ne dis rien ĂźtâR la GĂ©nĂ©ration 155 ici sur les fĂ©condations obtenues , malgrĂ© la prodigieuse raretĂ© des parties du fluide Inondant dans le mĂ©lange fĂ©condateur. C X X X V. Je vais faire connoĂźtre Ă prĂ©sent les diffĂ©rentes circonstances oĂč j'ai placĂ© les TĂȘtards avant de les fĂ©conder. AprĂšs avoir tuĂ© des femelles de la maniĂšre dĂ©crite dans le Paragraphe CXXX , je laissai les TĂȘtards dans lâutĂ©rus pendant un tems dĂ©terminĂ© , afin de savoir au bout de quel tems ces TĂȘtards pouvoient rester dans lâutĂ©rus dâun cadavre , en conservant le pouvoir dâĂȘtre fĂ©condĂ©s & de naĂźtre. Huit heures RapportĂšrent aucun changement sensible Ă leur naissance douze heures ne produisirent encore aucun effet fur eux ; mais, au bout de treize ou quatorze heures, ces TĂȘtards commencĂšrent Ă souffrir beaucoup de ce sĂ©jour. AprĂšs avoir fĂ©condĂ© deux cent TĂȘtards, il en pĂ©rit plus de quatre- vingt Ă la seiziĂšme heure du sĂ©jour de ces TĂȘtards dans lâutĂ©rus de leur mĂšre morte, il y eut trois TĂȘtards morts ; 8t je donne ce nombre , parce quâil mâest arrivĂ© dâen compter ce nombre dans un quatriĂšme Crapaud tuĂ©, quoi- quâils n'eussent pas fait le mĂȘme sĂ©jour dans le sein du cadavre. Ce qui confirme la maxime des Philosophes les plus exercĂ©s, qui croient la rĂ©pĂ©tition des expĂ©riences pour la confirmation d' vĂ©ritĂ© physique, non-seulement avantageuse , mais nĂ©cessaire. Le froncement quâavoient Ă©prouvĂ© les trois premiers TĂȘtards , leur mucilage qui sâĂ©toit 156 ExpĂ©riences Ă©paissi, un commencement de pourriture qui frappait le nez, Ă©taient des indices trop sĂ»rs pour croire que ces TĂȘtards se dĂ©velopperoient aprĂšs ĂĄvoir Ă©tĂ© baignĂ©s par la liqueur sĂ©minale ; mais je pouvois au moins soupçonner quâen rĂ©pĂ©tant les expĂ©riences dans un tems moins chaud que celui oĂč je fis celles-ci, oĂč le thermomĂštre montait Ă sombre Ă vingt ĂŽc vingt- deux degrĂ©s , les TĂȘtards pourraient se conserver sains dans lâutĂ©rus. Jâeus recours Ă unĂȘ glaciĂšre, dont je mâĂ©tois dĂ©jĂ servi pour conserver les deux liqueurs prolifiques , §. CXXX1 & CXXXII. Je tins pendant quarante-une heures dans cette athmosphĂšre froide deux Crapauds morts ; les TĂȘtards que je retirai de leur utĂ©rus, Sc que je mouillai avec la liqueur sĂ©minale , se dĂ©veloppĂšrent fort bien. C X X X V I. Je nâai point eu le tems dâexaminer ce qui arriverait Ă des TĂȘtards baignĂ©s dans diverses liqueurs. Je nâai essayĂ© que sseau ; 8c comme câest le fluide dans lequel les mĂšres vivent , Sc oĂč leurs TĂȘtards prennent, la vie , il semble quâelle devait leur ĂȘtre peu nuisible. Ayant laissĂ© pendant quatre heures les TĂȘtards tirĂ©s de lâutĂ©rus dâun Crapaud vivant, jâcn baignai quelques-uns avec la liqueur sĂ©minale , jâen baignai dâautres avec le suc des testicules ; mais au bout de quelques jours ils pourrirent tous, Sc la pourriture ne tarda pas Ă se faire remarquer dans dâautres TĂȘtards fĂ©condĂ©s, qui ne sĂ©journĂšrent dans seau que pendant trois heures, de mĂȘme que dans ceux qui nây restĂšrent que deux heures , 8Ă sur la GĂ©nĂ©ration. 157 mĂȘme une. Ce phĂ©nomĂšne imprĂ©vu excita ma curiositĂ©, pour savoir combien de tems pouvoient rester dans seau ces TĂȘtards fans pĂ©rir aprĂšs la fĂ©condation les bornes de ce sĂ©jour furent seulement de treize minutes, au-delĂ duquel la plupart des TĂȘtards pĂ©rissoient aprĂšs la fĂ©condation ; comme je lâai vu une centaine de fois. Mais comment seau produit-elle un si grand effet dans un tems si court ? tandis quâon peut les conserver dans un lieu sec ou dans lâutĂ©rus de leur mĂšre morte pendant plusieurs heures fans quâils en soient moins bien fĂ©condĂ©s. Pour Ă©clairer ces difficultĂ©s, il falloit observer soigneusement ce qui arrivoit aux TĂȘtards, ou au mucilage qui les enveloppe , pendant quâils font dans seau. Jâai dĂ©jĂ dit souvent que les TĂȘtards & leur mucilage Ă©toient formĂ©s par deux cordons cylindriques trĂšs-longs, dont la femelle accouche ces cordons aussi-tĂŽt quâils touchent lâeau vont Ă fond; mais quelques heures aprĂšs, sâil fait chaud , ils surnagent St restent toujours Ă fleur dâeau ; ce qui nâarrive que parce que, sâĂ©tant gonflĂ©s, ils font devenus plus lĂ©gers ; 8t les sens font voir lâaugmentation de leur volume, que la mesure exacte des cordons, prise avant leur immersion , dĂ©montre quand ils surnagent aprĂšs elle ; cet accroissement de volume ne peut ĂȘtre produit que par seau, qui pĂ©nĂštre dans ce mucilage des cordons, qui les dilate , les augmente St les force Ă occuper un espace plus grand , puisque les cordons laissĂ©s Ă sec nâaug- mentent point en diamĂštre sensiblement , St que ceux qui ont Ă©tĂ© dans seau en laissent Ă©chapper assez quand on les presse. II rĂ©sulte donc i-;8 ExpĂ©riences do-lĂ que leau peut empĂȘcher la fĂ©condation, parcc que la semence pour fĂ©conder lesTĂ©tards, devant traverser le mucilage qui les entoure pour arriver jusques Ă eux, soit en sâinsinuant par les pores ou par dâautres voies faites Ă cet usage ; peut-ĂȘtre alors ces portes de communication, qui font ouvertes quand les cordons font secs, laisseront un libre passage Ă la semence au travers du mucilage, St elle passera jusques aux TĂȘtards. Mais Ăi ces portes font fermĂ©es, ce qui arrivera quand elles seront remplies dâeau, aprĂšs un certain sĂ©jour des cordons dans lâeau , alors au bout dâun certain tems dâimmersion la semence ne pourra plus pĂ©nĂ©trer jusques aux TĂȘtards ni les fĂ©conder. C X X X V I I. Cet obstacle , dans la fĂ©condation naturelle des Crapauds, a Ă©tĂ© prĂ©vu par la Nature , les mĂąles des Grenouilles St des Crapauds accouplĂ©s lancent leur Ăcmence sur le mucilage qui renferme les TĂȘtards pendant quâils font dans lâeau , mais ce nâest que quelques instans aprĂšs lâaccouchement j St jâai vu que les mĂąles baignent les TĂȘtards de leur semence Ă mesure quâils sortent de lâanus , de maniĂšre quâils ne reçoivent alors lâimpression de lâeau quâaprĂšs avoir reçu celle de la semence. Et comme ĂĂŹ ces mĂąles prĂ©voioient lâinutilitĂ© de leurs efforts pour fĂ©conder les TĂȘtards qui ont sĂ©journĂ© pendant quelque tems dans lâeau , ils ne veulent jamais les baigner avec leur semence. Je laissai solitaires quelques femelles qui accouchaient ; quand elles avoient donnĂ© le jour Ă une certaine quantitĂ© de leurs cordons, je leur s v r la GĂ©nĂ©ration, 159 donnai pour compagnes des Crapauds mĂąles, qui ne tardoient pas Ă sâaccoupler avec elles, ils fĂ©condoient les TĂȘtards qui sortoient de lâanus de la femelle ; mais ils laissoient les autres fans les toucher. Jâai dit que ces Crapauds sembloient prĂ©voir ce qui arriveroit ; mais il est bien clair que je nâai pas prĂ©tendu que ces amphibies distinguassent les TĂȘtards propres Ă ĂȘtre fĂ©condĂ©s de ceux qui ne letoient pas la maniĂšre dont ils sâaccouplent les dĂ©termine Ă fĂ©conder seulement les TĂȘtards les plus prĂšs de Tamis en sortant de la femelle , qui sont alors fur le point dâentrer dans Teau, de forte que fans le lavoir ils remplissent le vĆu de la Nature , qui est la propagation de TefpĂšce dâoĂč il rĂ©sulte que , quoique la fĂ©condation des Crapauds, des Grenouilles, 8c peut-ĂȘtre des Poissons , suivant Topinion vulgaire, se fasse hors du corps de la mĂšre cependant, les fĆtus ne font pas fĂ©condĂ©s , lorfquâils font fur le fond de Teau, comme je lâai vu dans toutes les espĂšces de Grenouilles &C de Crapauds dont jâai parlĂ© ; car, ayant mis dans des vases pleins dâeau plusieurs portions de cordons, tirĂ©s de TutĂ©rus avec des mĂąles , je nâen ai jamais vu un seul fe dĂ©velopper, quoique les vĂ©sicules sĂ©minales de ces mĂąles fussent pleines de semence , St quoique je les eusse sĂ©parĂ© dâune femelle pendant Taccouplement je pouvois donc en infĂ©rer quâil ne sâĂ©toit pas alors fĂ©pandu une goutte de semence, puisque cette goutte, comme je le prouverai, Ă©toit suffisante pour faire naĂźtre plusieurs TĂȘtards. ExpĂ©riences 160 CHAPITRE III. FĂ©condation artificielle dans la Grenouille des arbres & dans la Grenouille aquatique. C X X X V I I I. Si je nâai pu faire quâun petit nombre inexpĂ©riences relativement Ă la fĂ©condation artificielle de la Salamandre aquatique , je nâen ai pas fait davantage pour la Grenouille des arbres, non - seulement Ă cause de la difficultĂ© quâon Ă©prouve pour le dĂ©veloppement de leurs fĆtus, comme on lâa vu au Paragraphe CXXIX , mais encore Ă cause de la raretĂ© de ces animaux; je n'en ai pu avoir que quatre pendant que je faisois ces expĂ©riences. Je puis donc seulement assurer le Lecteur, que jâai vĂ©rifiĂ© sur quatre Grenouilles des arbres accouplĂ©es, la fĂ©condation artificielle opĂ©rĂ©e par le moyen de la liqueur sĂ©minale St le suc des testicules. Câest pour cela que je passe aux Grenouilles vertes aquatiques , qui font trĂšs-nombreuses dans les campagnes de Pavie , elles mâont fourni tous les moyens de faire toutes les expĂ©riences que jâai voulu. Mais avant dâaller plus loin , je veux dĂ©crire les parties de la gĂ©nĂ©ration des mĂąles , ayant dĂ©jĂ fait con- noĂźtre dans le premier MĂ©moire celles des femelles. Quand SU K LA G EX E RA TI 0 X. l6j Quand on ouvre lâabdomen , & quand on ĂŽte du milieu les intestins , on voir la vessie , les vĂ©sicules spermatiques 6c les testicules la premiĂšre est trĂšs-voiiine de lâanus, elle semble divisĂ©e en deux lobes Ă©gaux, quoiquâelle nâoffre quâune feule cavitĂ©, comme il paroĂźt par surine , qui sort toute dâun lobe ; mais il peut communiquer avec lâautre par un trou li la vessie est pleine dâurine, les vĂ©sicules spermatiques font en partie couvertes ; mais si surine est vuidĂ©e , ces vĂ©sicules sautent aux yeux. Elles font situĂ©es un peu plus haut que la vessie; elles font composĂ©es dâune membrane trĂšs- mince, au travers de laquelle on voit la semence , qui est limpide comme seau , dans la partie supĂ©rieure ; elles ont chacune un appendice assez long, qui sâimplante dans les Ă©pi- dydimes des testicules, que nous appellerons vaisseaux dĂ©fĂ©rens. On a observĂ© quelquefois dans les Salamandres aquatiques quatre testicules ; 8c jâai trouvĂ© cette observation trĂšs- vraie , mais je nâai point vu cela dans les Salamandres Sc les Grenouilles notre Grenouille en a deux , qui ont la couleur du jaune dâĆuf; ils font extĂ©rieurement grainĂ©s Ă -peu-prĂšs comme les testicules des Crapauds, 8c on les voit remplis de sucs ce qui arrive fur-tout quand les mĂąles font accouplĂ©s, alors les vĂ©sicules sĂ©minales regorgent de semence , comme je sai remarquĂ© H. CXX. C X X X I X. Jâemployai ces deux liqueurs pour mes fĂ©condations artiĂicielies, dans mes premiĂšres L 1 6z ExpĂ©riences expĂ©riences-, je fĂ©condai des TĂȘtards fraĂźchement tirĂ©s des femelles en vie , avec ces sucs tirĂ©s des mĂąles en vie ; ensuite je variai ces expĂ©riences avec des liqueurs vieilles, 8c qui nâĂ©toient pas loin de se putrĂ©fier, ou bien avec des TĂȘtards dans diffĂ©rentes circonstances enfin , je mĂȘlai ces liqueurs avec dâautrcs substances Ă©trangĂšres ; les rĂ©sultats de ces expĂ©riences furent, pour ce qui est essentiel, parallĂšles Ă ceux que jâai racontĂ©s avec les variations que jâai remarquĂ©es je me bornerai Ă faire observer celles-ci ; les deux liqueurs prolifiques de la Grenouille verte aquatique ont, toutes choses Tailleurs Ă©gales , conservĂ© plus long - tems leur qualitĂ© fĂ©condante hors du Corps de ranimai , que celle des Crapauds mais secondement, elles ont pu rĂ©sister moins long-tems Ă une chaleur subite une chaleur de 3z degrĂ©s, pendant peu de minutes, n'ĂŽ- toit pas la fĂ©conditĂ© Ă la liqueur sĂ©minale des Crapauds, mais elle lâĂŽtoit Ă celle des Grenouilles dans les expĂ©riences que jâai faites ; troisiĂšmement , la liqueur sĂ©minale de cette Grenouille conserve sa vertu prolifique plus long-tems que celle des Crapauds, quoiquâelie soit mĂȘlĂ©e avec une plus grande dose dâurine humaine que la seconde. Enfin , les TĂȘtards de cette Grenouille conservent moins long-tems leur facultĂ© dâĂȘtre fĂ©condĂ©s, lorsquâils restent dans lâutĂ©rus de quelques-unes de ces Grenouilles mortes, que les TĂȘtards des Crapauds. C X L. Mais je veux amuser la curiositĂ© par de su R LjI GĂ©nĂ©ration. i 6 z .nouvelles expĂ©riences. Pour obtenir la fĂ©condation des Crapauds, ou des Salamandres , ou des Grenouilles, je baignai avec la liqueur prolifique , par le moyen dâun pinceau, le mucilage qui enveloppoit les fĆtus, ou bien en plaçant cette liqueur dans un verre de montre, jây plongeai le fĆtus le mucilage qui le couvroit ; il en Ă©toit ainĂĂŹ entiĂšrement humectĂ©. Mais, est-il nĂ©cessaire pour la fĂ©condation que ces fĆtus soient ainsi environnĂ©s de liqueur prolifique? Je ne pouvois le savoir que par lâexpĂ©- rience, & lâexpĂ©ricnce Ă©toit importante. Dans les Grenouilles, le mucilage qui enveloppe les TĂȘtards nâest point moulĂ© en longs cordons , comme ceux du Crapaud Ă yeux roux, ou du Crapaud puant, §. XLV, LXVI1I, mais il est arrondi en petites sphĂšres, qui renferment au- dedans dâelles un TĂȘtard. Ces sphĂšres, tirĂ©es de lâutĂ©rus, peuvent aisĂ©ment se sĂ©parer ; jâen pris quelques-unes, que je sĂ©parai Sc que je baignai entiĂšrement de semence ; jâen baignai dâautres Ă moitiĂ©, dâautres Ă un tiers de leur surface ; ensuite je les mis dans lâeau presque tous ces TĂȘtards naquirent ; ce qui me fit comprendre quâil fuffifoit pour les fĂ©conder de baigner seulement avec la semence une partie de leur mucilage ; les TĂȘtards de cette Grenouille ont un hĂ©misphĂšre blanc , &. lâautre noir , §. XIV , ils se fĂ©condent Ă©galement, soit en fĂ©condant la partie du mucilage , qui correspond Ă ĂźâhĂ©mifphĂšre blanc ou Ă rhĂ©misphĂšre noir en gĂ©nĂ©ral, il est indiffĂ©rent quelle que soit la partie de ces petites sphĂšres que touche L i 164 E x p Ă Ăź i Ă f t Ă la liqueur sĂ©minale, les TĂȘtards en font Ă©galement fĂ©condĂ©s. Jâai dit que la plus petite partie des sphĂšres, que jâavois baignĂ©es de liqueur , Ă©toit environ le tiers de leur surface mes recherches ne se sont pas bornĂ©es-lĂ ; jâai diminuĂ© de plus en plus le petit espace des sphĂšres, baignĂ© par la liqueur sĂ©minale , jusques-lĂ quâil nây eut que la surface de ces sphĂšres , couverte par la pointe dâune plume Ă Ă©crire , mĂȘme dâune aiguille mouillĂ©e de la liqueur sĂ©minale , qui en fut imprĂ©gnĂ©e par un feu! attouchement ; cependant , quoique la quantitĂ© de la liqueur sĂ©minale fut ft petite , la fĂ©condation nâen fut pas moins opĂ©rĂ©e avec la mĂȘme promtitude que celle des sphĂšres baignĂ©es entiĂšrement de semence. Je fus curieux de voir encore lĂŻ cette gouttelette de liqueur spermatique , qui fĂ©condoit les TĂȘtards renfermĂ©s dans les petites sphĂšres quâon en avoit touchĂ© , en fĂ©conderait d'autres qui leur feraient contiguĂ«s. Je plaçai pour cela, dans douze verres de montre pleins dâeau , vingt-quatre de ces petites sphĂšres , tirĂ©es de lâutĂ©rus dâune Grenouille ; de forte quâil y eut deux de ces petites sphĂšres dans chaque verre de montre elles Ă©toient placĂ©es de maniĂšre quâelles se touchoient, Sc quelles Ă©toient attachĂ©es ensemble par leur glu naturelle. Ensuite , avec la pointe dâune aiguille , baignĂ©e de la semence du mĂąle , je touchai une des sphĂšres dans chacun de ces verres , de forte quâil y en eĂ»t une qui ne fut point touchĂ©e ; mais comme il y eĂ»t vingt- tun la GĂ©nĂ©ration. 165 ideux TĂȘtards qui naquirent, il faut croire que chaque gouttelette spermatique avoit fĂ©condĂ© deux TĂȘtards. Je rĂ©pĂ©tai cette expĂ©rience avec le mĂ©me succĂšs , je la variai mĂȘme en augmentant le nombre des TĂȘtards. Dans le premier cas, le nombre des TĂȘtards nĂ©s fut toujours pour lâordinaire double de celui des TĂȘtards fĂ©condĂ©s par lâattouchemcnt de la semence dans le second il le fut toujours ; 8C mĂȘme, comme Ă chaque petite sphĂšre touchĂ©e par la semence , j'en laissai quelquefois deux autres unies , souvent les TĂȘtards de ces deux sphĂšres se dĂ©veloppoient. II faut donc en conclure que la liqueur spermatique de la Grenouille verte aquatique est; si Ă©nergique, quâune gouttelette dâune prodigieuse petitesse suflit pour fĂ©conder pluĂieurs Crapauds. C X L I. En rĂ©flĂ©chissant fur cette expĂ©rience Ă©tonnante , il me parut que la petite gouttelette spermatique ne pouvoit avoir fĂ©condĂ© les TĂȘtards quâaprĂšs avoir traversĂ© une portion des petites sphĂšres mucilagineufes ; de forte quâil Ă©toit curieux de savoir ce quâil seroit arrivĂ© en augmentant du double lâĂ©paisseur de ce mucilage , 8Ă en conservant la petite portion de la semence je plaçai donc de petites sphĂšres solitaires dans des verres de montre ; avec les pointes trĂšs-fines de deux trĂšs-dĂ©licates pinces , jâĂŽtai la glu de chaque sphĂšre ; de sorte que , sans aucune rupture , je vins Ă former un fil visqueux dâun pouce environ de longueur ; je tins ce fil tendu horizontale 3 i 66 ' lement, 8 je touchai ton extrĂ©mitĂ© unĂ© fols avec la pointe dâune aiguille mouillĂ©e de semence ; ayant ainsi disposĂ© les choses, jâatterĂ- dis 1c succĂšs. Plusieurs fois les 'TĂȘtards pĂ©rirent , mais souvent ils se dĂ©veloppĂšrent ; SC dans ce cas , il falloir dire que la petite gouttelette spermatique avoir traversĂ© lâĂ©paiiseur du tĂŹl visqueux, puisque , comme il Ă©toit horizontal , il ne pouvoir avoir descendu dans la longueur de fa surface. InexpĂ©rience suivante correspond Ă celle-ci. Je plaçai dans le fond dâun tube cylindrique de verre, hermĂ©tiquement fermĂ© St tenu perpendiculairement , un nombre donnĂ© de sphĂšres glutineuses, par exemple, une cinquantaine ou environ ; fur ces petites sphĂšres, je plaçai un lit de glu , enlevĂ© Ă de petites sphĂšres semblables ; cette glu pouvoir avoir un pouce dâĂ©paisseur , resortoit du tube St descendoit jusquâau centre , de maniĂšre quâil formoit un entonnoir, qui avoir son sommet au centre ; je laissai tomber une goutte plus ou moins petite de liqueur sĂ©minale sur ce sommet, 8Ă aprĂšs quâelle sâĂ©toit perdue , ce qui arrivoit trĂšs-vĂźte , j otois la glu , St je plaçois les petites sphĂšres dans lâeau ; lorsque la petite goutte de liqueur sĂ©minale nâĂ©- toit pas ii petite, tous les TĂȘtards naissoient presque , autrement leur nombre Ă©toit trĂšs- petit. Je rĂ©pĂ©tai lâexpĂ©rience avec cette feule diffĂ©rence , que je substituai le blanc dâĆuf de Poule Ă la glu dont j'ai parlĂ©, mais alors aucun des TĂȘtards ne se dĂ©veloppa. Et mĂȘme SUR LA GĂtĂĂš RATIOS 1 . \6f une portion de blanc dâceuf sâĂ©tant attachĂ©e Ă Ja glu des petites sphĂšres, la putrĂ©faction du blanc dâcenf, qui arriva bientĂŽt Ăąpres, se communiqua bien vite aux petites sphĂšres 6c aux TĂȘtards. Les deux premiĂšres expĂ©riences de Ce Paragraphe font connoĂźtre la grande activitĂ© de la semence des Grenouilles, puisquâĂ©tant rĂ©duite Ă une quantitĂ© trĂšs - petite, Ă un seul point, elle sâinĂĂŹnue , Sc traverse la glu des sphĂšres fans perdre fa vertu fĂ©condante , soit que ce passage sâopĂšre par les pores de la glu , au travers desquels elle passe librement, soit que la semence soit aspirĂ©e par de petits syphons imperceptibles, destinĂ©s par la Nature Ă ĂȘtre de petits tubes capillaires , propres Ă boire avidement 6c Ă transmettre la semence jusque dans le corps des TĂȘtards le blanc dâĆuf, qui doit servir de nourriture au Poulet, si diffĂ©rent du TĂȘtard , doit diffĂ©rer de la glu qui nourrit le TĂȘtard ; dâoĂč lâon peut comprendre pourquoi la semence de Grenouille trouve un passage an travers de la glu , quâelle ne trouve pas au travers du blanc dâĆuf. C X I. Mats iâĂ©tonnement ne finit pas ici. Jâai montrĂ© dans le paragraphe CXXXIV, que la liqueur sĂ©minale ne perd pas la facultĂ© de dĂ©velopper les TĂȘtards, quoiquâelle soit mĂȘlĂ©e avec Peau. Je me proposois de pousser cette expĂ©rience ; en voici les rĂ©sultats je combinai donc Peau LC animant toute la petite machine animale ; mais je puis fournir plusieurs exemples dans le rĂšgne animal iox?55 _ est Ă©gale Ă 115x4 â â , câest le volume de 3 gr. de semence avant de les mettre dans lâeau. En supposant la semence Ă©galement rĂ©pandue dans lâeau, le volume de lâeau avec la semence quâon y a mis, 8c le volume d u petit globule mĂȘlĂ© avec la semence seront proportionnels au poids de toute la semence, 8c au poids de la semence mĂȘlĂ©e avec seau ; de sorte que le poids de la semence Ă©tant trois grains, par la rĂšgle de trois on trouve le poids de la semence rĂ©pandue dans le petit globule dâeau Ă©gal Ă d'un grain, *> 994 ? 687 ,yoo Dans les corps homogĂšnes les poids font proportionnels au volume ; ayant le poids 8c le volume du tout, celui de la semence seule 8c de la semence mĂȘlĂ©e au globule dâeau, par une rĂšgle de trois, on aura le volume de semence contenu dans le globule dâeau trĂšs-proche de dâuneligne cubique. 1 ,007. ,120,420 En comparant Ă prĂ©sent le volume du TĂȘtard avec celui de la liqueur sĂ©minale contenue dans le petit globule dâeau qui touche le TĂȘtard, on a, que le premier est au second comme 1,064,777,777; 1. SUlt LA GĂNĂUAtlOĂŹt. it$ animal , qui rendent cetre supposition trĂšs- raifonnable, urte trĂšs-petite goutte du venin dâune VipĂšre , versĂ©e dans une plaie , enlĂšve lâirritabilitĂ© avec la sensibilitĂ© au systĂšme musculaire 8Ă nerveux , St donne la mort Ă lâanimal petit ou grand quel qu'il soit, au Passereau , au Chien , Ă sHomme , au Cheval , au BĆuf. Quâon considĂšre pour un moment la proportion entre le volume de cette goutte vĂ©nimeuse ĂŽc celui des animaux qu'il tue , en parlant surtout dâun Cheval ĂŽt dâun BĆuf ; alors on trouvera peut-ĂȘtre moins Ă©tonnant que la petite portion de semence donne la vie Ă des TĂȘtards si petits, puisque cette petite goutte de venin tue des animaux beaucoup plus gros mais nous avons des faits plus prochains , plus directs, mieux prouvans en faveur de faction de cette petite patrie de semence pour donner la vie , & produire une trĂšs sensible irritabilitĂ© sur le cĆur. Un grain de styrax , mis sur le feu , remplit une chambre de son odeur; il y a donc dans toutes les parties de cette chambre des particules rĂ©pandues de ce grain, qui, malgrĂ© leur prodigieuse tĂ©nuitĂ© , peuvent cependant agir sur les nerfs du nez , & y produire la sensation de lâodorat , qui sera quelquefois si grande fur les femmes , quâelle les fera Ă©ter- nuer. Si donc des particules aussi subtiles affectent si fort lâodorat , faut-il sâĂ©tonner si quelques particules de semence astectent le cĆur des TĂȘtards Ă leur maniĂšre, qui est naturellement si irritable , 8Ă qui Test beaucoup plus que le nĂŽtre- N i94 " ExpĂ©riences SeptiĂšme RĂ©flexion. C L V I I. * ' Cette petite portion de liqueur sĂ©minale, qui anime les TĂȘtards, a cependant ses limites dans son Ă©nergie. Jâai remarquĂ© expressĂ©ment que souvent elle pouvoitles fĂ©conder, CLV ; dâoĂč je voulois faire conclure quâelle ne le faifoit pas toujours , 6>C que jâen touchois quelquefois en vain ces TĂȘtards mais jâen ai eu une preuve plus dĂ©cisive ; ayant mis fur un verre poli une goutte de cette semence, je Tobligeai Ă parcourir une partie de la surface avec la pointe dâune aiguille, 6c Ă en former un filet trĂšs-subtil & presque invisible de la longueur dâun pouce. Je pris ensuite plusieurs petites sphĂšres rnuci- lagineuses , Ă qui je faisois toucher ce filet , la moitiĂ© aux unes, le tiers aux autres, ou bien le quart ; les TĂȘtards des petites sphĂšres , qui nâavoient essuyĂ© quâune moitiĂ© de ce filet, ne pĂ©rissoient pas tous , quelques-uns se dĂ©velop- poienr, mais aucun de ceux qui avoient Ă©tĂ© touchĂ©s par le tiers ou le quart de ce filet ne se dĂ©veloppĂšrent. Cette expĂ©rience est confortante avec celle du paragraphe CXLIII, oĂč je dis que si , au lieu de mĂȘler trois grains de semence dans dix-huit onces dâeau , on les mĂȘle avec deux livres ou avec trois, le nombre des TĂȘtards qui se dĂ©veloppe Ă©toit plus petit, &C quâil diminuoit toujours en raison de 1 augmentation de seau. II est donc Ă©vident que la liqueur sĂ©minale ne peut ĂȘtre Ă©nergique que sur LA GĂȘnĂ© ratio U. 194 iorsquâelle est employĂ©e dans une certaine quantitĂ© ; 8Ă que ĂĂŹ on la diminue , elle celle dâĂȘtre fĂ©condante, parce quâelle c estĂ© fans doute de pouvoir imprimer au cĆur le mouvement nĂ©cessaire pour lâanimer. Au reste , je crois que la quantitĂ© de la sc- mence fĂ©condante est toujours pour ces animaux incroyablement petite , 8Ă presque relis que je lâai dĂ©terminĂ©e au paragraphe CLV ; de sorte que la quantitĂ© excĂ©dente est inutile * en effet, la fĂ©condation Ă©tant une opĂ©ration indivisible li lâexcĂ©dent de la semence favorisent cette fĂ©condation , elle ne pourroit lĂ© faire quâen hĂątant lâanimation d u TĂȘtard Sc son dĂ©veloppement ; ce qui seroit produit est raison du nombre plus grand des particules spermatiques, qui dĂ©termineraient le cĆur Ă vibrer avec plus de force ; mais cela est contraire aux faits, qui mont appris que les TĂȘtards naissoient Ă©galement vĂźte , soit lorsqiiâilS avoient Ă©tĂ© baignĂ©s dans la semence, soit lors- quâils en avoient Ă©tĂ© touchĂ©s-en un seul point par une quantitĂ© infiniment petite , §. CXLIV. Ainsi je ne vois pas Ă quoi servirait cet excĂšs de liqueur sĂ©minale , qui me paraĂźt inutile ; ĂŽc lâon comprendra comment une particule de semence Ăi petite peut ĂustĂŹre Ă la fĂ©condation , quand on considĂ©rera la prodigieuse petitesse du calibre des vaisseaux dans les TĂȘtards, par oĂč doit pĂ©nĂ©trer la liqueur sĂ©minale , elle rend inutile cet excĂšs de liqueur sĂ©minale qui ne saurait sây insinuer. N * - xpĂł ExpĂ©riences HuitiĂšme RĂ©flexion. C L V I I I. Mais il sc prĂ©sente ici une question que chacun se sera faite. Puisquâune trĂšs-petite quantitĂ© de semence sustĂŹt pour faire naĂźtre ntrs amphibies, nâen peut-on pas dire la mĂȘrrĂĂš chose pour la naissance dâun poisson, dâun oiseau , dâun quadrupĂšde , dâun homme ? Ou ne peut-on pas dire plus gĂ©nĂ©ralement, que cette trĂšs-petite quantitĂ© de semence, employĂ©e par la Nature pour le dĂ©veloppement de nos amphibies,est employĂ©e avec la mĂȘme Ă©conomie pour tous les autres animaux ? Cette question, qui est trĂšs-intĂ©ressante, est plus propre Ă exciter notre curiositĂ© que nous ne sommes en Ă©tat de la rĂ©soudre , parce que les faits nĂ©cessaires manquent absolument. Je vois la chose possible, mĂȘme probable , par lâexemple que jâai mis fous les yeux ; mais jâignore si cela se passe ainsi. Le fondement de mon ignorance repose sur la multitude des moyens que la Nature emploie pour remplir les mĂȘmes vues. Et pourquoi nâemploieroit-elle pas diffĂ©rentes doses de liqueur sĂ©minale pour fĂ©conder les animaux suivant la diffĂ©rente nature de leur espĂšce ? Pour savoir quelque chose sur ce sujet, il faut comparer ce qui sâobserve dans nos amphibies avec ce qu'on peut observer dans les diffĂ©rentes espĂšces dâanimaux ; comme, par exemple , dans quelquâinsecte, quelque poisson, quelquâoiseau, quelque quadrupĂšde ; alors on pourra se faire SUR LA GĂNĂRATIOS. 197 des idĂ©es plus justes fur ce sujet , mais câest ce que nous ignorons. Nous nâavons fur les fĂ©condations artificielles, autant que jâai pu le savoir, que deux exemples , celui de M. Jacobi, insĂ©rĂ© dans les MĂ©moires de Berlin T. XX , 8c le mien mais je puis dire , fans faire tort Ă ce Naturaliste , que fa dĂ©couverte ne fournit aucune consĂ©quence philosophique , linon quâil a fĂ©condĂ© artificiellement deux Poissons quâil observoit. CâĂ©toit des Saumons 8c des Truites. AprĂšs avoir fait tomber dans lâeau les Ćufs de ces deux Poissons, parvenus Ă leur maturitĂ©, mais non fĂ©condĂ©s , il versa sur eux la liqueur sĂ©minale , tirĂ©e des laites des mĂąles, jusquâĂ -ce que seau eĂ»t commençé de blanchir ; alors au bout de cinq semaines les Poissons commencĂšrent de naĂźtre. Tel est lâextrait du MĂ©moire de M. Jacobi ; 8c lâon peut dire quâil Ă©claire peu ce sujet il auroit fallu quâil dĂ©terminĂąt la quantitĂ© de la liqueur sĂ©minale nĂ©cessaire Ă la fĂ©condation ; mais il sâest arrĂȘte lĂ oĂč le Philosophe-Naturaliste auroit commencĂ© ses recherches. Les fĂ©condations naturelles ne nous instruisent pas plus que les artificielles pour en juger, il suffit dâavoir une lĂ©gĂšre connoissance de la gĂ©nĂ©ration de lâhomme 8c des animaux ; Sc je ne vois dâautres ressources pour obtenir ce but que la rĂ©pĂ©tition, fur les autres espĂšces dâani- maux, des expĂ©riences que jâai faites le premier fur les amphibies dont jâai parlĂ© ces expĂ©riences , en rĂ©solvant ce problĂšme, Ă©claire - roient sĂ»rement divers points du rĂšgne animal. N Z iy8 ExpĂ©riences Mes recherches se sont bornĂ©es aux animaux dont la fĂ©condation se fait sĂ»rement hors du corps. Mais jâinvite les Naturalistes Ă tourner leurs recherches 8c leur sagacitĂ© aux autres classes bien plus nombreuses dâanimaux, dont la fĂ©condation se fait dans le corps de la mĂšre , &. qui font, comme chacun fait, ovipares ou vivipares. AprĂšs sâĂȘtre assurĂ© que quelques sexuelles des premiers font vierges, il faudroit choisir le tems oĂč elles pondent leurs Ćufs, & alors essayer avec la semence du mĂąle sur les Ćufs quelques-unes des expĂ©riences que j'ai racontĂ©es dans ce MĂ©moire. II ne me paroĂźtroit pas mĂȘme difficile de les appliquer aux animaux vivipares par des moyens fans doute dissĂ©rens, qui agiroient au-dcdans d'eux; ĂŽĂ je ne vois pas pourquoi lâon dĂ©sespĂ©reroit du succĂšs. Les expĂ©riences les plus difficiles en apparence ont couronnĂ© les dĂ©sirs du hardi Observateur par des succĂšs qui ont contribuĂ© Ă la rĂ©volution heureuse qui sâest faite dans la philosophie. NeuviĂšme RĂ©flexion. C L I X. La liqueur sĂ©minale , suivant M. Bonnet, agit non-seulement comme un stimulant dans le fĆtus , mais encore comme un aliment. Voici ses preuves Lâorgane de la voix du Mulet, dĂ©rivant de lâaccouplement dâun Ane avec une Jument, a cependant une grande ressemblance avec celui du pĂšre. Si le germe existe dans la femelle avant la fĂ©condation, il est un cheval sur la GĂ©nĂ©ration. 199 en miniature SĂ il nâa Ă©tĂ© ni un Mulet ni un Ane. Lâorgane de la voix devoir donc ĂȘtre celui dâun Cheval. II faut donc que la liqueur sĂ©minale ait modifiĂ© lâorgane de la voix du germe , St lâait mis en rapport avec celui du pĂšre ; mais les parties de cet organe croulent Li se dĂ©veloppent dans ce rapport, quoique le pĂšre nâeĂ»t fourni que cette liqueur. II faut donc que cette liqueur nourrisse les parties de cet organe , Sc sâincorpore Ă leur substance, puisque lâaccroissement est lâesset naturel Sc immĂ©diat de la nutrition. La semence nâest donc pas feulement un stimulant , elle est encore un aliment 1 . Le Naturaliste Genevois, pour confirmer son opinion , se sert de lâexemple de lâaccroissement de la barbe , de la crĂȘte 'des Coqs, des cornes des Cerfs, accroissement qui est certainement dĂ» Ă lâessicace de la liqueur sĂ©minale. Haller , dans fa grande Physiologie , en traitant le mĂȘme sujet, ne sâaccorde que fur un point avec M. Bonnet. 11 convient que tous les phĂ©nomĂšnes dont jâai parlĂ© dĂ©pendent de la liqueur sĂ©minale, considĂ©rĂ©e comme un stimulant , mais non comme un aliment. Quant aux poils, aux cornes, Ă la crĂȘte, leur dĂ©veloppement est produit par la liqueur sĂ©minale rentrĂ©e dans le sang de lâHomme , du Cert, du Coq, qui dĂ©termine le cĆur par son acrimonie alka- lescente Ă battre plus fortement, Ă dissoudre les sucs plus lents 8c Ă les chasser dans les plus 1 Contemplation de la N ture, PrĂ©face. N 4 tco ExpĂ©riences petits vaisseaux oĂč se trouvent les germes des poils, des cornes,& des crctes i. Quant Ă lâorgane de la voix du Mulet, son dĂ©veloppement est produit par la force stimulante de la semence, plus Ă©nergique dans lâAne que dans le Cheval , pour dĂ©velopper Sc Ă©tendre ses parties 2 ainli Hallek explique, par la feule force stimulante de la semence , ce que M. Bonnet croit ne pouvoir expliquer quâen regardant la semence comme un aliment. Je me garderai bien de prononcer sur la petite diffĂ©rence quâi! y a dans l'opinion dc ces deux grands hommes en respectant leur mĂ©rite , je me crois fait plutĂŽt pour les admirer que pour les juger ; je dirai seulement que , dans la gĂ©nĂ©ration des Crapauds Sc des Grenouilles , il me semble que la liqueur sĂ©minale ne peut ĂȘtre un aliment, Sc je prie , pour sâen convaincre , quâon se rappelle le paragraphe CLV fur les proportions des volumes de la semence qui fĂ©conde le TĂȘtard , Sc du TĂȘtard fĂ©condĂ© qui est environ comme 1 1,064,777,777, Si le TĂȘtard Ă©toit nourri par la liqueur fĂ©condante , son accroissement ne seroit pas plus grand que le volume de la petite quantitĂ© de semence, qui est presque nulle. Outre cela , Ăi la nutrition des TĂȘtards, dans les premiers tems de leur dĂ©-? veloppemenr, provenait de la semence , ceux-lĂ devroient croĂźtre Sc se dĂ©velopper le plus qui seraient baignĂ©s dans une plus grande quantitĂ© 1 ElĂ©m. de Physiol. lib. XXVII, Test. III, 2 Jbid. lib. XKIX, sect. II. 201 sur la GĂ©nĂ©ration. de semence ; mars noirs savons quâils naissent 8c se dĂ©veloppent Ă©galement quand ils sont lĂ©gĂšrement touchĂ©s par cette liqueur , ou quand ils en font abondamment environnĂ©s, §. CXLV. Aussi, en consultant mes expĂ©riences, je ne puis voir la liqueur sĂ©minale que comme un stimulant. Cependant, quoique ces raisons soient trĂšs- fortes pour croire que la liqueur sĂ©minale soit le vrai stimulant du petit cĆur des TĂȘtards, jâai voulu encore soumettre cette hypothĂšse Ă cette expĂ©rience. En rĂ©flĂ©chissant que le stimulus dâun corps auroit lâĂ©nergie de ses parties, & que la chaleur est un moyen qui peut y contribuer , je pensai de rĂ©chauffer la liqueur sĂ©minale , 8c dâen baigner alors les TĂȘtards pour voir sâils nùßtroient plutĂŽt. Je mĂȘlai donc deux. grains de semence de Grenouille dans demi-once dâeau , 8t je rĂ©chauffai jusques au 3 °° ' jây plongeai une vingtaine de TĂȘtards ; lin moment aprĂšs je les en ĂŽtai, 8c je les mis dans une autre eau qui avoir la tempĂ©rature de lâathmosphĂšre 17 0 . Ensuite , pour faire la comparaison , je fĂ©condai autant de TĂȘtards avec la mĂȘme eau qui mâavoit servi Ă fĂ©conder les autres , quand elle fut refroidie , 8t quâelle eut acquis la chaleur de lâathmosphĂšre lâexpĂ©rience ne fut pas fans succĂšs ; les TĂȘtards fĂ©condĂ©s dans lâeau chaude commencĂšrent Ă se dĂ©velopper dix heures avant ceux qui avoient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s dans lâeau froide , phĂ©nomĂšne que je ne saurois attribuer qu'Ă la plus grande Ă©nergie, & par consĂ©quent au plus fort stimulus de la semence augmentĂ© par la chaleur. 102 . ExpĂ©riences DixiĂšme RĂ©flexion. C L X. Cette force stimulante, propre Ă animer lâembryon , se conserve quoique la liqueur sĂ©minale ait Ă©tĂ© tirĂ©e depuis quelque tems hors de ranimai, & mĂȘme lorsquâon la laisse pure dans un vase , comme lorsquâon la mĂȘle avec dâautres liqueurs, §. CXXXI, CXLV ; il est Ă©tonnant quâune goutte de liqueur sĂ©minale , perdue dans une quantitĂ© immense dâeau, nây soit pas privĂ©e de toute son Ă©nergie, §. CXLII, CXLIII. Mais la liqueur sĂ©minale des autres animaux conscrveroit-elle son action fĂ©condante comme celle de itos amphibies ? le dĂ©faut des faits nous permet la conjecture. Peut-ĂȘtre est-ce une exception de la nature limitĂ©e Ă ce genre dâanimaux, pour lesquels la fĂ©condation se fait hors du corps , & mĂȘme dans Peau il faut donc que leur liqueur sĂ©minale puisse supporter un mĂ©lange , auquel la liqueur sĂ©minale des animaux qui sont fĂ©condĂ©s au-dedans de leur corps, nâest pas exposĂ©e ; mais il pourroit bien arriver aussi que la semence des autres animaux pĂ»t ĂȘtre mĂȘlĂ©e impunĂ©ment avec lâeau. Jâai observĂ© dans mes Opuscules de Physique animale & vĂ©gĂ©tale , que la semence de rhomme 8t des quadrupĂšdes se conserve saine pendant plusieurs heures hors des vaisseaux naturels qui la contiennent. Je confirme cette vĂ©ritĂ© en montrant les petits vers spermatiqucs pleins de vie , nageant avec sur la GĂ©nĂ©ration. ro; vivacitĂ© , pourvu que la liqueur sĂ©minale ait un certain degrĂ© de chaleur. Mais fi la semence de lâhomme 6t des animaux quadrupĂšdes conserve ses propriĂ©tĂ©s pendant quelque tems, quoiquâelle soit tirĂ©e hors du corps de l'animal, pourquoi ne conserveroit - elle pas fa force stimulante , qui elĂŹ le principe de la fĂ©condation dans les animaux ? CHAPITRE V. La fĂ©condation ejl-elle un effet de la vapeur fpermatique ? Y auroit-il d'autres liqueurs propres Ă fĂ©conder ? Tentatives pour avoir artificiellement des Mulets par le moyen de nos amphibies. FĂ©condation artificielle obtenue dans les Papillons du Ver ĂŹ foie ÂŁ r dans les Chiens. C L X I. On 1 a long-tems disputĂ© St lâon dispute toujours pour savoir si la partie visible & grossiĂšre de la semence sert Ă la fĂ©condation de lâhomme & des animaux, ou si une partie trĂšs-subtile, une vapeur qui sâen exhale, ĂŽĂ quâon appelle aura fpermatica , suffit pour cette opĂ©ration on ne peut se dissimuler que les MĂ©decins 8C les Physiologistes , qui dĂ©fendent ce dernier parti, nây soient plus engagĂ©s par une nĂ©cessitĂ© 204 E X P Ă n I E N CES apparente que par des raisons ou des expĂ©riences. Ils sâappuient fur les observations de quelques Anatomistes, qui ont trouvĂ© le vagin de quelques femmes enceintes fort Ă©troit, ou parfaitement fermĂ© ; ils sâarrĂȘtent Ă dâautres observations qui font croire que la semence ne pĂ©nĂštre pas dans lâutĂ©rus. Ils rĂ©flĂ©chissent fur lâorifice des canaux des Ćufs ou des tubes de Faliope , iĂŹ Ă©troit quâun stilet trĂšs-fin ne peut y entrer , Sc qui peut Ă peine donner passage Ă lâair ; dâoĂč ils concluent que la liqueur sĂ©minale du mĂąle , lancĂ©e dans les organes de la gĂ©nĂ©ration des femelles , ne peut arriver aux ovaires oĂč sont logĂ©s les embryons ; mais quâils doivent ĂȘtre fĂ©condĂ©s par la partie de la semence qui sâen Ă©vapore, Sc quâils appellent aura spermatica alors ils croient que cette fĂ©condation doit s'opĂ©rer par cette vapeur, qui fe communique aux ovaires par les voies de la circulation , ou par lâouverture de lâutĂ©rus Sc des tubes. MalgrĂ© ces raisons, plusieurs autres Auteurs embrassent l'opinion contraire, & croient que la fĂ©condation sâopĂšre au moyen de la partie grossiĂšre de la semence ; ils soupçonnent donc que lâentrĂ©e du vagin Sc des tubes est Ă©largi par la chaleur produite pendant la copulation , ils confirment ce soupçon par la semence trouvĂ©e dans lâutĂ©rus Sc arrivĂ©e jufquâaux ovaires ; Sc ils ne comptent pour rien les observations qui apprennent que souvent lâutĂ©rus des femelles est fans liqueur sĂ©minale dâabord aprĂšs lâaccouplemcnr, soit parce quâayant trop tardĂ© Ă vilĂŹter lâutĂ©rus s v r la GĂ©nĂ©ration. Loz aprĂšs lâaccouplement, la liqueur sĂ©minale en eiĂŹ sortie, soit parce que la quantitĂ© de cette liqueur, qui pĂ©nĂštre l'utĂ©rus, est si petite quâelle Ă©chappe Ă la vue de lâObservatetir. Ces raisons allĂ©guĂ©es pour 6c contre ne me parodient pas trancher la question ; car il nâest pas dĂ©montrĂ© que la vapeur Ăpermatique arrive feule aux ovaires, tout comme il ne paroĂźt pas nettement que, quoique la partie grossiĂšre de la semence arrive aux ovaires, la fĂ©condation soit son ouvrage, 8t non celui de la partie vaporeuse de la semence. II importoit donc afin de dĂ©cider le procĂšs dâemployer un moyen convenable pour sĂ©parer la vapeur du corps de la semence , 6c de faire ensorte que les embryons en fussent plus ou moins enveloppĂ©s ; car alors sâils naissent, ce fera une preuve Ă©vidente que la vapeur sĂ©minale a pu les fĂ©conder ; ou bien ils ne naĂźtront pas, 6c alors il fera Ă©galement sĂ»r que la vapeur Ipermatique seule est insuffisante, 6c quâil faut y joindre faction de la partie grossiĂšre de la semence. Cette maniĂšre de procĂ©der , qui me paroĂźt avoir Ă©tĂ© complettement ignorĂ©e , est celle que j'ai cru devoir employer. C L X I I. Le Lecteur se rappellera ce que jâai dit pour faire voir que la liqueur sĂ©minale continue de fĂ©conder quoiquâelle soit noyĂ©e dans une trĂšs- grande quantitĂ© dâeau. Une petite goutte dâeau de^ de ligne tirĂ©e dâun volume dâeau de dix-huit onces, dans lequel on avoit infusĂ© trois grains de semence , est trĂšs-propre Ă fĂ©conder les ao 6 ExpĂ©riences TĂȘtards, §. CXLIV. Cette expĂ©rience scmbloit favorable Ă lâopinion de la vapeur spermatique , qui nâest que la semence elle-mĂȘme extrĂȘmement attĂ©nuĂ©e ; mais les faits que je vais raconter dĂ©cident Ă©videmment le contraire. Pour baigner abondamment de cette vapeur spermatique les TĂȘtards, je mis dans un verre de montre un peu moins de onze grains de la liqueur sĂ©minale de plusieurs Crapauds terrestres puants. Dans un autre verre semblable , mais un peu plus petit, je plaçai vingt-lix TĂȘtards qui, par la viscositĂ© de la glu, sâattachĂšrent avec tĂ©nacitĂ© Ă la partie concave du verre. Je plaçai le second verre sur le premier , ĂĂ ils restĂšrent ainsi unis pendant cinq heures dans ma chambre oĂč la chaleur Ă©toit de dix-huit degrĂ©s. La goutte de liqueur sĂ©minale Ă©toit prĂ©cisĂ©ment placĂ©e sous les TĂȘtards , qui durent ĂȘtre parfaitement baignĂ©s par la vapeur spermatique qui devoir sâĂ©lever ; dâautant plus que la distance des TĂȘtards Ă la liqueur nâĂ©toit tout au plus que dune ligne. Je visitai ces TĂȘtards au bout de cinq heures, 8Ă je les trouvai couverts dâun voile humide , qui mouilloit le doigt avec lequel on les touchoit, il nâĂ©toit pourtant qu'une portion de la semence Ă©vaporĂ©e St diminuĂ©e dâun grain St demi. Les TĂȘtards avoient donc Ă©tĂ© baignĂ©s dâun grain St demi de vapeur spermatique ; car elle ne pouvoit pas sâĂ©tre Ă©chappĂ©e hors des crystaux , puisquâils sâemboĂtoient bien tous les deux mais, malgrĂ© cela, les TĂȘtards mis dâabord dans lâeau y pĂ©rirent. su k la GĂ©nĂ©ration, 207 C L X I I I. Quoique lâexpĂ©rience dĂ©truisĂźt les effets de la vapeur spermatique , cette expĂ©rience Ă©toit pourtant unique , auĂfi je voulus la rĂ©pĂ©ter. Un grain 8Ă demi de cette vapeur, en prenant lâexemple de la liqueur sĂ©minale, auroit pu fĂ©conder quelques milliers de TĂȘtards, Lc, par consĂ©quent, vingt-six; je cherchai Ă en augmenter la dose , ĂC jây rĂ©ussis avec les mĂȘmes moyens, en augmentant seulement la chaleur athmosphĂ©rique. Je mis donc onze grains de cette semence dans un verre de montre plus grand , & jâattachai, par le moyen de leur glu , vingt-six TĂȘtards Ă la concavitĂ© dâun autre verre plus petit, en observant que la goutte Ăpermatique St les TĂȘtards correspondissent parfaitement, &. fussent tous les deux au milieu des verres ; je les plaçai lâun fur lâautre , comme dans lâexpĂ©rience du paragraphe CLXII, 8c je les exposai au soleil sur une fenĂȘtre, en tempĂ©rant son action par une lame de verre interposĂ©e , qui empĂȘchoit que la chaleur n'excĂ©dĂąt z 5 ° Sc ne nuisĂźt Ă la fĂ©condation, au cas quelle pĂ»t avoir lieu au bout de quatre heures les TĂȘtards Ă©toient tellement baignĂ©s de cette vapeur, quâils Ă©toient couverts de gouttelettes trĂšs-senĂibles ; mais, malgrĂ© cela, ils nâen naquirent pas mieux. Je rĂ©pĂ©tai encore cette seconde expĂ©rience dans les mĂȘmes circonstances, non-seulement pour rĂ©assurer du rĂ©sultat, mais pour voir si le reste de cette semence, dont une partie avoit Ă©tĂ© rĂ©duite en vapeurs, avoit conservĂ© sa force 2c8 ExpĂ©riences fĂ©condante. La moitiĂ© de ces TĂȘtards, baignĂ©s par la vapeur fpermatique , pĂ©rirent dans l'eau oĂč je les mis mais lâautre moitiĂ©, que jâeus soin dâhumecter avec le rĂ©Ăidu de la semence aprĂšs lâĂ©vaporation , rĂ©ussit bien ; tous les fĂȘtards naquirent 8t je tire deux consĂ©quences de ces faits ; l une que la vapeur fpermatique de la semence du Crapaud terrestre puant ne sauroit fĂ©conder ; lâautre que le reste de la semence , aprĂšs une Ă©vaporation trĂšs-senlible, a toute son Ă©nergie fĂ©condante. C L X I V. Ces deux consĂ©quences ont Ă©tĂ© bien confirmĂ©es par les expĂ©riences suivantes. Jâai dit dans la premiĂšre expĂ©rience , que lâespace interposĂ© entre la goutte fpermatique 8t les TĂȘtards Ă©toit dâune ligne , §. CLXII ; St jâavois mis le mĂȘme espace dans les expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes. Je voulus encore diminuer cette distance , Si la rĂ©duire Ă un tiers de ligne , afin que la vapeur fpermatique touchĂąt immĂ©diatement les TĂȘtards jâespĂ©roisquâelle seroit, par ce moyen, plus Ă©nergique ; mais son activitĂ© St son Ă©nergie nâen furent pas alors moins nulles. On entend par vapeur fpermatique , cette vapeur qui sâexhale de la liqueur sĂ©minale , §. CLXII. Quelques Physiologistes ont cru que cette vapeur fĂ©conde Ă©toit formĂ©e par les particules odorantes de la semence; dâautrcs quâelle Ă©toit formĂ©e par les parties les plus subtiles, St dâautres quâelle Ă©toit enfin la partie spiritueuse qui sâen exhale mais, dans ces trois sens, la vapeur fpermatique nâen est pas moins inhabile s v r la GĂ©nĂ©ration. roy inhabile Ă la fĂ©condation ; car on ne peut imaginer que Ăi c'est une partie spiritueuse, qui a ĂŹâĂ©nergie fĂ©condante , elle ait pu sâĂ©chapper des verres de montre fans agir fur les TĂȘtards. Mais aĂĂŹn d oter encore ce soupçon, je scellai les bords du verre de montre supĂ©rieur , dans la cavitĂ© du verre de montre infĂ©rieur, avec un ciment qui interceptoit toute communication de lm- tĂ©rieur des deux verres avec lâair extĂ©rieur ; je substituai mĂȘme au verre de montre supĂ©rieur un petit entonnoir, court, de verre, dont les bords furent cimentĂ©s Ă la partie concave du verre infĂ©rieur, ĂC dont le sommet Ă©toit hermĂ©tiquement fermĂ© dans le col de lâentonnoir ; jây attachai quelques TĂȘtards , ĂC je mis dans la concavitĂ© du verre de montre la goutte de semence, que jâavois Ă©tendue autant quâil Ă©toit possible pour augmenter son Ă©vaporation la figure conique de lâentonnoir raslembloit en un point la partie Ă©vaporĂ©e , 8c ce point Ă©toit celui oĂč fe trouvoient les TĂȘtards. Je tins ce nouvel appareil exposĂ© pendant Ăix heures Ă une chaleur de vingt-quatre degrĂ©s ; on voyoit au travers du verre les TĂȘtards baignĂ©s dans cette vapeur, fur-tout ceux qui Ă©toient au sommet de lâentonnoir ; mais ils nâen furent pas mieux fĂ©condĂ©s , ils pĂ©rirent tous cependant, avec le reste de cette semence , je fĂ©condai dâautres TĂȘtards, comme dans lâex- pĂ©rience du paragraphe CLXIII. Jâavois employĂ© la vapeur spermatique , produite dans des vases clos, mais je voulus voir ce qui arriveroit dans des vases ouverts, pour O 210 ExpĂ©riences prĂ©venir un scrupule produit par lâidĂ©e que le concours de lâair Ă©toit peut-ĂȘtre nĂ©cessaire Ă la fĂ©condation ; mais la fĂ©condation ne fut pas mieux opĂ©rĂ©e que dans les expĂ©riences prĂ©cĂ©dentes. C L X V. La derniĂšre expĂ©rience de ce genre fut de recueillir quelques grains de vapeur sperma- tique, Sc dây plonger pendant plusieurs minutes une douzaine de TĂȘtards} je touchai une autre douzaine de TĂȘtards avec le petit reste de semence quâil y avoit eu aprĂšs {'Ă©vaporation, ĂC qui ne pefoit pas un demi-grain ; onze de ces TĂȘtards naquirent fort bien , ĂŽc aucun des douze , qui avoient Ă©tĂ© plongĂ©s dans la vapeur spermatique , ne vint au jour. La rĂ©union de ces faits, qui font si variĂ©s Sc si confonans, prouve donc Ă©videmment que la fĂ©condation du Crapaud terrestre puant nâest point produite par la vapeur spermatique , mais par la partie sensible de la semence. On prĂ©sumera bien que je nâai pas fait ces expĂ©riences fur ce Crapaud seul, mais je les ai rĂ©pĂ©tĂ©es fur le Crapaud terrestre , Ă yeux rouges Sc Ă tubercules dorsaux, de mĂȘme que sur la Grenouille aquatique, telles que je les ai racontĂ©es, §. CLXII, CLXIII, CLXIV, CLXV, & jâai eu les mĂȘmes rĂ©sultats que les prĂ©cĂ©dens je puis mĂȘme ajouter que , quoique je n aie fait que quelques-unes de ces expĂ©riences fur la Grenouille des arbres, jâai remarquĂ© quâelles harmonil'oient fort bien avec toutes les autres. 2i r sur la GĂ©nĂ©ration. C L X V I. Ayant trouvĂ© que le suc des testicules de nos amphibies est Ă©galement propre Ă la fĂ©condation que la liqueur sĂ©minale , je voulus aussi faire des expĂ©riences fur fa vapeur ; Sc comme il avoir Ă©tĂ© pareillement fĂ©condant, quand il Ă©toit pur ou mĂȘlĂ© avec lâeau , je ressayai des deux maniĂšres , en suivant les procĂ©dĂ©s que jâai dĂ©jĂ dĂ©crit ; mais , quoique les TĂȘtards aient Ă©tĂ© baignĂ©s par cette vapeur , ils l'on t toujours Ă©tĂ© fans succĂšs de forte que jâai conclu, que la vapeur spermatique du suc exprimĂ© des testicules nâĂ©toit pas moins stĂ©rile que celle de la liqueur sĂ©minale. Je fis ces expĂ©riences pour la premiĂšre fois en 1777 , Sc je les communiquai Ă M. Bonnet, comme on peut le voir dans les extraits de mes Lettres, insĂ©rĂ©s dans les importantes notes quâil a ajoutĂ©es au troisiĂšme volume de la nouvelle Ă©dition de ses Oeuvres. Jâai rĂ©pĂ©tĂ© ces expĂ©riences en 1780 avec le mĂȘme succĂšs. II rĂ©sulte donc de tout ceci, que dans deux espĂšces de Crapauds Sc dans deux espĂšces de Grenouilles, la fĂ©condation ne s'opĂšre pas par la vapeur spermatique , mais par la partie grossiĂšre de la semence. Dirons nous cependant que câest le procĂ©dĂ© universel de la Nature pour tous les animaux SĂ pour lâhomme ? Le petit nombre de faits que nous avons ne mous permet pas, en bonne logique, de tirer une consĂ©quence si gĂ©nĂ©rale on petit tout au plus penser que les choses se pastent vraisemblablement ainsi , dâautant plus quâil nây a aucun O 2 z 1 2 ExpĂ©riences fait contraire , & le problcme sur lâinfluence de la vapeur'spermatique, pour la fĂ©condation, est au moins sĂ»rement dĂ©cidĂ© nĂ©gativement pour quelques espĂšces dâanimaux , 8c avec une grande vraisemblance pour les autres. C L X V I I. Jâajouterai encore une rĂ©flexion on voit par ce que jâai dit que la partie de la semence, propre Ă la fĂ©condation , nâest pas une liqueur spiritueuse 8c volatile, qui perde ses qualitĂ©s quand elle est exposĂ©e Ă lâair , Sc qui devienne alors un caput rnortuum , comme on lâob serve, dans plusieurs liqueurs factices, quâil faut scrupuleusement fermer jâai tenu la liqueur sĂ©minale exposĂ©e Ă lâair pendant des heures entiĂšres , Sc quoiquâelle fut Ă©vaporĂ©e en grande partie , elle nâĂ©toit pas stĂ©rile, ce rĂ©sidu mĂȘme Ă©toit aussi fĂ©condant que la semence elle-mĂȘme tirĂ©e de lâanimal. On peut comparer ce fluide Ă lâeau , tous les deux conservent, aprĂšs une longue Ă©vaporation , leur caractĂšre Sc leur propriĂ©tĂ©. Mais il y a cependant entrâeux une trĂšs-grande diffĂ©rence ; ĂĂ lâon rassemble la partie Ă©vaporĂ©e de lâeau , elle donne de lâeau semblable Ă celle dâoĂč elle vient ; tandis que la vapeur de la liqueur sĂ©minale , quoiquâelle reprenne la forme fluide , Sc ressemble dâabord Ă la liqueur qui lâa produite , nâa cependant plus la propriĂ©tĂ© de fĂ©conder les TĂȘtards. Et 11 faut dire que ces parties, en se dĂ©tachant de la masse du fluide spermatique Sc sc sublimant , contractent quelques mauvaises qualitĂ©s, qui les rendent incapables dâirriter les sur la GĂ©nĂ©ration. zij petits cĆurs des TĂȘtards 8Ă de leur donner la vie cependant la petitesse de ?es parties ne nous permet pas de connoĂźtre comment se produit cette mauvaise qualitĂ© , St en quoi elle con lifte. C L X V I I I. Je dois examiner un autre problĂšme Ă©galement neuf Sc curieux il me fut proposĂ© par M. Bonnet , dans une de ses lettres oĂč il me parloir des fĂ©condations artificielles ; St, quoi- quâil connĂ»t tout ce que lâidĂ©e avoir de bizarre, il voulut me la communiquer, afin que je la soumisse Ă TexpĂ©rience. Je ne puis mieux faire connoĂźtre cette idĂ©e que par un extrait de la lettre qu il mâĂ©crivit au 15 AoĂ»t 1778. Je ne » veux pas vous cacher une vision que j'ai eue » M. Senebier vous aura parlĂ© de la belle » expĂ©rience de M. Achard de Berlin. II a » cherchĂ© de substituer lâĂ©lectricitĂ© Ă la chaleur » des fours pour faire Ă©clore les Poulets ; il a » mĂȘme rĂ©ussi, au moins en partie. Si le fluĂŻde » Ă©lectrique peut dĂ©velopper le Poulet dans » lâĆuf, cela »c peut arriver quâen accĂ©lĂ©rant » le cours des liquides , ou ce qui est la mĂȘme » chose , en augmentant lâirritabilitĂ© du cĆur. » Je crois avoir assez prouvĂ© que la liqueur sĂ©- minale fĂ©conde le germe en excitant dâabord » lâirritabilitĂ© du cĆur. Je voudrois donc que » vous essayassiez de substituer le fluide Ă©lec- » trique Ă la liqueur sĂ©minale des Grenouilles » & des Crapauds pour fĂ©conder leurs Ćufs. » Si vous rĂ©ussissiez dans une expĂ©rience aussi » nouvelle, cette fĂ©condation seroit plus arti- O 3 1Ă4 E XPERIEXCES » ficielle que celles que vous avez si heurcu- » sement exĂ©cutĂ©es. Vous imaginez bien que je » ne fuis pas garant du succĂšs il nây a pas ap- » parence que la liqueur sĂ©minale puisse ĂȘtre » remplacĂ©e par le fluide Ă©lectrique ; mais nous » avons dans le rĂšgne organique tant de choses » imprĂ©vues St neuves, quâon ne sauroit ĂȘtre » trop rĂ©servĂ© lorsquâil sâagit de prononcer fur » lâimpossibilitĂ© d un essai quelconque , sur tout » lorsquâil sâagit du sujet qui nous occupe. » Aurions-nous soupçonnĂ© les propriĂ©tĂ©s sur- » prenantes du Polype ? 8t aprĂšs la dĂ©couverte » du Polype , auroit-on soupçonnĂ© la reproduc- » lion de la tĂȘte des Limaçons ». Câest ce que mâĂ©crivit le profond Contemplateur de la Nature ; mais diffĂ©rentes occupations dâun autre genre tnâempĂȘchĂšrent dâabord de suivre ces observations commencĂ©es fur les fĂ©condations artificielles , St de faire cette expĂ©rience singuliĂšre qui me fut proposĂ©e. Je ne fis celle-ci quâavec trĂšs-peu dâespĂ©rance de rĂ©ussir , non-seulement Ă cause des raisons allĂ©guĂ©es par mon cĂ©lĂšbre ami, mais encor^ Ă cause de la grande disparitĂ© quâil y avoir entre les Ćufs de M. Achard , qui avoient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s avant dâĂȘtre Ă©lectrisĂ©s , St les TĂȘtards des Crapauds St des Grenouilles qui ne lâavoient pas Ă©tĂ©. Ayant donc mis fur le conducteur dâune machine Ă©lectrique un vase de mĂ©tal avec plusieurs TĂȘtards de ces deux amphibies je leur fis Ă©prouver les simples effets de lâĂ©lectricitĂ© fans secousses St fans Ă©tincelles. JâĂ©lectrisai ces TĂȘtards deux jours de fuite, St trois heures chaque Ăźur la GĂ©nĂ©ration. 215 jour ; mais ils pĂ©rirent tous. Je rĂ©pĂ©tai l'expĂ©- rience en prolongeant lâĂ©lectricitĂ© durant quatre heures de chaque jour, 8c pendant trois jours ; mais je ne fus pas plus heureux, 8c je ne rĂ©ussis pas davantage en Ă©lectrifant de nouveaux TĂȘtards pendant trois heures durant deux jours LC demi. Au lieu de placer les TĂȘtards dans un petit vase de mĂ©tal fur le conducteur, je les attachai Ă la pointe dâune verge de mĂ©tal qui en ĂĂČrtoit, parce que la vapeur Ă©lectrique eĂt alors plus condensĂ©e , & doit ĂȘtre par consĂ©quent plus Ă©nergique mais cette maniĂšre dâĂ©lectriser, employĂ©e dix-neuf heures pendant deux jours, ne put les animer ; cependant, comme la saison Ă©toit chaude, les TĂȘtards donnoient des ignĂ©s de dĂ©veloppement dans lâespace de trois jours*. Pendant que jâĂ©lectrisai des TĂȘtards non- fĂ©condĂ©s, jâen Ă©lectrilai aussi qui avoient Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s, pour voir la diffĂ©rence produite par lâĂ©lectricitĂ©. Les TĂȘtards Ă©lectrisĂ©s naquirent plutĂŽt que les autres qui n'avoient pas Ă©prouvĂ© fessier de 'Ă©lectricitĂ© ; ce qui s'accorde fort bien avec ce quâon a Ă©crit St dĂ©montrĂ© fur lâaccĂ©lĂ©- ration de la vĂ©gĂ©tation produite par lâinfluence du fluide Ă©lectrique dâ je dois conclure, que /i lâĂ©lectricitĂ© hĂąte le cours des fluides dans les TĂȘtards fĂ©condĂ©s , elle ne produit aucun effet fur ceux qui ne font pas Ă©tĂ©, parce que le choc occaĂĂŹonnĂ© par ce fluide nâest ni assez doux ni assez convenable Ă f Ă©tat des TĂȘtards dans ces premiers tnomens, ni semblable Ă celui de la liqueur spermatique. O 4 ĂŽ ExpĂ©riences C L X I X. Avant que M. Bonnet mâeĂ»t communiquĂ© sespensees, câest-Ă -dire , pendant que je faisois mes premiĂšres observations fur les fĂ©condations artificielles, je me flattai de dĂ©couvrir quelque liqueur qui pĂ»t remplacer la liqueur spermatique. En fĂ©condant des TĂȘtards du Crapaud terrestre Ă yeux rouges & Ă tubercules dorsaux , aprĂšs ' avoir Ă©prouvĂ© lâefict de la semence tirĂ©e des vĂ©sicules sĂ©minales dâun mĂąle, il me vint dans lâesprit de tenter lâaAivitĂ© de quelquâautre fluide ou suc du mĂȘme animal. Je baignai pour cela plusieurs TĂȘtards, ies uns avec le sang, les autres avec le fiel ou le suc exprimĂ© de plusieurs viscĂšres, comme du cĆur, du foie &C du poumon. Je tins compte de ce jui se p alibi t ; jâavois mis chaque espĂšce de TĂȘtards , diffĂ©remment baignĂ©s, dans des vases sĂ©parĂ©s. Ceux qui avoient Ă©tĂ© touchĂ©s avec le sang 8t le suc tirĂ© du cĆur, naquirent. On sentira bientĂŽt quel fut mon Ă©tonnement Ă cette vue ; mais on comprendra aussi que je nâadoptai pas cette expĂ©rience fans la rĂ©pĂ©ter. Je la refis avec un succĂšs contraire , il nây eut aucun TĂȘtard qui se dĂ©veloppĂąt ; je rĂ©itĂ©rai plulieursfois l'expĂ©rĂŹence , mais jamais il nây eut aucun TĂȘtard dĂ©veloppĂ© ; je conclus alors que le sang & le suc du cĆur nâavoient aucune Ă©nergie pour dĂ©velopper les TĂȘtards. Mais comment donc s'opĂ©ra la fĂ©condation de la premiĂšre expĂ©rience ce fut leste t dâune nĂ©gligence , dont je mâapperçus ensuite ; les TĂȘtards avoient Ă©tĂ© tirĂ©s de lâutĂ©rus de la Gre- sur la GĂ©nĂ©ration, iij nouille avec des pinces, dont je mâĂ©tois servi pour avoir quelques gouttes de liqueur sper- matique hors des vĂ©Ăicules sĂ©minales dâun mĂąle ; Sc comme jâignorois alors lâĂ©nergie de la plus petite goutte de semence pour dĂ©velopper les TĂȘtards, je nâavois pas pris foin de les essuyer} de forte que , comme je touchois avec elles les TĂȘtards , ils furent fĂ©condĂ©s par ce seul attouchement, qui donna lieu Ă leur naissance Sc cette explication est dâautant mieux fondĂ©e, quâen tirant les TĂȘtards de lâutĂ©rus dâautres Grenouilles avec des pinces humectĂ©es de semence , SC nĂ©gligemment essuyĂ©es, je voyois toujours Ă©clore quelques TĂȘtards, tandis que jamais je nâen vis Ă©clore un entre plusieurs centaines , quand ils Ă©toient tirĂ©s de lâutĂ©rus avec des pinces bien essuyĂ©es , ou qui nâavoient pas servi Ă toucher la liqueur sĂ©minale. Cet exemple fut une leçon qui me servit dans toutes mes expĂ©riences, Sc elle doit en servir Ă tous ceux qui voudront les rĂ©pĂ©ter , ou en faire dâanalogues. C L X X. AprĂšs avoir vu lâinutilitĂ© de ces sucs Sc de ces liqueurs pour fĂ©conder les TĂȘtards , je ne pensai pas dâen substituer dâautres Ă la liqueur sĂ©minale -, seulement aprĂšs avoir vu 1âimpuissance du fluide Ă©lectrique , que je soup- çonnois dĂ©jĂ , je voulus essayer dâautres stimulons , parce que jâĂ©tois persuadĂ© que la fĂ©condation sâopĂ©roit dans le rĂšgne animal par lâir- ritation que la liqueur sĂ©minale excite dans le cĆur des embryons. Câest dans ce but que iiS ExpĂ©riences je me servis du vinaigre & de lâesprit de vin , aftoiblis par seau Sc surine , en employant diffĂ©rentes doses de ces liqueurs ; mais au lieu de fĂ©conder les TĂȘtards par ce moyen, ils se gĂątĂšrent beaucoup plutĂŽt jâĂ©prouvai les mĂȘmes effets en employant le jus de limon 8c de cĂ©drat, noyĂ©s dans seau. On sait que sĂ©corce du limon Sc du cĂ©drat renferme une vapeur spiritueuse Lc Ălimulante , qui sort quand on les comprime , Sc qui sâenflamme quand on la fait jaillir vers la flamme dâune bougie ; je fis jaillir cette vapeur fur quelques TĂȘtards, de maniĂšre que leur mucilage en fut bien humectĂ© mais cette liqueur, comme les autres, fĂ»t Ă©galement impuissante pour la fĂ©condation. C L X X I. Lâhistoire ancienne Sc moderne du rĂšgne animal apprend que la liqueur sĂ©minale dâune espĂšce peut fĂ©conder les embryons dâune autre, en raison des ressemblances quâil peut y avoir entre ces espĂšces , 8c que les individus qui en proviennent font appelĂ©s Mulets. Ainsi, dans les oiseaux, lâaccouplement du Chardonneret Sc du Serin de Canarie , de mĂȘme que celui du Paon blanc avec le commun, Sc du Faisan avec la Poule , donnent naissance Ă des animaux dissĂ©rens de leurs parens. Entre les quadrupĂšdes , les Mulets, provenans de lâAne Sc de la Jument, ou du Cheval Sc de lâAnesse, font communs ; Sc M. Bourgelat ne laisse plus de doute fur la propagation rĂ©sultante de lâaccouplement du Chien Sc du Loup , Sc mĂȘme, pour obtenir cette fĂ©condation, il nâest pas nĂ©- sur la GĂ©nĂ©ration, iiç cessaire que les espĂšces soient trĂšs-analogues. Les derniĂšres observations faites par un cĂ©lĂšbre Naturaliste françois ne laissent aucun doute sur la naissance des Jumarts, produits par lâaccouple- ment de lâAne Lc de la Vache , ou du Taureau avec lâAnesse & la Jument i , quoique M. DE Buffon Tait formellement niĂ©e 2. Ces expĂ©riences me faisoient espĂ©rer que jâaurois obtenu artificiellement des fĂ©condations semblables fur les embryons dâune espĂšce avec la liqueur fĂ©condante dâune autre. Dans mon Prodrome fur les Reproductions animales , je me proposois de rechercher quels seroienr les fruits de ces mariages illĂ©gitimes entre les animaux amphibies ou aquatiques qui. seroient les plus dissemblables , a fin d'Ă©claircir , par le moyen des Mulets qui en naĂźtroient, le mystĂšre de la gĂ©nĂ©ration. Jâai tentĂ© ces expĂ©riences, mais le succĂšs nâa pas Ă©tĂ© heureux. Je baignai plulĂŹeurs fois avec la liqueur sĂ©minale des Salamandres quelques embryons de Grenouilles & de Crapauds je fis la mĂȘme chose avec la liqueur sĂ©minale des Grenouilles SĂ des Crapauds fur les embryons des Salamandres, mais il nây eut pas un seul des embryons qui se dĂ©veloppĂąt. Jâavois, Ă la vĂ©ritĂ©,.plus dâespĂ©rance de fĂ©conder quelques espĂšces plus voisines , comme celles des Crapauds & des Grenouilles, qui font non- 1 Collection complette des Oeuvres de Charles Bonnet , T. III. r Hist. nat. T. XIV. rzo ExpĂ©riences seulement amphibies, mais qui se ressemblent beaucoup dans les parties extĂ©rieures comme dans les intĂ©rieures , &Ă qui ont les mĂȘmes mĆurs , la mĂȘme maniĂšre dâagir Sl de se multiplier. Je choisis donc le Crapaud puant, qui se multiplie en mĂȘme tems que les Grenouilles; St avec la liqueur sĂ©minale du premier je baignai les TĂȘtards de la Grenouille verte aquatique St de la Grenouille des arbres , en mĂȘme tems je baignai avec la semence de ces deux Grenouilles les TĂȘtards du Crapaud puant je fis cette double expĂ©rience fur ces Grenouilles St les TĂȘtards de lâespcce du Crapaud dont jâai parlĂ© dans le paragraphe CXXVI. Ces liqueurs sĂ©minales furent employĂ©es tantĂŽt pures 8t tantĂŽt mĂȘlĂ©es avec lâeau je voulus me servir, dans ce but, du suc des testicules ; mais, malgrĂ© les traits de ressemblance si multipliĂ©s , si sensibles , si Ă©videns quâon observe entre ces diverses espĂšces , Tune ne put jamais fĂ©conder lâautre. Si ce genre dâexpĂ©riences paroĂźt dâabord inutile pour les effets, il est cependant intĂ©ressant St instructif ; il nous apprend quâon ne peut employer avec sĂ»retĂ© lâanalogie dans ce qui regarde cette troisiĂšme espĂšce dâĂȘtres animĂ©s. Ils paroissent provenir dâanimaux qui se ressemblent fort entrâeux ; mais cette ressemblance nâest pas toujours une preuve sĂ»re de leur procrĂ©ation , comme on le voit dans nos amphibies. Dans cette branche de la physique, comme dans mille autres, on ne peut gĂ©nĂ©raliser ses idĂ©es; mais on est forcĂ© de passer dâune espĂšce Ă lâautre, St de consulter sĂ©parĂ©ment les 211 sur la GĂ©nĂ©ration. oracles de la Nature pour savoir ses rĂ©ponses. Puisque ces mariages illĂ©gitimes font infĂ©conds, il faut nĂ©cessairement que la liqueur sĂ©minale qui doit fĂ©conder ne soit pas celle de l'espĂšce; il faut quâelle en diffĂšre, St quâelle ne puisse pĂ©- .nĂ©trer les embryons pour lesquels elle nâest pas faite ĂC donner le branle Ă leurs mouvemens. Et comment pourroit-on connoĂźtre ces deux qualitĂ©s dans une semence relativement Ă des embryons, fi ce nâest par lâcxpĂ©rience ? Au reste, comme si nos amphibies prĂ©voyoient rinutilitĂ© de leurs semences respectives, je nâen ai jamais vu aucuns accouplĂ©s les uns avec les autres, quoique pendant le tems de leurs amours je mis, par exemple, un mĂąle de Crapaud avec une femelle de son espĂšce Sc une Grenouille le mĂąle , sans faire attention Ă la Grenouille, trouvoit bientĂŽt fa femelle ; Sc lorsque je les sĂ©parai dans leur accouplement , Sc que je plaçai le mĂąle dans un vase avec la Grenouille, aprĂšs en avoir ĂŽtĂ© la femelle du Crapaud , le mĂąle Crapaud ne sâapprochoit pas de la Grenouille femelle , il cherchoit Ă sâenfuir ; SĂ quand je les forçai Ă rester plusieurs jours ensemble , jamais il nây a eu aucune apparence dâaccouplemcnt, quoique la Grenouille accouchĂąt de ses TĂȘtards, St quoique les mĂąles soient alors les plus ardens jâai vu cette froideur du Crapaud puant pour la Grenouille des arbres Lc la Grenouille verte aquatique ; jâai observĂ© la mĂȘme chose en mettant des mĂąles de ces deux espĂšces de Grenouilles avec des femelles du Crapaud puant. Je nâignorois pas lâopinion nz ExpĂ©riences vulgaire de ceux qui croient que les Crapauds sâaccouplent avec les Grenouilles , St que quelques personnes cessent de manger des derniĂšres pendant leurs amours mais je puis assurer que je nâai jamais vu de pareilles unions dans la multitude immense de Crapauds St de Grenouilles que jâai vues accouplĂ©es; St Roesel ne lâa pas mieux observĂ© en Allemagne que moi en Italie , aussi je rejette cette opinion , qui me paroĂt nâavoir dâautres fondemens que la crĂ©dulitĂ© SĂ une tradition populaire. C L X X I I. Je croyois avoir fini ce MĂ©moire, mais en relisant le paragraphe CLVIII, il me vint un fort defĂŹr de faire une nouvelle expĂ©rience. Jây invitois les Naturalistes Ă essayer de fĂ©conder quelques-uns des animaux , soit vivipares, soit ovipares , dont la fĂ©condation sâopĂšre dans le corps câĂ©toit alors le mois de Juillet, jâĂ©tois dans le ModĂ©nois; St alors , comme dans plusieurs autres parties de lâItalie , câĂ©toit la saison des amours du Papillon du Vers-Ă -foie je voulus donc essayer lĂŹ, dans ce petit animal ailĂ© , je pouvois opĂ©rer les fĂ©condations qui mâavoient rĂ©ussi fur divers amphibies. Je con- noissois les mauvais succĂšs de Malpighi St de M. Bibiena , qui avoient voulu faire ces expĂ©riences ; cependant , comme cela ne me paroissoit pas impossible , je crus devoir le tenter encore. Les Ćufs non-fĂ©condĂ©s du Papillon peuvent se recueillir de deux maniĂšres , ou en les rassemblant aussi-tĂŽt quâils sont pondus , ou en les retirant de la matrice elle- s v k la GĂ©nĂ©ra t i o n. ir; mĂȘme qui les renferme, pourvu que les femelles aient Ă©tĂ© scrupuleusement sĂ©parĂ©es des mĂąles ; la liqueur sĂ©minale se tire des parties de la gĂ©nĂ©ration. Ayant donc recueilli beaucoup dâĆufs non-fĂ©condĂ©s, par les deux moyens, je les touchai plusieurs fois avec la liqueur sĂ©minale, tantĂŽt en remployant abondamment, ĂŽc tantĂŽt en trcs-petite quantitĂ© ; mais je n'eus aucun succĂšs. Les femmes qui soignent les vers savent que les Ćufs fĂ©condĂ©s de ces insectes font violets, ĂŽc que les autres restent jaunes ; les Ćufs avoient cette couleur avant dâĂȘtre baignĂ©s de la liqueur sĂ©minale , ĂC ils la conservĂšrent-aprĂšs ; ils perdirent leur rondeur , ils devinrent moux ĂC creux dans une extrĂ©mitĂ© , signes certains de leur stĂ©rilitĂ©. Je fis ces expĂ©riences fur cette espĂšce de Papillons de Vers-Ă -soie , dont les Ćufs nâĂ©clo- sent quâau printems ; c etoit aussi lâespĂšce qui avoit Ă©tĂ© lâobjet des expĂ©riences inutiles du Naturaliste Bolonois. Je voulus rĂ©pĂ©ter lâexpĂ©rience fur une autre espĂšce de Papillons de Vers-Ă -soie , quâon Ă©lĂšve en plusieurs villes de la Lombardie pour pouvoir avoir trois gĂ©nĂ©rations de ces Vers, pendant le tems qui sâĂ©coule depuis le printems Ă lâautomne , ĂC par consĂ©quent, de leurs prĂ©cieux cocons leurs Ćufs ne furent pas rĂ©fractaires Ă mes efforts 6c Ă mes foins, plusieurs de ceux que je baignai avec la liqueur sĂ©minale du mĂąle donnĂšrent naissance Ă de petits Vers dans le tems marquĂ© ; ĂŽc je ne puis croire de mĂ©trĂ© trompĂ© , car aussutĂŽt que les 2*4 ExpĂ©riences Papillons naissoient, je plaçois dâabord les femelles fous une cloche de verre, dont je me fers avec la machine pneumatique , 8c jâen exclus les mĂąles, que la vue ou lâodeur des femelles attirĂšrent fur les bords extĂ©rieurs de la cloche , autour de laquelle ils ne cessoient de voltiger. Ce voiĂĂŹnage des mĂąles auprĂšs des femelles me paroissoit nĂ©cessaire pour obtenir une quantitĂ© suffisante de liqueur sĂ©minale , St aussi-tĂŽt que les femelles prisonniĂšres commençoient Ă pondre leurs Ćufs , je les baignai avec la liqueur sĂ©minale du mĂąle. Ces Ćufs dâabord jaunes commencĂšrent , aprĂšs quelques jours, Ă bleuir 8c Ă tirer fur le violet, 8e au bout dune semaine jâcn vis sortir les petits Vers ; tandis que les autres Ćufs, qui nâavoient pas Ă©tĂ© baignĂ©s avec la liqueur sĂ©minale , restĂšrent jaunes , devinrent humides 8Ă pĂ©rirent jâai eu, dans deux expĂ©riences diffĂ©rentes , cinquante-sept petits Vers Ă©clos des Ćufs fĂ©condĂ©s artificiellement. C L X X I I I. Ce succĂšs mâen fit espĂ©rer d'autres ; les animaux ovipares pouvoient ĂȘtre fĂ©condĂ©s artificiellement ; jâavois rĂ©ussi Ă fĂ©conder de cette maniĂšre quelques animaux vivipares, qui font fĂ©condĂ©s naturellement hors du corps de la femelle il me restoit donc Ă chercher sâil Ă©toit possible de fĂ©conder artificiellement les animaux qui ne font fĂ©condĂ©s naturellement que dans le corps des femelles, 8c de chercher pour cela un animal qui fut grand, comme un Chat, un Mouton, un* Chien. Je m'occupai SUR LA G E H E R A T I 0 _ V. Ă 25 cupois depuis long-tems de cette idĂ©e , SĂ je ia fis connoĂźtre dans un article du Prospectus de lâEncyclopĂ©dic Italienne. FĂ©condation artificielle t. Dans cet article je proposois quelques vues pour fĂ©conder artificiellement les animaux SĂ les plantes , SĂ je mâexprimois ainli Ă la fin. Jâai parlĂ© jufquâici des animaux » ovipares, nây auroit-il point ds moyens pour » Ă©tendre ces fĂ©condations aux animaux vivi- » pares » ? Le Lecteur mâa compris. Dans le paragraphe CLVI 1 Ă de cette dissertation , je fuis revenu fur ces idĂ©es, jâen iccommandois lâcxĂ©cution aux Naturalistes, je ne la croyois pas bien difficile aprĂšs mes succĂšs fur les Vers- Ă -foie , qui font fĂ©condĂ©s dans le sein de la femelle, St je rĂ©solus de ressayer fur une Chienne. La Chienne que je choilĂŹs Ă©toit de la race des Barbets , dâune grandeur moyenne 2 , elle avoir mis bas dâautres fois, SĂ je foup- çonnois quâcllc ne tarderoit pas dâentrer en folie ; dĂšs-lors je renfermai dans une chambre , oĂč elle fut obligĂ©e de rester long teins, SĂ pour ĂȘtre sĂ»r des Ă©vĂ©nemens, je lui donnois moi-mĂȘme Ă manger SĂ Ă boire je tins seul la clef de la porte qui lâenfermoit ; au bout du treiziĂšme jour de cette clĂŽture , la Chienne donna des lignes Ă©videns quâelle Ă©toit en chaleur , ce qui paroissoit par le gonflement des parties extĂ©rieures de la gĂ©nĂ©ration , SĂ par un 1 Sienne, 1770. 2 Canis aquaticus pi/o crifpo longo instar oris ; Likn. SyĂĂŹ. nat. P n6 ExpĂ©riences Ă©coulement de sang qui en sortoit; au vingt- troisiĂšme jour , elle paroissoit deĂĂŹrer ardemment lâaccouplement ce fut alors que je tentai la fĂ©condation artificielle de cette maniĂšre. Jâavois alors un jeune Chien de la mĂȘme espĂšce ; il me fournit, par une Ă©mission spontanĂ©e , dix-neuf grains de liqueur sĂ©minale , que jâinjetĂŹtai sans dĂ©lai dans la matrice .de la Chienne , avec une petite seringue fort pointue , introduite dans lâutĂ©rus ; St , comme la chaleur naturelle de la liqueur sĂ©minale peut ĂȘtre une condition nĂ©cessaire au succĂšs de la fĂ©condation, jâeus la prĂ©caution de donner Ă la seringue la chaleur de la liqueur sĂ©minale du Chien, qui est environ de 30 degrĂ©s du ThermomĂštre de Rhaumur. Deux jours aprĂšs cette injection, la Chienne cessa dâĂȘtre en chaleur, St au bout de vingt jours, le ventre parut gonflĂ© ; aussi, au vingt-lĂŹxiĂšme jour, je lui rendis la libertĂ© le ventre grossissait toujours, St soixante-deux jours aprĂšs lâinjection de la liqueur sĂ©minale, la Chienne mit bas trois petits fort vivaces, deux mĂąles S>t une femelle , qui, par leur forme St leur couleur , ressembloient non-seulement Ă la mĂšre , mais aussi au mĂąle qui mâavoit fourni la liqueur sĂ©minale. Le succĂšs de cette expĂ©rience me fit un plaisir que je nâai jamais Ă©prouvĂ© dans aucune de mes recherches philosophiques. C L X X I V. Je disois que dix-neuf grains de liqueur sĂ©minale furent injectĂ©s dans la matrice, mais ces dix-neuf grains nây pĂ©nĂ©trĂšrent pas , Ă peine sur la GĂ©nĂ©ration. ĂŻi-j y cn eut il treize , puifquâil y en eut au moins Ăix qui restĂšrent adhĂ©rens aux parois de la seringue ; mais il n'en rĂ©sulte pas que ces treize grains furent employĂ©s Ă la fĂ©condation. Puisque la fĂ©condation se fait dans les ovaires ; il faut que la liqueur qui y arrive ait passĂ© au travers des trompes, & il doit y en rester quelques portions qui sâattachent aux parois intĂ©rieures , de mĂȘme quâĂ celles de la matrice il ne fallut donc quâune quantitĂ© bien petite de cette liqueur sĂ©minale pour opĂ©rer cette fĂ©condation. Ce qtii confirme ce que mes expĂ©riences apprenoient , eâest que dans les grands , comme dans les petits animaux, il faut une trĂšs-petite quantitĂ© de semence pour en fĂ©conder les embryons. Cette consĂ©quence devient plus probable par les observations faites fur les oiseaux, car nous savons auâun coq fĂ©conde par un seul accouplement, tous les Ćufs quâune poule peut pondre dans vingt jours ; & comme il peut fustire Ă douze ou quinze Poules, il pourroit chaque jour donner la vie Ă trois cent Poulets 1 . Je finis par une courte rĂ©flexion ma derniĂšre dĂ©couverte me porte Ă croire quâon peut faire naĂźtre de grands animaux fans le concours des deux sexes, en se servaftt du moyen mĂ©canique que jâai indiquĂ©, en profitant des circonstances favorables & en employant les prĂ©cautions qui semblent nĂ©cessaires au succĂšs de P x i Buffon , Hist. nat. ExpĂ©riences lâexpĂ©rience. Je ne puis mâempĂȘcher de me livrer Ă lâadmiration que sollicitent les phĂ©nomĂšnes que je viens de dĂ©crire , ĂŽt jâaurai le plaisir de dire avec Pline Mihi intuente sape persua/it rerum Natura nihil incredibile exijli- mare de ea. js M* P fi5teivoViaQi \ ^ 4, 6Ă?;^iO^tojoĂŹ J V* rdlOtOHOĂOI *i zJt $ 17 R LA G^nIratioĂŹĂŻ 229' *- D E U X -* LETTRES Ă c RITES PAR M. B O N N E T D E GENE V E A U A U T E U R , Relatives aux deux prĂ©cĂ©dens MĂ©moires. A R G U M E N T. N t de mettre Ă lâimpression mes deux MĂ©moires fur la gĂ©nĂ©ration Sc la fĂ©condation artificielle de divers animaux, j'en avois envoyĂ© un indice analytique traduit en françois Ă M. Charles Bonnet mon illustre ami, parce- que mes occupations ne mâavoienc pas permis dâen faire un extrait. La grande conciĂĂŹon de cet Ă©crit donna lieu Ă quelques consĂ©quences aussi utiles au public quâĂ moi. Dans cet indice je me propofois seulement dâindiquer les chefs des matiĂšres, &Ă de faire naĂźtre le dĂ©Ăir dâen connoĂtre les dĂ©tails. Je crus que cela fatisferoit pour le moment mon ami, qui ne devoit pas ' P 3 r;o E X P Ă R Ăź E ĂŹĂŹ C t S tarder dâavoir lâouvrage complet ; mais cette espĂ©rance fut trompeuse la lecture de lâindice fit souhaiter des dĂ©tails Ă M. Bonnet ; il mâĂ©crivit Ă cette occasion une lettre obligeante, Ă laquelle je rĂ©pondis dune maniĂšre qui me paroissoĂt propre Ă le contenter , &c cette rĂ©ponse fut suivie dâune seconde lettre aussi hon- nĂȘtq que la premiĂšre ; c'est ce qui a donnĂ© lieu aux deux Lettres du Philosophe de GenĂšve , qui seront trĂšs-utiles a u public , non-seulement par leurs rapports immĂ©diats avec les MĂ©moires, mais encore par les rĂ©flexions , les vues 8c les mĂ©ditations philosophiques qui les remplissent, comme elles lui feront plaisir par lâĂ©lĂ©gance ĂÂŁ les grĂąces du style qui caractĂ©risent toujours les ouvrages de leur auteur. La premiĂšre Lettre rapporte souvent les paragraphes dcl'Indice analytique, qui ne peuvent ĂȘtre entendus quâavec des explications quâou trouvera dans les paragraphes numĂ©rotĂ©s de ces MĂ©moires , 8t qui font indiquĂ©s dans la Lettre ces explications feront mieux sentir le prix des raisonnemens Sc des rĂ©flexions de ce Naturaliste fur les articles qui cn font les objets. La seconde Lettre est par-tout trĂšs-claire par elle-mĂ©mo; elĂŹe est rĂ©lative aux explications que M. Bonnet m'avoir demandĂ© , jây ai joint quelques notes pour Ă©claircir quelques endroits qui me paroissien! avoir besoin de quelques connoissances prĂ©liminaires. SUR LĂ GĂNĂRATION. Z 3 I LETTRE PREMIERE De M. Bonnet Ă IâAuteur. A GenĂhod , le z$i de Novembre 1780. J'allois vous Ă©crire, mon chcr 5 c cĂ©lĂšbre Ami, lorsque jâai reçu votre intĂ©ressante Lettre du 7 du courant, dont je vous fais mille remer- cĂźmens. II est vrai que ma santĂ© a Ă©tĂ© fort dĂ©rangĂ©e cette annĂ©e. J'ai eu pendant TĂ©tĂ© deux longues fiĂšvres catharalcs, entĂ©es Tune fur lâau- tre, qui m ont trĂšs fatiguĂ© , 6 qyi ont sur-tout fortement agi sur mes pauvres yeux. Les secousses fortes 8t frĂ©quentes de la toux y portoient le sang en trop grande abondance. Tout travail mâa Ă©tĂ© interdit pendant les mois de Juillet 7 dâAoĂ»t 8c partie de Septembre. J etois fort occupĂ© de mes nombreuses Notes fur la Contemplation quand ces maladies mâont assailli ; ĂŽt jâen Ă©tois dĂ©jĂ Ă la Partie X. Je n'ai pu reprendre ce travail immĂ©diatement aprĂšs la disparition du catharre il exigeoit trop de recherches 8c dâap- plication, 6c jâĂ©tois encore trop foible. Je me fuis donc mis Ă revoir les divers MĂ©moires que jâai publiĂ©s en diffĂ©rons tems, dans Je Journal de Physique de lâAbbĂ© Rozier. Cette rcviĂion mâa donnĂ© lieu dâen composer de nouveaux fur les Abeilles, fur les Limaçons 6-C fur les Salamandres. lis doivent former le tome V de sĂ©dition P 4 -0 de ces moyens avec le fait dont on prĂ©sume lâexist tencc, Sc dont on voudroit Ă©tablir la certitude ? l.âHistoire de la PhyĂĂŹque Sc en particulier celle de la Physiologie me fourniroient une multitude de choses qui viendraient Ă lâappui de cette rĂ©- Ălexion. Voyez combien dâinventions qui ont prodigieusement enrichi ces deux sciences, dont les anciens n'auraient Ă -peu-prĂšs rien ose espĂ©rer quand il les auraient entrevues? Auroient-ils soupçonnĂ© , paj exemple , quâon fĂ©conderait un jour artificiellement les germes de divers animaux, St quâon rĂ©ussirait Ă faire dĂ©velopper le poulet dans lâceuf fans le secours dâaucune chaleur animale ni dâaucun four. Et que dirai-je de ces admirables opĂ©rations de chirurgie, de ces miracles de lâart de guĂ©rir , quâon a peine Ă croire , lors mĂȘme quâon les a fous les yeux? Nous sommes de bien mauvais juges de lâimpossibilitĂ© en Physique câest que nous jugeons toujours dâaprĂšs nos idĂ©es acquises, Sc que le fond de ces idĂ©es nâa aucune proportion avec la Nature. La Nature est immense , les combinaisons possibles des ĂȘtres font presquâinfinies, & notre entendement est presque toujours trop lĂ©ger dans ses dĂ©cisions. Le sentiment de notre ignorance ou de notre mĂ©diocritĂ© devrait nous porter Ă ne dĂ©sespĂ©rer de rien ĂŹz 6 ExpĂ©riences en Physique ; Lc on devroit se dire Ă soi-mĂȘmej que ce quâon ne peut dĂ©couvrir , un autre le dĂ©couvrira & le rendra visible Ă tous les yeux. Mais câest assez philosopher sur un sujet qui fourniroit seul un petit volume de rĂ©flexions pratiques il faut, mon cher Malpighi , que je me rapproche de IâintĂ©ressant Tableau de l'ouvrage que vous allez publier. Je me laisserai guider, comme je vous lâai dit, par vos numĂ©ros. II. 13. Je trouve ici que vous avez imaginĂ© une expĂ©rience curieuse pour empĂȘcher la fĂ©condation dans la Grenouille verte aquatique. Vous nâinĂĄiquez pas cette expĂ©rience, 8Ă elle pique ma curiositĂ©. Je me prĂ©vaux donc de lâossre amicale que vous me faites de satisfaire aux principales questions que la lecture de votre Tableau me fera naĂźtre. Vous ĂȘtes bien sĂ»r que je mâem- presserai Ă faire usage de vos rĂ©ponses. Vous ferez lâOracle que je consulterai, & je sais que je puis compter que ses rĂ©ponses seront plus claires 8c plus instructives que celles de lâOracle de Del- est donc cette expĂ©rience,au moyen de laquelle vous ĂȘtes parvenu Ă empĂȘcher la fĂ©condation dans votre Grenouille verte ? TrĂšs- probablement cette expĂ©rience vous aura valu de nouvelles lumiĂšres fur le mystĂšre de la fĂ©condation 3 car rien nâest ici isolĂ©. III. 16. Je ne dĂ©mĂȘle pas ici le sens de vos expressions ; que la fĂ©condation des Ćufs , opĂ©rĂ©e hors du corps de la mĂšre , pĂ©nĂ©trĂ© tant soit peu au dedans d'elle. Seroit-ce que faction du sperme se propage Ă faĂŹde de la liqueur gĂ©latineuse qui enveloppe les Ćufs ? Mais je ne dois pas chercher Ă vous deviner. suk la GĂ©nĂ©ration, rzy IV. 59. JâAIME Ă savoir que vous avef trĂšs- lien vu la circulation Au sang dans les 1 Ă©tards , lors-mĂȘme qu ils ne se donnaient encore aucun mouvement. IlsâexĂ©cute, fans doute, biendâau- tres mouvemens intestins dans nos germes, avant quâils se soient assez dĂ©veloppĂ©s pour mouvoir leurs trĂšs-petits membres. Si les germes font renfermĂ©s originairement les uns dans les autres, sâils croissent les uns par les autres, il a dĂ» sây opĂ©rer une multitude de mouvemens intestins dĂšs les premiers temps de la crĂ©ation. Mais lâadmirable spectacle de ces mouvemens organiques nâest fait que pour ces Intelligences supĂ©rieures, dont lâĆil perçant pĂ©nĂštre les ressorts les plus cachĂ©s de la machine de notre Monde. On a beaucoup parlĂ© de lâ emboĂźtement des germes ce mot est impropre les germes ne font pas de petites boĂźtes insĂ©rĂ©es les unes dans les autres ils Ă©toient des parties intĂ©grantes des premiers Touts organisĂ©s sortis immĂ©diatement des mains du CrĂ©ateur. Jâai insistĂ© lĂ - dessus dans une de mes nouvelles notes fur la Contemplation. II importe de fixer exactement le sens des termes. V. 75 , 76. Vous vous ĂȘtes donc convaincu, que les Ćufs des Poissons Ă Ă©cailles perdent la facultĂ© de produire lorsqu ils se dessĂšchent. Vous avez vu la mĂȘme chose dans les prĂ©tendus Ćufs du TĂȘtard; 8c vous en concluez, quĂ© lâexplica- tion quâon avoir donnĂ©e du repeuplement des viviers dessĂ©chĂ©s est fausse. Je mâĂ©tois donc trompĂ©, Art. CCCXVIĂI des ConfĂŹdĂ©rationsfur les Corps organisĂ©s, lorsque jâavois imaginĂ© dâap- r;8 EXPERIENCES pliqucr aux Ćufs des poissons, ce que mon illustre ami, M. Trembley , avoit observĂ© sur ceux des polypes Ă panache , qui, conservĂ©s au sec pendant plusieurs mois, ne perdent point leur facultĂ© prolifique. Jâajoutois nĂ©anmoins une invitation aux Naturalistes au sujet des Ćufs des poissons ; je disois Ce seroit une expĂ©rience v curieuse Ă tenter, que celle de garder au sec » les Ćufs de diverses espĂšces de poissons, 8 t » de les rĂ©pandre ensuite dans des lieux conve- » nables St appropriĂ©s. On sâassureroit par ce » moyen trĂšs-simple, sâils peuvent servir ainsi Ă perpĂ©tuer lâespĂšce. La Nature nâa pas Ă©tĂ© » assujettie Ă une prĂ©cision extrĂȘme il est dans » fa maniĂšre dâopĂ©rer, une certaine latitude » que le Physicien doit Ă©tudier, 8 t que lâexpĂ©- » rience lui dĂ©couvre ». Vous avez donc rĂ©pondu Ă mon invitation, St vos tentatives nâont point Ă©tĂ© favorables Ă ma conjecture. Comme vous ne mâindiquez pas la maniĂšre dont vous avez procĂ©dĂ©, je ne puis juger si elle exclut les cas naturels les plus communs dans les Ă©tangs 8Ă les viviers. 11 y a ici bien des petites circonstances qui peuvent faire varier beaucoup les rĂ©sultats. Vous devinez assez ce que jâai dans lâcs- prit. Je nâen suis pas moins portĂ© Ă croire Ă la faussetĂ© de ma petite conjecture. VI. 80. Etrange maniĂšre dont le mĂąle de la Salamandre aquatique fĂ©conde la femelle sans s'accoupler avec elle. Jc nâai jamais vu lâaccouple- ment des Salamandres , St jâen fuis trĂšs-curieux. Veuillez donc me dire ce que cet accouplement offre d 'Ă©trange ! Mon cerveau est disposĂ© depuis sur la GĂ©nĂ©ration. 239 long-tems Ă admettre les choses les plus Ă©tranges. II sây est accoutumĂ© Ă force de voir des prodiges. Câen font assurĂ©ment de trĂšs-grands, que les reproductions des membres de la Salamandre , qui mâont tant occupĂ© depuis quelques annĂ©es, fit qui mâoccupent encore. Jâaurois vu apparemment lâaccouplement de cet amphibie st jâavois renfermĂ© dans le mĂȘme vase des individus de lâun fit de lâautre sexe mais je nâa»ois pour but dans mes recherches que ces belles reproductions organiques, que je voulois contempler de mes propres yeux. Vil. 84, 85. Vous traitez dans ces articles de la fĂ©condation naturelle des Ćufs de la Salamandre. Je lâignore absolument, fit vous mâo- bligerez de mâen dire un mot. VIII. 96. Quelle est la prĂ©voyance des amphibies pour la multiplication de l'esp'ece. Rien nâintĂ©resse plus ma curiositĂ© dans lâĂ©tude des animaux, que leur prĂ©voyance. Ce nâest pas que nous ne nous abusions souvent surcette prĂ©voyance, fit que nous ne nous en formions des idĂ©es qui ne font point du tout philosophiques. Je lâai assez dit dans la Contemplation fit ailleurs. Nous avons une merveilleuse facilitĂ© Ă prĂȘter aux animaux notre propre prĂ©voyance fit jus- quâĂ nos propres raisonnemens. Si les animaux pouvoient juger de nous, ils nous rabaisseroien* Ă leur niveau ; car ils nous feroient sentir fit agir comme eux. On a donnĂ© sur cette matiĂšre dans des extrĂȘmes les plus opposĂ©s. Jâai cherchĂ© le milieu, St il me semble que je lâai rencontrĂ©. Vous ĂȘtes bien en droit dâen juger. *40 ExpĂ©riences IX. 97 , 98 , 99. Je trouve encore ici quelque chose qui tient Ă lâindustrie des animaux, Sc je mây arrĂȘte avec dâautant plus de plaisir quâil y est question des amours du Crapaud , auxquels jâai consacrĂ© un Chapitre dans la Contemplation. Vous recherchez dans ces articles ; pourquoiles mĂąles des Grenouilles & ceux des Crapauds tiennent leur femelle fi long-temps fj fi Ă©troitement embrassĂ©e. Jâavois bien prĂ©sumĂ© que de si longs embrassemens avoient une fin secrette , mais je nâavois lĂ - dessus aucune observation qui pĂ»t mâĂ©- clairer sur cette fin. Jâattcnds de votre amitiĂ© iâinstruction que je dĂ©sirĂ©. Je soupçonnerois que ces embrassemens tendent Ă faciliter la descente des Ćufs ou des TĂȘtards de lâovaire dans les trompes, de celles-ci dans la matrice; 8 Ă encore peut-ĂȘtre, Ă aidera lâcxpulĂĂŹon des embryons. Vous me donnez par tout dans votre Tableau des Ă©nigmes Ă deviner. Je hasarde mon mot sans espĂ©rer quâil soit celui de la Nature. X. 101. ININTĂRESSANTE observation de M. Demours sur les amours du Crapaud, dont jâavois fait usage, vous auroit-elle donc offert qqelque rĂ©flexion critique? LâObservateur sâen seroit-il laissĂ© imposer? II Ă©toit pourtant bien placĂ©. XI. 105 , 106. Vous ne me paroissez pas ici disposĂ© Ă adhĂ©rer Ă ce quâon a dĂ©bitĂ© sur la fĂ©condation des Ćufs des poissons Ă Ă©cailles. Vous parlez d'incertitudes fur quoi portent ces incertitudes? RĂ©voquez-vous en doute que le mĂąle rĂ©pande ses laites furies uvesĂŹ ou, rĂ©voquez-vous en doute quâil frotte Ă plusieurs reprises le ventre sur la GĂ©nĂ©ration. 141 trc de sa femelle ? ou les deux ensemble vous paroissent-ils Ă©galement incertains ? Je vous dirai bien que ma croyance fur ces deux points nâĂ©- toit rien moins que ferme. Je ne trouvois nulle part des observations assez dĂ©cisives. On sâĂ©ton- ne quelquefois de voir les Naturalistes demeurer lĂŹjong-tems St Ăi tranquillement dans le doute fur des points trĂšs-intĂ©relfiins, St nâessayer point de sâen tirer par des observations ou des expĂ©riences assez faciles. J.'esprit, de fa nature si actif, est pourtant quelquefois trĂšs-paresseux. Un petit procĂ©dĂ©, un petit appareil lui coĂ»te autant Ă imaginer quâun voyage Ă faire. II nây a quâun Observateur tel que vous , qui est toujours en haleine, dont lâefprit ne soit jamais paresseux St combine toujours. Vous nous avez dĂ©couvert plus de vĂ©ritĂ©s en cinq ou six ans, que des AcadĂ©mies entiĂšres en un demi-siĂšcle. Et pourtant je nâen ai pas Ă©tĂ© le moins du monde surpris ; parce que je fais combien le champ oĂč vous moissonnez est riche, St que je con - nois le moissonneur. Quand, en 1765, vous me demandĂątes obligeamment Ă quelles recherches dâHistoire naturelle je delĂŹrois que vous vous appliquassiez de prĂ©fĂ©rence ; je prĂ©vis facilement dĂšs-lors combien la science vousdevroit un jour. Votre premier Ă©crit fur les animalcules des infusions me confirma bientĂŽt mon espĂšce de prĂ©diction ; St vos intĂ©ressantes lettres siir les merveilleuses reproductions du Ver-dc-terre , du Limaçon Sc de la Salamandre en furent de nouvelles confirmations encore. Jâai contemplĂ© ainsi du fond de ma retraite avec un plaisir toujours Q âą 24r ExPĂRIEHCMS nouveau, les pas de gĂ©ant que vous nâavez celle de faire dans la belle carriĂšre oĂč vous Ă©tiez entrĂ©, 8t que vous continuez Ă parcourir avec tant de distinction Sc de succĂšs. XII. io8. LâĂ©noncĂ© de cet article mâapprend que la fĂ©condation des Salamandres diffĂšre de celle des autrestinimaux ; mais il ne mâapprend point en quoi gĂźt cette diffĂ©rence. Les modifications des grandes loix de la Nature font ce qui excite le plus lâattention du Naturaliste Philosophe. Elles le frappent damant plus,qu'elles mettent dans un plus grand jour lâimmenfe fĂ©conditĂ© des voies du CrĂ©ateur, 8c. la variĂ©tĂ© prefquâinfinie des moyens subordonnĂ©s, par lesquels fa Sagesse prĂ©pare les premiers dĂ©veloppement des ĂȘtres vivans. LâĂ©conomie de notre monde ne comportoit pas que toutes les gĂ©nĂ©rations y co-existassent ensemble dans leur Ă©tat de plein dĂ©veloppement. Notre globe nâauroit pu ni les contenir ni les nourrir toutes. Elles ont donc Ă©tĂ© renfermĂ©es les unes dans les autres, suivant une progression toujours dĂ©croissante, Sc qui va se perdre dans lâabĂźme de l'infinirnent petit. Les gĂ©nĂ©rations se dĂ©veloppent donc les unes par les autres, St leur accroissement se fait dans une proportion relative Ă Tordre des dĂ©gradations. Câest ainsi que les gĂ©nĂ©rations fluent lentement dans une nuit impĂ©nĂ©trable, 8c quâel- les arrivent enfin Ă ce terme qui sĂ©pare Tinvisible du visible, Sc oĂč, Ă Taide de la fĂ©condation, elles sâĂ©lĂšvent graduellement Ă toute la perfection propre Ă TespĂšce. Mais, parce que les ĂȘtres vivans ont Ă©tĂ© prodigieusement diversifiĂ©s, les su r la GĂ©nĂ©ration. 24$ Ăoix qui prĂ©sident Ă leurs dĂ©veloppemens ne lâont pas Ă©tĂ© moins. De-lĂ rĂ©sulte une foule de variĂ©tĂ©s dans les formes quâils revĂȘtent fucceTivement St dans la maniĂšre St les effets de la fĂ©condation. Le tableau de ces phases St de ces variĂ©tĂ©s constitue la partie le plus intĂ©ressante de l'Histoire de la gĂ©nĂ©ration. XIII. rr;, 124. Il fuit donc de vos nombreuses expĂ©riences Cur la fĂ©condation artificielle , quâon ne sauroit lâopĂ©rer dans les germes logĂ©s encore dans lâovaire , ni dans ceux quâon tire de la partie supĂ©rieure des trompes. Je crois en dĂ©couvrir la raison. Le sperme agit ici comme stimulant. Or, il y a un certain rapport originel entre la force sectette, qui opĂšre lâirritabilitĂ© ou la contraction de la fibre musculaire, St letat - actuel de cette fibre. Si elle nâa pas pris encore le degrĂ© de consistance nĂ©cessaire , elle ne fera pas en rapport avec la maniĂšre dâagir de la force; -St lâiimpression de celle-ci fera nulle. II faut donc que le germe parvienne Ă un degrĂ© dĂ©terminĂ© dâaccroissement pour ĂȘtre susceptible dâir- ritation. Le grand Haller raisonnoit ainsi. XIV. 128,129. Je trouve ici une particularitĂ© qui m'embarrasse vous dites ; que la fĂ©condation artificielle ne rĂ©ussit pas dans les Salamandres avec le sperme pur ; Cf qu il faut p le 13 de Janvier 1781. Je vois par votre intĂ©ressante rĂ©ponse, mon cher ĂC cĂ©lĂšbre ami, que nous nous Ă©tions rencontrĂ©s fur divers points cet accord me fait damant plus de plaisir- quâil rue prouve que j'a vois bien raisonnĂ© sur plusieurs de vos expĂ©riences. Mais un pareil accord nâelt pas chose nouvelle entre vous 8c moi; car, combien de fois nous est-il arrivĂ© de converger ainsi fur divers points dâHistoire naturelle ! On diroit que mon ame passe quelquefois dans votre cerveau , Sc que la vĂŽtre passe dans le mien. Je vous dois beaucoup de remercĂźmens dâavoir interrompu la composition de votre Ouvrage sur la gĂ©nĂ©ration des Plantes , pour mâĂ©crire cette longue Sc excellente lettre , Ă laquelle vous mâappelez Ă rĂ©pondre. Je fuis surpris que vous ayez pu la faire en deux jours je ne fuis pas ĂĂŹ favorisĂ© que vous Ă cet Ă©gard *jc ne puis donner chaque jour que quelques heures Ă la composition, Sc quand je vous Ă©cris des lettres de 18Ă 20 pages, vous pouvez compter que jây ai employĂ© au moins une douzaine de jours. Je vais donc suspendre Ă mon tour le travail dc mes Oeuvres pour rĂ©pondre aux principaux articles de votre lettre SUR LA GkNĂRATIĂH. Z. 57 du 1 z de DĂ©cembre. Je suivrai Tordre de vos numĂ©ros , ou plutĂŽt celui des numĂ©ros de ma derniĂšre lettre, que vous suivez vous-mĂȘme 8t auxquels vous rĂ©pondez. I.i Je ne doutois pas que les expĂ©riences que je vous proposois pour dĂ©couvrir le germe dans l'ovaire avant la fĂ©condation , ne vous fussent venues aussi Ă lâesprit. Vous ne me parodiez pas en espĂ©rer beaucoup vous prĂ©sumez que la petitesse extrĂȘme du germe fit sa transparence le dĂ©roberont Ă toutes vos recherches. Vous ne perdez pas courage nĂ©anmoins, fit vous voulez me laisser penser que mes exhortations contribueront Ă vous animer fit Ă vous soutenir dans cette recherche si difficile mais les grands succĂšs qui ont couronnĂ© vos tentatives en tant dâau- 1 Pour mieux entendre ce paragraphe, il faut connoĂźtre celui de ma lettre auquel il sert de rĂ©ponse. M. Bonnet , dans la lettre prĂ©cĂ©dente §. I, difoit qnâil Teroit trĂšs-avantageux pour la Physique de chercher les embryons dans les ovaires des quadrupĂšdes & des oiseaux avant leur accouplement, Lc il croyoit que je pourrois avoir quelques succĂšs dans cette recherche ; je lui rĂ©pondis LâidĂ©e de porter mes » recherches fur les ovaires des quadrupĂšdes des » oiseaux mâĂ©toit venue dans lâesprit ; mais je nâai pas » eu le loisir dâen faire usage. Le vif dĂ©sir que vous » avez pour que jâen fasse mon occupation est un grand v motif pour me presser Ă lâentreprendrc quoique je » nâespĂšre pas beaucoup, je crains que iâextrĂȘme pe- » titesse du germe &c fa transparence ne mâempĂȘchent » de le discerner ; mais une feule probabilitĂ© de succĂšs » dans un sujet auiĂŹi intĂ©ressant doit suffire pour lc » tenter. - » Jâai eu occasion de relire quelques-uns des MĂ©- R 253 ExpĂ©rience* tres genres, sont assurĂ©ment bien plus propres que mes exhortations , Ă vous faire espĂ©rer que vous travaillerez pas ici en vain. Un heureux hasard, une circonstance imprĂ©vue, un accident que vous nâaurez pas plus prĂ©vu , pourront vous rendre les plus grands services. Vous saurez vous mĂȘme faire naĂźtre de ces circonstances heureuses, qui ne sont pas dans la marche ordinaire de la Nature, qui produiront Ă vos yeux surpris ce quâelle avoir cachĂ© aux Malpighi 6c aux II me paroĂźt quâil sâagiroit sur tout de trouver un moyen qui diminuĂąt la transparence d u germe sans iâaitĂ©rer ; car je crois que câest plutĂŽt par fa transparence que par sa petitesse , quâil se dĂ©robe aux regards les plus per- çans de lâObservateur. Une trcs-petite gouttelette » moires de lâillustre RĂ©aumur fur les insectes, Sc jây » trouvois lâoblervation dâun Naturaliste Italien qui » mâa paru trĂšs-analogue Ă celle fur la prĂ©existence » des fĆtus dans les femelles des Grenouilles Sc des » Crapauds. Dans le Tome III, Part. I, MĂ©m. VII, » RĂ©aumur, en parlant des Vers du petit ScarabĂ©e » des Lys aprĂšs M. Lorenzo Patarol , dir II semble Ă M. P A tarot, qu'on ne peut pas dire que les Vers sortent des oeufs , qu il y a apparence que chaque oeuf devient un petit Ver. Ce qui l'a dĂ©terminĂ© Ă proposer une idĂ©e fi singuliĂšre , mais avec une modeste dĂ©fiance ; câest que , quelque recherche & quelqu'examen qu'il ait fait , il n'a pu parvenir Ă trouver aucune coque vuide. » Voyez ce quâen pense » le Pline françois il paroĂźt curieux de rĂ©pĂ©ter cette ,, observation ; mais il ne lâa pas faite. Je fuis rĂ©solu » dc la refaire au primeras prochain ; elle est intĂ©res- » saute , Sc RĂ©aumur nâen a pas connu lâimpor- tance. sur la GĂ©nĂ©ration. 159 de vinaigre 011 dâesprit de vin, versĂ©e sur la c\ca- tricule de lâceuf, en Ă©paississant un peu l'huirĂ ir qui baigne les solides du germe, pourroit peut- ĂȘtre les rendre perceptibles. Vous pourriez encore essayer dâautres liqueurs. 11 me vient encore Ă lâesprit deux autres moyens. Le premier con- sisteroit Ă essayer de rĂ©pandre fur le jaune une liqueur colorĂ©e par quelque teinture vĂ©gĂ©tale que savons-nous i les vaisseaux du jaune ne pom- peroient point cette teinture, ĂCnela feroient point passer jusquâau germe & quand elle ne feroit que colorer les environs de celui-ci, elle feroit au moins reconnoĂźtre son lieu ou son point. II faudroit aider le jeu des vaisseaux par une chaleur douce. Le procĂ©dĂ© ingĂ©nieux dont M. Beguelin sâĂ©toit servi pour montrera Ăba auguste ElĂšve, le Prince Royal de Prusse, les progrĂšs successifs du Poulet dans lâĆuf, ne vous feroit pas inutile dans vos tentatives. Qui fait encore, st une certaine chaleur ne contri- bueroit point Ă faire apparoĂźtre le germe en coagulant un peu fa lymphe ? Un second moyen feroit de substituer aux liqueurs dont je viens de parler, le sperme du Coq ou celui de quel- quâautre oiseau. Comme le sperme est incontestablement la liqueur qui a le plus dâinstuence fur le germe, il semble quâelle doive ĂȘtre la plus propre Ă y occasionner quelque changement subit, qui le rendroit accessible Ă nos verres. Ce feroit en mĂȘme temps un moyen dâessayer de fĂ©conder artificiellement le germe dans lâĆuf. La machine de M. Beguelin feroit fur-tout R 1 ExpĂRitxces appropriĂ©e Ă cette expĂ©rience. Si la gouttelette dtJsperme faisoit auĂTi-tĂŽt apparoĂźtre lâembryon, on ne pourroit pas objecter quâelle lâauroit portĂ© dans la cicatricule comme lâon avoit imaginĂ© que la poussiĂšre des Ă©tamines portoit la plantule dans la graine ; parce que lâobservation HallĂ©rienne 2>Ă les vĂŽtres fur la prĂ©existence du TĂȘtard Ă la fĂ©condation, dĂ©truiroient assez lâobjection. Enfin , il faudroit encore essayer dâobserver la cicatricule des Ćufs non fĂ©condĂ©s au microscope solaire, qui agrandit beaucoup plus que tout autre les objets qui ont une certaine transparence. Que vous dirai-je enfin? Vous ne chercherez pas dans la cicatricule ce qui nây existe point ; car vous avez les plus fortes assurances que ce que vous y chercherez y est rĂ©ellement. Des expĂ©riences curieuses nous ont appris, que lâĆuf, malgrĂ© son enveloppe crustacĂ©e, transpire beaucoup. Cette transpiration produit divers changemens dans lâintĂ©rieur. Vous ĂȘtes donc invitĂ© Ă observer la cicatricule dans des Ćufs non fĂ©condĂ©s , ĂŽĂ conservĂ©s pendant un temps plus ou moins long. Peut-ĂȘtre mĂȘme quâil ne seroit pas inutile de faire dessĂ©cher un peu la cicatricule fur une lame de verre pour observer ensuite au microscope. Le germe y perdroit plus ou moins de fa transparence par le rapprochement des Ă©lĂ©mens des solides. Vous ferez tres-bien, mon cher Malpighi , dâobserver attentivement ces Ćufs vrais ou prĂ©tendus du petit ScarabĂ©e des Lys. II paroĂźt assez par le passage de mon illustre MaĂźtre RĂ©aumur que vous me citez , quâil avoit bien senti la nĂ©- s v r la GĂ©nĂ©ration. z6t ceĂlĂźtĂ© de rĂ©pĂ©ter lâobservation de Patarol ; câest dommage quâil ne lait pas fait, ou que du moins il ne vous ait pas dit savoir fait, mais il nous est trĂšs-permis de douter que ce grand Naturaliste attachĂąt Ă cette observation la mĂȘme importance que vous 8t moi. II nâavoit pas Ă©tĂ© appelĂ© Ă mĂ©diter autant que nous fur le mystĂšre de la gĂ©nĂ©ration, 8t en particulier sur lâin- tĂ©ressante question de la prĂ©existence du germe Ă la fĂ©condation. Vous pensez bien que je ne seroĂs pas le moins du monde surpris, ĂĂŹ vous mâappreniez un jour que les Ćufs de notre joli petit ScarabĂ©e nâen font point, St quâiis font le Ver lui-mĂȘmc dĂ©guisĂ© sous la forme dâun Ćuf. Si cela Ă©toit, il en seroit de ces prĂ©tendus Ćufs comme de ceux des Grenouilles, 2c ce seroit une nouvelle preuve Ă ajouter Ă celles que nous avons dĂ©ja de la prĂ©existence dont il sâagit. Vous con- noissez les Ćufs de laReine-abeille jâai toujours quelque soupçon quâils ne font pas de vrais Ćufs, Sc quâils font peut-ĂȘtre le Ver lui-mĂȘmc fous une forme un peu diffĂ©rente de celle quâil revĂȘtira aprĂšs la fĂ©condation. Mais les Mouches vivipares, dont M. de RĂ©aumur nous a donnĂ© la curieuse histoire dans le Tome IV de ses MĂ©moires , vous fourniroient sĂ»rement de nouvelles preuves directes de la prĂ©existence des embryons dans les femelles. Câest une belle chose que cette matiĂšre roulĂ©e en spirale, dont parle notre auteur > 8 dont les diffĂ©rons tours font formĂ©s par plus de vingt mille Vers, rangĂ©s parallĂšlement &Ă de leur long , les uns auprĂšs de$ autres. Ri i6Ă ExpĂ©riences II. Je sais grĂ© Ă MM. de RĂ©aumur & Nol- let de ces petites culottes de taffetas cirĂ©, quâils avoient imaginĂ© de mettre au mĂąle dâune espĂšce de Grenouille pour tĂącher de dĂ©couvrir la maniĂšre dont il fĂ©conde sa femelle ; 6c je ne vous sais pas moins de grĂ© dâavoir rĂ©pĂ©tĂ© cette ingĂ©nieuse expĂ©rience. Le mĂąle auquel vous aviez donnĂ© de pareilles culottes , 6c qui sâĂ©toit accouplĂ© avec fa femelle, ne parvint donc pas Ă la seconder, parce que le sperme resta dans ses culottes. Et puisque cette mĂȘme liqueur res tĂ©e dans les culottes a fĂ©condĂ© artificiellement les TĂȘtards fur lesquels vous lâavez appliquĂ©e , il nâest pas douteux quâelle ne fĂ»t un vĂ©ritable sperme. III. Vous pensez donc que le soupçon que je vous indiquois dans cet article, nâest pas destituĂ© de fondement. Rapprends dans cet article de votre lettre une nouvelle vĂ©ritĂ© ; câest que dans la Grenouille des Arbres , les TĂȘtards se trouvent quelquefois fĂ©condĂ©s quoiquils sĂ©journent encore dans le rectum , soit Ă cause du sperme qui fe giijfe dans lâorificc du rectum , soit parce que les TĂȘtards , Ă peine sortis de l'anus & dĂ©ja arrosĂ©s du sperme , y rentrent peut-ĂȘtre par les mouvemens que la femelle se donne au moment que l'ObservatcurJasurprend. Ces deux explications me paroissent bien plus probables que la mienne. V. Il y a toujours beaucoup Ă gagner pour moi quand, selon vos deĂirs, je vous indique des expĂ©riences nouvelles Ă tenter. Vous avez donc fait fur les Ćufs fĂ©condĂ©s des Poissons Ă Ă©cailles, SUR LA G Ă N Ă I 0 H. celle que jâindiquois, art. CCCXVI1I des Corps organisĂ©s , pour sâassurer ĂĂŹ ces Ćufs peuvent se conserver au'sec comme ceux des Polypes Ă panache j 8t vous avez expĂ©rimentĂ© qu'ils na possĂšdent point cette prĂ©rogative. Les diffĂ©rentes maniĂšres dont vous avez procĂ©dĂ© ĂŽC que vous me dĂ©taillez, ne me permettent pas de douter de la vĂ©ritĂ© de votre rĂ©sultat. Vous avez Ă©tendu encore cette expĂ©rience aux embryons des Grenouilles Sc des Crapauds fĂ©condĂ©s, &C vous vous ĂȘtes assurĂ© ainsi, quâsts ne-possĂšdent pas plus que les Ćufs des poissons, la propriĂ©tĂ© de se conserver au sec. Ma petite hypothĂšse sur le repeuplement des Ă©tangs dessĂ©chĂ©s ne sau- roit donc se soutenir mais ce quiparoĂźt avoir Ă©tĂ© refusĂ© aux Ćufs des poissons nâauroit-il point Ă©tĂ© accordĂ© aux poissons eux-mĂȘmes dans lâĂ©tat dâenfance ou dans queiquâautre pĂ©riode de leur vie ? Je fuis fort curieux de savoir la conjecture que vous substituez Ă la mienne, St que vous exposerez dans votre Ouvrage. Je viens de relire lâarticle de votre lettre qui mâoccupe actuellement ; St je fais attention Ă une circonstance qui mâavoit Ă©chappĂ© vous dites ; que vous laiJJĂźej sĂ©cher Ă l'ombre vas Ćufs de poijfons , tantĂŽt fur la vase oĂč vous les avie ÂŁ pris ; tantĂŽt dans des vaisseaux. Je remarque ces mots sur la vase mais nâen seroit-il point des Ćufs fĂ©condĂ©s des poissons , comme des Roti- fĂšres, qui demandent Ă ĂȘtre enveloppĂ©s de fable pour se conserver au sec. Jâai peine Ă supposer que vous ayez nĂ©gligĂ© dâenvelopper vos Ćufs de poissons dans la mĂȘme vase oĂč ilsavoient ctĂ© R 4 *64 ExpĂ©riences dĂ©posĂ©s , car je Lis trop que vous ne nĂ©gligez rien en matiĂšre dâexpĂ©riences t . VI. Vous mâavez fort rĂ©galĂ© en me racontant la maniĂšre ĂinguliĂšre dont le mĂąle de la Salamandre fĂ©conde fa femelle tout cela Ă©toit trĂšs-nouveau pour moi. Les Salamandres font donc bien chastes dans leurs amours. II nây a point de vĂ©ritable accouplement entre les deux individus ; mais il y a de petites agaceries de la part du mĂąle , qui prĂ©parent la femelle pour la fĂ©condation. Le mĂąle darde son sperme dans lâeau ; il y for ce un petit nuage blanchĂątre, qui va envelopper fanas ouvert 8c renflĂ© de la femelle , Sc elle eĂt fĂ©condĂ©e. Câest grand dommage que les poĂštes n'aient pas connu les chastes amours de nos Salamandres ils en atiroient tirĂ© bon parti dans leurs ingĂ©nieuses fictions. Celle de ZĂ©phyre SĂ de Flore a bien du rapport avec la fĂ©condation des palmiers ; 8c je ne con- nois rien dans le rĂšgne animal qui ressemble plus Ă cette fĂ©condation que celle de vos Salamandres. Celle des plantes marines s'en rapproche encore davantage le mĂąle ne darde pas une poussiĂšre fine , comme dans les plantes terrestres j mais il darde une liqueur qui forme i Le savant Genevois a une idĂ©e trop avantageuse de moi. Je nâai point pensĂ© Ă tenir les Ćufs des poiflĂČns & Jes fĆtus de Grenouilles & de Crapauds enveloppĂ©s dans la vase, St je ne crois pas probable quâils sây conservassent la chose est, il est vrai, dans les possibles ; &Ă il conviendra de rĂ©pĂ©ter cette expĂ©rience avec ses circonstances, comme je me propose de la faste. S17R LA GĂXĂRATI 01 T . 2 aussi dans lâeau un petit nuage. Votre citation du Diclionnaire de M. de Bomare , au mot Salamandre aquatique , mâa engagĂ© Ă lire cet article , que je ne mâĂ©tois pas encore avisĂ© de consulter. Jây ai vu en effet que M. Demours pa- roĂźt avoir observĂ© les mĂȘmes particularitĂ©s que vous, touchant la maniĂšre linguliĂšre dont la femelle de cet amphibie est fĂ©condĂ©e ; mais les Naturalistes compteront plus encore fur votre observation que sur celle de JV1. Demours, qui demandoit dâaillcurs Ă ĂȘtre rĂ©pĂ©tĂ©e par un Observateur de votre ordre. Jâai fait attention dans le mĂȘme article, Ă ce que rapporte le cĂ©lĂšbre DU Fay fur les ouĂŻes des Salamandres, qui nâapparoiffent au dehors que dans leur jeunesse, 5c qui disparoiffent ensuite pour ne plus repa- roĂźtre. Pavois moi-mĂȘme observĂ© ce fait avec surprise, mais je nâen avois rien dit dans mes MĂ©moires. Je voulois le revoir 5c je nây fuis pas encore parvenu. Cest une charmante chose que ces ouĂŻes, ĂŽc elles parent bien agrĂ©ablement la jeune Salamandre. Jâai pris garde aussi Ă ce que dit M. du Fay fur les mues de la Salamandre. II avoit trĂšs-bien vu la forte dâorga- nifation de lepiderme, dont jâai parlĂ© dans mon premier MĂ©moire , SĂfijâavois connu le passage de cet AcadĂ©micien, je 11 âaurois pas manquĂ© dâen faire mention. Puisque le sperme du mĂąle se mĂȘle toujours avec lâeau, je vois pourquoi la fĂ©condation artificielle ne rĂ©ussit pas avec le sperme pur il faut bien que lâObservareur imite ici la Nature 8Ă quâil mĂȘle aussi le sperme avec lâeau. Je pense- 266 ExpĂ©riences rois, comme vous, que le sperme de la Salamandre, qui est fort Ă©pais, demande Ă ĂȘtre dĂ©trempĂ© pour opĂ©rer la fĂ©condation naturelle 8c artificielle. La sage Nature sait austi dĂ©tremper le sperme humain par la lymphe que de nombreux vaisseaux versent dans les testicules & dans la vĂ©sicule sĂ©minale. Les Physiologistes nous disent lĂ -dessus des choses admirables. Au reste ; il est peu de spectacle aussi intĂ©ressant pour TObservateur Philosophe, que celui que prĂ©sentent les amours des animaux, Sc la diversitĂ© des moyens par lesquels IâAuteur de la Nature a voulu quâĂŹls conservassent lâespĂš- ce. Si quelque habile Physiologiste entreprend un jour de composer une Histoire complette de la GĂ©nĂ©ration, il ne manquera pas, fans doute, de commencer par tracer le tableau des amours des animaux ĂŽt des plantes ; &. sâil est austi grand peintre que lâillustre Buffon , il saura intĂ©resser lâesprit sans Ă©mouvoir les sens il ne fera pas une VĂ©nus phyjĂŹque ^ mais il fera une Minerve physique. II y a lieu de penser que les diffĂ©rentes maniĂšres dont la fĂ©condation sâopĂšre chez diffĂ©rons animaux font en rapport avec le degrĂ© de sentiment accordĂ© Ă chaquâespĂšce, ou ce qui revient au mĂȘme , Ă sa capacitĂ© de jouir. Quelle diffĂ©rence Ă cet Ă©gard entre le poisson ou la Salamandre, Sc le Singe, le Cerf ou le Chien! Et combien le moral modifie-t-il ici le physique dans lâespĂšce impĂ©riale de lâhomme ! VIII. Il est assurĂ©ment bien remarquable que les amphibies, tels que les Crapauds 8c la Grenouille des arbres , ne dĂ©posent jamais leurs SVR LĂ GĂ©nĂ©ratiow* 16y embryons fur terre , oĂč ils pĂ©riroient infailliblement ; 8t quâils aient toujours foin de les dĂ©poser dans lâeau, leur Ă©lĂ©ment naturel. Vous mâapprenez mĂȘme quâils ne les dĂ©posent pas dans la premiĂšre eau quâils rencontrent ; quâils ne les dĂ©posent jamais dans les eaux courantes , qui les entraĂźneraient SĂ ne leur fourniraient pas une nourriture convenable; mais quâils les dĂ©posent conltamment dans les eaux croupissantes, oĂč les petits TĂȘtards ne font exposĂ©s Ă aucun choc, ti oĂč ils font toujours environnĂ©s des ali- mens qui leur conviennent. Cette forte dâinstinct imite bien en effet la prĂ©voyance 8t atteint Ă©galement fa fin. Mais, puisque nous ne saurions admettre ici une vraie prĂ©voyance, qui nâap- partient quâĂ la raison ou Ă lâintelligence , il sâagiroit de dĂ©couvrir comment nos amphibies font dĂ©terminĂ©s Ăi sĂ»rement Ă quitter la terre pour aller pondre dans les eaux dormantes. II faut, ce me semble, quâune femelle de Crapaud ou de Grenouille, qui est pressĂ©e du besoin de pondre, Ă©prouve un certain sentiment intĂ©rieur , qui lui rend pĂ©nible le sĂ©jour sur terre, 8Ă lui fait deĂirer de gagner lâeau. Et comme les eaux croupissantes sont moins froides que les eaux courantes, câest peut-ĂȘtre la raison pour laquelle lâamphibie prĂ©fĂšre les premiĂšres, non pour ses petits quâil ne peut connoĂźtre & dont il na peut prĂ©voir les besoins, mais uniquement pour lui-mĂȘme car câest ainsi que la Nature a pourvu p a r-tout aux besoins des petits ; elle a su enchaĂźner ces besoins Ă ceux que les parens dĂ©voient Ă©prouver dans certaines circonstances. r68 ExpĂ©riences Votre mĂ©moire vous en retrace trop dâexem- ples pour quâil soit nĂ©cessaire que je vous en indique. Je vois dâailleurs que vous ĂȘtes entiĂ©? rement de mon avis fur cette prĂ©voyance 8c cette intelligence quâon accorde li gratuitement & ft peu philosophiquement aux brutes. IX. Je ne savois pas que votre illustre Compatriote Vallisnieri eĂ»t eu la mĂȘme idĂ©e que moi fur lâeffet de ces longs embrassemens du mĂąle des Crapauds & des Grenouilles. Je ne me rappelois pas non plus que Swammerdam eĂ»t pensĂ©, au contraire, que loin de faciliter le passage des Ćufs dans les trompes, ces forts embrassemens dĂ©voient plutĂŽt lâempĂȘcher. Je nâaurois donc su quel parti prendre entre ces deux grandes autoritĂ©s, fĂŹ la Nature elle-mĂȘme n'avoir prononcĂ© par votre bouche. Vous rĂ©apprenez donc, que lâopinion de Swammerdam , que les femelles ne font embrassĂ©es par les mĂąles , que lorsque les Ćufs ont dĂ©jĂ traversĂ© les trompes, nâefl pas gĂ©nĂ©ralement vraie ; quâelle nâa lieu que pour les Grenouilles des arbres, 8Ă point du tout pour les Grenouilles aquatiques & pour les Crapauds ; mais que Vallisnieri est bien fondĂ©, relativement Ă la Grenouille verte aquatique. On ne fau roi t donc Ă©tablir ici aucune rĂšgle gĂ©nĂ©rale, comme vous le remarquez trĂšs-bien , 8t il faut attendre que de nouvelles recherches aient plus multipliĂ© les faits. X. M. Demours nous avoit fort intĂ©ressĂ© en nous parlant de lâadresse avec laquelle le Crapaud mĂąle fait aider fa femelle Ă accoucher. Ses dĂ©tails Ă©toient ĂĂŹ fort circonstanciĂ©s, qu'il n SVK L A GĂSĂBATlOti!. 269 tssavoit pas paru quâon pĂ»t douter de la vĂ©ritĂ© du fait, 8C je nâavois pas hĂ©sitĂ© Ă en faiire usage dans la Contemplation. Mais il est, en effet, bien singulier, que ni vous, mon digne ami, ni Roesel nâayez jamais surpris de Crapaud mĂąle dans cette intĂ©ressante fonction. Cela sem- bleroit infirmer un peu le rĂ©cit de lâObĂcrvateur François ; si toutefois des tĂ©moignages simplement nĂ©gatifs pouvoient infirmer le tĂ©moignage le plus affirmatif. M. Demours auroitdĂ», comme vous lâobservez, dĂ©crire son Crapaud de maniĂšre Ă en faire connoĂźtrc lâespĂšcc. XI. Vos doutes fur la maniĂšre dont sâopĂšre la fĂ©condation des poissons Ă Ă©cailles, font dâune bonne logique , Sc nous avons tous deux raisonnĂ© lĂ -dessus en apprĂ©ciant comme nous le devions, les autoritĂ©s de part Sc dâautre. II se- roit possible que les poissons se rapprochassent beaucoup Ă cet Ă©gard des Salamandres. Nous savons au moins par lâexpĂ©rience de M. Jacobi , que la simple dispersion du sperme dans lâeau suffit Ă fĂ©conder les Ćufs. Votre idĂ©e de vous servir des jolis poissons dorĂ©s de la Chine pour Ă©claircir la question me paroĂźt excellente , Sc je ne puis trop vous presser de la rĂ©aliser. Vous verrez plus Sc beaucoup plus en un jour, que tout ce quâont vu ou plutĂŽt entrevu les divers Naturalistes qui vous ont prĂ©cĂ©dĂ©. Combien de questions intĂ©ressantes, qui pouvoient ĂȘtre dĂ©cidĂ©es par les observations ou les expĂ©riences les plus simples, Sc qui ne 1 ont point encore Ă©tĂ© ! Câest que lâEsprit est toujours plus portĂ© Ă imaginer ou Ă discourir, qu a observer ou expĂ©rimenter. 170 ExpĂ©riences Que de raisonnemens nâavoit-on pas fait fur la digestion avant que les RĂ©aumur & les Spal- lanzani eussent instituĂ© ces belles expĂ©riences qui ont mis cette matiĂšre dans le jour le plus lumineux ! XIIĂ. Vous embrassez donc, comme moi, la doctrine HallĂ©rienne au sujet des embryons logĂ©s encore dans lâovaire ou dans la partie supĂ©rieure des trompes de nos amphibies, ĂC qui ne peuvent ĂȘtre fĂ©condĂ©s artificiellement. Mais vous mâassignez une autre cause du fait, que je ne soupçonnois pas, ĂC qui me paroi t, comme . Ă vous, devoir concourir Ă le produire dĂšs que la glaire est la premiĂšre nourriture des embryons fĂ©condĂ©s ĂC que cette glaire nâenveloppe point ceux que renferme lâovaire ou la partie supĂ©rieure des trompes, il est bien manifeste que lors mcme que le sperme pourroit les fĂ©conder artificiellement, ils pĂ©riroient bientĂŽt, faute de nourriture. Les expĂ©riences que vous avez tentĂ©es Ă ce sujet ne laissent rien Ă desirer, puisque les embryons que vous avez dĂ©pouillĂ©s entiĂšrement de leur glaire nâont jamais pu ĂȘtre fĂ©condĂ©s ; ĂŽC que ceux qui nâen Ă©toient privĂ©s quâen partie Ă©toient presque tous fĂ©condĂ©s. Je ne sache pas que les Naturalistes qui vous avoient prĂ©cĂ©dĂ© eussent bien connu les vrais usages de cette glaire. XV. Le sang des amphibies , leur salive, les sucs extraits de leur foie, des poumons, des reins, leur urine ĂŽC la nĂŽtre font donc les diffĂ©rentes liqueurs auxquelles vous aviez imaginĂ© dâincorporer le sperme. Vous y avez joint sur la GĂ©nĂ©ration. 17r encore le vinaigre ; Sc tous ces mĂ©langes nâont point enlevĂ© au sperme sa facultĂ© prolifique. Vous avez seulement remarquĂ© que lorsque surine St le vinaigre onr Ă©tĂ© trop surabondans, la fĂ©condation nâa pas eu lieu. Je ne doutois pas que vous ne pensassiez comme moi, que le sperme n'est point dĂ©composĂ© par ces mĂ©langes. Mais ils prouvent admirablement bien rĂ©sonnante Ă©nergie de cette liqueur fĂ©condante. Ils pourroient encore vous conduire Ă dĂ©couvrir quelle est celle des liqueurs de ranimai qui a le plus de rapport avec son sperme ; car la liqueur qui, Ă doses Ă©gales, dĂ©truiroit le moins de la vertu du sperme, seroit prĂ©sumĂ©e Ă bon droit avoir le plus de rapport avec lui Sc ceci ne seroit pas inutile dans la recherche des principes constituans du sperme. XVI. Jâaime fort Ă savoir que nous avons recouru tous deux Ă la mĂȘme comparaison pour rendre raison de la vertu prolifique du sperme incorporĂ© en trĂšs-petite quantitĂ© Ă une trĂšs- grande masse dâeau. Votre exemple tirĂ© du venin de la Vipere, dont une gouttelette peut donner la mort Ă un grand animal, nâest ni moins bien appropriĂ© ni moins instructif. Vous ĂȘtes bien fondĂ© Ă dire aprĂšs cela, quâil nây a pas lieu de sâĂ©tonner quâune trĂšs-petite gouttelette de sperme suffise Ă animer le cĆur de lâembryon. fi.'extrĂȘme cĂ©lĂ©ritĂ© avec laquelle certains poisons, tel que celui de la VipĂšre, agissent fur les animaux , donneroit lieu de prĂ©sumer que Ă st principalement sur le stuĂŻde nerveux qu'ils exercent leur action. Vous nâavez pas oubliĂ© les cu- ExpĂ©hĂźences rieuses expĂ©riences que M. de RĂ©aumur avoĂźf tentĂ©es avec les flĂšches empoisonnĂ©es des AmĂ©ricains. Un Ours piquĂ© par une de ces flĂšches mourut, je crois , en demi minute. XVII. Vous me dĂ©taillez ici la maniĂšre dont vous avez procĂ©dĂ© dans vos fĂ©condations artificielles , Ă jây applaudis fort. II est bien remarquable assurĂ©ment, quâun embryon touchĂ© avec la pointe dĂ©liĂ©e dune aiguille, qui avoitĂ©tĂ© plongĂ©e dans un mĂ©lange de trois grains de sperme SĂ de dix-huit onces dâeau , 8c qui en avoit retenu une gouttelette dâun cinquantiĂšme de ligne , se soit dĂ©veloppĂ© aussi bien 8c aussi promtement que dâautres embryons qui avoient Ă©tĂ© plongĂ©s dans le rĂ©flexion Ă ce sujet est trĂšs- juste. Puisquâune Ăi petite gouttelette de sperme mĂ©langĂ© avec une li grande quantitĂ© dâeau , suffit Ă animer lâembryon , il est bien naturel d'en infĂ©rer que le surplus du sperme fourni par le mĂąle ne concourt point Ă lâopĂ©ration. Mais la Nature nâuse pas dâĂ©pargne quand il sâagit de la propagation des espĂšces elle ne veut pas manquer son coup ; Sc elle risquerait de le manquer par une trop grande Ă©conomie. Elle a peut-Ă©tre encore Ă©gard ici aux plaisirs de la jouissance , relativement au mĂąle ; car rĂ©mission est , fans doute, une voluptĂ© pour celui-ci; Lc cette bonne MĂšre veut que tous ses enfahs jouissent. II falloir dâailĂeurs un aiguillon au mĂąle. XVIII. Vous imaginez bien, mon cher Philosophe , toute lâattention que jâai donnĂ©e Ă cet article si intĂ©ressant de votre lettre. Je croyois contempler avec vous ces petites ouvertures mĂ©nagĂ©es svr la GĂ©nĂ©ration. L 7 Z xiagĂ©es dans lâenveloppe de lâembryon pour lâin- troduction du sperme. Vos dĂ©tails fur ce point me prouvent au mieux que vous ne vous en ĂȘtes point laissĂ© imposer, 8t que ces petites bouches que jâavois soupçonnĂ©es, font la chose du monde la plus rĂ©elle. Et puisquâellcs font rĂ©pandues dans toute lâenveloppe, que cette enveloppe en est, pour ainsi dire, criblĂ©e, il nây a plus lieu desâĂ©tontierquâenquelquâcndroitquâon touche lâembryon avec lâaiguille spermatisĂ©e , la fĂ©condation rĂ©ussisse Ă©galement. II s'agit maintenant de savoir sâil est de pareilles ouvertures dans lâenveloppe des embryons de toutes les espĂšces & combien* cela devient-il probable aprĂšs tout ce qui a Ă©tĂ© dĂ©couvert fur le mystĂšre de la fĂ©condation ? Je ne doute donc point, 8C je nâen ai jamais doutĂ© , que si le germe du Poulet, de la Brebis, de la Vache, &c. Ă©toit aussi perceptible que le TĂȘtard, vous nây dĂ©couvrissiez des pores'absorbans, semblables ou analogues Ă ceux que vous avez dĂ©couverts dans lâembryon de vos amphibies. Nâavons-nous pas, je le demande, les plus fortes preuves que la fĂ©condation s'opĂšre par dehors ; 8c si elle sâopĂšre par dehors , ne faut-il pas quâil y ait dans lâen- veloppe du germe de petites ouvertures prĂ©parĂ©es pour lâintroduction de la liqueur fĂ©condante? Ces pores absorbans & leurs dĂ©pendances renferment, fans doute, des particularitĂ©s anato- que nous admirerions sâil nous Ă©toit permis de descendre au fond de cet abĂźme. Chaque pore est probablement lâorifice dâun vaisseau qui communique avec le cĆur, &c. S i 7 4 E xMRiĂŻnn XIX. Me voici parvenu Ă lâarticle le plus curieux Sc le plus important de votre excellente lettre. Je nâavois pas soupçonnĂ©, je Pavane, que vous eussiez dĂ©jĂ rĂ©ussi Ă fĂ©conder artificiellement avec une petite seringue la femelle dâun grand animal, comme je vous proposois de le faire dans ma derniĂšre. Câcst lĂ une des plus grandes Sc des plus intĂ©ressantes nouveautĂ©s qui se soient offertes aux yeux des Naturalistes 8c des Philosophes depuis la crĂ©ation du monde. La maniĂšre dont vous avez procĂ©dĂ© , Sc les prĂ©cautions vraiment scrupuleuses que vous avez prises pour constater rigoureulement la vĂ©ritĂ© de cette fĂ©condation artificielle , la mettent au-dessus de toute contradiction. Je nâavois pas mĂŽme besoin de votre seconde lettre du 15 de DĂ©c. pour ĂȘtre trĂšs-sĂ»r que vous nâaviez rien nĂ©gligĂ© de tout ce qui Ă©toit nĂ©cessaire pour prĂ©venir jufquâĂ la plus petite chicane. Votre Chienne avoir donc Ă©tĂ© bien clĂŽturĂ©e vingt-trois jours avant PopĂ©ration le treiziĂšme jour elle Ă©toit entrĂ©e en chaleur le vingt-troisiĂšme depuis la clĂŽture vous injectĂątes le sperme, Sc vous continuĂątes Ă tenir votre Chienne renfermĂ©e sous la clef vingt- cinq jours, Sc le soixante deuxiĂšme aprĂšs Pinjection elle accoucha de trois petits bien conditionnĂ©s, bien vifs. Sc qui avoient des traits de ressemblance soit avec leur mĂšre, soit avec le Chien qui avoir fourni la liqueur fĂ©condante. Rien de plus prĂ©cis Sc de mieux constatĂ© que tout cela , Sc rien de plus beau ni de plus neuf que cette expĂ©rience. Je vous fĂ©licite de toute mon ame dâun tel succĂšs. Mais, ce qui ajoute beaucoup Ă ce suc- sur la GĂ©nĂ©ration. 27$ cĂšs , câest quâil a Ă©tĂ© obtenu avec moins de treize grains de sperme. Cette expĂ©rience se rapproche donc beaucoup de celles que vous avez exĂ©cutĂ©es fur les amphibies ; Sc nous sommes trĂšs-fondĂ©s Ă en infĂ©rer, que la dose de sperme qui opĂšre la fĂ©condation chez les grands animaux est trĂšs-petite. Je prĂ©sume mĂȘme , que st vous pouviez parvenir Ă fĂ©conder les embryons dâun grand animal dans lâo vaire par le procĂ©dĂ© que je vous indĂquois, vous auriez les mĂȘmes rĂ©sultats ou Ă -peu-prĂšs que chez les amphibies, ĂC quâune gouttelette de sperme, dâun cinquantiĂšme de ligne, sussiroit Ă animer lâembryon. Vous possĂ©dez Ă prĂ©sent un moyen bien sĂ»r Sc bien facile de vous assurer Ăi telles ou telles espĂšces peuvent procrĂ©er ensemble ; Sc les expĂ©riences que vous vous proposez de tenter au printems prochain en mettant votre voluptueux Barbet dans la compagnie des Lapines Si des Chattes, ne vaudront pas celles que vous tenteriez en introduisant avec votre sperme de ce Barbet dans la matrice dâune Lapine ou dâune Chatte , Si en introduisant le sperme du Lapin ou du Chat dans la matrice de la Chienne. Vous tenez un fil prĂ©cieux, qui voifs conduira aux dĂ©couvertes les plus importantes Si les plus imprĂ©vues. Je ne fais mĂȘme , st ce que vous venez dc dĂ©couvrir nâaura pas quelque jour danslâespĂšce humaine des applications auxquelles nous ne songeons point, Sc dont les suites ne seront pas lĂ©gĂšres. Vous pĂ©nĂ©trez assez ma pensĂ©e. Quoi quâil en soit ; je tiens le S 2 276 ExpĂ©riences mystĂšre de la fĂ©condation pour Ă -peu-prĂšs dĂ©voilĂ©. Ce qui reste principalement Ă dĂ©couvrir, câest la formation du Mulet , ou ce qui produit les divers traits de reĂfemblance des enfans Ă leurs parens ; Sc ceci me conduit Ă votre article XX. XX. Vous me faites bien de lâhonneur, mon cĂ©lĂšbre ConfrĂšre, de suspendre votre jugement entre M. de HallerĂŽC moi fur la maniĂšre dont sc forme le Mulet. Comment lâautoritĂ© du grand Haller ne lâemporte-elle pas dans votre esi prit fur la mienne qui lui est si infĂ©rieure ? Je nâaurois pas hĂ©sitĂ© un instant dâadmettre avec lui que le sperme nâagit ici que comme un simple stimulant, si jâavois pu ainsi me rendre raison Ă moi-mĂȘme de lâespĂšce de conversion du Cheval en Mulet. Son hypothĂšse, plus simple que la mienne, est par cela mĂȘme plus agrĂ©able Ă lâesc prit. Mais fatisfait-elle Ă tous les cas ? Suffit-il de dire pour expliquer la formation du grand Mulet , que le sperme de lâAne est un plus puisi sant stimulant que celui du Cheval ? Que câest ainsi quâil alonge avec excĂšs les oreilles de lâem- bryon cachĂ© dans lâovaire de la Jument ; car pourquoi une partie de la queue de lâembryon demeure-t-elle oblitĂ©rĂ©e? Pourquoi fa croupe est-elle si avalĂ©e? Mais fur-tout, dâoĂŹi vient ce larynx si diffĂ©rent de celui du Cheval, 8t si ressemblant Ă celui de lâAne ? Jâavoue que je ne conçois point encore, comment faction instanta- nĂ©e dâutie gouttelette de sperme, sur le cĆur de lâembryon , peut produire des effets si grands , si divers, li durables. Le concevez-vous mieux , mon bon ami, Li trouvez-vous que notre illus- Sl 7 R LA GtNĂRATIOX. zyj tre Physiologiste eĂ»t portĂ© dans cette recherche difficile la forte dâanalyfe dont elle Ă©toit susceptible, 8c quâelle exigeoit si indispensablement? Vous avez lu plus dâune fois les articles CCCX- XXIII, CCCXXXVI, CCCLVI des Corps organisĂ©s voyez encore lçs Notes additionnelles fur ces articles, 8c celles fur lâArt. CCCXLV, qui font aux pages 494 8c 496 du Tom. III de mes Oeuvres in-4 0 . Je fuis revenu bien des fois Ă examiner avec la plus grande attention ces divers endroits de mon Livre ; il mâa Ă©tĂ© impossible de dĂ©couvrir les vices secrets qui peuvent sâĂȘtre glissĂ©s dans mes raifonnemens. Toutes mes propositions mâont toujours paru dĂ©couler bien naturellement les unes des autres, 8 tenir toutes au principe fondamental de la prĂ©existence du germe dans la femelle. Je ne prĂ©tends point, comme vous le voyez , quâil nây ait point Terreurs ou de mĂ©prises cachĂ©es dans ma longue analyse ; une si sotte prĂ©somption siĂ©roit bien mal Ă un ĂȘtre aussi faillible que je le suis. Je dis seulement que je nâai pu encore parvenir Ă les reconnoĂźtre. Dâun autre cĂŽtĂ© , jâai contre moi la forte de complication de ma propre hypothĂšse , dont Fexposition a exigĂ© une assez longue suite de propositions, qui la fait paroĂźtre plus compliquĂ©e encore, 8c qui ne peut ĂȘtre saisie en entier, que par un Lecteur trĂšs-attentif 8c trĂšs-fami- liarisĂ© avec la marche analytique. Aussi plusieurs Lecteurs se sont-ils Ă©trangement mĂ©pris fur mes principes 8>C fur leur application. Une autre chose encore paroĂźt militer contre S 3 ij % ExpĂ©riences mon hypothĂšse ; câest !a trĂšs-petite dose dc sperme, qui sufĂŻit Ă la gĂ©nĂ©ration on ne comprend pas comment une gouttelette de sperme, si disproportionnĂ©e avec le corps entier de lâem- bryon, peut lui servir de premier aliment. Mais cette difficultĂ© tomberoit autant fur M. de Halle r que fur moi ; car il suppose manifestement, quâun certain sperme agit avec plus de force quâun autre fur certaines parties, 8t quâil y occasionne ainsi un plus grand dĂ©veloppement ; que le sperme de lâAnc, par exemple, pouffe le sang avcc plus de force dans les artĂšres de l'o- reille ce sont ses propres termes. 11 admettoit donc que le sperme de lâAne parvient aux artĂšres de lâoreille de l'embryon du Cheval ; autrement, comment la simple action de ce sperme , sur le cĆur de lâembryon, pourroit-elle faire sentir son impression aux oreilles St les faire dĂ©velopper avec excĂšs ? Pourquoi encore les oreilles seroĂŹent-elles les seules parties de la tĂȘte , qui se prolongeroient avec un tel excĂšs ; puisque toutes participent Ă lâimpulsiondu cĆur? Dâailleurs M. de Haller parie dĂ» pouvoir quâa le sperme dc faire croĂźtre la barbe de Vindividu , de prolonger les dĂ©fenses du Sanglier & de l'FAĂ©phant ; St il ajoute, s'il a le pouvoir de faire germer certaines parties du corps plus que les autres , dans le corps meme qui le prĂ©pare , il peut lâavoir dans le corps du foetus qu il anime. Ceci nâindiqueroit-il pas, que notre Auteur suppo- soit tacitement une dispersion du sperme dans le corps de lâembryon? Je la suppose pareillement ; St vous nâavez pas plus de peine que moi i sur la GĂ©nĂ©ration. 279 Ă concevoir la prodigieuse division dont une gouttelette de sperme peut ĂȘtre susceptible. Ce que nous savons de la divilibilitĂš de la matiĂšre lĂšve bien la difficultĂ©. Au reste ; nous avons fort Ă regretter que notre habile Physiologiste s'en soit tenu ici Ă de simples gĂ©nĂ©ralitĂ©s , Sc qu'il nâait point appliquĂ© son hypothĂšse Ă l'explication des principales particularitĂ©s quâossre le Mulet, n U est bien vrai, dit-il, que ma rĂ©ponse nâexplique » pas le comment ni le mĂ©chanisme par lequel n le sperme du mĂąle rĂ©veille le germe de lâoreil- » le Sc en agrandit ie dĂ©veloppement. Mais je » ne dois pas ĂȘtre obligĂ© Ă expliquer ce com- » ment, pourvu que mes faits soient avĂ©rĂ©s. » Lâinfluence du sperme sur lâacuoissement de n la barbe Sc des cornes est dĂ©montrĂ©e, quoi- » que le comment en soit peut-ĂȘtre ignorĂ© pour » toujours.... II suffit de faire voir qu'il y a une » certaine force dans la semence du mĂąle , qui » dĂ©termina lâaccroissement du fĆtus, de fa- » çon que certaines parties se dĂ©veloppent da- » vantage il ne se roi t pas plus juste de nous , demander par quel mĂ©chanisme cela se fait, » qu'il ne le seroit de nous demander pourquoi » la rĂ©forbtion de la semence du mĂąle lui fait » pousser la barbe ». Je me serois Ă©pargnĂ© bien du travail si jâavois fait prĂ©cisĂ©ment comme feu mon illustre ami, Sc si je mâĂ©tois bornĂ© Ă rĂ©pĂ©ter aprĂšs lui, que la semence du mĂąle a une certaine force pour faire dĂ©velopper davantage certaines parties. Mais une explication si vague ne pouvant me satisfaire , jâai tĂąchĂ© dâanalyser les faits, Sc jâai i8o ExpĂ©riences cherchĂ© par cette analyse quelque solution quĂŻ RappliquĂąt aux particularitĂ©s les plus essentielles de ces faits. En un mot ; jâai cru que les traits fi marquĂ©s de ressemblance du Mulet avec lâAne supposoient dans le sperme de celui-ci quelque chose de plus quâun simple pouvoir stimulant. Vous paroĂźc-il que je me sois trompĂ© dans cette conclusion ; 8c scriez-vous portĂ© Ă penser que le seul pouvoir sljrnulant peut suffire Ă tout? Je ne saurois encore le prĂ©sumer j mais il est bien possible quâon imagine une hypothĂšse plus satisfaisante que la mienne, ÂŁc que je serai le premier Ă adopter. XXI. Vous avez fait sur le sperme de vos amphibies tout ce que vous pouviez faire pour tĂącher dâen dĂ©couvrir la vĂ©ritable nature. Ilnâest donc ni visqueux , ni inflammable, ni acide, ni alkalin ; 8C pourtant quelle nâest point sa merveilleuse Ă©nergie ! 11 sâĂ©vapore comme iâeau ; St il est bien digne de remarque , que fa partie la plus volatile soit prĂ©cisĂ©ment celle qui est inhabile Ă la fĂ©condation. Elle nâest apparemment quâune lymphe ou plutĂŽt une simple sĂ©rositĂ© destinĂ©e Ă prĂ©venir un trop grand ĂȘpaĂŹffissement de la partie fĂ©condante. II seroit intĂ©ressant dâĂ©ten- dre ces recherches aux spermes des grands animaux elles nâont pas Ă©tĂ© poussĂ©es aussi loin quâelles le demandoient. II ne seroit pas moins intĂ©ressant de savoir, si le sperme des grands animaux, incorporĂ© comme celui des amphibies , avec une grande quantitĂ© dâeau ou avec dâautres liqueurs , con serve roi t de mĂȘme son ,Ă©nergie. E'heureuse tentative que vous avez faite SUR LA GĂKĂRATIOH. 281 sur votre Chienne, indique la route quâil fau- droit suivre pour sâen assurer. Le sperme a Ă©tĂ© ordonnĂ© dans un rapport secret Ă la nature de la force qui opĂšre lâirritabilitĂ© dans lâanimal, puisquâil est destinĂ© Ă accroĂźtre son action mais nous ne pĂ©nĂ©trons pas encore le mĂ©chanisme de lâirritabilitĂ©. Je nâoserois pourtant pas assurer quâil nây eĂ»t point dans la nature dâautre liqueur que le sperme , qui pĂ»t faire dĂ©velopper le germe animal. Qui fait ĂĂŹ la poussiĂšre des Ă©tamines de certaines plantes nepourroit point faire quel- quâi m pression fur certains germes du rĂšgne animal ? Cette idĂ©e est folle f> vous le voulez ; mais je vous dis tout ce qui me passe par la tĂȘte. Je voudrois fur- tout quâon essayĂąt la poussiĂšre des Ă©tamines de ĂŻEpine-vinette , dont lâodeur fĂ©tide Sc pĂ©nĂ©trante semble annoncer beaucoup dâĂ©nergie. Les animaux &C les vĂ©gĂ©taux ne composent quâune mĂȘme famille, ĂŽc leurs analogies font en grand nombre. LâexpĂ©rience inverse devroit donc aussi ĂȘtre tentĂ©e ; car ce ne sera quâen multipliant presquâĂ lâinfini les combinaisons des ĂȘtres, que nos connoissances accroĂźtront. Je me dĂ©fie toujours un peu de nos conclusions gĂ©nĂ©rales , en apparence les mieux fondĂ©es ; parce que nos prĂ©misses font toujours plus ou moins particuliĂšres. Jâai achevĂ© , mon trĂšs-cher ami, de parcourir avec vous tous les articles de votre bonne lettre , Sc je souhaite que vous soyez satisfait des diffĂ©rentes rĂ©flexions quâelle mâa fait naĂźtre. Dans celle que vous mâĂ©criviez le 7 de Novemb. vous releviez deux erreurs qui setoientglissĂ©es r8r ExpĂ©riences dans lâextrait que jâavois donnĂ© de vos expĂ©riences fur la fĂ©condation artificielle, dans mes Notes additionnelles des Corps organisĂ©s lâune fur le suc des testicules ; lâautre fur la vapeur du sperme. Jâavois oubliĂ© de toucher Ă cela en vous rĂ©pondant. Vous aviez bien Ă©crit de la vapeur du sperme ; 8c câest moi qui avois Ă©crit par inattention , du sperme. Ces deux fautes seront corrigĂ©es dans un errata qui fera imprimĂ© dans le Tome IV. Je ne puis douter que Vallisnieri ne fe fĂ»t trompĂ© fur les cellules du Pipa, JâaĂŹ fait une addition lĂ -dessus Ă mon MĂ©moire fur ce Crapaud ; 8c cela est dĂ©ja imprimĂ©. JâAI commencĂ© cette longue Ă©pĂźtre le 29 de DĂ©cembre, Sc elle mâa occupĂ© jufquâĂ aujourdâhui 10 de Janvier. Je ne pourrai plus faire de semblables interruptions Ă mon travail fur la Contemplation. Mes Editeurs auroient trop Ă fe plaindre de mes retards. Les murmures des Soufcrivans augmentent. Si vous mâenvoyez quelque chose fur vos nouvelles expĂ©riences touchant la fĂ©condation des Plantes , 8c que cela ne tarde pas trop , je pourrai encore en faire usage Ă la fin de la partie X. Recevez tous mes vĆux, mon cher 8c cĂ©lĂšbre Ami, 8c aimez-moi toujours comme je vous aime. u'R la GĂ©nĂ©ra t i e n. i8z ADDITION S D E M. LâABBĂ SPALLANZANI, Faites Ă son MĂ©moire fur la gĂ©nĂ©ration de quelques animaux amphibies. I. NĂ©cessitĂ© cii Veau pour la naissance des TĂȘtards i. AprĂŹs avoir fĂ©condĂ© les TĂȘtards, il faut les mettre dans lâcau ; ils ne naissent point ĂĂŹ on les met alors dans la terre ou dans le fable, mĂȘme quand on les meuroit ensuite dans lâeau» Si, dâabord aprĂšs la fĂ©condation , on met les TĂȘtards au sec dans lâair libre, lors mĂȘme quâon les meuroit dans lâeau aprĂšs sâĂȘtre un peu fĂ©chĂ©s, ils ne naissent pas. Lorsque les TĂȘtards font restĂ©s dans lâeau suffisamment pour commencer Ă se dĂ©velopper .i Ii sâagit toujours ici des TĂȘtards de Grenouilles. r 84 ExpĂri EXCES & Ă croĂźtre, on peut les mettre au°sec quelquĂ© tems fans courir le risque de les voir pĂ©rir ; ils continuent mĂȘme Ă croĂźtre, mais ils meurent bientĂŽt aprĂšs. I I. Fluides qui ne peuvent contribuer Ă la naijsance des TĂȘtards. Les TĂȘtards fĂ©condĂ©s ont Ă©tĂ© mis dans le vin blanc ou rouge pur, ou trempĂ© dâeau , de mĂȘme que dans le lait pur, ou mĂȘlĂ© avec lâeau, dans le petit lait, dans le blanc dâĆuf de Poule , dans surine mĂȘlĂ©e avec lâeau , dans seau teinte avec un peu dâencre ; jamais il nây a eu un seul TĂȘtard qui sây soit dĂ©veloppĂ©. Lâeau paroĂźt donc le seul fluide favorable Ă leur dĂ©veloppement. I I I. Effets de diffĂ©rentes teintures fur les TĂȘtards. TĂȘtards, fous la forme dâĆufs, font toujours renfermĂ©s dans lâamnios , 8t ils sây nourrissent alors de fa liqueur , qui est fournie par le mucus , appelĂ© improprement le sperme de Grenouilles. Mais ce mucus, pour passer dans lâamnios, traverser la membrane qui lâenveloppe & une autre extĂ©rieure qui lui est concentrique , enfin, pour sc rendre propre Ă nourrir le TĂȘtard , doit se filtrer au travers det 'sur la Gsrr-ratĂŹ OĂŹt. r 8 z plusieurs petits vaisseaux qui le conduisent au TĂȘtard lui-mĂȘme ; mais la petitesse des vaisseaux Sc leur transparence empĂȘchent de les appercevoit pour tĂącher de les appercevoir, je plaçai les TĂȘtards fĂ©condĂ©s dans lâeau oĂč jâavois fait infuser tantĂŽt du safran , tantĂŽt de lâindigo , ou de la gomme-gutte , ou de la garance , ou de lâencre. Quelques-unes de ces teintures ont Ă©tĂ© fatales aux TĂȘtards avant de naĂźtre ; mais il nâen a pas Ă©tĂ© de mĂȘme pour toutes, plus dâunTĂȘtard a Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement teint par quelques - unes de ces substances ce qui mâa donnĂ© quelque lumiĂšre fur la structure du mucus, ses rapports avec le TĂȘtard Sc les parties qui lâenvironnent, comme je le dirai ailleurs. I V. Effet du froid & de la chaleur sur les TĂȘtards. Dans le MĂ©moire fur les fĂ©condations artificielles , jâai dit quelque chose de relatif Ă cet article ; mais de nouvelles expĂ©riences , faites fur ce sujet , mâont fourni dâautres rĂ©sultats. Si l'on met dans une glaciĂšre plusieurs Grenouilles accouplĂ©es, elles ne tardent pas Ă se sĂ©parer Sc Ă tomber dans une lĂ©thargie ; fi au bout dâun ou deux jours on les tire de-lĂ pour les mettre dans un air chaud , quand elles font revenues de leur lĂ©thargie , elles sâaccou- plent de nouveau. Si on les laisse dans la gl^- r 86 ExpĂ©riences ciĂšre pendant une dixaine de jours, quâon les en retire pour les mettre dans lâeau , elles sâac- couplent de nouveau ; mais lâaccouplement est fans effet pour la gĂ©nĂ©ration. Ce nâest pas la faute dti mĂąle; car, quand on le tire de la glaciĂšre, ses vĂ©sicules sĂ©minales font Ă la vĂ©ritĂ© Ă©puisĂ©es de semence, mais pendant lâaccouplement elles se remplissent de nouveau de semence ; & jâaĂŹ pu mâassurer quâelle Ă©toit fĂ©conde. 11 y a plus, quand on tire le mĂąle hors de la glaciĂšre , si lâon exprime le suc des testicules , on le trouve trĂšs-propre Ă fĂ©conder les TĂȘtards Ăźe dĂ©faut vient donc des femelles ; les TĂȘtards sortent de lâutĂ©rus environnĂ©s dâun mucus dcjĂ viciĂ© ; il nâa plus au moins cette demi-fluiditĂ© qui lui est propre , mais il est condensĂ©, &. il ye peut fournir Ă lâamnios la liqueur qui doit nourrir le TĂȘtard. Si lâon met les TĂȘtards fĂ©condĂ©s dans une glaciĂšre , Li fl on les y laisse pendant quelques heures, ils naissent fort bien , quand on les tire de-lĂ & quâon les met dans lâeau ; mais sâils y restent plusieurs jours, ils pĂ©rissent. Les TĂȘtards dĂ©jĂ fĂ©condĂ©s, & qui commencent Ă se dĂ©velopper, mis dans une glaciĂšre , cessent alors de se dĂ©velopper LĂź. pĂ©rissent. Les TĂȘtards naissent Ă Pavie dans le mois de Mai , alors la chaleur de lâathmofphĂšre est entre les douze & dix-huit degrĂ©s du thermomĂštre de RĂ©AUMUR. Jâai voulu voir ce qui leur arriveroit en leur faisant Ă©prouver la chaleur de notre sang ; mais iis nâont point fous- sur la GĂ©nĂ©ration. 187 sert de cette chaleur, 6Ă ils se sont dĂ©veloppĂ©s trĂšs-vĂźte. V. La fumĂ©e appliquĂ©e aux TĂȘtards. Je nâai pas cru inutile de chercher ce qui arrive aux TĂȘtards exposĂ©s Ă diverses fumĂ©es, que je rĂ©employois pourtant que lorsquâelles croient refroidies. Telles furent la fumĂ©e du soufre , dâune chandelle , du drap brĂ»lĂ© ; mais alors il ne naquit aucun TĂȘtard. Je me servis encore de la fumĂ©e du papier brĂ»lĂ© 6c du tabac en feuille brĂ»lant; mais alors quelques TĂȘtards qui la recevoient naquirent fort bien. V I. Nouvelles preuves de ct que f ai dit fur V excessive ardeur des Crapauds mĂąles pour leurs femelles. Je trouvai un jour un Crapaud mĂąle dans lâeau demi-pourrie dâun vase , qui embrassoit amoureusement un autre mĂąle , mort depuis quelques jours &C Ă demi-corrompu ; je ne pus pas lâen sĂ©parer , quoique je lui eulse coupĂ© les cuisses. Si lâon arrache un mĂąle Ă fa femelle , 8c quâon lui prĂ©sente alors un doigt, il le saisit subitement 6c le serre, 8c sây attache de maniĂšre quâon peut le transporter suspendu en i $8 ExpĂ©riences lâair d'vin lieu Ă un autre sans quâil se dĂ©tache ; 8t mĂȘme lorsquâon lui coupe les cuisses, il ne lĂąche pas encore prise mais ils ne saisissent jamais ainsi les doigts que dans le tems de leurs amours. Je fis ainsi, par hasard , une observation qui n'a, je crois, jamais Ă©tĂ© faite j les bras St les mains des Grenouilles mĂąles, toutes choses dâailleurs Ă©gales , mâont paru plus gros St plus forts que ceux des femelles, St cela fans doute pour favoriser leurs era- brassemens. Jâavois un jour plusieurs Grenouilles accouplĂ©es , je fis fur un mĂąle accouplĂ©, les expĂ©riences suivantes jâapprochai la flamme dâune chandelle dâun de fes pieds, de maniĂšre quâil commençoit Ă brĂ»ler, il ne laissa pas fa femelle , quoiquâil eĂ»t toute la jambe brĂ»lĂ©e je continuai Ă le brĂ»ler jusqu a la cuisse, alors il se sĂ©para. Cependant le feu , en lui brĂ»lant la jambe , lui occaĂĂŹonnoit des convulsions ; mais lorsque je lui brĂ»lai la cuisse , sa respiration se hĂąta beaucoup, 8t alors il abandonna fa femelle. Je replaçai ce mĂąle de Grenouille, si maltraitĂ© , dans lâeau avec fa femelle , mais peu aprĂšs il sâaccoupla de nouveau avec elle ; je le tirai alors de nouveau hors de lâeau , mais il ne sâen sĂ©para pas jâappliquai le mĂȘme feu Ă lâautre jambe St Ă la cuisse ; mais la jambe avoit Ă©tĂ© toute consumĂ©e sans quâil quittĂąt fa femelle ; St il ne lâabandonna que lorsque la cuisse commença de brĂ»ler. Jâai rĂ©pĂ©tĂ© cette expĂ©rience sur une autre Grenouille sur la GĂ©nĂ©ration. 2X9 Grenouille mĂąle accouplĂ© , cjui supporta le feu plus courageusement ; car je commençai Ă lui brĂ»ler la partie infĂ©rieure de la jambe, puis la jambe , ensuite un peu de la cuisse il ne quitta pas fa femelle ; il supporta la mĂȘme opĂ©ration Ă lâautre jambe ensuite je donnai le feu aux deux moignons ; il rĂ©sista pendant quelques momens , enfin il se sĂ©para en criant fortement. * * Je remis dans lâeau ces "deux Grenouilles mutilĂ©s avec leurs femelles , & je les trouvai le jour suivant accouplĂ©s de nouveau. Je fis de nouvelles expĂ©riences fur deux autres Grenouilles accouplĂ©s je leur coupai les cuisses entiĂšres, mais ils ne laissĂšrent pas leurs femelles ; jâappliquai la flamme fur leurs blessures saignantes, ils Ă©prouvĂšrent une forte convulsion fans se sĂ©parer de leurs femelles ; la sĂ©paration se fit seulement un peu aprĂšs. Je mis les deux Grenouilles sĂ©parĂ©s avec leurs femelles dans lâeau , 8c je les vis bientĂŽt sâaccoupler; alors je coupai la tĂȘte Ă tous quatre fans quâils se sĂ©parassent mais le lendemain je les trouvai tous quatre morts ĂĂ sĂ©parĂ©s de leurs quatre femelles. Pendant quâils Ă©toient ainĂi attachĂ©s 'Ă leurs femelles , quelquâun deux fĂ©conda les TĂȘtards qui sortoient de la femelle je trouvai dans lâeau d u vase un mucilage de TĂȘtards qui nây Ă©toit pas , &C les TĂȘtards naquirent ensuite ; ce qui est une preuve Ă©vidente quâils avoient ctĂ© fĂ©condĂ©s. T S / 1 9 ExpĂ©riences V I I. Conditions nĂ©cessaires pour la naissance des TĂȘtards, Jâai fait voir que les TĂȘtards peuvent vivre dans lâeau , mise avec eux dans des vases hermĂ©tiquement fermĂ©s, poiĂźrvu que la capacitĂ© des vases soit telle quâelle contienne un volume dâair considĂ©rable ; mais cet air nâest point nĂ©cessaire pour leur naissance , ils naissent fort bien dans un vase parfaitement plein dâeau §⏠hermĂ©tiquement fermĂ© mais Une condition indispensablement nĂ©cessaire , câest que le lieu oĂč l'on place les TĂȘtards soit suffisamment large ; il est indiffĂ©rent que les vases soient ouverts ou fermĂ©s. Voici les expĂ©riences qui me lâont appris je pris un tube conique dâun verre, long de neuf pouces, fermĂ© hermĂ©tiquement au sommet , dont le diamĂštre Ă©toit de demi-pouce ; il Ă©toit ouvert Ă la base, qui avoit un pouce St trois quarts je le remplis dâeau , & le tins placĂ© verticalement avec la base en bas ; je plaçai des TĂȘtards, fraĂźchement fĂ©condĂ©s, Ă diffĂ©rentes hauteurs; les uns Ă©toient au sommet, St les autres successivement plus Ă©levĂ©s , quelques-uns arrivoient jusquâau sommet du tube. En commençant par le sommet 8c arrivant jusqu'Ă la hauteur de cinq pouces, il ne naquit aucun TĂȘtard ; ensuite il commença dâen naĂźtre quelques-uns, mais Ă peine Ă©toient-ils dĂ©veloppĂ©s quâils pĂ©rissoient les s u r la GĂ©nĂ©ra t io s. 291 TĂȘtards qui naquirent St qui rĂ©ussirent commencĂšrent Ă la hauteur de lĂŹx pouces 8t demi. On voyoit que lĂ oĂč le tube Ă©toit Ă©troit, Ă un certain degrĂ© , il ne nailToit aucun TĂȘtard. Pour m'assurer Ăi la petitesse du diamĂštre du tube , ou la plus grande profondeur de lâeau , y con- tribuoient, jâouvris le sommet du tube , je fermai hermĂ©tiquement sa base , je tournai le sommet en en-bas, St la base devint en en-haut ; je le remplis dâeau , St je plaçai les TĂȘtards fĂ©condĂ©s Ă diverses hauteurs. Mais les TĂȘtards du fond , ou de la base jusquâĂ une certaine hauteur du tube , naissoient ; tandis que ceux qui Ă©toient plus haut, St dans un lieu plus Ă©troit, ne naissoient pas. Ce nâest donc pas la profondeur de seau , mais la petitesse du diamĂštre du tube qui sâopposoit Ă ~la naissance des TĂȘtards. Cette consĂ©quencq est fortifiĂ©e par le fait suivant ; je remplis dâeau un vase cylindrique de verre , haut de seize pouces ; câest-Ă -dire, quâil avoit sept pouces de plus que le tube conique de lâexpĂ©rience prĂ©cĂ©dente je plaçai des TĂȘtards fĂ©condĂ©s Ă diffĂ©rentes hauteurs ; cn commençant depuis fa base St en sâĂ©levant ainĂi peu-Ă -peu jusquâĂ la cime , ils y naquirent tous je rĂ©pĂ©tai la mĂȘme expĂ©rience avec les mĂȘmes circonstances dans un vase cylindrique de verre, large de quatre pouces ; les TĂȘtards naquirent fort bien depuis la cime jusquâau fond, mais non pas dans le mĂȘme nombre que dans le cas prĂ©cĂ©dent ; je remplaçai ce vase par un autre de la mĂȘme hauteur, mais qui avoit seulement un tiers de pouce de lsr- T 2 z$z ExpĂ©riences geur, il nây en eut que cinq qui naquirent ; Sc lâon peut dire que ce fut hors de lâespace Ă©troit du vase , puisque ce fut Ă son sommet, lĂ oĂč ils communiquoient immĂ©diatement avee lâair. VIII. Follicules glanduleux , dĂ©couverts dans VintĂȘrieur des canaux des Ćufs des Grenouilles. Les TĂȘtards nâont point de mucus, quand ils ne font pas dans les ovaires, mais ils le prennent en traversant les canaux des Ćufs. Quel est lâorgane qui fournit ce mucus aux canaux des Ćufs ? Jâai trouvĂ© que câĂ©toit un aggrĂ©gat de follicules glanduleux , dont les petites bouches sâouvrent dans la cavitĂ© des canaux des Ćufs, 8c sâĂ©tendent jufquâau commencement de lâutĂ©rus. I X. Moyen employĂ© par les TĂȘtards pour rompre l'amnios Ăč venir Ă la lumiĂšre. Les TĂȘtards forcĂ©s par leur longueur 8c par la petitesse de lâamnios Ă sây loger en demi-lune , paroissent alors sây Ă©tendre fans cesse, & unir pour un moment la tĂȘte Ă la queue , ils font cet exercice pendant pi labeurs heures ; pendant ce tems ils grossissent, ils fe tournent alors avec beaucoup de lenteur SVR LA GĂX Ă RATIO X. LYZ dans lâamnios , St ils frappent lâamnios avec leur tĂȘte , en continuant cependant les contorsions dont jâai parlĂ© par la rĂ©pĂ©tition de ces chocs, lâamnios se rompt enfin, 8t alors le TĂȘtard fort par la porte quâil sâest faite. II y a lâaiitre membrane extĂ©rieure concentrique Ă celle de lâamnios, que le TĂȘtard rompt bien plus facilement que lâamnios le TĂȘtard fort encore de cette membrane , St quand il est Ă moitiĂ© dehors il fe courbe avec vitesse, St en fe redressant, lâautre moitiĂ© du corps fort entiĂšrement ; le TĂȘtard ainsi sorti perd la forme dâune demi-lune , il entre dans lâeau , il sâalonge du double de ce quâil Ă©toit. Pendant quelque teins il reste immobile , sâagitant de tems en tems, mais prenant bientĂŽt des forces il commence Ă nager. X. PrĂ©existence des fĆtus de la Torpille Ă la fĂ©condation i . La maniĂšre dont les Torpilles fe multiplient a Ă©tĂ© un des objets les plus intĂ©ressans de mes recherches. Dans ma Lettre Ă M. le Marquis Lucchesini , jâai montrĂ© que, quoique les Torpilles fussent vivipares, St accou- i Cette addition est imprimĂ©e dans la premiĂšre de mes lettres fur les observations que jâai faites dans mon dernier voyage on les trouve dans le second volume des MĂ©moires di Matematica e di Fijlca dĂ©lia SocietĂ Italiana. T z 294 ExpĂ©riences chassent de fĆtus, elles avoient cependant de» Ćufs comme ies animaux ovipares mes nouvelles observations ont amplement confirmĂ© cette vĂ©ritĂ©. Jâajoutai quâayant trouvĂ© quelques fĆtus dans lâutĂ©rus dâune Torpille , ces fĆtus Ă©toient attachĂ©s par le cordon ombilical aux parois internes de lâutĂ©rus. Je mâapperçus que cette proposition avoir besoin dâĂȘtre rectifiĂ©e. 11 est vrai qu un examen ultĂ©rieur mâa montrĂ©, dans quelques fĆtus, le lien de ce cordon Ă lâutĂ©rus ; mais ce lien est accidentel, parce quâil suinte de lâutĂ©rus une humeur visqueuse, qui lie lâextrĂȘmitĂ© du cordon opposĂ©e Ă celle qui tient au fĆtus avec lâutĂ©rus lui-mĂȘme. Au reste , ce cordon ombilical est attachĂ© Ă lâceuf quand il descend de lâovaire dans lâutĂ©rus , ou plutĂŽt il paroĂźt en ĂȘtre une vraie continuation y car cet Ćuf me paroĂźt composĂ© dâune enveloppe extĂ©rieure membraneuse 8c dâun canal intĂ©rieur membraneux. T'enveloppe extĂ©rieure nâest quâu- ne continuation de la membrane extĂ©rieure de lâĆuf, 8c le canal intĂ©rieur nâest de mĂȘme quâune continuation de la membrane intĂ©rieure du mĂȘme Ćuf. Le cordon, par lâautre extrĂ©mitĂ© , est prolongĂ© avec le fĆtus, lâenveioppe extĂ©rieure est une expansion ou une continuation de la peau , 8c le canal intĂ©rieur est une continuation de l'intestin ; ainli donc, lâĆuf 8c le fĆtus, par le moyen du cordon ombilical, font continuĂ©s entrâeux 8c ne forment quâun tout. Mais suivant plusieurs observations que jâai faites, les Ćufs des Torpilles existent dĂ©jĂ dans les ovaires long-tcms avant quâils soient fĂ©condĂ©s S V R LA GĂVĂ RATIO V. par le mĂąle ; lorsquâils tombent de lâovaire dans lâutĂ©rus, ils font mĂ»rs, St ils ont la grosseur du jaune dâun Ćuf de Poule on trouve dans ce tems dâautres Ćufs trĂšs-petits attachĂ©s aux ovaires, destinĂ©s fans doute Ă mĂ»rir St Ă propager lâefpĂšce pendant TannĂ©e suivante ; mais ces Ćufs si petits font, comme les autres , enveloppĂ©s dâune double membrane, qui forme un tout avec le fĆtus, dans les Ćufs mĂ»ris St prĂȘts Ă ĂȘtre fĂ©condĂ©s. Donc les fĆtus prĂ©existent Ă la fĂ©condation des femelles dans ces animaux. Voici donc encore , dans cette dĂ©couverte , un nouvel argument en faveur de la prĂ©existence des germes. Haller avoir montrĂ© cette prĂ©existence dans les oiseaux. Je Tai fait voir dans divers amphibies, St Ă prĂ©sent elle est Ă©vidente dans les Torpilles. II est bien Ă prĂ©sumer que ce fait ne sera pas le seul, entre les poissons, qui manifestera cette lumineuse vĂ©ritĂ©. Dans le tems que quelques fĆtus paraissent dans lâutĂ©rus, comme je Tai dit , on en trouve dâautres qui, Ă©tant plus prĂȘts Ă naĂźtre, ont consumĂ© toute la substance de lâĆuf, St on les trouve parmi ceux qui restent quelquefois attachĂ©s par hasard aux parois de TutĂ©rus. X I. Sur le Pipai de Surinam. Ayant eu derniĂšrement un de ces animaux, jâai pu faire fur lui diverses observations nouvelles , dont je ferai usage dans un tMĂ©moire ĂĂŹir T 4 i elle occupe presque tout lâintĂ©rieur des graines, qui font beaucoup plus grandes. Trois ou qUatre jours aprĂšs on apperçoit les lobes enveloppĂ©s dans la liqueur transparente , on ne tarde pas Ă dĂ©couvrir au- dedans une toile mucilagineuse attachĂ©e par un cĂŽte Ă la plantule , 8c de lâautre la cavitĂ© intĂ©rieure de la graine. Ensuite , quand les SUR LA GĂSĂRATIOR. 3Ăźf> graines mĂ»rissent, les deux lobes ont grandi, ĂC ils prennent grossiĂšrement la figure dâune Poire avec son pĂ©dicule , par le moyen duquel ils s'attachent lĂ©gĂšrement Ă la surface concave de la graine. Quand on en a tirĂ© les lobes , ĂC quâon les examine avec foin, on apperçoit que ce pĂ©dicule ess une portion de la plantule ; alors au lieu des deux lobes quâon trouve dans les autres plantes , celle-ci en a quatre qui sâunisi sent bĂ sâattachent avec la plantule ; ensorte quâon peut dire quâils ne forment quâun corps. I X. Cicer arietinum. Le P ois chiche , dans les fleurs de cette plante, le pistil reprĂ©sente en petit une Courge dont le ventre est la base du pistil; ou , comme nous lâappelons Yovaire ; li on lâouvre dans fa longueur on trouve deux petites graines pointues 8Ă massives dâune couleur verte, douze ou quinze jours avant la fĂ©condation. Pendant que la fleur mĂ»rit lâovaire se gonfle , & il se change en une bourse Ă laquelle les petites graines font attachĂ©es. Cinq ou six jours aprĂšs la* fĂ©condation, les petites graines commencent Ă montrer la cavitĂ© dont jâai parlĂ©, fur un cĂŽtĂ© de laquelle on volt peu aprĂšs'les deux trĂšs-petits lobes attachĂ©s, qui offrent Ă leur ouverture la plantule quâils renferment; elle est attachĂ©e par un filet mucilagineux aux graines ensuite toutes ces parties prennent dans lâen- veloppe des graines un dĂ©veloppement ultĂ©rieur. X. Ixia Chinenfis. Quandon ouvre longitudina- lement lâovaire dans un bouton des plus petits , Zzk ExpĂ©rience* sa figure est celle dâun corps long, proĂ©minentĂ© dans le milieu ; on y trouve les petites graines dans leur ordre naturel, fous la forme dâune Poire Sc entiĂšrement massives on observe la mĂȘme chose quand les fleurs font ouvertes 8C mĂȘme tombĂ©es ; la cavitĂ© ne sây forme que neuf ou dix jours aprĂšs. Mais cette plante offre une singularitĂ© remarquable ; dâabord cette cavitĂ© est pleine dâune substance fluide 8c transparente , mais elle sâĂ©paissit Sc fe convertit peu Ă peu en une gelĂ©e blanche semblable au lait caillĂ©. La gelĂ©e mĂȘme sâĂ©paissit toujours davantage ; Sc, avant la maturitĂ© des graines, elle sâest durcie au point de rĂ©sister au couteau avec lequel on voudroit la couper. Cette substance endurcie occupe toute la cavitĂ© de la semence, sans quâon y voie aucun principe des lobes. Cette observation a Ă©tĂ© faite sur des graines qui nâĂ©toient pas encore mĂ»res, St je nâai pas pu la pousser jusques au bout. Mais je soupçonnerais que cette substance, dâabord fluide , ensuite Ă©paissie, Sc enfin durcie , tient lieu des lobes elle forme les lobes eux-mĂȘmes, mais fous une autre figure ; peut-ĂȘtre aussi les lobes se manifestent-iis plus tard dans cette graine que dans les autres mais les faits observĂ©s dans la plante suivante me portent Ă croire le second cas plutĂŽt que le premier. X I . Delphinium consolida , ou le Pied dâAlouette, mâa offert dans ses graines les mĂȘmes change- mens que 1 âlxia Chinenjis. C'est seulement aprĂšs la chute des fleurs quâon observe la cavitĂ© dont s vi*. la GĂ©nĂ©ration. zzr j'ai parlĂ© dans les petites graines elle est dâabord pleine de liqueur fans couleur ; mais cette liqueur blanchit bientĂŽt, Sc devient comme du lait, dont elle acquiert mĂȘme lâĂ©paisseur. Si lâon fait alors bouillir un peu ces petites graines, la liqueur blanche Sc lactĂ©e devient comme une pommade oĂč lâon ne peut rien dĂ©couvrir dâor- ganifĂ©. . Quand les graines Rapprochent davantage de la maturitĂ© , la liqueur blanche sâasser- mit toujours davantage jusques Ă ce quâelle ait acquis une certaine duretĂ© ; câest alors quâon commence Ă y dĂ©couvrir la plantule avec les lobes, qui y font Ăi bien cachĂ©s quâon ne peut facilement les distinguer avec nettetĂ©, non-feulement parce quâils font trĂšs-petits, mais encore parce quâils ont la couleur de la substance endurcie. Ce fait, analogue Ă celui du paragraphe X, mâa fait soupçonner fortement que cette matiĂšre laiteuse, prise 8Ă durcie , renfermoit les lobes , nâen tenoit pas lieu , 8t empĂȘchoit de les distinguer quand les graines nâĂ©toient pas bien mĂ»res. Dans cette eĂpĂšce de plantes les lobes parodient tard ; on ne peut les distinguer Ă lâĆil quâun mois, ou un peu moins, aprĂšs la fĂ©condation i. i Jâai trouvĂ© trĂšs-fondĂ© le soupçon que savoir eu. AprĂšs iâobservation des graines dâIxia, plus mĂ»res que celles du paragraphe X , jâai vu quâen les partageant en deux on distingue la plantule qui a la figure dâun cĂŽne, dont la base repose au fond de la semence, &c le sommet arrive environ au milieu. Toute la plantule reste ensevelie dans cette matiĂšre laiteuse qui est trĂšs-dure. Je nâai pu dĂ©couvrir les lobes malgrĂ© Zz- ExphiĂźSCĂŻĂ X I I. La CucurbĂŹta Pepo ou la Courge. Si lâon laisse les fleurs mĂąles, inutiles Ă notre but par leur stĂ©rilitĂ© , ĂŽt quâon observe les fleurs femelles , en commençant par leurs boutons les plus petits ; malgrĂ© leur petitesse , le fruit, ou la petite courge, est dĂ©jĂ formĂ©e fous le bouton, & lâon y voit trĂšs-fenfiblement les petites graines qui offrent une singularitĂ©. Elles ne font pas formĂ©es dâune substance uniforme ou similaire, comme les autres graines qui ne font pas mĂ»res, mais elles font faites de deux substances ; câest- Ă -dire , dâune Ă©corce 8t dâun noyau en partageant cette graine en deux, on voit ces deux substances dans le plan de la section , & mĂŽme si lâon prend un morceau de graine coupĂ©e par la partie plate entre lâindex Sc le pouce , & si on la comprime vers la partie coupĂ©e, le noyau s'Ă©chappe hors de lâĂ©corce , comme un noyau de cerise pressĂ© de cette maniĂšre. Si lâon ĂŽte ce noyau entier hors de lâĂ©corce, il ressemble Ă une poire avec son pĂ©dicule ; il a toutes les apparences des lobes avec la plantule mais tout cela fe passe-t-il ainsi ? la plantule paroĂźt- elle avant la fĂ©condation ? Jâavoue que cet essai dâobfervations fur les fleurs de la Courge me donna cette idĂ©e. Mais jâeus aussi un doute , câest que dans les lâexactitude de mes recherches, & je pancherois Ă croire que le corps que jâai appelĂ© la plantule Ă©toit en partie de lâespĂšce des lobes. La plantule paroĂźt Ă©galement tard dans la graine de lâIxia & dans celle du Pied dâAlouette , comme je lâai observĂ©. sur la GĂ©nĂ©ration. zzz autres plantes les lobes se sĂ©paroient aisĂ©ment en deux parties, Sc quelquefois en quatre, §. VIII; dans ce eas, le noyau ne se sĂ©paroit pas, mais il se formoit un tout unique. Pour rĂ©soudre cette difficultĂ©, je rĂ©solus de suivre ces observations j'examinai donc des boutons plus grands, le noyau sâĂ©toit alors tellement attachĂ© Ă lecorce, que je ne pus lâen dĂ©tacher quâavec effort ; mais cette Ă©corce me parut plus composĂ©e que je nâavois imaginĂ©. Elle Ă©toit formĂ©e par trois membranes ou pellicules, la premiĂšre ou lâextĂ©rieure est trĂšs-fine Lc trĂšs- dĂ©licate , elle est lâĂ©piderme de la graine. Celle qui fuit est plus Ă©paisse, plus blanche , plus dure, presque ligneuse ; elle est assez difficile Ă sĂ©parer de la troisiĂšme , qui enveloppe le noyau. Cette peau est verte Sc ferme, mais elle ne Test pas autant que la prĂ©cĂ©dente. Les graines des fleurs , qui Ă©toient tombĂ©es depuis vingt-cinq jours, mâoftnrent d'autres nouveautĂ©s le noyau qui avoir tant de rapports avec les lobes avoir disparu, & Ă sa place on voyoit un petit sac membraneux, terminĂ© par un petit bec, adhĂ©rent Ă la partie intĂ©rieure de la graine ; le petit sac Ă©toit un peu gonflĂ©, Sc le gonflement Ă©toit produit par une petite dose de liquide, qui y Ă©toit renfermĂ©e, comme on sâen appercevoit en le perçant. Si lâon prend lĂ©gĂšrement, avec de petites pinces, le petit sac parla partiedubec , Sc en le soulevant, il nâest pas difficile de savoir entier on le trouve composĂ© de deux membranes, qui renferment un corps mucilagineux Sc imbu dâun fluide ; ce 334 ExpĂ©riences corps commence par la pointe interne de la graine , sâĂ©tend jusquâĂ la moitiĂ© , Ă laquelle elle est lĂ©gĂšrement attachĂ©e. En le touchant avec la pointe des pincettes , il fe rompt ĂC sâanĂ©antit, au microscope il paroĂźt fait Ă rĂ©seau ce qui me lc fit croire organisĂ©. Jâobscrvai des graines plus ĂągĂ©es ; câest-Ă - dire , dont les fleurs Ă©toient tombĂ©es depuis plus dâun mois ; le corps mucilagineux, enfermĂ© dans lc petit sac membraneux , paroĂźt assez agrandi, lĂ oĂč la graine sc termine en pointe il paroĂźt une particule solide 8c blanche , faite comme un cĂŽne , qui est le germe ou la plan- tule en miniature , mais il faut beaucoup dâat- tention pour la bien voir les deux lobes restent attachĂ©s Ă la plantule, ils font blancs 8c un peu plus grands quâelle ; le corps mucilagineux , dont jâai parlĂ© , passe entrâeux, 8c il va sâenraciner avec la plantule. On prĂ©voir les changemens ultĂ©rieurs, Ă©prouvĂ©s par les petites graines, le corps mucilagineux sâĂ©tend, la plantule grossit, les deux lobes croissent en masse, au point de remplir enfin presque toute la capacitĂ© des graines. II rĂ©sulte de-lĂ que je me serois bien trompĂ© si jâavois pris ce noyau, qui sâobscrve dans la graine avant lâĂ©panouissement des fleurs, pour les deux lobes 8c la plantule, puisque ceux-ci ne paroissent quâun mois aprĂšs le dessĂšchement des fleurs. XIII. Cucumis sativus , le Concombre ordinaire ; le? observations que jâai faites fur ce fruit font si analogues Ă celles que jâai faites fur les svr la GĂ©nĂ©ration. z;z graines de la Courge , soit pour lâapparition du noyau avant la fĂ©condation, soit fur le petit sac membraneux, ou le corps gĂ©latineux, ou les deux lobes Sc la plantule, quâil me paroĂźt inutile de les particulariser, rajouterai seulement que dans le Concombre il mâa semblĂ© que la plantule 8c les lobes tardent plus Ă paroĂźtre que dans la Courge. AprĂšs ces observations , je ne crus point inutile dâen faire dâautres fur dâautres plantes, telles que Hybiscus Syriacus , Alcea Rofea , Acanthus mollis , Convolvulus purpureus , Ocy- mum bajĂźlicum , Cucurbita citrullus , Cannabis sativa , Mercurialis annua. Toutes ces observations sâaccordĂšrent Ă faire voir les graines avant la maturitĂ© 8c faction des poussiĂšres , tandis que la plantule St les lobes parurent aprĂšs ; ce rĂ©sultat gĂ©nĂ©ral de mes observations sâac- corde fort bien avec celles de Du Hamel dans fa Physique des Arbres. Quand il parle de la formation des graines dans les arbres Ă noyaux , comme les Amandes, les PĂȘches, les Prunes, les Cerises 8t dâautres , il dĂ©montre par des faits quâen ouvrant un noyau , arrivĂ© Ă fa perfection , mais dont le fruit est verd , quoiquâil se soit passĂ© bien du rems depuis la fĂ©condation , le noyau est plein dâune humeur visqueuse , quâon commence ensuite Ă voir intĂ©rieurement vers la pointe du noyau un corpuscule blanc, qui semble enchĂąssĂ© dans une petite vessie transparente ce corpuscule est le commencement des lobes 8c de la plantule, qui, par un accroissement successif, parviennent Ă z;6 ExpĂ©riences remplir la capacitĂ© intĂ©rieure du noyau. Ce nombreux accord de faits permet de soupçonner que ceci est une loi de la nature, si ce nâest pas pour tous les vĂ©gĂ©taux , elle est telle au moins pour un grand nombre. X I V. Quelle fera celle des trois thĂ©ories exposĂ©es fur la gĂ©nĂ©ration des plantes , §. I , qui quadrera le mieux avec mes nombreuses observations ? car le but final que je me fuis proposĂ© , câcst la solution de ce fameux problĂšme. Si lâon vouloir sâen tenir aux apparences, ii semble quâon dcvroit prĂ©fĂ©rer celui qui sait palier dans les ovaires les embryons des plantes, pendant la fĂ©condation , avec les poussiĂšres ; au moins je nâai jamais vu dâembryons avant rĂ©mission des poussiĂšres, ĂC ils ont toujours paru quand on a vu les poussiĂšres fur les anthĂšres ; lâapparition des embryons dans les ovaires a donc une dĂ©pendance directe de cette poussiĂšre on peut donc infĂ©rer que les embryons prĂ©existent dans la poussiĂšre , & que quand elle arrose les stigmates des pistils, elle sâinsinue par leurs conduits dans les ovaires. Câest la consĂ©quence quâa tirĂ©e un savant Physicien , appuyĂ© sur les observations dâun Naturaliste i , qui prĂ©tend avoir vu lâem- bryon dans les ovaires aussi tĂŽt que la sommitĂ© des Ă©tamines avoit dĂ©chargĂ© leurs poussiĂšres fĂ©condantes. i Needham, nouvelles dĂ©couvertes faites avec le microscope. sur la GĂ©nĂ©ration. 337 FĂ©condantes. En pesant la valeur de cet argument , on volt bientĂŽt quâil nâest pas dĂ©monE tratif. PremiĂšrement, il est faux que lâembryon se voie dans les ovaires dâabord aprĂšs que la poussiĂšre est tombĂ©e des Ă©tamines ; au contraire , on ne lâobserve quelquefois que quelques semaines aprĂšs , Sc mĂȘme au bout dâun mois, comme mes observations lâont prouvĂ© Sc le prouveront. Secondement, ce raisonnement est peu logique , comme lâobĂĂšrve M. Bonnet 1 , puisquâon ne peut conclure que lâembryon nâexiste pas dans les ovaires avariĂ© la fĂ©condation , parce quâon ne lâapperçoit pasj, fans conclure de /âinvisibilitĂ© Ă la non-existence, dâautant plus quâjl y a mille exemples quâon pourroit en allĂ©guer ; nous le voyons ainsi dans ĂâĆuf non- fĂ©condĂ© , oĂč les meilleurs microscopes ne peuvent dĂ©couvrir le Poulet , quoiquâil y soit bien rĂ©ellement. II faut donc avouer que , malgrĂ© lâinexactitude de larguaient, il ne rĂ©pugne pas que lâembryon de la plante prĂ©existe dans la poussiĂšre , Lc passe avec elle dans lovasse mais pour terminer ces doutes , je peu-* Ăai convenable dâentreprendre dâautres recherches. X V . Si les embryons des plantes font dans les poussiĂšres, pourquoi ne pourroit-on pas, me disois-je Ă moi mĂȘme , les dĂ©couvrir avec les meilleurs microscopes ? cela ne me paroissoit pas improbable, ĂC il me paroissoit avantageux 1 Corps organ. Y z;8 ExpĂ©riences de tourner mes vues de ce cĂŽtĂ©-lĂ . Jâexaminai donc les poussiĂšres mĂ»res de plusieurs fleurs , & sur tout de celles qui mâavoient servi dans mes observations ; je les trouvai fort analogues Ă celles qui avoient Ă©tĂ© examinĂ©es par quelques Botanistes, ĂŽt sur-tout par Du Hamel elles me parurent un aggrĂ©gat de corpuscules, dont la forme varioit suivant les plantes, les unes Ă©toient arrondies, les autres Ă©toient comme des spirales, ou des pyramides, ou des cĂŽnes, les autres avoient des figures irrĂ©guliĂšres. Celles-ci font polies, celles-lĂ Ă©pineuses, 8c les autres pleines de petites tumeurs ; tandis que les unes font transparentes, il y en a qui font opaques, ou jaunes, ou blanches, ou azurĂ©es, ou couleur de chair, la grandeur de ces poussiĂšres paroĂźt ĂȘtre comme la grandeur des plantes mĂąis ces petits corps nâintĂ©ressent pas immĂ©diatement la gĂ©nĂ©ration des plantes. Ils font des Ă©tuis ou de petites vĂ©sicules, pleines dune liqueur subtile , quâelles laissent Ă©chapper avec force lorsquâon les humecte ; Sc dans cette liqueur on voit nager une multitude de petits globules, qui, dans le moment de lâex- plosion , sâagitent rapidement en divers sens. Cette liqueur, dans la thĂ©orie dont jâai parlĂ©, doit contenir les rudimens ou les embryons des plantes nouvelles ; elle devoir donc fixer mon attention pour y chercher ce quâil pour- roit y avoir dâanalogue aux embryons. Quand on apperçoit dâabord ces embryons dans les graines, ils ressemblent Ă un corpuscule pointu , auquel sont attachĂ©s ordinairement deux corps sur la GĂ©nĂ©ration. 559 pins grands , reĂĂŹ'emblans aux ailes fermĂ©es dâun Papillon, ce font les lobes. Je cherchai donc soigneusement ces corpuscules, ou quelque chose qui leur fĂ»t semblable , dans cette liqueur , avec une lentille foible, ensuite avec de plus fortes , enfin avec les plus fortes ; mais e ne dĂ©couvris jamais que cette liqueur, qui ressemble Ă lâhuile ou Ă un corps gras fondu, avec les petits globules qui y nageoient la liqueur Ă©tant inorganique ne pouvoit ĂȘtre les embryons , 8Ă je ne pus rien remarquer dans les globules qui ressemblĂąt aux lobes ou aux embryons ; car les globules font de petits corps sphĂ©riques ou Ă -peu-prĂšs, comme toutes les lentilles les font voir ; je les ai vu de mĂȘme avec le microscope solaire , qui grossit si fort les objets aprĂšs lâexposition de ces faits, il rĂ©sulte que les embryons ne font pas cachĂ©s dans les poussiĂšres des fleurs. On pourra peut-ĂȘtre m'objecter quâil ne rĂ©pugne pas que les globules soient de vrais embryons, qui conservent une forme arrondie tant quâils font dans les poussiĂšres, mais quand ils font arrivĂ©s dans les ovaires, ils y trouvent un suc abondant pour les nourrir , qui dĂ©ploie leurs parties concentrĂ©es dans le globule, Sc qui leur donne alors la forme des lobes 8t de la plantule comme les TĂȘtards des Grenouilles 8c des Crapauds, qui ont une figure globuleuse dans le sein de leurs mĂšres, 8Ă qui ne prennent celle de TĂȘtards que quand ils ont Ă©tĂ© nourris par la liqueur de lâamnios lâobjection se rĂ©duit Ă ceci 3 est-il possible que Y z 34 » ExpĂ©riences les globules, nageant dans la liqueur des poussiĂšres , soient les embryons ? je ne cherche pas si la chose est postĂźble , mais si elle est probable ; si lâon peut croire que les embryons prĂ©existant dans les embryons des Ă©tamines ? & mes observations dĂ©truisent toutes ces probabilitĂ©s- Cependant , pour lever tous les doutes , jâintcrrogcai encore la Nature , Lc je lui fis une nouvelle question, qui me parut la derniĂšre Ă lui faire pour rĂ©soudre ce problĂšme. Je cherchai si les embryons parodient dans les ovaires, 2>C sâils pouvoient mĂ»rir quelquefois en empĂȘchant artificiellement faction des poussiĂšres fur les pistils ; car sâils mĂ»rissoient, alors il Ă©toit Ă©vident que les embryons nâappartenoient plus aux poussiĂšres, mais aux ovaires. Je pouvois remplir ce but par trois moyens ; ou en coupant les anthĂšres avant que leur poussiĂšre fĂ»t tombĂ©e fur les pistils, ce qui pouvoit avoir lieu avec les plantes hermaphrodites, oĂč lâon trouve ensemble les pistils 8t les Ă©tamines ; ou en ĂŽtant les sieurs mĂąles ou Ă©tamines des plantes qui portent les fleurs mĂąles 8t femelles fur le mĂȘme individu, dans le moment oĂč elles Ă©closent ; ou, enfin, en Ă©cartant les fleurs mĂąles des fleurs femelles , de maniĂšre quâon ne pĂ»t soupçonner que la poussiĂšre des premiĂšres RapprochĂąt des pistils des secondes, ce qui pouvoit fe faire avec les plantes qui ont les deux sexes dans deux individus. Ces trois genres dâexpĂ©- riences Sc dâobservations fourniront la matiĂšre des deux Chapitres suivans. $VR LA GĂnIR/ĂTION. 34V CHAPITRE III. GĂ©nĂ©ration de quelques plantes dont les unes Ă©toient hermaphrodites, 8c les autres Ă fleurs mĂąles 8c Ă fleurs femelles dans le mĂȘme individu , 8c fur lesquelles la poussiĂšre des Ă©tamines nâa point agi ; elles font appelĂ©es par Linneus Ocymum Bafilicum , Hybiscus Syriacus , Cucurbitus melo , Pepo frucĂźu elypei formi , Cucurbita citrullus. XVI. Jâa 1 commencĂ© par une plante qui porte des fleurs hermaphrodites; 8c ce fut la petite espĂšce du BaĂĂŹlic quâon a coutume d'Ă©lever dans des vases , 8c quâon appelle Ocymum ba/ĂŹlicum. Cette plante Ă©toit en partie fleurie 8c en partie fur le point de fleurir quand jâeus lâenvie de faire certe expĂ©rience mais, pour mieux juger de mes expĂ©riences , je voulus Ă©tablir une comparaison entre ce qui arrivoit aux fleurs fur lesquelles jâavois secouĂ© les poussiĂšres, 8c celles qui nâavoient pas Ă©prouvĂ© leur action. Quant aux premiĂšres , voici les rĂ©sultats que jâobtins. Chaque fleur de BaĂĂŹlic est composĂ©e de quatre Ă©tamines, au milieu dclquelles sâĂ©lĂšve le pistil. Les Ă©tamines 8c le pistil font trĂšs-viĂiblcs douze , V z 34 ÂŁ E X p Ă R I E K C E s jours 8t mĂȘme davantage avant que les fleur J sâouvrent, pourvu qu'on en ĂŽte adroitement les pĂ©tales ; dans ce mĂȘme te ms les graines font cachĂ©es dans lâovaire au nombre de quatre elles ont la forme dâun Ćuf. Elles font alors massives, St elles continuent Ă Terre quelques jours aprĂšs la chine de la fleur ; mais, en augmentant de volume , elles font voir cette cavitĂ© que jâai fait connoĂźtrc dans les graines des autres plantes ; alors, au bout de quelques jours, on observe dans la cavitĂ© un point de matiĂšre qui semble informe , mais qui ne tarde pas Ă faire voir deux lobes avec la plantule. Pendant que les lobes St la plantule sâaccroilfent, la cavitĂ© sâĂ©tend , St ces corps occupent bientĂŽt toute la capacitĂ© de la graine. VoilĂ le procĂ©dĂ© de la Nature dans les fleurs d u Basilic , fur lesquelles on a agitĂ© la poussiĂšre des Ă©tamines ; St câest ce que jâai observĂ© dans les autres plantes. XVII. Voyons Ă prĂ©sent ce qui arrive aux embryons qui ne reçoivent pas les poussiĂšres des Ă©tamines. Chaque fois que les fleurs Ă©toient fur le point de sâĂ©panouir, je coupai les quatre anthĂšres qui Ă©toient alors trĂšs-pleines dâune poussiĂšre mĂ»re ; mais je ne fus pas content de cette opĂ©ration , parce que la vapeur qui sâĂ©chappe des poussiĂšres est trĂšs-subtile , §. XV, St doit ĂȘtre , suivant les Botanistes, ce qui concourt immĂ©diatement Ă la gĂ©nĂ©ration. Mais, quoi quâil en soit, non-seulement jâĂ©cartai les poussiĂšres aprĂšs avoir coupĂ© les anthĂšres de ces fleurs qui Ă©toient le sujet des expĂ©riences, mais je les rie LA GĂ©NĂšRATlOV. 34* tins encore Ă©loignĂ©es des autres fleurs existantes fur la mĂȘme plante , 8Ă je mâen assurai complettement en ĂŽtant toutes les fleurs de ma plante , Ă©levĂ©e dans un vase , Ă mesure quâelles alloient sâĂ©panouir. Le vase Ă©toit placĂ© sur une fenĂȘtre , dans le voisinage de laquelle on nele- voit aucune plante semblable. Quel fut lâesset de ces soins? Je ne le dirai pas fans Ă©tonnement ; les petites graines, quelque tems aprĂšs la chute des fleurs , montrĂšrent une cavitĂ© oĂč jâapperçus les deux lobes & la plantulc , SĂ ces petits corps qui sâaccrurent remplirent la cavitĂ© intĂ©rieure de ces graines ; en un mot, elles subirent les mĂȘmes changemens que les graines qui avoient Ă©prouvĂ© lâinfluence des poussiĂšres, & lâon nâauroit pas cru quâelles en eussent Ă©tĂ© privĂ©es. XVIII. Je nâai pu me tranquilliser sur ce rĂ©sultat ; je craignois de nâavoir pas apportĂ© Ă cette expĂ©rience dĂ©licate toutes les prĂ©cautions nĂ©cessaires. Les Physiciens croient communĂ©ment que les poussiĂšres des Ă©tamines agissent quand les fleurs font fraĂźchement Ă©panouies, ou quand elles sâĂ©panouissent. Mais en ouvrant les fleurs du Basilic deux ou trois jours avant quâelles Rouvrissent naturellement, je trouvai deux ou trois fois que la poussiĂšre Ă©toit en partie mĂ»re; 8t il pourroit arriver que quelques petits grains fussent passĂ©s des anthĂšres dans le pistil, puisque ces deux organes se touchent. Je soupçonnai donc dâavoir coupĂ© les anthĂšres trop tard; câest- Ă -dire , aprĂšs faction des poussiĂšres. Je rĂ©solus Y 4 Z44 ExpĂ©riences donc de les couper fur dâautres fleurs qui dĂ©voient sâouvrir plus tard, St qui ne laisseroient pas ainsi lieu au soupçon. Ici les rĂ©sultats furent diffĂ©rens, je fis l'opĂ©ration fur quatre-vingt - deux petits boutons Ă fleurs. Les petites graines dâun tiers environ des fleurs tombĂšrent avant de mĂ»rir les ovaires des autres fleurs renfer- moient les autres plus ou moins, mais avec des circonstances diffĂ©rentes. Quelques-uns ren- fermoient des graines trĂšs-petites , quoique , dans le rems de la maturitĂ© , dâautres en con- tenoient dc plus grandes, mais froncĂ©es, passĂ©es St gĂątĂ©es ; dâautres en logeoient qui Ă©toient aussi bien formĂ©es 8t aussi grosses que celles qui avoient reçu Finfluence des poussiĂšres, au moins quant Ă lâextĂ©rieur il y en eut vingt-cinq de ce nombre ; St en les observant intĂ©rieurement , jây trouvois encore la plantule avec les lobes qui ne dilfĂ©roient point de la plantule St des lobes fournis par les graines des fleurs fĂ©condĂ©es. Entre ces vingt-cinq graines qui nâa- voient pas Ă©tĂ© sĂ»rement touchĂ©es par les poussiĂšres , jâen analysai douze de la maniĂšre que je viens de raconter, St jâen semai treize en terre pour voir Ăi elles naĂźtroient, mais elles ne naquirent point ; tandis que treize graines de la mĂȘme plante de Basilic, exposĂ©es Ă faction des poussiĂšres St semĂ©es dans la mĂȘme terre , naquirent toutes fans exception. La consĂ©quence importante St immĂ©diate qui rĂ©sulte de ces faits, câest que les embryons du Basilic dĂ©pendent des poussiĂšres pour ctre fĂ©condĂ©s St dĂ©veloppĂ©s jusques Ă un certain point; mais quâils nâen dĂ©pendent point pour leur existence. SOR LA GĂr'&R'ĂTIOR. X I X. Pendant que je faisois ces observations 8C ces expĂ©riences fur le Basilic, jâen suivois de pareilles fur IâHibifcus Syriacus je coupai les anthĂšres de plusieurs fleurs dĂšs quâelles furent ouvertes ; je dois dire que je ne fuis pas parfaitement sĂ»r que quelque grain de poussiĂšre ne soit pas passĂ© dans les pistils en ĂŽtant les anthĂšres ; jâai trouvĂ© plus dâune fois les poussiĂšres mĂ»ries quelques graines tombĂšrent dâa- bord aprĂšs lâopĂ©ration , mais plusieurs subsistĂšrent , sâaccrurent beaucoup , 8t feroient mĂ»ries si elles nâen avoient pas Ă©tĂ© empĂȘchĂ©es par le froid de f automne , comme dâautres graines de la mĂȘme espĂšce de plante qui dĂ©voient avoir Ă©tĂ© fĂ©condĂ©es. Je voulus analifer intĂ©rieurement quelques-unes de ces graines, qui sâĂ©toient accrues considĂ©rablement, mais qui nâĂ©toient pas parvenues Ă leur maturitĂ© , 8t je vis que quelques-unes Ă©toient noircies 8t gĂątĂ©es, les autres Ă©toient blanches, saines en apparence ; mais ce qui intĂ©resse le plus, elles renfermoient la plantule dans les lobes, qui Ă©toient concentrĂ©s en cux-mĂȘmes St recoquillĂ©s comme une t qui est la petite Courge elle-mĂȘme, comme je lâai insinuĂ© , §. XII. Tous les jours je viiitois ces deux plantes, pour en examiner avec attention les fleurs, afin de faire pĂ©rir les mĂąles dĂšs leur naissance, parce que je voulois ĂȘtre sĂ»r que la poussiĂšre des Ă©tamines nâavoit pas influĂ© fur les fleurs femelles ; Sc comme il est reconnu que les fruits font dâautant plus beaux quâil y en a moins fur une plante , je ne laissai que deux fleurs femelles fur chaque individu , Sc jâĂŽtai tous les autres boutons femelles Ă mesure que jâenle- vois les mĂąles les quatre Courges crĂ»rent vigoureusement ; elles avoient acquis , vers le milieu du mois de Septembre, presque toute leur grosseur avec presque toute leur maturitĂ© jâen dĂ©tachai alors une de fa tige , pour en examiner lâintĂ©rieur ; fa chair , qui Ă©toit encore tendre , parce quâelle nâĂ©toit pas bien mĂ»re, avoit la couleur , la structure Sc le goĂ»t de cette espĂšce de Courge lorfquâon nâen a pas enlevĂ© les fleurs mĂąles. Les graines, Ă lâextĂ©- ricur comme Ă lâintĂ©rieur, me parurent bien §4*» ExpĂ©rience formĂ©es 8c trĂšs - nombreuses ; seulement leĂȘ deux lobes, auxquels adhĂ©rois la plantule , ne remplissoient pas toute la capacitĂ© de la graine, parce quâils nâavoient pas pris encore leur accroissement. A la fin de Septembre , les autres trois Courges ctant bien mĂ»res, je les coupai 6t je gardai leur graine dans trois petits sacs sĂ©parĂ©s, pour pouvoir les Ă©tudier; jâobservai dâabord que les deux lobes remplissoient les graines, ĂC quâils avoient tous les signes de la maturitĂ©. XXI. Jusquâici les rĂ©sultats ont Ă©tĂ© assez semblables Ă ceux qui mâont Ă©tĂ© fournis par les graines du Basilic , qui, quoiquâelles nâeussent pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©es par les poussiĂšres, §. XVIII, avoient une apparence dâĂȘtre parfaites ; il est vrai quâelles ne se dĂ©veloppĂšrent pas en terre quand elles y furent semĂ©es , 6c jâimaginai quâil en arriveroit autant aux graines des trois Courges dont jâai parlĂ© ; mais il falloit faire lâexpĂ©rience. AprĂšs donc quâelles furent sĂ©chĂ©es au soleil, jâen semai cent cinquante dans trois vases ; câest-Ă -dire , cinquante dans chacun , tirĂ©es de chaque Courge ; la saison Ă©tant avancĂ©e, pluvieuse 6cfroide, câĂ©toit le 10 Octobre, je fus obligĂ© de mettre les trois vases dans un lieu dont lâair Ă©toit assez Ă©chauffĂ© le succĂšs ne rĂ©pondit pas Ă mes espĂ©rances, je croyois quâaucune des graines ne naĂźtroit, ĂC elles levĂšrent presque toutes ; quinze jours aprĂšs quâelles eurent Ă©tĂ© semĂ©es, trente-sept Ă©toient germĂ©es ; le 8 Novembre , cent trente-trois Ă©toient sorties hors de la terre du vase ; je nç sur la GĂ©nĂ©ration. 349 Voulus pas laisser fans examen les dix-sept graines restantes, 8c je les trouvai ou vuides- ou viciĂ©es. Je conservai le reste des graines pour le prin- tems suivant de TannĂ©e 1778, afin dâen faire une autre expĂ©rience ; car , pour dire que la fructification est parfaite , il ne faut pas seulement que les graines naissent, mais encore elles puissent en produire dâautres qui soient fĂ©condes SC qui perpĂ©tuent lâespĂšce. Je fis donc semer dans le mĂšme lieu des graines des trois Courges, vers les premiers jours dti mois de Mai de cette annĂ©e-lĂ ; St quand elles furent un peu avancĂ©es , j'eus foin , comme TannĂ©e passĂ©e , de les dĂ©pouiller de toutes les fleurs mĂąles, ĂŽt de laisser Ă chaque individu une fleur femelle ; chacune de ces fleurs produisit fa Courge , qui mĂ»rit Ă feutrĂ©e de Tautomne, leurs graines , mises en terre , germĂšrent fort bien , St auroient pu donner naissance Ă dâautres. II est donc clair que les Courges Ă Ă©cu ne ressemblent point au Basilic , dont, quant Ă fa gĂ©nĂ©ration , les graines ont besoin dâĂȘtre fĂ©condĂ©es par les poussiĂšres pour pouvoir se dĂ©velopper mais il nâen est pas de mĂȘme des graines des Courges Ă Ă©cu , elles nâont pas besoin de ce moyen pour se propager ces faits font le plus solidement Ă©tablis, car les fleurs mĂąles, qui auroient pu fournir des poussiĂšres , Ă©toient soigneusement dĂ©truites long-tems avant que les poussiĂšres fussent mĂ»res & Ton ne sauroit prĂ©sumer que ces poussiĂšres aient Ă©tĂ© 350 E X P Ă R I E N C E S apportĂ©es par lâair ; car jâavois choisi pour ces expĂ©riences le pays de Scandiano, oĂč il nây avoir dans ses environs aucune Courge Ă Ă©cu , ni aucune plante analogue ; dâoĂč il rĂ©sulte que les embryons de cette plante St fa fructification ne dĂ©pendent point des poussiĂšres des Ă©tamines. XXII. Je fis les mĂȘmes expĂ©riences fur un Melon dâeau , que je plantai Ă la fin du printems de 1779 , dans le mĂȘme jâavois plantĂ© mes Courges Ă Ă©cu ; jâen dĂ©truisis les fleurs mĂąles ausiĂź-tĂŽt que leur bouton commençoit dc paraĂźtre, St jây laissai seulement quelques fleurs femelles. Quoique cette plante fut isolĂ©e, 6c quoiquâil nây eĂ»t pas lieu de craindre quâelle fut fĂ©condĂ©e par quelque poussiĂšre Ă©trangĂšre ; je voulus cependant joindre une nouvelle prĂ©caution , qui nc paraĂźtra pas superflue Ăč ceux qui connaissent ['importance du sujet 6c la dĂ©licatesse de ses observations. CâĂ©toit de renfermer dans de grands vaisseaux de verre les rameaux de Melons Ă fleurs femelles quand elles Ă©taient fur le point de sâouvrir, St dâcn fermer lâouverture avec un ciment Ă©pais, de maniĂšre Ă en exclure tout lâair extĂ©rieur , qui aurait pu ĂȘtre le vĂ©hicule des poussiĂšres fĂ©condantes. Ce moyen prĂ©venait encore un autre doute , formĂ© par quelques Botanistes, qui croient que la fĂ©condation sâopĂšre quelquefois dans quelques plantes par le moyen des insectes, qui, comme les Abeilles, sâinsinuent dans les fleurs pour y chercher leur miel ou la cire , 6t couvrent leur corps avec la poussiĂšre des sur la GĂ©nĂ©ration. 351 Ă©tamines ; alors en portant cette poussiĂšre dans dâautres fleurs analogues femelles, elles les fĂ©condent je nâai point de peine Ă le croire, aprĂšs les fĂ©condations artificielles que jâai opĂ©rĂ©es fur les plantes, Sc dont je parlerai jâen- fermai donc dans deux vaisseaux de verre deux fleurs femelles, fort Ă©loignĂ©es de sâouvrir ; la transpiration produite par ces deux rameaux occasionna une rosĂ©e si abondante fur les parois des vaisseaux, quâelle forma des ruisseaux en fe rĂ©solvant, qui inondĂšrent les deux fleurs ĂŽt les firent pĂ©rir dans trois jours ce malheureux Ă©vĂ©nement me fit faire des efforts pour le prĂ©venir ; jâarrangeai mes fleurs dans les vaisseaux de maniĂšre quâelles ne touchoient pas leur fond, mais elles Ă©toient suspendues en lâair, de forte que les fleurs furent seulement lĂ©gĂšrement humectĂ©es , Sc fe conservĂšrent saines* Jây conservai ces fleurs pendant onze jours; câest-Ă -dire , depuis le tems oĂč elles dĂ©voient bientĂŽt sâouvrir jufquâĂ celui oĂč elles furent sĂ©chĂ©es ; 8c il ne faut pas oublier que, durant cet intervalle , les petits Melons avoient commencĂ© de grossir nâayant plus rien Ă craindre dâaucune poussiĂšre furtive, au douziĂšme jour jâĂŽtai les vaisseaux de verre, 8Ă je laissai les deux petits Melons exposĂ©s Ă lâair libre, oĂč ils restĂšrent jusquâau moment de leur maturitĂ© ; câest-Ă -dire, jusquâau 8 de Septembre. Ces fruits me parurent trĂšs-bien constituĂ©s, leurs graines Ă©toient composĂ©es de leurs deux lobes & de la plantule, qui occupoient tout lâin- tĂ©rieur ; la fĂ©conditĂ© des graines de la Courge 35* ExpĂ©riences Ă Ă©cu mâen fit espĂ©rer une pareille pour leĂ graines de mes Melons. Je semai donc cinquante graines de chacun de mes Melons ; & il y en eĂ»t quatre-vingt-neuf qui donnĂšrent le jour Ă des plantes, onze furent stĂ©riles ; mais la cause de leur stĂ©rilitĂ© fut la mĂȘme que celle des dix-sept graines de Courge qui pĂ©rirent, §. XXI, par quelque vice organique de la plan- tule ou des lobes. Ce qui ne doit pas Ă©tonner , puisquâil arrive Ă -peu prĂšs la mĂȘme chose aux graines naturelles des Courges Ă Ă©cu St des melons dâeau. Je semai en 1780 la graine que Ăźâavois obtenue de mes Melons, dont les fleurs nâavoient pu ĂȘtre fĂ©condĂ©es, St les fruits quâel- les produisirent furent aussi sains St aussi bons que ceux que jâavois eu des Courges Ă Ă©cu en 1778 par les mĂȘmes moyens , §. XXI. Je puis donc conclure que la fructification de cette plante est absolument indĂ©pendante de la poussiĂšre des Ă©tamines. V e j» T V» - JCHAPITRE SĂR LA GĂR ĂRATION. ZZZ CHAPITRE IV. GĂ©nĂ©ration de quelques plantes Ă individus mĂąles Sc Ă individus femelles, fur lesquelles nâa point agi la poussiĂšre fĂ©condante Can- nabis saliva , Spinacia olcracca , Mercurialis annua . XXIII. ÂŁ anrabis Saliva , vulgairement le Chanvre . Dans TĂ©tĂ© de 1767 deux phĂ©nomĂšnes fixĂšrent Ăur-tout mon attention Ă Scandiano. Le premier fut un pied de Chanvre femelle , nĂ© par hasard dans mon jardin ; fa tige Ă©toit grossie 8c Ă©levĂ©e , il Ă©toit couvert de feuilles comme lin arbrisseau vigoureux , Sc il portoit beaucoup de graines, qui paroissioient Ă l'ceil excellentes, Sc que lâexpĂ©rience me fit juger fĂ©condes, car je les semai en terre cependant, cette plante Ă©toit la seule de son espĂšce dans le jardin , qui est trĂšs-vaste , 8c il nây avoir point dâindividus mĂąles de cette espĂšce quâĂ quelque distance. TĂ©tois alors prĂ©venu en faveur du svstĂȘme gĂ©nĂ©ralement reçu des deux sexes dans les plantes ; ce cas mâinlpira des soupçons , Sc je ne pus mâempĂȘcher dâen parler Ă mes amis, 8i sur-tout au cĂ©lĂšbre Physicien le PĂšre Charles-Joseph Campi. Cependant il me sembla dans ce moment que le phĂ©nomĂšne sâexpliquoit fur la Z 354 ExpĂ©riences poussiĂšre qui pouvoir ĂȘtre apportĂ©e des Che- neviers, quâon trouve Ăi abondamment dans le Marquisat de Scandiano ; dâautant plus que je savois que ces poussiĂšres Ă©toient en grande quantitĂ© , Ă quâen secouant un individu mĂąle quand ses fleurs font bien Ă©closes, on voit sâen Ă©lever comme un petit nuage ou une espĂšce de fumĂ©e. Le Stumulus lupulus mĂąle de Linneus fournit encore une quantitĂ© plus grande de poussiĂšre, 8c il ossroit aux dĂ©fenseurs du sexualisme des plantes un moyen dâexpliquer la fructification du Stumulus lupulus femelle , quand on le dĂ©- couvriioit dans des lieux oĂč il nây auroit point de mĂąles. .XXIV. Le second phĂ©nomĂšne qui me frappa fut le suivant Les paysans du Reggionois 8c du ModĂ©nois arrachent de leurs Cheneviers tous les individus mĂąles aprĂšs le x ou le z dâAoĂ»t, Sc ils y laissent seulement les femelles jusques Ă la fin de Septembre. Si la saison est favorable Ă la vĂ©gĂ©tation aprĂšs la destruction des mĂąles, les individus femelles continuent Ă croĂźtre , 8c ils poussent plusieurs rameaux quâon ne voyoit pas auparavant ces rameaux produisent des petits boutons Ă fleurs, qui sâouvrent Sc qui forment ensuite des graines. Jâobservai cela sur plusieurs individus femelles en 1767 le 8 Septembre , câest-Ă -dire, trente-sept jours aprĂšs la destruction des mĂąles , comme cela me fut certifiĂ© par une personne digne de foi. Je fixai mes regards fur quelques rameaux les plus tendres , qui commençoient Ă peine Ă faire sur la GĂ©nĂ©ration. 355 soupçonner les premiers rudimens des fleurs fermĂ©es, & je les marquai avec un fil, afin de voir fi les graines mĂ»riroient j. elles-mĂ»rirent essectivement, ĂC germĂšrent en terre quand je les semai au mois dâOctobre. Ce second phĂ©nomĂšne me fit chercher comment les poussiĂšres auroient pu fĂ©conder les fleurs femelles nĂ©es fur les rameaux fi long-tems aprĂšs la destruction des fleurs mĂąles. Cependant, en y pensant, il me sembla que les dĂ©fenseurs du sexualisme pouvoient encore trouver quelque appui j savoir, que , malgrĂ© la destruction des fleurs mĂąles, les poussiĂšres qui en Ă©toient sorties pouvoient pendant long-tems nager dans lâair oĂč se trou- voient les individus femelles. XXV. Huit ans aprĂšs , câest-Ă -dire en 1775 , il parut dans le Journal de Physique un MĂ©moire sur la fĂ©condation des Plantes , qui Ă©toit analogue Ă tout ce que jâai dit fur le Chanvre. Voici lâextrait de ce MĂ©moire rĂ©lativement Ă mon objet. LâAuteur Ă©leva Ă Paris dans un vase un pied de Chanvre femelle, qui donna beaucoup de graines dâune grosseur ordinaire , ayant leurs deux lobes bien nourris avec la plantule. Ces graines semĂ©es en terre germĂšrent & crurent , elles vinrent toutes Ă bien. La plante ne fut jamais couverte ni de voiles , ni autrement, 8t fut tenue fur une fenĂȘtre Ă©loignĂ©e des autres plantes de son espĂšce. On ne veut pas supposer que cette expĂ©rience exclue tout soupçon de poussiĂšre fĂ©condante , mais seulement que câĂ©toit trĂšs- Z r 3 S nâont pas Ă©tĂ© fĂ©condĂ©s par la liqueur sĂ©minale, qnoiquâils prĂ©existent dans les ovaires des femelles. II est tout aussi Ă©vident de dire que , puisque les embryons n'appartiennent point Ă la poussiĂšre des Ă©tamines , il faut reconnoĂźtre quâils appartiennent aux ovaires qui font leurs siĂšges naturels. Quelques Naturalistes de rĂ©putation ont cru que Fembryon des plantes Ă©toit le rĂ©sultat de deux principes, Fun dĂ©pendant de la poussiĂšre des Ă©tamines , lâautre de celle des pistils mais mes observations, qui dĂ©montrent que Fexistence des embryons nâest pas dĂ©pendante des poussiĂšres, dĂ©montrent aussi la faussetĂ© de cette opinion. XXXVIII. Mais Fembryon, que nous avons dĂ©montrĂ© appartenir entiĂšrement aux ovaires , peut leur appartenir de deux maniĂšres ; ou en fe forr sv r la GĂ©nĂ©ration. 375 mant au-dedans dâeux par la matiĂšre que fournit la plante mĂšre, ou en y prĂ©existant. Quelle est la vraie maniĂšre entre ces deux-lĂ ? Un EpigĂ©nĂ©siste , M. le Comte de Buffon , par exemple, accoutumĂ© de voir la nature fous un angle proportionnĂ© Ă fes idĂ©es favorites, faiĂĂŹroit vraisemblablement avec empressement la premiĂšre maniĂšre , aprĂšs avoir observĂ© les phĂ©nomĂšnes que jâai dĂ©crits , lâembryon qui ne paroissoit pas dâabord dans les cavitĂ©s des graines , qui y paroĂźt ensuite sous la forme dâun point de matiĂšre gĂ©latineuse 8C informe, nageant dans une liqueur fans laisser voir long-tems la plus petite liaison avec les graines, qui croĂźt peu-Ă -peu dans cette liqueur , qui dâinforme quâil Ă©toit devient corps organisĂ© ce seroient-lĂ des argumens suffisamment sĂ©dui- sans pour faire croire Ă ce fameux Naturaliste que lâembryon se forme dans la graine, 8Ă vraisemblablement quâil est formĂ© par la liqueur dans laquelle il nage. Mais voulant faire usage ' dâune logique rigoureuse , qui Ă©carte la prĂ©vention , je trouve ces argumens insussisans, i°. on comprend comment une liqueur , ou quelque autre matiĂšre non-organifĂ©e, peut nourrir un corps organisĂ© , 8c lâon observe tous les jours ce fait dans les hommes , les animaux t >C les plantes mais on ne comprend pas si aisĂ©ment comment un corps non-organisĂ© SĂ informe , solide ou fluide , peut par les seules loix mĂ©- chaniques s organiser ; auffĂŹ lâĂ©loquence 8Ă lâa- dresse ne persuaderont jamais quâun animal bĂ un vĂ©gĂ©tal, ceux-lĂ mĂȘme qui paroissent le» A a 4 37 5 E x ? Ă * i ! »⹠c e Ă moins parfaits, les moins organisĂ©s, soient produits par un assemblage mĂ©chanique de parties. 2 °. Quoique lâembryon ne paroille pas dâabord organisĂ© , ce nâest pas une preuve quâil ne le soit pas ; le Poulet, dans les premiĂšres heures de lâincubation , ne paroĂźt pas organisĂ© cependant câc/f une chose indubitable quâil a dans ce moment une organisation enticre , puisqu'il elĂŹ prouvĂ© quâil prĂ©existe Ă la fĂ©condation. Cette prĂ©existence dĂ©montrĂ©e par H aller dans le Poulet , je lâai dĂ©montrĂ©e dans. les Grenouilles , les Salamandres 8Ă les Crapauds ; il est donc Ă©vident que ces amphibies font organisĂ©s avant dâĂȘtre fĂ©condĂ©s. Cependant, cette organisation nâest pas manifeste , les apparences feroient regarder ces corps comme des erres informes ; ils nâossrent au moins que des petites, sphĂšres, formĂ©es par une Ă©corce ou une peau remplie dâune matiĂšre Ă demi-fluide. Cette sttucture , inorganisĂ©e en apparence , continue Ă se faire voir quelque rems aprĂšs la fĂ©condation ; les embryons dans les plantes peuvent donc ĂȘtre organisĂ©s fans le paraĂźtre , & quoiquâelle nc paroisse pas, jâaĂź de fortes preuves de son existence. Si lâon ouvre les graines lorsquâon commence Ă voir ati milieu de !a liqueur le point gĂ©latineux de matiĂšre , 6c quâon lâobserve , rien nây annonce alors lâapparencedâunĂȘtrc organisĂ© on nây voie ni lobes , ni plantule ; mais une particule purement muqueuse. Cependant li, avant dâou- vrir ces graines , je leur faisais subir une lĂ©gĂšre Ă©bullition , plus dâune fois âai vu ce point fous s v r laGĂȘnĂ©ration. 577 une autre apparence , il nâĂ©toit seulement pas gĂ©latineux si , avec la pointe dâune aiguille trĂšs-fine , je cherchois Ă le tourmenter, quelquefois il se partageoit en deux trĂšs-pe- tites tranches, entre lesquelles se cachoit Sc sâenracinoit un petit atome pointu , 8c lâon sâap- pcrcevoic bientĂŽt que ce petit atome ctoit la plantule, Sc les deux petites tranches les lobes ; & on le jugeoit encore mieux si on chcrchoit Ă le voir avec une trĂšs-forte lentille , aprĂšs lavoir vu avec une lentille moins forte. Ainsi donc, ce point de matiĂšre Ă©toit organisĂ© quand nous croyons quâil ne lâĂ©toit pas, 8>C le feu a servi plus dâune fois Ă dĂ©montrer une organisation quâon ne soupçonnoit pas on fait que les vers des insectes volans, aprĂšs sâĂ©tre nourri de chairs corrompues 8c avoir acquis un grand accroissement, se changent en une boule alongĂ©e , oĂč la mouche se prĂ©pare 8c se dĂ©veloppe ; mais si lâon ouvre ces boules alongĂ©es au bout de quelques jours, loin dây trouver les apparences dâune mouche, on nây apperçoit que celles dâune bouillie, qui ne paroĂźt pas avoir rien dâorganisĂ© ; le spectacle change quand on a fait bouillir ces boules pendant quelque tems ; vers le troisiĂšme jour on distingue les petites jambes, Lc vers le quatriĂšme les petites ailes , ensuite on observe la trompe , puis la tĂȘte ; enfin toute la figure de lâanimal, comme RĂ©au- mur lâa observĂ© le premier, 8c mille autres aprĂšs lui. Le secours du feu mâa enseignĂ© une autre vĂ©ritĂ© importante ; c'est la dĂ©couverte que jâai Z?r ĂŻnĂnnĂiĂ faite par lâĂ©bullition, du point de matiĂšre j otĂ de lâembryon , quelques jours avant quâil paroisse. Je ne lâai pas vu seulement dans les graines qui se remplissent de la liqueur oĂč nage lâembryon , mais dans dâautres oĂč cette liqueur se durcit ; je pris dans les mĂȘmes ovaires plusieurs graines, jâcn sis bouillir quelques-unes pendant peu dâinstans , 8c dâautres non ; dans celles qui ne furent pas bouillies je ne pouvois distinguer lâembryon , mais je le distinguois bien dans celles qui avoient supportĂ© lâĂ©bullition, parce que seau bouillie avoir raffermi 8c rendu opaque cette particule qui renferme lâembryon ; Si lâon ne peut lâappercevoir dans les graines non-bouillies, parce quâelles font fluides 8c transparentes. XXXIX. Enfin lâon objecte que , puisque lâembryon est isolĂ© dans les graines , on pourroit croire quâil nâa aucune rĂ©lation de dĂ©pendance avec elles , 8c quâil est seulement un rĂ©sultat de la liqueur dans laquelle il nage il est vrai que lâembryon mâa paru quelquefois nager librement dans ce fluide fans laisser apperccvoir aucun lien qui lâunĂźt aux graines, mais jâai vu aussi clairement ces liens. On le voit nettement dans la FĂšve vulgaire , dans le Raifort, dans l 'Hibiscus Syriacus ; je veux parler dâune toile mu- cilagineuse , qui, en sâiniinuant au travers des deux lobes par un cĂŽtĂ© , va sâimplanter dans la plantule, 8c qui, en sortant des lobes par lâautre, sâattache aux parties internes de la graine, §.VI, VIII 4 , XIX. Cette toile est trĂšs-probablement SUR LA GENERATION. un ĂĄggrĂ©gat de petits vaisseaux destinĂ©s, comme le cordon ombilical dans les animaux, Ă fournir la nourriture Ăč la plantule ĂŽc aux lobes cette nourriture peut ĂȘtre, ou le liquide qui est dans la cavitĂ© des graines, qui se filtre ĂC se perfectionne dans de petits vases, ou la substance elle-mĂȘme des graines , aux dĂ©pens dc laquelle la plantule ĂC les lobes croissent ; au moins lâon volt quâĂ mesure que ces derniers grossissent, la substance intĂ©rieure de la graine se dĂ©truit & se rĂ©duit Ă une impie peau mais, outre cette communication sensible de cette toile avec lâembryon ĂŽc la graine , jâai trouvĂ© plus dâune fois lâem- bryon liĂ© avec la graine par d autres parties , comme dans le Genet, les Pois, les Haricots, les Pois chiches, §. IV, Vil, IX. Mais si quelquefois je nâai trouvĂ© aucun ligament entre lâembryon ĂŽc la graine , cela ne veut pas dire quâil nây en a point, mais plutĂŽt quâĂ cause de son extrĂȘme petitesse , ou de sa transparence , on ne peut pas le distinguer ; de forte que, de mĂȘme que les embryons, dans lesquels ce ligament est visible, se dĂ©veloppent au milieu de la cavitĂ© des graines , ĂC croissent invariablement comme ceux dans lesquels ce ligament ne sâapperçoit pas , pareillement nous sommes fondĂ©s Ă croire quâil existe dans ceux-ci de mĂȘme que dans ceux oĂč nous lavons dĂ©montrĂ©. La petitesse, ĂC sur-tout la transparence de ces ligamens, peut les dĂ©rober Ă lâĆil ; mais, outre la preuve que nous en avons dans les embryons qui nâont pas subi faction du feu, §. XXXVIII nous cn avons un exemple frappant dans le; z8o E xpĂRĂf »fÂŁĂ tĂȘtards du Crapaud puant terrestre , pendant quâils nagent dans la liqueur de lâamnios, quoi- quâils soient fournis du cordon ombilical ; cependant leur transparence empĂȘche de les distinguer. On ne peut donc croire que lâembryon soit mĂ©chaniquement produit dans les ovaires de la plante ; bi comme il a Ă©tĂ© dĂ©montrĂ© quâil est indĂ©pendant de la poussiĂšre des mĂąles , il faut nĂ©cessairement conclure quâil prĂ©existe dans les ovaires ; St nous avons une autre preuve trĂšs- forte de cette prĂ©existence , dans la communication physique de lâembryon avec la graine, par le moyen de ses ligamens, que jâai dĂ©couvert ; car il est Ă©vident que la graine St lâembryon ne doivent faire quâun tout organique. Puis donc que les graines prĂ©existent dans les ovaires, comme je lâai fait voir, St quâelles y prĂ©existent long-tems avant ['Ă©panouissement des fleurs, je ne comprends pas pourquoi on nâassureroit pas aussi la prĂ©existence des embryons. X L. Le cĂ©lĂšbre Muller , Gentilhomme Danois, fit Ă GenĂšve il y a plusieurs annĂ©es , fous les yeux de M. Charles Bonnet , une observation fort analogue Ă celle dont je parle dans cet Ă©crit. II fit voir les petites graines des Pois disposĂ©es en file dans les siliques avant ['Ă©panouissement des fleurs, St par consĂ©quent avant faction des poussiĂšres pour les fĂ©conder; mais il ne pensa pas Ăą pousser cette observation , en observant ['intĂ©rieur de ces petites graines St Ă suivre leur dĂ©veloppement. M. Bonnet sentit ['importance de ce fait il rĂ©flĂ©chit sur ces l sur la GĂ©nĂ©ration. 3 S r graines ^ il y vit des corps organisĂ©s qui croient en petit ce quâils seroient en grand; que toutes leurs parties formoient des touts organiques, comme toutes les parties dâun Ćuf, avant la fĂ©condation, forment la mĂȘme union organique. II jugea avec fondement que, dans les petites graines des Pois, dĂ©montrĂ©es par le Naturaliste Danois, on trouveroit la plantule avec ses lobes, comme on trouve dans lâceuf lâembryon 8t ses enveloppes. 11 se crut suffisamment autorisĂ© pour en conclure que, comme les graines des Pois prĂ©existent Ă lâĂ©panouissement des fleurs, 8c par consĂ©quent Ă faction des poussiĂšres fĂ©com dames , de mĂȘme lâembryon 8Ă les lobes y prĂ©existoient pareillement i . Cette consĂ©quence est Ă -peu-prĂšs la mĂȘme que celle que jâai tirĂ©e de mes nombreuses observations, §. XXXIX. On me demandera peut-ĂȘtre si, aprĂšs avoir prouvĂ© la prĂ©existcnce'des embryons dans mes plantes Ă leur fĂ©condation ou Ă leur Ă©panouissement , jâai pensĂ© rendre visibles ces embryons avant 1 Ă©panouissement ? mais je puis rĂ©pondre que jâai fait inutilement cette expĂ©rience. Ayant pris ces petites graines hors des fleurs formĂ©es, je les ai anatomisĂ©es fous de fortes lentilles , mais je nâai rien dĂ©couvert de plus quâavec des lentilles plus foibles ; je ne voyois quâune substance similaire 6c gĂ©latineuse, doutant si lâembryon sâĂ©chappoit aux regards Ă cause de sa petitesse, ou Ă caisse de sa transparence , puis- i PalingĂ©nĂ©sie, T. I, p. 410 Sc 411. 'zkr. ExpĂ©riences que cette gelĂ©e me paroiĂsoit transparente ; jĂš fis bouillir un peu ces petites graines, jâen mis dâautres dans lâesprit de vin , la gelĂ©e sâaffermit dans les deux cas, mais lâembryon nâen devint pas plus remarquable. Les infusions colorĂ©es servent avantageusement les Physiciens pour faire remarquer quelques organes des plantes. M. Bonnet a dĂ©couvert par ce moyen les petits .vaisseaux qui serpentent dans les lobes, ĂŽĂ qui partent de lâembryon i je laissai donc ces petites graines plus ou moins long-tems , dans ces infusions ; elles y prenoient leurs couleurs extĂ©rieurement, mais je nâappercevois pas la trace des embryons ; Sc comme je ne pus les appercevoir, je nâapperçus pas mieux les lobes, & je ne fus pas plus heureux pour les petites graines des fleurs formĂ©es, que pour celles des fleurs Ă©panouies. II en fut de mĂȘme quand la cavitĂ© sâĂ©toit formĂ©e dans les petites graines aprĂšs la chute des fleurs , seulement lâesprit de vin , en coagulant la liqueur de leur cavitĂ© , raffermit la plantule 8c la rendit visible cinq ou six jours plutĂŽt quelle ne lâauroit Ă©tĂ© , comme je pus en juger en les comparant avec des graines du mĂȘme Ăąge , laissĂ©es fur la plante, qui ne laissĂšrent voir la plantule que plus tard. Ceci confirme la vĂ©ritĂ© Ă©tablie, que les embryons ne sâengendrent pas dans les petites graines, mais quâils sây dĂ©veloppent seulement, comme je lâai fait voir §. XXXVIII, XXXIX ; on voit ainsi en mĂȘme tems-la grande difficultĂ© L t Recherches fur lâusage des feuilles. SUR LA G ĂR Ă RAT I 0 N. z8; & presque lâimpoffibilitĂ© de dĂ©couvrir la plan- tule avant lâĂ©panouissement des fleurs. Quand lâesprir de vin me le fit voir , câĂ©toit un trĂšs- petit atome de matiĂšre , quoiquâil y eut quinze jours que la fleur fur Ă©panouie. Cependant on ne peut douter que dans cet intervalle la plan- tule nâeur passĂ© par les degrĂ©s nuancĂ©s dâaccrois sement, qui sont les plus grands dans les com- mencemens. Combien donc devoir - elle ĂȘtre immensĂ©ment petite avant lâĂ©panouissement de la fleur ; 8c comment peut-on espĂ©rer de la distinguer, puisquâelle est alors ĂĂŹ prodigieusement petite ? X L I. Lâillustre Haller a montrĂ© le premier que dans les oiseaux le fĆtus prĂ©existoit Ă la fĂ©condation jâai dĂ©couvert la mĂȘme vĂ©ritĂ© en divers genres dâamphibies; 8Ă, fondĂ© fur ces faits, jâai cru quâon pouvoir conclure que cette prĂ©existence des fĆtus, observĂ©e dans ces animaux , a vraisemblablement lieu dans les autres. Ce quâon trouve da/is plusieurs animaux se voit de mĂȘme en diffĂ©rentes espĂšces de plantes , oĂč les embryons prĂ©existent Ă lâĂ©panouissement des fleurs. Je puis donc tirer une consĂ©quence semblable pour les autres plantes ; mais je voudrois bien dĂ©voiler fur ce point capital mon opinion. Je nâose pas affirmer que les embryons de toutes les plantes prĂ©existent dans les ovaires Ă lâĂ©panouissement des fleurs ; mon jugement seroit trop prĂ©cipitĂ© , puisque mille exemples nous apprennent combien la nature varie ses opĂ©rations, quoiquâelles aient le mĂȘme but 384 ExpĂ©riences pour objet; je dis seulement que, jusquâĂ -ce que nous ayons des argumens qui dĂ©montrent 1 contraire, nous avons le droit de persister dans cette opinion ; or cette prĂ©existence universelle dans les animaux , ausii bien que dans les plantes, forme un nouveau trait trĂšs-lumi- neux dâanalogie entre ceux quâil faut ajouter Ă tous ceux qui font connus, & augmente beaucoup le soupçon quâon a que ces deux grands peuples dâĂȘtres organisĂ©s forment peut-ĂȘtre une feule grande famille. X L I I. Le Basilic 6Ă la Mercuriale font deux plantes qui prouvent avec tant dâautres la nĂ©cessitĂ© des poussiĂšres pour la fĂ©condation ; la seconde sur-tout mĂ©rite la rĂ©flexion du Philosophe. Quelques pieds de Mercuriale femelle , peu Ă©loignĂ©s du mĂąle , restent stĂ©riles ; la petite quantitĂ© de ces poussiĂšres lâempĂȘche de se rĂ©pandre au loin dans lâathmosphĂšre, §.XXXI1I, XXXV I ; mais Ăi lâon en approche les mĂąles , elles commencent alors Ă produire des graines fĂ©condes, §. XXXIV. Si le voisinage est plus prĂšs, si les plantes mĂąles 6c femelles font en contact , alors toutes les graines font bonnes , §. XXXV. Eloigne-t-on les plantes mĂąles, les plantes femelles redeviennent stĂ©riles, tz. XXXVI. Cette expĂ©rience est tout-Ă -fait consonante avec celle de Bernard de Jussieu ĂŽc de Du Hamel , qui, voyant un ThĂ©rĂ©binte femelle , plantĂ© dans un jardin de Paris, fleurissant chaque annĂ©e sans donner du fruit, parce quâil manquoit dâune plante mĂąle pour le fĂ©conder , svn'tA GĂ»kĂ©ration. z 8 ; pensĂšrent de lui en donner une , ce qnâils firent , St la ThĂ©rĂ©binte femelle donna des fruits 8c des graines fĂ©condes, mais elle redevint stĂ©rile lâannĂ©e suivante , parce que le ThĂ©rĂ©binte mĂąle, qui Ă©toit dans un vase, fut rapportĂ© Ă sa place i. X L I I I. L'expĂ©rience cĂ©lĂšbre bc heureuse faite par Gleditsch ĂĂŹir la Palme , noinmĂ©te par Chamairops, est connue cette Palme, qui se trouvoit dans le jardin royal de Berlin , ue donnoit point de fruits , quoiquâelle eĂ»t quatre-vingt ans. Ce Naturaliste pĂ©nĂ©trant jugea que cela provenois de ce quâil nây avoir point de Palmiers mĂąles dans le jardin , 8>C ne pouvant pas y en faire porter un , il se procura les poussiĂšres dâun Palmier mĂąle de cette espĂšce , Sc il en poudra les fleurs de son Palmier femelle , qui donnĂšrent dans le rems des Dattes; les graines, semĂ©es en terre, germĂšrent Sc donnĂšrent naissance Ă de petits Palmiers , tandis que les autres fleurs, qui nâavoient pas Ă©prouvĂ© Testet des poussiĂšres, laissĂšrent couler leur fruit ; dans le petit nombre de celles qui nouĂšrent, il nây eut point de noyaux, Sc il nây en eut point de fĂ©condes i. Cependant la poussiĂšre employĂ©e nâĂ©toit pas fraĂźche , elle devoir ĂȘtre dessĂ©chĂ©e , puĂŹfquâelle Ă©toit recueillie depuis neuf jours. Pendant que jâĂ©tudiois la Mercuriale , il ne i Physique des arbres, T. I. 2 Acadi de Berlin, 1767. Bb z86 ExpĂ©riences me vint point dans lâefprit dâessayer la fĂ©condation artificielle ; mais je nâhĂ©lĂŹte pas un moment Ă croire quâelle nâeut rĂ©ussi parfaitement comme au Botaniste Prussien ; Sc comme ces fĂ©condations artificielles font trĂšs-propres Ă rĂ©pandre du jour fur la gĂ©nĂ©ration des ĂȘtres organisĂ©s, jâexhorte beaucoup les Botanistes philosophes Ă les tenter fur la Mercuriale, qui est une plante fi commune, Sc qui a des rapports avec la Palme. 7e fouhaiterois dâabord, sâil mâest permis de faire connoĂźtre mes idĂ©es, que lâon portĂąt ses premiers regards furies poussiĂšres de la Mercuriale , pour dĂ©couvrir quelle est la partie de cette poussiĂšre qui est iâagent de la fĂ©condation. Je le difois §. XV ; cette poussiĂšre , dans les plantes, est un composĂ© de vĂ©sicules, oĂč l'on a su trouver une liqueur subtile , dans laquelle nagent plusieurs globules cette observation a produit divers scntimens ; les uns ont cru que les globules Ă©toient les agens de la fĂ©condation y dâautres ont pensĂ© que câĂ©toit la liqueur ; dâau- tres, enfin, ont imaginĂ© que cetoit une espĂšce de vapeur prodigieusement subtile, une espĂšce dâesprit vital qui sâcxhalc de cette liqueur, Lc dont elle est le vĂ©hicule i. Quelques expĂ©riences dĂ©licates pourroient faire connoĂźtre la vĂ©ritĂ©. Quant Ă lâesprit soupçonnĂ© , on pourroit le mettre en expĂ©rience en faisant sortir hors des vĂ©sicules par le moyen de lâhu- miditĂ© la liqueur quâelles renferment, la tenir exposĂ©e Ă lâair Lc chercher Ă fĂ©conder ainsi i Adanson, familles des plantes, sur la GĂ©nĂ©ration'. ^87 les fleurs Ă pistils de la Mercuriale. Si la fĂ©condation ne rĂ©ussistoit pas par ce moyen , il faudroit conclure quâil nâen est pas fagent , ou du moins que la partie la plus volatile dc cette liqueur nây joue aucun rĂŽle. Ensuite , Ăi la fĂ©condation avoir lieu, malgrĂ© cette Ă©vaporation, il faudroit voir Ăi câeĂf la liqueur ou les globules qui TopĂšrent ; $Ă par cette supposition on vĂ©ri- fleroit sur les plantes ce que jâai vĂ©rifiĂ© fur les animaux ; câelf-Ă -dire , que la partie la plus subtile dc la liqueur sĂ©minale nâest pas la partie prolifique , mais que câest la partie la plus grossiĂšre St la plus sensible. Pour savoir si les globules ou la liqueur font sĂ©parĂ©ment les causes de la fĂ©condation de Tembryon, il faudroit sĂ©parer les uns des autres, ensuite toucher quelques pistils avec Tun , St quelques pistils avec lâautre ; cette sĂ©paration ne seroit pas si difficile pour des personnes exercĂ©es dans des expĂ©riences dĂ©licates. X L I V. M. Adanson Ă©tablit comme un fait que la plus petite particule de poussiĂšre suffit pour la fĂ©condation quand elle tombe sur le stigmate du pistil. Si les choses se palsoient ainsi, il en seroit dc mĂȘme pour la fĂ©condation des plantes que pour celles des amphibies dont jâai parlĂ©, quâune goutte trĂšs-perite de semence peut fĂ©conder mais le cĂ©lĂšbre AcadĂ©micien ne donne ici quâune hypothĂšse qui ne prouve rien pour cela, ni pour Tinfluence dc Tesprit vital, fĂ©condateur des plantes, quoiquâil prĂ©tende quâun esprit analogue , sortant du sperme des ani- Bb z z88 F X P E R I I » C ! Ăź maux , en fĂ©conde les embryons, ce que mes expĂ©riences ont dĂ©montrĂ© absolument faux. II nây auroit rien de plus facile que de soumettre cette hypothĂšse Ă lâexpĂ©rience par des fĂ©condations artificielles fur la Mercuriale ; en les variant comme jâai fait fur les animaux - il nâest pas douteux quelles ne fournissent de belles connoissances. X L V. Je trouve une ressemblance entre la liqueur spermatique des animaux 8Ă celle des plantes, qui me semble frappante ; elles conservent leur fĂ©conditĂ© pendant quelque rems aprĂšs avoir Ă©tĂ© tirĂ©e de leurs vaisseaux naturels. La liqueur spermatique des Grenouilles 8t des Crapauds conserve sa vertu prolifique pendant quelques jours aprĂšs fa sortie du corps de ces animaux ; de mĂȘme la poussiĂšre de la Palme mĂąle , relativement Ă la Palme femelle , conserve sa vertu fĂ©condante pendant quelques jours , §. XLIII mais la semence des animaux devient stĂ©rile quand elle a Ă©tĂ© tirĂ©e du corps de ces animaux au bout dâun tems qui nâest pas bien long. Dirai-je quâil arrive la mĂȘme chose Ă la poussiĂšre aprĂšs la chute des fleurs. Voulant conĂĂŹ- dĂ©rer la cause physique pour laquelle la liqueur sĂ©minale des animaux perd sa fĂ©conditĂ© , suivant toutes les apparences , il sembleroit que cette application nâest pas bien juste , la liqueur sĂ©minale des animaux devient stĂ©rile quand le rems est assez long pour lui faire Ă©prouver la putrĂ©faction ; car, en la prĂ©venant, elle ne cesse pas dâĂȘtre prolifique. II paroĂźt quâon nâa sur la GĂ©nĂ©ration. 389 pas lieu de craindre autant la pourriture pour les poussiĂšres, ou plutĂŽt pour cette liqueur trĂšs- Ăubtile qui y est cachĂ©e. Les analyses, faites par de trĂšs-habiles Physiciens, font croire que cette liqueur est huileuse , 6c quâelle refuse de se mĂȘler avec seau 1 il paroĂźtroit donc que, comme les autres huiles, cette liqueur devroit se conserver saine long-tems ; 6c par consĂ©quent, que la vertu prolifique des poussiĂšres dure plus long-tems quâon ne croit, peut-ĂȘtre quelques mois , 6c mĂȘme plusieurs annĂ©es. Cependant, malgrĂ© la qualitĂ© huileuse de la liqueur des poussiĂšres, qui doit la mettre Ă lâabri de la putrĂ©faction , je pense que sa vertu prolifique ne se conserve pas fi long-tems. Afin que cette liqueur 6c les globules qui y nagent, 6c mĂȘme l'esprit recteur de M. Adan- son conservent leur fĂ©conditĂ© , il faut que, quand elle agit sur les stigmates des pistils, elle forte alors des vĂ©sicules , ou quâelle en soit sortie depuis peu de tems, puisque sa communication avec lâair commun , Ăt son exposition Ă l'injure des mĂ©tĂ©ores, en la dispersant, saltĂ©rant, doit lui ĂŽter ses propriĂ©tĂ©s pour la fĂ©condation ; mais cela ne peut arriver que dans les poussiĂšres dĂ©jĂ mĂ»res. M. Needham a observĂ© le premier , 6c son observation a Ă©tĂ© rĂ©pĂ©tĂ©e par dâautres comme par moi, quâen Ă©tudiant avec le microscope la poussiĂšre quelconque des Ă©tamines lorsquâelle est mĂ»re, on y trouve toujours des vĂ©sicules vuides , dâamres qui font encore 1 Gleditsch , MĂ©moires dc lâAc. de Berlin. Bb 3 390 ExpĂ©riences pleines de leur liqueur mais on la fait fbrtfr en les humectant ; alors on voit avec plaisir, au bout de quelques secondes, que lorsque la poussiĂšre a Ă©tĂ© humectĂ©e , plusieurs vĂ©sicules Ă©clatent comme un Ă©olipyle fortement Ă©chauffe par le feu ; Sc pendant lâĂ©dat de ces vĂ©sicules, il en fort la liqueur quâelles renfermoient. II rĂ©sulte de-lĂ que le superflu des vĂ©sicules qui restera aprĂšs la fĂ©condation , qui communiquera avec lâathmosphĂšre Sc Rattachera aux corps terrestres, ne tardera pas Ă Ă©clater 8c Ă rĂ©pandre la liqueur concentrĂ©e, soit que les vĂ©sicules sâouvrent dĂ©lies - mĂȘmes , soit que lâhumiditĂ© contribue Ă leur Ă©clat, comme, par exemple, celle que les vapeurs de lâair, ou les rosĂ©es, ou la pluie leur font Ă©prouver tout ceci me persuade que la vertu prolifique des poussiĂšres ne doit pas durer long-tems aprĂšs la fĂ©condation, fur-tout lorsquâil a plu , comme on le voit dans plusieurs plantes qui font stĂ©riles lorsquâclles fleurissent, au moins pendant quâilpleut, parce que la pluie dissout les vĂ©sicules des poussiĂšres avant quâelles touchent le stygmate pour fĂ©conder les embryons dans lâovaire, suivant lâobscr- vation de quelques Naturalistes. . Quoi quâil en soit, il faudroit Ă©prouver dans la Mercuriale Sc dans dâautrcs plantes combien de te m s les poussiĂšres conservent leur vertu prolifique , Sc cette observation seroit trĂšs- intĂ©ressame. X L V I. On admettoit comme une chose prouvĂ©e, que la fĂ©condation avoit lieu dans les plantes sur lĂ GĂ©nĂ©ration. zyr lorsque quelques vĂ©sicules ou petits grains de poussiĂšre, entrĂ©s par petits grains dans le pistil, sâintroduisoient plus ou moins dans la longueur de ce conduit, oĂč, serrĂ©s par ses parois Ă©troites & humectĂ©s par le suc qui en suintoit, ils sâouvroienc 8t lançoient la vapeur spermatique qui pĂ©nĂ©trois lâovaire Sc y fĂ©condoit les graines mais cette explication nâa pas eu le bonheur de plaire Ă M. Adanson ; il ne nie pourtant pas la prĂ©existence de la graine dans lâovaire ni quâelle soit fĂ©condĂ©e par la liqueur des poussiĂšres , ou, comme il dit, par lâesprit vital qui raccompagne ; mais il prĂ©tend seulement que le conduit dont jâai pariĂ© nâest pas la route de lâesprit vital pour arriver Ă la graine , 8Ă cela parce que cette route nâelt pas celle quâelle fuit dans plusieurs plantes, quoiquâil accorde que dans diverses plantes ce conduit sâĂ©tende depuis les stygmatcs jusques Ă lâovaire, comme dans plu- licurs LiliacĂ©es ; mais il nie que cela soit ainsi dans le plus grand nombre des autres plantes dont les pistils font , suivant lui, parfaitement fermĂ©s aussi , pour expliquer la fĂ©condation , il imagine son esprit vital, dont la subtilitĂ© ne doit pas ĂȘtre infĂ©rieure au stuĂŻde Ă©lectrique , qui sâinlĂŹnue dans les trachĂ©es terminant la surface des stigmates , qui descend au placenta, pĂ©nĂštre les graines & cn fĂ©conde lâembryon. M. Bonnet , dans son profond MĂ©moire intitulĂ© IdĂ©es fur la fĂ©condation des Plantes i, en rapportant le sentiment de M. Adanson , i Journal de Rosier, 1774. Bb 4 3 C mĂȘme pas si loin , 8t quâenfin dans dâautres on ne voyoit aucun trou. Je nâai fait aucune observation sur le pistil de la Mercuriale il convien- droit dâen faire, St lâon pourroit alors chercher la valeur de l'hypothĂšse qui prĂ©tend que la fĂ©condation ne rĂ©ussit pas par lâintromission dâune liqueur subtile fĂ©condante dans le conduit des pistils , mais feulement dans les trachĂ©es qui aboutissent Ă la surface des stygmates. Je vou- drois donc quâavec cette poussiĂšre on touchĂąt cette surface sans la laisser entrer dans lâouver- ture du stygmate, Lt que, dans les autres pistils, on tentĂąt lâinverse de lâcxpĂ©nence, en faisant entrer la poussiĂšre dans lâouverture du stygmate, mais" en laissant intacte fa surface. S V R LA GĂSĂRATION. Z9Z X L V I I. Mais parce que je nâai dĂ©couvert aucun conduit dans les pistils, je fuis bienĂ©loignĂ© de croire quâil nây en ait point, comme M. Adanson, dont jâenvie le savoir , sans ĂȘtre curieux dc fa logique. Jâaivu , avec plusieurs Naturalistes avant moi, que les vĂ©sicules ou les petites graines des poussiĂšres varient de grandeur suivant lâes- pĂšce des plantes, de maniĂšre quâil y cn a qui font aller grands pour ĂȘtre perceptibles au microscope, tandis que dâautrcs ne fauroient lâĂȘtre quâavec une trĂšs-grande peine Ă cause de leur petitesse ; &Ă je vis facilement quâil y en a de fi petits quâon ne fauroit les distinguer. En supposant que le conduit des pistils soit le vĂ©hicule de la fĂ©condation , son calibre fera proportionnel aux petites graines , ce conduit fera grand quand ceux-ci feront grands, 8t quand les- petits grains deviendront invisibles , les conduits le deviendront pareillement, alors on ne pourra les distinguer , quoiquâils existent. Pour rendre cette rĂ©flexion vraie, il fa u droit voir Ăi , lorsque les pistils se montrent Ă lâĆil dans les plantes fans conduits, leurs grains font invisibles. Mais quand ces petits grains feroient encore sensibles, & que les pistils correspondant paroĂźtroient fans conduits , il ne fau- droit pas en conclure quâil nây en a point ; on pourroit les examiner dans un terris oĂč ils ne feroient pas encore ouverts, ou bien oĂč ils feroient fermes. Je veux Ă©claircir cette proposition. Le cĂ©lĂšbre LinnĂ© , dans fa Dissertation , intitulĂ©e Sponsalia plantarum , qui est la meilleure V 394 ExpĂ©riences 1 de toutes celles quâon lit dans ses AmĆnitatcs AcademicĆ , entre les diffĂ©rens lignes quâil donne pour montrer que la femelle des plantes recherche le mĂąle , raconte quâelle tient ouvert vers lui le stigmate du pistil, St quâelle le ferme aussi-tĂŽt quâelle en est rassassiĂ©e. Gratiola , ce font ses paroles , ajlro vencreo agitata pijlillum stigmate hiat rapacis injlar draconis ml nifi majculinum pulverem affectant , at fatiata ricium claudit il fe sert des mĂȘmes expressions pour dâautres plantes. Le Lecteur mâa dĂ©jĂ entendu. Je veux dire quâil pourroit arriver quâen ne prenant pas le tems prĂ©cis de lâamour de la plante , la petite bouche du stigmate ou fut fermĂ©e , ou ne fut pas encore ouverte , 8c quâon jugeĂąt ainsi faussement que ces pistils font fans ouvertures. On voit cela dans les animaux, &Ă fur-tout dans divers amphibies, comme les Crapauds, les Grenouilles, les Salamandres , dont les femelles, dans le tems de leurs amours, onr les canaux des Ćufs fort ouverts, quoiquâils soient fermĂ©s dans les autres momens de leur vie , quâon peut Ă peine y introduire un petit filet. Si lâon me demande quel est le vrai tems des amours des plantes pour y chercher alors les conduits des pistils , je rĂ©pondrai, avec le cĂ©lĂšbre GlĂ©ditsch , que câest lorsque les dĂ©licates verrues , qui bordent le stigmate , font lĂ©gĂšrement couvertes dâune humiditĂ© analogue Ă celle qui transfude des vĂ©sicules des poussiĂšres ; câest alors prĂ©cisĂ©ment le tems de la fĂ©condation. s v r la GĂ©nĂ©ration. 395 X L V I I I. Jâai dit plus haut quâau lieu de toucher avec la poussiĂšre de la Mercuriale lâouvenure du stigmate , on pouvoit seulement toucher sa surface , §. XLVI ; mais je voudrois encore quâon touchĂąt dâautrcs parties, pour voir fi cela ne rĂ©ussirent pas , comme par exemple la surface du stile ; on pourroit aussi tenter la fĂ©condation par les feuilles, fur-tout par les pĂ©tales de la Mercuriale femelle , 8t par les racines, comme M. Bonnet lâa pensĂ© St me savoir communiquĂ©, afin que je lâeffectuassc , ce que mes autres Ă©tudes ne mâont pas permis de faire. X L I X. Mais finissons les rĂ©flexions fur la Mercuriale , St passons Ă celles que prĂ©sentent les autres plantes. La Mercuriale St le Basilic ont fait voir la nĂ©cessitĂ© des poussiĂšres pour la fĂ©condation. La Courge Ă Ă©cu , le Melon dâeau, le Chanvre, les Epinars nous prĂ©sentent un phĂ©nomĂšne tout opposĂ© , elles produisent des graines fĂ©condes fans lâinfluence de la poussiĂšre des mĂąles, St pour mâassurer de ce fait, jâai employĂ© les prĂ©cautions les plus recherchĂ©es, St jâai eu les preuves les plus dĂ©cisives. La Courge Ă Ă©cu a portĂ© des fruits dans un lieu oĂč , Ă la distance de plusieurs milles , il nây avoir pas des plantes de cette espĂšce , ni dâau- tres analogues. Toutes les fleurs mĂąles ont Ă©tĂ© dĂ©truites au moment oĂč elles paroissoient, §. XX , XXI. Jâai employĂ© ces deux prĂ©cautions pour le Melon dâeau ; mais pour augmenter la furetĂ© , jây ai joint une prĂ©caution , câest zy 6 ExpĂ©riences dâĂŽter tout accĂšs Ă lâair intĂ©rieur dans le IietĂ oĂč Ă©toient les fleurs femelles, pendant tout le tems nĂ©cessaire pour la fĂ©condation, en plaçant les fleurs 8c le rameau qui les portoit dans une bouteille de verre , §. XXII. Jâai eu diverses attentions pour les Chanvres, jâai enfermĂ© quelques individus femelles dans une chambre trois semaines avant la floraison, 8c je les y ai tenues enfermĂ©es pendant le tems de ia maturitĂ© des graines ; jâai mĂȘme gardĂ© pendant ce tems quelques rameaux de ces individus enfermĂ©s dans des bouteilles de verre pendant tout ce tems. Enfin, jâai tait fleurir quelques pieds de Chanvres femelles un mois 8c demi avant la floraison des Chanvres de la campagne ; 8c je me fuis constamment assurĂ© quâaucune fleur mĂąle nâavoit poussĂ© fur ces Chanvres femelles, tz. XXVI, XXVII, XXVIII, XXIX. Jâai pris les mĂȘmes prĂ©cautions pour les Epinars ; jâai tenu quelques individus femelles dans un jardin oĂč il nây avoit point de mĂąle. Secondement, je les ai gardĂ© dans le tems des fleurs Ă pistils, couverts par un vase de verre ; troisiĂšmement, je les ai fait fleurir long-tems avant quâil parut des fleurs Ă Ă©tamines dans les jardins ÂŁĂ les campagnes enfin, je me fuis assurĂ© quâil nây avoit jamais eu de fleurs mĂąles fur ces Epinars femelles, §. XXX, XXXI, XXXII. Une circonstance quâil ne faut pas omettre pour le Chanvre , câest que les Chanvres enfermĂ©s dans la chambre ont donnĂ© moins de graines que les autres qui ont crĂ» dans la campagne , 8C elles ont Ă©tĂ© plus petites ; ce double dĂ©faut a SVJi la GĂ©SĂ©katiox. 397 Ă©tĂ© plus sensible dans les rameaux enfermĂ©s dans les bouteilles, §. XXVII, XXVIII. Est-ce parce que la poussiĂšre a manquĂ© ? Je ne puis le croire, la clĂŽture de la chambre , Sc fur-tour celle des bouteilles, peut y avoir contribuĂ© en empĂȘchant les plantes de se perfectionner, comme elles auroient dĂ» , SĂ par consĂ©quent, de former des graines vigoureuses , comme dans la campagne , oĂč elles ont joui de lâair libre Sc de lâinfluence immĂ©diate de la lumiĂšre ce qui me paroĂźt dâautant plus vrai que les Chanvres, qui fleurirent un mois Sc demi avant les autres, quoiquâils eussent Ă©tĂ© privĂ©s de poussiĂšre , produisirent cependant des graines Ă©galement nombreuses , grosses Sc fĂ©condes que celles de la campagne ; il efl vrai quâils avoient Ă©tĂ© toujours exposĂ©s Ă 1 air Sc au soleil , §. XXIX. II rĂ©sulte donc de ces observations fur le Chanvre , les Courges, les Epinars, confrontĂ©es avec celles qui ont Ă©tĂ© faites fur le Basilic , la Mercuriale , les Palmes, les ThĂ©- rĂ©bintes , &c. quâil y a un trĂšs-grand nombre de plantes qui ont besoin des poussiĂšres des mĂąles pour ĂȘtre fĂ©condĂ©es, mais quâil y en a qui font fĂ©condĂ©es fans ces poussiĂšres 8c si nous ne connoissons encore quâun trĂšs-petit nombre de ces derniĂšres plantes, il ne faut pas douter quâelles ne deviennent plus nombreuses en raison du nombre des observateurs, de leurs ta- lens, 8c de leur sagacitĂ©, pour Rappliquer Ă cette branche de la physique vĂ©gĂ©tale. L. Mais en Ă©tablissant quâil y a des plantes qui zy8 ExpĂ©riences sont fĂ©condĂ©es fans poussiĂšre mĂąle , jâattaque les Botanistes modernes 8c les Physiciens qui mâopposent CĂSALPIN SC tous ceux qui lâont suivi, avec tous les Naturalistes les plus cĂ©lĂšbres, Grew, Ray, Camerarius, Morland, Geoffroy, Vaillant, Jussieu, DuHamel, Adanson , Bonnet, qui ont admis le double sexe dans les plantes 5c leur concours pour la fĂ©condation. 11s me mettent fous les yeux le prince des Botanistes modernes, qui a employĂ© une Dissertation pour cĂ©lĂ©brer les amours des plantes , pour dĂ©crire leurs parties sexuelles, 8C qui Ă©tablit tout son Systems de la Nature sur cette base comme surune base inĂ©branlable. II dĂ©finit aussi les fleurs les organes de la gĂ©nĂ©ration des plantes qui servent Ă la fĂ©condation des graines. II fait voir que la poussiĂšre des Ă©tamines se rĂ©pand, que le stigmate des pistils en reçoit les influences , que la position des pistils est toujours telle quâils peuvent facilement recevoir la poussiĂšre en un mot, je me rappelle quâil a prouvĂ© lumineusement la nĂ©cessitĂ© des pistils ĂC des Ă©tamines pour la fĂ©condation ; car , en coupant les Ă©tamines ou les pistils des fleurs hermaphrodites avant quâelles soient Ă©panouies , il fait voir quâil nây a point de fructification , Sc quâil arrive la mĂȘme chose quand les Ă©tamines se changent en pistils ou quand les pistils sâĂ©largissent en petites feuilles. Enfin , ils joignent, pour la confirmation de tout cela, les diffĂ©rentes fĂ©condations artificielles obtenues fur diffĂ©rentes plantes par le moyen des poussiĂšres ; dâoĂč il semble ne rester aucun doute svr la GĂ©nĂ©ration. 399 que faction de la poussiĂšre fĂ©condante pour la fĂ©condation des plantes ne soit une loi gĂ©nĂ©rale de la Nature. L I . Je connoissois toutes ces raisons, jâavois pesĂ© leur force quand je faisois mes expĂ©riences ; je savois , de plus, que quelques-unes Ă©toient autant dâoppoĂĂŹtions Ă celles du Pline du Nord, enrrâaurres Ă celle-ci Cannabemflores maflculos tantum ferentem , fl ante divelles ruflica quam cannabis fĂ©minisera flores piflilliferos non aperuerit , nullam aut fane exiguam portabit feminum copiam 1. Je connoissois de mĂȘme le sentiment de M. Du Hamel , dĂ©veloppĂ© dans fa Physique des arbres ; il a Ă©tĂ© observĂ© qu un pied isolĂ© dâEpinars ne produit que tr'es- peu de graines capables de germer. Aussi , la premiĂšre fois que je lus lâopinion de cet Ă©crivain , je la crus ; je nâavois aucune raison pour en douter ; je lâadoptai mĂȘme dans une note Ă la Contemplation de la Nature , imprimĂ©e pour la premiĂšre fois Ă ModĂšne en 1770. Ces autoritĂ©s me rendirent plus attentif 8c plus prĂ©cautionnĂ© dans mes expĂ©riences ; mais cela ne mâa point empĂȘchĂ© dâembrasser un sentiment contraire , St de combattre des autoritĂ©s aussi respectables ; dâailleurs , il mâa paru que Linneus nâavoit fait aucune expĂ©rience fur le Chanvre , &Z quâil avoit seulement adoptĂ© lâopinion vulgaire , lorsquâil avoit dit quâen arrachant les Chanvres mĂąles avant la floraison 1 Sponf. Plant. '400 ExpĂ©riences des femelles , cette derniĂšre nc produit que trĂšs-peu ou point de graines mais cette opinion est anĂ©antie par lâheureuse fĂ©conditĂ© de tous les pieds de Chanvres femelles, que jâai Ă©levĂ© parfaitement sĂ©parĂ©s des mĂąles, dont ils nc pouvoient recevoir lâinfluence. La pratique d u pays de Reggio St de ModĂšne combat de mĂȘme Linneus , puisquâits arrachent les pieds mĂąles dans le tems que les femelles vĂ©gĂštent encore pendant plusieurs semaines, St produisent encore abondamment des graines fĂ©condes; je rappelle un fait pareil au paragraphe XXIV. ĂŻ! faut encore confronter mes observations fur le Chanvre St leurs dĂ©tails avec ce que dit le Professeur dâUpfal fur ce sujet, St se dĂ©cider ensuite ; jâapplique cette rĂ©ponse Ă Du Hamel pour les Epinars. Si la stĂ©rilitĂ© de cette plante , isolĂ©e St sĂ©parĂ©e des mĂąles, eĂ»t Ă©tĂ© le rĂ©sultat des expĂ©riences entreprises par ce Physicien illustre , j'auroĂŹs examinĂ© ces expĂ©riences pour leur rendre la justice quâelles mĂ©ritent ; mais il rapporte ce quâon croit, St cette opinion est dĂ©montrĂ©e par les faits que jâai rapportĂ©s. On voit clairement Ă prĂ©sent que la disposition du pistil pour recevoir la poussiĂšre des Ă©tamines , n'est pas une preuve directe pour le concours des sexes, mais seulement des raisons de convenance plus propres Ă entraĂźner un assentiment quâĂ le forcer, pour parler avec Bacon. L I I. Quant Ă lâargument tirĂ© de la fructification,- qui ne s'opĂšre plus quand on a coupĂ© les Ă©tamines svn la GĂ©hĂ©ratiox. 401 Ă©tamines ou les pistils, je dirai que ces exemples prouvent que les Ă©tamines 8t les pistils font les organes de la gĂ©nĂ©ration, mais quâils nâa- gissent pour la fructification que comme tant dâautres parties de la plante , qui, lorfquâelles viennent Ă manquer, nuisent Ă la fructification fans quâon ait imaginĂ© quâelles pussent favoriser la gĂ©nĂ©ration. Les faits qui prouvent la nĂ©cessitĂ© du concours des sexes pour la fructification font ceux oĂč il nây a point de fructification quand on Ă©loigne les plantes mĂąles des plantes femelles il en sera de mĂȘme des fĂ©condations artificielles. Mais ces faits, qui font si peu nombreux en comparaison de lâimmense peuple des plantes, ne font pas suffisons pour gĂ©nĂ©raliser la loi du concours des sexes dans les plantes ; on ne tire pas des conclusions gĂ©nĂ©rales quand on nâa que des prĂ©misses particuliĂšres. Tout au plus pouvoir-on dire quâĂ cause de la grande analogie quâon observe dans les propriĂ©tĂ©s des plantes de classes, de genres, 8t dâespĂšces diffĂ©rentes, il Ă©toit permis de croire que le concours des sexes, qui Ă©toit dĂ©montrĂ© dans quelques individus, Ă©toit probable dans les autres plantes. Tout comme, parce que jâai dĂ©couvert la prĂ©existence des fĆtus Ă la fĂ©condation dans quelques femelles de divers animaux amphibies , 8c parce que Haller a fait une observation semblable dans les oiseaux, jâai cru pouvoir avec fondement conclure quâil Ă©toit probabse que cette prĂ©existence sâĂ©tendoit aux autres animaux ; & jâai Ă©tendu cette consĂ©quence aux plantes, parce que jâai observĂ© que les embryons de C c 4oi ExpĂ©riences de plusieurs plantes prĂ©existoient Ă leur floraison , §. XLI. Mais les dĂ©fenseurs du concours des sexes dans les plantes ne doivent pas se prĂ©valoir dâun trĂšs-petit nombre de faits, pour faire , comme Linneus , une rĂšgle gĂ©nĂ©rale fans exception ni limites; car il dĂ©finit les fleurs les organes de la gĂ©nĂ©ration des plantes , qui servent Ă la fĂ©condation des graines par le moyen des Ă©tamines, ou des poussiĂšres des fleurs mĂąles dont il fait autant de maris. Mais avant de dĂ©terminer ainsi le nombre de ces maris, il devoir au moins sâassurer sâils en remplissoienr vĂ©ritablement les devoirs. Si ce cĂ©lĂšbre Naturaliste avoit moins sacrifiĂ© Ă la nomenclature , ct sâii avoir eu davantage lâefprit de recherches , il auroit fait une Ă©tude plus philosophique 8t plus approfondie des parties des fleurs, 8Ă il auroit pu mieux connoĂźtre la force ou la faiblesse de son syflĂȘme ; mais il vouloir l'Ă©lever fur les ruines de celui de Tournefort, ce qui nâa pas Ă©tĂ© bien avantageux pour la Physique botanique. L I I I. Entre les diverses choses que jâĂ©crivois Ă M. Bonnet, le 18 Octobre 1777, fur la gĂ©nĂ©ration des plantes, je lui faifois connoĂźtre les expĂ©riences qu6 jâavois faites & dont jâai parlĂ© au commencement de la note du paragr. XXV; 8t quoique je commençasse seulement ces recherches , il me paroilfoit sĂ»r que la fĂ©conditĂ© des graines dans quelques plantes Ă©toit tout-Ă - fait indĂ©pendante de la poussiĂšre des Ă©tamines, & je lui faifois remarquer lâefpĂšce de sophisme des Botanistes jusques Ă prĂ©sent. Cependant, sur la GĂ©nĂ©ration. 405 quoique je nâeus fait Ă mon illustre ami quâune esquille de ces expĂ©riences feulement commencĂ©es , il me fit la grĂące de les apprĂ©cier 8Ă dâen ĂȘtre persuadĂ© , quoiquâil eĂ»t dâabord pensĂ© diffĂ©remment. Dans fa rĂ©ponse du r 9 Novembre, aprĂšs avoir exposĂ© toutes les raisons des dĂ©fenseurs du concours des sexes pour la fructification des plantes, il ajoute ces paroles qui font lâĂ©loge de fa candeur MalgrĂ© cela , vos belles ex- » pĂ©riences me prouvent suffisamment que je » me trompois avec tous ces grands Naturalistes que je vous ai citĂ©s. Nous avons tous prĂ©ci- » pi tĂ© notre jugement, 8t tirĂ© une conclusion » gĂ©nĂ©rale de prĂ©misses particuliĂšres ; nous avons » cru nĂ©cessaire lâintervention des poussiĂšres » pour la fĂ©condation, parce quâon avoit fait » des expĂ©riences fur diffĂ©rentes espĂšces de » plantes ; 8t nous devions nous borner Ă dire , » quâil sembloit rĂ©sulter de ces expĂ©riences que, » dans ces espĂšces, lâintervention des poussiĂšres » Ă©toit nĂ©cessaire pour la fĂ©condation ». L I V. Tel est lâĂ©cueil oĂč Ă©chouent les esprits systĂ©matiques ; ils concluent tous du particulier au gĂ©nĂ©ral. Ayant trouvĂ© quelques parties communes Ă un nombre donnĂ© de plantes St qui ont un office dĂ©terminĂ©, des propriĂ©tĂ©s dĂ©terminĂ©es, ils sâimaginent aisĂ©ment que cela doit sâĂ©tendre Ă toutes les plantes ; alors, fur ces parties qui ont de certaines fonctions, 8t fur leurs propriĂ©tĂ©s, ils bĂątissent un systĂšme botanique , sans rĂ©flĂ©chir quâafin de donner Ă ce systĂšme toute la gĂ©nĂ©ralitĂ© quâils lui attribuent, U falloit connoĂźue C c 1 > 404 ExpĂ©riences toutes les plantes du globe. Mais combien il y en a dâinconnues, combien les inconnues ne sont-elles pas plus nombreuses que les connues. Comment comprendre toute la masse des vĂ©gĂ©taux fous une rĂšgle ? Avons-nous dans le monde organique une feule loi qui soit vraiment universelle ? Nâa-t-on pas Ă©tĂ© forcĂ© de borner celles quâon avoit cru gĂ©nĂ©rales. M. Necker , dans fa Physiologie des Mousses , relĂšve ce dĂ©faut des Auteurs systĂ©matiques dâune maniĂšre qui caractĂ©rise lâObfervateur lâAuteur systĂ©matique. Alterum fyjlematicum , alterum observatorem dijĂŹinguimus. Ille non nifi quibusdam planta- rum speciebus universa fiabilit fyflemata , Ă particulari ad universale concludit , i. e. omnibus terraquei globi vegetabilibus easdem proprietates ac iis quĂČ expĂ©rimenta explorata sunt tribuit. Observator omnia theoretica rejieit syfiemata solis observationibus nec non experimentis in- nixas naturam scrutant. Perfeclio botanices ah individuorum fingulorum inter se affinium eo- rumque identicorum characierum notitia essen- tialiter pendet. Fa proportione notitia hac ac- quiritur quĂą Observatorum numerus qui valde exiguus augebitur syflematicorumque cumulus minuetur. Certum indubitatumque ejl quodsys- tematicum ingenium prĆcipua causa fit , cur de modico profeciu Botanices dolemus syfiemata botanica cum tempore exolescunt quia naturĂ ac experientiĂĄ potifiimum non nituntur. L V. La mĂ©thode de la Nature dans les plantes, par laquelle les unes ont besoin de poussiĂšres SVK LA GĂXĂRATIOH. 405 pour se multiplier, tandis que les autres nâen ont aucun besoin , est conforme Ă ce quâon observe tous les jours dans les animaux. Plu- lĂŹeurs animaux ne peuvent se multiplier sans accouplement ou le concours de la liqueur Ă laquelle est attachĂ©e fimmortalitĂ© de iâespĂšce, comme on le volt dans les hommes , les quadrupĂšdes , les oiseaux, les poissons, les reptiles, les insectes ; mais un grand nombre dâanimaux peuvent se multiplier sans ce secours , tels font les Polypes ĂŽt avec eux une foule dâanimaux qui peuplent le fond des eaux douces, des fossĂ©s, des Ă©tangs, des marais 8t mĂȘme des eaux salĂ©es il faut leur joindre les pucerons des plantes dont le nombre est ĂĂŹ grand , 8c les animalcules des infusions qui se rapprochent des polypes 8t des pucerons dans leur multiplication. Jâai fait voir dans un de mes opuscules de Physique vĂ©gĂ©tale &. animale que ces animalcules se multiplioient par une division naturelle de leur corps ; quâils se partageoient en quatre , en lix, en huit; que les uns Ă©toient ovipares, les autres vivipares ; quâils Ă©toient tous rigoureusement hermaphrodites , comme on lâobserve dans quelques plantes qui se multiplient d' fans lâinfluence de la poussiĂšre fĂ©condante. L V I. Mon impartialitĂ© ne me permet pas de dissimuler une objection quâon peut me faire on pourroit me dire que , pendant que je faisois mes expĂ©riences fur la Courge Ă Ă©cu fur le Melon dâeau , les Epinars St le Chanvre , je pouvois ĂȘtre sĂ»r que les poussiĂšres nâavoient eu C c 3 4 o 6 Exptnitucts aucun effet sur les pistils , mais que cela nâem- pĂȘchoit pas que les graines n'en eussent Ă©tc auparavant fĂ©condĂ©es, par exemple, quelques annĂ©es auparavant ; 6c que les graines festoient fĂ©condĂ©es par cette fĂ©condation, quâelles avoient mĂ»ri cette annĂ©e, & que plusieurs autres qui en naĂźtroicnt pourroient encore mĂ»rir Ă cause dâelle. Cette objection est celle du cĂ©lĂšbre Trem- bley Ă M. Charles Bonnet aprĂšs fa dĂ©couverte de rhermaphroditisme des Pucerons. Qui fait, difoit ce Naturaliste plein de jugement, fi un accouplement ne sert pas Ă plusieurs gĂ©nĂ©rations i . Quoique M. Bonnet reconnoisse ce doute pour ĂȘtre gratuit; cependant, comme il fortoit de la bouche dâun si grand Observateur, il sâoccupa Ă rĂ©pĂ©ter ses observations , St il crut ce soupçon dĂ©truit par dix gĂ©nĂ©rations consĂ©cutives de pucerons, obtenues fans accouplement i. Quant Ă mes plantes, jâavouerai ingĂ©nument de n avoir eu que deux gĂ©nĂ©rations fans le concours des poussiĂšres. La nature de la chose ne me permettoit pas de satisfaire ma curiositĂ©, comme M. Bonnet, qui vit dans trois mois ces dix gĂ©nĂ©rations, 8t il mâauroit fallu r Bonnet , Corps organisĂ©s. i Quoique la dĂ©couverte de M. Bonnet soit publique depuis plusieurs annĂ©es, & quâelle nâait Ă©tĂ© attaquĂ©e par personne , en parlant des pucerons des plantes dans son Systema naturĆ, ne craint pas de dire dans lâĂ©dit. de 1767 A copula parentum facundas nasci filias , neptes , proneptes , abneptes djseverant entomotogi. f 17 R LA GĂNĂRATION. 407 dix ans pour en venir Ă bout fur les plantes r; mais voici pourtant quelques lumiĂšres pour Ă©clairer lâobjection i°. il nây a aucun exemple qui apprenne quâun accouplement ou une fĂ©condation ait servi Ă plusieurs gĂ©nĂ©rations, car celui des Pucerons est dĂ©montrĂ© absolument faux ; x°. on a plulieurs exemples de gĂ©nĂ©rations multipliĂ©es fans accouplement ou fĂ©condation , comme dans le Polype Ă bras, dont le corps poulie de petits Polypes, qui se dĂ©veloppent 8t donnent naissance Ă dâautres Polypes , qui en engendrent dâautres de la mĂȘme maniĂšre ; de forte quâon voit attachĂ©e fur la mĂȘme mĂšre une fuite de plulieurs gĂ©nĂ©rations St lâon fait que cette Polype mĂšre nâa eu aucun commerce avec dâautres Polypes, parcs quâelle a Ă©tĂ© arrachĂ©e trĂšs-petite du corps dâune autre mĂšre, St tenue dans une parfaite solitude z. Si donc lâon observe cette suite de gĂ©nĂ©rations successives dans les animaux fans lâinfluence dâaucun principe sĂ©minal, pourquoi cela ne pourroit-il pas' avoir lieu dans quelques plantes ? ou plutĂŽt pourquoi cela ne devroit-il pas ĂȘtre ainli ? puifquâil nây a aucun fait qui prouve que les gĂ©nĂ©rations successives de quelque ĂȘtre organisĂ© soit le rĂ©sultat ou lâeffet dâune fĂ©condation prĂ©cĂ©dente. L V I I. Cependant , quoique la multiplicitĂ© des faits que jâai produis» me fasse exclure toute i Insectologie. r Tremblev, Polypes» C c 4 40 8 E X P Ă R I E N c r s action de la poussiĂšre des mĂąles fur mes plantes, cependant, je n'oserai pas nier toute fĂ©condation ; en mĂ©ditant ce sujet, jâai pensĂ© quelquefois que les graines de ces plantes feroient peut-ĂȘtre fĂ©condĂ©es dans les ovaires par quelque principe sĂ©minal, cachĂ© dans les pistils ; ĂC ce doute est appuyĂ© fur lâobfervation que Ăźâai faite dâune espĂšce de poussiĂšre fort semblable Ă celle des Ă©tamines, fur le stigmate de quelques plantes, qui ne pouvoit pas sĂ»rement ĂȘtre la poussiĂšre dĂ©tachĂ©e des anthĂšres mais favoue que je n ai fait fur elles aucune autre observation ; jâai Ă©tĂ© un peu confirmĂ© dans ce doute par la lecture du savant Kolreuter , qui dit que les propriĂ©tĂ©s de la poussiĂšre sĂ©minale des Ă©tamines font semblables Ă celles que fournissent les stigmates. Ne pourroit-il donc pas arriver que cette poussiĂšre des stigmates eut la mĂȘme influence fur les graines de quelques plantes que celles des Ă©tamines. Mais ceci nâest quâun doute , un soupçon, que je souhaite ardemment quâurĂź habile Observateur veuille examiner par le moyen des expĂ©riences puisque je parle du stigmate , qui est la partie supĂ©rieure du pistil , je souhaiterois de mĂȘme que cet organe fut mieux approfondi, ĂC quâon fit les recherches les plus exactes fur lâopinion quâon a de son impermĂ©abilitĂ© dans quelques plantes, comme j'en ai parlĂ© §. XLVI, XLVIL Ces recherches , jointes Ȉ celles fur les Ă©tamines , dissiperoient bien des nuages, les fĂ©condations artificielles mâont servi utilement pour diminuer les tĂ©nĂšbres qui voiloient Ja Tau. I. / A B atfuoiu S VR LA G Ă N Ă RA T Ăź 0 tf.' 40^ gĂ©nĂ©ration des animaux. Jâindique donc aux Naturalistes ce moyen pour pĂ©nĂ©trer ce mystĂšre dans les plantes. L V I I I. Mais je voudrois engager encore les Naturalistes Ă aller plus loin, 8i Ă perfectionner davantage la Physique des plantes, les profondes recherches de Grew , Malpighi , Hales , Du Hamel , Bonnet, ont bien dĂ©veloppĂ© les plantes ligneuses, mais on a presque oubliĂ© lĂši plantes herbacĂ©es qui nous intĂ©ressent si fort, ĂŽt qui font si nombreuses nous en avons tout au plus une nomenclature fondĂ©e fur les descriptions des parties extĂ©rieures, nĂ©cessaires pour la mĂ©thode adoptĂ©e par leurs Nomen- clateurs. Je ne condamne point cette nomenclature , que je crois trĂšs-nĂ©cessaire ; car, enfin, il faut connoĂźtre les plantes avant de les Ă©tudier 1 je dis feulement que, comme la nomenclature effleure les choses, elle ne sauroit satisfaire la curiositĂ© dâun profond Observateur, ni avancer la Physique des plantes. Les corps naturels nĂ©* font pas des ĂȘtres simples , mais 1 La nomenclature est non-seulement nĂ©cessaire comme la Grammaire de lâHistoire naturelle , mais il faut la savoir pour se faire entendre des Naturalistes. Ainsi, en parlant des plantes 8c des animaux qui ne font pas les plus communs, on ne peut le faire fans fe servir des noms du SystĂšme de laNature de Linneus. MalgrĂ© ies dĂ©fauts de ce livre, on est sĂ»r dâĂȘtre entendu par-totit. Jâai parlĂ© seulement des animaux 8c des plantes, parce que, pour les fossiles, on a coutume de se servir de Cronstidt & de Vallerius qui sont Jes Classiques de ce rĂšgne. 4io ExpĂ©riences ils font trĂšs-composĂ©s on peut les comparer, avec Muschembroeck, Ă un horloge formĂ© par diffĂ©rentes roues, enfermĂ©es dans une boĂźte, qui empĂȘche de mesurer leur grandeur, leur action rĂ©ciproque 6c lâinfluence des ressorts ; de forte que, pour en avoir une idĂ©e juste], il faut mettre fous les yeux les parties intĂ©rieures, 6t les tirer de leur Ă©tui ; alors mĂȘme il ne suffit pas dâexaminer la nature des corps employĂ©s , dâadmirer leur poli, dâen suivre les apparences extĂ©rieures, mais il faut pĂ©nĂ©trer tous les dĂ©tails de leurs effets. Quand les premiers MinĂ©ralogistes eurent caractĂ©risĂ© les productions du rĂšgne fossile par la diversitĂ© des couleurs , la transparence , lâopacitĂ© , les surfaces rudes, polies, granuleuses, fibreuses, 6cc. ils nâavoient fourni que des idĂ©es vagues , superficielles , 6C presque trompeuses ; pour les connoĂźtre , iĂ falloir que la Chymie analysĂąt ces productions. Ce que la Chymie a fait pour le rĂšgne animal, lâAnatomie lâa fait de mĂȘme pour le rĂšgne animal ; 6t il faut savoir un trĂšs-grand grĂ© aux SWAMMERDAM, RhEDI, WaLLISNERI , RĂAU- mur , Lyonnet , dâAubenton , 6c sur-tout pour les insectes Ă lâipimortel Malpighi , dont la Dissertation fur le Ver-Ă -soie est un tissu de dĂ©couvertes bien supĂ©rieur Ă toutes les nomenclatures des insectes. Je voudrois donc quâon fĂźt pour les plantes herbacĂ©es ce quâon a fait pour les animaux 6c les minĂ©raux ; leur Ă©conomie , qui est lâobjet le plus grand ĂC le plus important de lâhistoire naturelle , doit sur-tout intĂ©resser nos recherches. Mais on ne peut 77rr,ls. l'ig. IX » ''fyfiĂŻĂW''â S U J» * * r* U Ă F / t f ĂIlJ/IO/IL / n*W^'' ' ĂÂŁ,ĂĄ!Ăßß6 iĂ^f- 38?»* r^^'-ĂŹ g * ,»v âąâą r. y^'tĂĂźc^ ùù -'M' WSL L-Ăą^ WJrf r j . âą -^jyyA .d-'-'v 3^ MAL ^-W- ;> j'* UpsB ÂŁ/ LMU MK s»^> ;% ,SS3 LEM ĂąW /ĂĄĂyj'^'Vrf'- W pw-; âąr\ ĂĂt tĂ iĂ SĂsaiP , V
Ala recherche du savoir : Raison et RĂ©vĂ©lation en islam Abd-al-Haqq IsmaĂŻl Guiderdoni Selon la tradition prophĂ©tique, « la recherche du savoir est une obligation pour tout musulman et toute musulmane. »1 Puisque la recherche du savoir est une obligation religieuse, il nous faut, pour remplir cette obligation, savoir ce quâest le savoir. Or se prĂ©sentent devant nous une multitude
Nouvelle ingĂ©rence Ă©trangĂšre Ă Strasbourg, la Turquie ouvre une facultĂ© thĂ©ologique islamique En bonne logique, la nouvelle devrait secouer le landerneau politique. A Strasbourg, la Turquie vient dâouvrir une facultĂ© de thĂ©ologie islamique pour former des imans Le Monde, 1er septembre 2012. Pour les autoritĂ©s officielles dâAnkara qui ont mis sur pied ce projet considĂ©rable, activement soutenu par la mairie socialiste, lâĂ©tablissement Ă caractĂšre universitaire doit servir de tĂȘte de pont Ă lâorganisation et au contrĂŽle de la diaspora turque demeurant en France et en Europe la crĂ©ation dâun Ă©tablissement secondaire privĂ© et lâimplantation dâinstituts culturels et religieux dâEtat sur notre sol devraient suivre sous peu⊠Etonnamment, cette ingĂ©rence religieuse Ă©trangĂšre, qui vise au fond rien moins quâĂ capter les esprits et brider les cĆurs des populations intĂ©ressĂ©es, nâa suscitĂ© jusquâĂ prĂ©sent aucune rĂ©action dâindignation officielle de la part du gouvernement Ayrault qui, dans cette affaire plus que symbolique, a fait le choix de se rĂ©fugier dans un mutisme complaisant dĂ©jĂ pratiquĂ© voici peu par le gouvernement Fillon. Tout bien considĂ©rĂ©, comment imaginer quâil puisse en ĂȘtre autrement de la part de pouvoirs publics attentistes, bien dĂ©cidĂ©s depuis des lustres Ă fermer les yeux, Ă droite comme Ă gauche, devant les multiples initiatives menĂ©es ces derniĂšres annĂ©es par des gouvernements ou des institutions Ă©trangĂšres en direction de la population musulmane de France ? Depuis son entrĂ©e en vigueur le 11 avril 2011, les Etats-Unis sâappliquent ainsi Ă critiquer avec constance la loi interdisant en France la dissimulation du visage dans lâespace public. Dernier exemple en date de cette intrusion dans les affaires intĂ©rieures de la France dans un rapport rendu public le 31 juillet dernier, le dĂ©partement dâĂ©tat amĂ©ricain vient de dĂ©noncer ouvertement, une fois de plus, en des termes sĂ©vĂšres, la lĂ©gislation française sur le port de la burqa. Sur cette question comme sur beaucoup dâautres, le gouvernement amĂ©ricain sait pouvoir compter sur le concours fidĂšle des autoritĂ©s europĂ©ennes. Dans une tribune parue le 8 aoĂ»t 2012, le Commissaire aux droits de lâHomme du Conseil de lâEurope, Nils Muiznieks, a demandĂ© aux gouvernements europĂ©ens, dont notamment la France, de renoncer aux lois et mesure visant spĂ©cialement les musulmans et interdire la discrimination fondĂ©e sur la religion ou les convictions dans tous les domaines », en citant explicitement les rĂ©glementations qui prĂ©voient une amende ou un stage de citoyennetĂ©ââ pour les femmes portant le voile dans lâespace public ». Cette dĂ©claration percutante sâinscrit indiscutablement dans lâoffensive idĂ©ologique menĂ©e ces derniĂšres annĂ©es par les institutions internationales publiques, notamment europĂ©ennes, qui cherchent rien moins quâĂ contraindre les gouvernements Ă renoncer aux lois et mesures qui viseraient spĂ©cialement les musulmans, au nom dâune conception frelatĂ©e du principe de libertĂ© religieuse ainsi, des recommandations rĂ©currentes de la Commission europĂ©enne contre le racisme et lâintolĂ©rance du Conseil de lâEurope au rĂ©cent rapport co-rĂ©digĂ© en 2012 par lâUNESCO, lâOSCE Organisation pour la sĂ©curitĂ© et la coopĂ©ration en Europe et le Conseil de lâEurope prescrivant le respect de principes directeurs Ă lâattention des Ă©ducateurs pour combattre lâintolĂ©rance et la discrimination Ă lâencontre des musulmans », il sâagit Ă chaque fois pour ces organisations internationales dâimposer aux Etats, contre toute cohĂ©rence anthropologique, une approche uniforme du rĂŽle et de la place dĂ©volus avantageusement aux communautĂ©s musulmanes en Europe pour mieux prĂ©venir et encadrer les lĂ©gislations nationales supposĂ©es attentatoires aux libertĂ©s religieuses des populations intĂ©ressĂ©es. En ce domaine, les ONG ne sont Ă©videmment pas en reste en tĂ©moigne ainsi le rapport dâAmnesty international, publiĂ© en avril 2012, qui stigmatise lâinertie des gouvernements europĂ©ens dans la lutte contre la discrimination dont sont victimes les musulmans », notamment celle qui se dĂ©velopperait en France. Au regard de ces contraintes extĂ©rieures qui pĂšsent manifestement sur les capacitĂ©s de notre pays Ă organiser librement le culte musulman sur son territoire, que va-t-il se passer dans les prochains mois en France ? Il nây a probablement guĂšre dâinitiative inĂ©dite Ă attendre dâun gouvernement socialiste qui semble Ă lâĂ©vidence nâavoir pris aucunement la mesure exacte des dissensions considĂ©rables qui paralysent lâaction du Conseil français du culte musulman CFCM, lequel est profondĂ©ment minĂ© depuis sa fondation, le 28 mai 2003, par les luttes dâinfluence impitoyables que se livrent sur notre sol, par associations de fidĂšles interposĂ©es, les gouvernements turc, algĂ©rien ou marocain. Cette instance cultuelle, â chargĂ©e aussi bien de concevoir des solutions pour la construction de mosquĂ©es, la crĂ©ation de carrĂ©s confessionnels dans les cimetiĂšres que de former et de nommer des aumĂŽniers au sein des institutions militaire, hospitaliĂšre ou carcĂ©rale, en relation avec les pouvoirs publics â nâest jamais parvenue Ă surmonter ces profondes divisions politiques au point que son inertie actuelle condamne dĂ©sormais lâislam de France Ă nâĂȘtre plus quâun islam des consulats qui constituera sans doute demain le terreau fertile Ă lâexpression larvĂ©e dans notre pays des innombrables conflits gĂ©opolitiques qui embrasent le monde. Inaugurant la grande mosquĂ©e de Cergy Val-dâOise, le 6 juillet dernier, Manuel Valls, ministre de lâintĂ©rieur, Ă©galement chargĂ© des cultes en France, nâa-t-il pas avouĂ© Ă demi-mots lâimpuissance du gouvernement auquel il appartient Ă rĂ©agir devant lâimpotence dâun CFCM aujourdâhui passablement moribond ? Les divisions, les Ă©goĂŻsmes, la concurrence ne peuvent pas diffĂ©rer plus longtemps le dialogue indispensable qui doit sâouvrir sur les sujets cultuels », a-t-il affirmĂ©. Un cadre existe ; il est sans doute imparfait. Il mĂ©rite peut-ĂȘtre dâĂ©voluer ». Certes, avec lâapplication du principe de laĂŻcitĂ© qui impose Ă lâEtat une stricte neutralitĂ© dans lâexercice des cultes en France, les marges de manĆuvres disponibles pour permettre aux pouvoirs publics français de rĂ©guler lâexercice du culte musulman Ă lâintĂ©rieur de nos frontiĂšres sont assurĂ©ment limitĂ©es. Mais pour un Etat soucieux de prĂ©server les libertĂ©s, qui se garde avec raison de toute intrusion confessionnelle dans lâespace public, ces possibilitĂ©s dâaction sont loin dâĂȘtre inexistantes, dĂšs lors quâil sâagit pour notre pays de contenir lâinterventionnisme des puissances Ă©trangĂšres qui aspirent tant Ă peser sur les destinĂ©es de lâislam de France. PrioritĂ© absolue pour notre pays dâabord et avant tout, il lui appartient de prendre conscience avec discernement que lâislam, dans son essence comme dans la pratique contemporaine qui en est faite par ses adeptes, est une religion qui lui est absolument Ă©trangĂšre, si peu compatible en effet, par son caractĂšre Ă©minemment singulier, avec les traits historiques de la civilisation française quâil lui faut dĂšs lors limiter avec volontarisme la prĂ©sence Ă venir en France du nombre de ses fidĂšles. Ce dĂ©fi historique, vĂ©ritable enjeu de civilisation, impose donc Ă notre pays dâenrayer lâimmigration, sous toutes ses formes, dont les flux massifs et continus pourvoient largement Ă lâexpansion de lâislam en France, ce qui implique Ă coup sĂ»r de tourner le dos Ă la politique migratoire de lâUnion europĂ©enne dont Mme CĂ©cilia Malmström, Commissaire europĂ©enne aux affaires intĂ©rieures, nâa pas dissimulĂ© le dessein politique, rien moins que suicidaire, en affirmant voici peu que lâimmigration sera nĂ©cessaire pour lâEurope » Le Monde, 11 juillet 2012. Ensuite, maĂźtrisant pleinement Ă lâintĂ©rieur de ses frontiĂšres les conditions juridiques dans lesquelles les cultes doivent sâexercer,la France ne doit pas craindre de prohiber sĂ©vĂšrement sur son territoire toutes actions Ă caractĂšre prosĂ©lyte ou manifestant un soutien quelconque Ă la pratique dans notre pays de la foi musulmane qui Ă©maneraient pareillement dâEtats Ă©trangers, surtout lorsque ces derniers se distinguent, sur le registre de la libertĂ© confessionnelle, par les discriminations intolĂ©rables dont sont perpĂ©tuellement victimes leurs propres minoritĂ©s religieuses, au Soudan, en AlgĂ©rie comme en Turquie. Intraitable sur le respect qui est dĂ» Ă sa souverainetĂ© politique, dĂ©positaire de lâautoritĂ© ultime dans son espace intĂ©rieur,la France doit enfin ne pas se laisser intimider par la pression idĂ©ologique qui est exercĂ©e en permanence Ă son endroit par les organisations internationales, publiques ou privĂ©es, lesquelles sâobstinent en effet Ă lui imposer un cadre religieux qui nâest pas le sien, Ă savoir un modĂšle confessionnel de type anglo-saxon oĂč, par un dĂ©ni de la rĂ©alitĂ© historique de lâhĂ©ritage chrĂ©tien dela France, toutes les religions seraient placĂ©es de maniĂšre absurde sur un mĂȘme pied dâĂ©galitĂ©. Ainsi donc, avec ou sans lâaction cultuelle du CFCM,la France ne saurait tolĂ©rer que les musulmans rĂ©sidant dans notre pays soient dĂ©pendants de quelque façon que ce soit dans la pratique de leur foi, matĂ©riellement comme au plan pastoral, du concours, explicite ou dissimulĂ©, dâinstitutions ou dâorganismes dont lâinspiration et le fonctionnement dĂ©riveraient de lâaction nĂ©cessairement intĂ©ressĂ©e de puissances Ă©trangĂšres. Devant la poussĂ©e de lâentrisme islamique qui se pratique ouvertement dans notre pays, François Hollande sera-t-il lâartisan inspirĂ© dâune politique de fermetĂ© lucide et dâindĂ©pendance bien comprise ? Rien nâest moins sĂ»r si lâon songe que la nouvelle majoritĂ© politique, visiblement gĂȘnĂ©e aux entournures sur cette question de sociĂ©tĂ©, nâa manifestĂ© jusquâĂ prĂ©sent aucune intention sincĂšre de rompre vĂ©ritablement avec la politique munichoise que le PrĂ©sident Sarkozy avait opposĂ©e, avec un laxisme assumĂ©, aux pratiques bien peu tolĂ©rables menĂ©es sur notre sol par certains pays Ă©trangers quatre mois aprĂšs le changement de locataire Ă lâElysĂ©e, les pouvoirs publics tolĂšrent ainsi toujours que des Etats Ă©trangers puissent encore porter impunĂ©ment atteinte Ă la souverainetĂ© dela France, Ă lâexemple dela Turquie et de son invraisemblable politique dâexpansionnisme religieux mais aussi des Etats-Unis ou du Qatar qui nâont pas renoncĂ©, lâun comme lâautre, Ă sĂ©duire Ă grand frais les jeunesââ des banlieues françaises en leur vendant pareillement un modĂšle de sociĂ©tĂ© qui nâest pas le nĂŽtre. Avec autorisation de publication de *Riposte LaĂŻque*
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Undétenu srilankais qui espérait soustraire un portable à la fouille de sa cellule en le dissimulant dans son rectum a été confondu lorsque le téléphone a sonné, a-t-on appris vendredi de
Le 09/02/2015 Ă 945 MAJ Ă 1731Une marche blanche Ă la mĂ©moire de Patricia Bouchon, le 14 fĂ©vrier 2012. - AFPPatricia Bouchon, une mĂšre de famille sans histoires, avait Ă©tĂ© retrouvĂ©e morte en fĂ©vrier 2011 Ă Bouloc, en Haute-Garonne, aprĂšs ĂȘtre partie courir, comme chaque matin. Le suspect, interpellĂ© lundi matin, avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© entendu dans ce homme, qui avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă vue dans l'enquĂȘte sur le meurtre de la joggeuse Patricia Bouchon en fĂ©vrier 2011 Ă Bouloc, en Haute-Garonne, a Ă©tĂ© interpellĂ© lundi en examenSelon nos informations, le suspect a Ă©tĂ© mis en examen pour homicide volontaire, ce lundi en dĂ©but d'aprĂšs-midi, avant d'ĂȘtre placĂ© en dĂ©tention provisoire. Il ne serait pas passĂ© aux aveux. L'homme, ĂągĂ© de 35 ans, aurait Ă©tĂ© reconnu par plusieurs tĂ©moins comme Ă©tant l'homme du portrait-robot, diffusĂ© aprĂšs les faits. EmployĂ© du bĂątiment, le suspect vivrait repliĂ© sur lui-mĂȘme et serait toxicomane, dĂ©crit comme ayant, parfois, un comportement agressif."Ce suspect avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© entendu dans cette enquĂȘte. Le temps de sa garde Ă vue Ă©tant quasiment expirĂ©, il devrait ĂȘtre dĂ©fĂ©rĂ© dans les plus brefs dĂ©lais" devant la justice, a expliquĂ© une source proche du dossier, confirmant une information du site internet de la DĂ©pĂȘche du suspect dĂ©jĂ entendu"Ce suspect avait Ă©tĂ© auditionnĂ© une premiĂšre fois en octobre 2011 dans le cadre des investigations des enquĂȘteurs", a prĂ©cisĂ© une autre source. "Il a ensuite Ă©tĂ© placĂ© en garde Ă vue en janvier et en juin 2014, aprĂšs avoir Ă©tĂ© reconnu par plusieurs tĂ©moins comme l'homme du portrait-robot diffusĂ© en 2013", a-t-elle portrait-robot avait Ă©tĂ© Ă©laborĂ© dĂšs le dĂ©but de l'enquĂȘte sur la base du tĂ©moignage d'un automobiliste qui avait remarquĂ© une Renault Clio de premiĂšre gĂ©nĂ©ration immobilisĂ©e, sans lumiĂšre. Il avait alors aperçu le conducteur Ă la lumiĂšre de ses phares, vers 4h30 sur une petite route proche de Bouloc, lĂ oĂč Patricia Bouchon disparaissait cette mĂȘme nuit du 14 fĂ©vrier 2011, lors de son procureur s'exprime Ă 16h30Dans cette affaire, plus d'une dizaine de personnes avaient Ă©tĂ© placĂ©es en garde Ă vue par les gendarmes de la section de recherches de Midi-PyrĂ©nĂ©es, avant d'ĂȘtre mis hors de l'issue de multiples vĂ©rifications, "aucun lien n'avait pu ĂȘtre Ă©tabli entre cet homme et l'affaire de Bouloc", avait alors dĂ©clarĂ© le procureur de Toulouse de l'Ă©poque, Michel procureur de la RĂ©publique de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a annoncĂ© la tenue d'une confĂ©rence de presse lundi vers mĂšre de famille sans histoiresĂgĂ©e de 49 ans, Patricia Bouchon, secrĂ©taire dans un cabinet d'avocats toulousains et mĂšre de famille sans histoires, Ă©tait partie le 14 fĂ©vrier 2011 vers 4h30, comme chaque matin, faire son jogging autour de Bouloc, Ă 25 km au nord de Toulouse. Cette femme mince de 1,60 mĂštre et 50 kilos, aux cheveux chĂątain clair, n'est jamais corps n'a Ă©tĂ© retrouvĂ© qu'un mois et demi plus tard dissimulĂ© dans un conduit d'eau sous une petite route Ă 14 km de chez elle. Patricia Bouchon avait eu les vertĂšbres et le crĂąne enfoncĂ©s par des coups. Son meurtrier avait aussi essayĂ© de l'Ă©trangler, mais n'aurait pas abusĂ© d'elle. Dans cette affaire, une dizaine de personnes avaient Ă©tĂ© placĂ©es en garde Ă vue par les gendarmes de la section de recherches de Midi-PyrĂ©nĂ©es, avant d'ĂȘtre mis hors de cause.
LemystÚre du message codé dissimulé dans le verdict du procÚs en plagiat concernant le best-seller planétaire Da Vinci Code a été percé, a révélé le journal britannique The Guardian.
Cliquer ici pour voir la y a blagues de bureau et blagues de bureau. Ce robot capable de canarder des balles de ping pong et de se dissimuler dans le faux plafond fait sans aucun doute partie de la derniĂšre par un type du CKBot group de l'UPennâs Modlab, cet appareil terrifiant se dissimule dans le plafond au-dessus d'un bureau. Quand il est activĂ©, il soulĂšve une dalle du faux-plafond et crache sa haine sous la forme de balles de ping pong sur une innocente victime. C'est, en un mot, Ă©tonnant. [Modlab via BotJunkie]
Avoirdans la mĂ©moire. PossĂ©der quelque science, quelque art, ĂȘtre instruit, habile en quelque profession, en quelque exercice. Avoir lâesprit ornĂ© et rempli de choses utiles. Ătre accoutumĂ©
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Commentsavoir si une coupe rase me va bien femme ? Un simple crayon et une rĂšgle vous permettent de savoir si les cheveux courts vous iront. Pour savoir si une coupe courte flattera votre visage, mesurez simplement la distance qui sĂ©pare le menton du lobe de lâoreille. Placez le crayon horizontalement sous le menton et posez la rĂšgle
27/01/2021 150700Charlene de Monaco, le crĂąne rasĂ© dissimulĂ© sortie en famille pour embraser le RocherIl n'y a pas que Jacques et Gabriella qui ont soignĂ© leurs tenues mardi soir leur mĂšre, la princesse Charlene, a elle aussi misĂ© sur un look sophistiquĂ©. Une tenue pour laquelle elle a prĂ©fĂ©rĂ© cache...Les deux petites tĂȘtes blondes accompagnent de plus en plus leurs parents lors de leurs sorties princiĂšres, pour le plus grand plaisir des MonĂ©gasques. Les jumeaux, scolarisĂ©s Ă l'Ă©cole maternelle publique Stella-de-Monaco, ne se contentent plus seulement de saluer du balcon du palais princier deux fois l'an, puisqu'ils prennent dĂ©sormais part Ă diffĂ©rentes cĂ©rĂ©monies, inaugurations, Ă©vĂ©nements culturels et sportifs... Lire la suite » Charlene de Monaco affiche dĂ©sormais une coiffure mi-crĂąne rasĂ©, mi coupe au bol PHOTO â Charlene de Monaco lookĂ©e Ă la garçonne pour une nouvelle sortie avec Albert - Gala Charlene de Monaco en solo pour les funĂ©railles du roi des Zoulous - Gala Charlene de Monaco affiche dĂ©sormais une coiffure mi-crĂąne rasĂ©, mi coupe au bolL'Ă©pouse du prince Albert II arborait une coupe de cheveux punk lors d'une distribution de cadeaux de NoĂ«l, organisĂ©e au Palais princier mi-dĂ©cembre. Elle persiste et signe ce choix capillaire pour le moins inattendu de la part de la princesse, en rasant la nuque et l'autre cĂŽtĂ©. ... En a-t-elle ras le bol ? lĂ est la question! De pire en pire! 15⏠la coupe alors , voir 10âŹPHOTO â Charlene de Monaco lookĂ©e Ă la garçonne pour une nouvelle sortie avec Albert - GalaĂ l'occasion d'une sortie au Yacht Club de Monaco, la princesse CharlĂšne arborait un look androgyne, aux cĂŽtĂ©s du prince Albert II de Monaco ce mardi 9 fĂ©vrier....Charlene de Monaco en solo pour les funĂ©railles du roi des Zoulous - GalaCharlene de Monaco s'est rendue seule aux funĂ©railles de Goodwill Zwelithini, le roi des Zoulous d'Afrique du Sud, ce jeudi 18 mars Ă Nongoma, comme le montrent des images de SABC News. TrĂšs proche... Y a la vidĂ©o ?PHOTOS â De StĂ©phanie Ă Charlene de Monaco les coiffures les plus excentriques du gotha - propose une rĂ©trospective de ces fois oĂč les princesses ont optĂ© pour des coiffures excentriques sous bien des formes. Des colorations folles, des assemblages Ă©tonnants... DĂ©couvrez notre d...PHOTOS â De StĂ©phanie Ă Charlene de Monaco les coiffures les plus excentriques du gotha - propose une rĂ©trospective de ces fois oĂč les princesses ont optĂ© pour des coiffures excentriques sous bien des formes. Des colorations folles, des assemblages Ă©tonnants... DĂ©couvrez notre d...Une publication partage par Eugenia Garavani eugeniagaravani Les deux petites tĂȘtes blondes accompagnent de plus en plus leurs parents lors de leurs sorties princiĂšres, pour le plus grand plaisir des En ce moment ChloĂ© Friedmann 1, Justine Feutry âą Le 10 fĂ©vrier 2021 L'Ă©pouse du prince Albert II arborait une coupe de cheveux punk lors d'une distribution de cadeaux de NoĂ«l, organisĂ©e au Palais princier de Monaco n'en finit pas de surprendre avec ses au deuxiĂšme rang de l'Ă©glise temporaire installĂ©e Ă Nongoma, une ville du KwaZulu-Natal, province cĂŽtiĂšre de l'Afrique du jumeaux, scolarisĂ©s Ă l'Ă©cole maternelle publique Stella-de-Monaco, ne se contentent plus seulement de saluer du balcon du palais princier deux fois l'an, puisqu'ils prennent dĂ©sormais part Ă diffĂ©rentes cĂ©rĂ©monies, inaugurations, Ă©vĂ©nements culturels et sportifs.. Partager Tilda Swinton, Rihanna et Kristen Stewart l'ont un temps adoptĂ©e.. Ce style colle parfaitement Ă sa nouvelle coupe de cheveux , rĂ©vĂ©lĂ©e en dĂ©cembre dernier et qui lui donne de l'allure. Les deux enfants font la fiertĂ© du prince Albert, comme Charlene a pu l'Ă©voquer lors d'une rĂ©cente interview accordĂ©e au magazine Point de vue " Il adore chaque instant passĂ© avec eux, il aime leur parler, les prendre en photo, ils sont le grand amour de sa vie. L'Ă©pouse d'Albert II arborait Ă©galement une longue mĂšche coiffĂ©e sur le cĂŽtĂ© et des mĂšches plus foncĂ©es. Un amour qui ne connaĂźt pas d'Ă©quivalent et qu'il a la chance d'avoir en double ! " Un entretien au cours duquel la princesse avait Ă©galement adressĂ© . "Câest un jour difficile car nous avons perdu un arbre", a-t-il dĂ©clarĂ©, citĂ© par Histoires Royales, avant de poursuivre "Jâadresse mes plus profondes et sincĂšres condolĂ©ances Ă la famille royale, au nom de tous les Sud-Africains.
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a la recherche du savoir dissimulé dans le crane